Patrice Cohen-Seat (PCF) : «Il y a eu un effet de souffle du vote utile» (24/04/2007)
Le directeur de campagne de Marie-George Buffet revient sur le score historiquement bas de la candidate soutenu par le Parti communiste français. Selon lui, le tout sauf Sarkozy et le vote utile qui en découle masquent la réalité d'un PCF qui « va bien ».
Marianne2007.info : Avec 1,94 % des voix, c'est une lourde défaite pour Marie-George Buffet. Ce score met-il en jeu l'avenir du PCF ?
Patrice Cohen-Seat : Non, pas du tout. Ça fait partie des paradoxes de la situation, de la campagne et de ses résultats. Marie-George Buffet a mené une très belle campagne avec une mobilisation que nous n'avions pas vu depuis une quinzaine d'années. Et en même temps, il y a le résultat qu'on connaît. Ça fait partie du paradoxe. Et l'autre paradoxe, c'est qu'on a rencontré dans cette campagne les attentes qui s'étaient exprimées dans les grandes mobilisations (lors des réformes Raffarin, le non à l'Europe, le CPE). Et dans les milieux populaires nous avons rencontré une adhésion au programme de rupture de gauche avec les politiques libérales que portait Marie-George Buffet.
Alors comment expliquez-vous le résultat obtenu ?
La campagne a fini par être dominée par une seule question : pour ou contre Sarkozy. Non seulement parce qu'il y avait l'ombre portée du 21 avril 2002. Mais aussi parce que le fait que Nicolas Sarkozy se soit placé sur le terrain de la droite et de l'extrême droite, et que pour attirer cet électorat il ait repris à son compte les thèmes du FN. En extrémisant son projet politique, il est devenu, à gauche, un danger majeur. De ce fait, tout ce qui s'écartait de l'effort pour battre Sarkozy est devenu un risque imprenable. Il y a eu un effet de souffle du vote utile, qui s'est traduit pour toutes les candidatures de gauche. Autre explication : il n'y a pas eu d'autres enjeux, autre que la volonté de battre Sarkozy. Cela pose de grandes interrogations sur l'état de la société, sur des régressions idéologiques réelles. Le thème de l'assistanat a pris le pas sur celui de la solidarité. On a lié de manière inacceptable l'importance de l'immigration aux questions de sécurité. C'est un vrai problème.
Vous appelez à voter pour Ségolène Royal. Que doit-elle faire pour espérer battre Nicolas Sarkozy ?
Nous mènerons campagne pour battre Nicolas Sarkozy parce qu'il est vraiment un grand danger. Il ne faudrait pas qu'il y ait à gauche des gens qui sous-estiment ce danger et qui, parce qu'ils sont déçus du pacte présidentiel de Ségolène Royal, soient absents de ce rendez-vous. Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir. Nous allons mener une véritable campagne pour battre Sarkozy.
Est-ce que cela peut inclure des meetings avec le Parti socialiste ?
Rien n'a encore été envisagé. Je ne sais pas si c'est envisageable parce que ce que nous voulons c'est mobiliser de toutes nos forces pour battre Nicolas Sarkozy et inscrire sa défaite dans un effort, notamment en vue des législatives et au-delà, pour construire une véritable alternative de changement à gauche. Et là, le discours différera très sensiblement entre ce que pourra dire Ségolène Royal pour le deuxième tour, et le contenu politique que nous donnerons pour battre Nicolas Sarkozy.
Pour les élections législatives, avez-vous des discussions avec les autres antilibéraux ?
Les discussions sont très avancées. C'est au niveau local que cela se construit, avec tout ceux avec qui nous avons été en lien ces dernières années, notamment les collectifs antilibéraux. Il y a déjà beaucoup de candidatures fixées avec des communistes et beaucoup de non-communistes également. Nous travaillons au rassemblement de tout ceux qui veulent porter un projet de gauche antilibérale. Après chacun fait ses choix. On l'a vu pour les présidentielles. Mais j'espère que les législatives constitueront une étape importante en vue de la construction d'une véritable alternative de changement à gauche.
Quel est l'avenir du PCF ?
Il va bien, ça fait partie des paradoxes. Il se porte mieux qu'en 2002. Il y a plus d'adhérents. Plus de 8000 jeunes de moins de 30 ans ont adhéré l'année dernière. Je ne nie pas la réalité, mais ça fait partie du paradoxe. Il y a de véritables attentes à gauche et le PCF est en phase avec ces attentes. Nous sommes touchés par le souffle du vote utile comme les Verts. On voit dans les résultats que l'électorat Vert de Paris a fondu. Est-ce que cela veut dire que leur électorat a disparu de Paris ? Absolument pas. Que les préoccupations écologiques ont disparu ? Non plus. Ce n'est pas ces questions là que se sont posés les hommes et femmes de gauche à cette élection.
Patrice Cohen-Seat : Non, pas du tout. Ça fait partie des paradoxes de la situation, de la campagne et de ses résultats. Marie-George Buffet a mené une très belle campagne avec une mobilisation que nous n'avions pas vu depuis une quinzaine d'années. Et en même temps, il y a le résultat qu'on connaît. Ça fait partie du paradoxe. Et l'autre paradoxe, c'est qu'on a rencontré dans cette campagne les attentes qui s'étaient exprimées dans les grandes mobilisations (lors des réformes Raffarin, le non à l'Europe, le CPE). Et dans les milieux populaires nous avons rencontré une adhésion au programme de rupture de gauche avec les politiques libérales que portait Marie-George Buffet.
Alors comment expliquez-vous le résultat obtenu ?
La campagne a fini par être dominée par une seule question : pour ou contre Sarkozy. Non seulement parce qu'il y avait l'ombre portée du 21 avril 2002. Mais aussi parce que le fait que Nicolas Sarkozy se soit placé sur le terrain de la droite et de l'extrême droite, et que pour attirer cet électorat il ait repris à son compte les thèmes du FN. En extrémisant son projet politique, il est devenu, à gauche, un danger majeur. De ce fait, tout ce qui s'écartait de l'effort pour battre Sarkozy est devenu un risque imprenable. Il y a eu un effet de souffle du vote utile, qui s'est traduit pour toutes les candidatures de gauche. Autre explication : il n'y a pas eu d'autres enjeux, autre que la volonté de battre Sarkozy. Cela pose de grandes interrogations sur l'état de la société, sur des régressions idéologiques réelles. Le thème de l'assistanat a pris le pas sur celui de la solidarité. On a lié de manière inacceptable l'importance de l'immigration aux questions de sécurité. C'est un vrai problème.
Vous appelez à voter pour Ségolène Royal. Que doit-elle faire pour espérer battre Nicolas Sarkozy ?
Nous mènerons campagne pour battre Nicolas Sarkozy parce qu'il est vraiment un grand danger. Il ne faudrait pas qu'il y ait à gauche des gens qui sous-estiment ce danger et qui, parce qu'ils sont déçus du pacte présidentiel de Ségolène Royal, soient absents de ce rendez-vous. Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir. Nous allons mener une véritable campagne pour battre Sarkozy.
Est-ce que cela peut inclure des meetings avec le Parti socialiste ?
Rien n'a encore été envisagé. Je ne sais pas si c'est envisageable parce que ce que nous voulons c'est mobiliser de toutes nos forces pour battre Nicolas Sarkozy et inscrire sa défaite dans un effort, notamment en vue des législatives et au-delà, pour construire une véritable alternative de changement à gauche. Et là, le discours différera très sensiblement entre ce que pourra dire Ségolène Royal pour le deuxième tour, et le contenu politique que nous donnerons pour battre Nicolas Sarkozy.
Pour les élections législatives, avez-vous des discussions avec les autres antilibéraux ?
Les discussions sont très avancées. C'est au niveau local que cela se construit, avec tout ceux avec qui nous avons été en lien ces dernières années, notamment les collectifs antilibéraux. Il y a déjà beaucoup de candidatures fixées avec des communistes et beaucoup de non-communistes également. Nous travaillons au rassemblement de tout ceux qui veulent porter un projet de gauche antilibérale. Après chacun fait ses choix. On l'a vu pour les présidentielles. Mais j'espère que les législatives constitueront une étape importante en vue de la construction d'une véritable alternative de changement à gauche.
Quel est l'avenir du PCF ?
Il va bien, ça fait partie des paradoxes. Il se porte mieux qu'en 2002. Il y a plus d'adhérents. Plus de 8000 jeunes de moins de 30 ans ont adhéré l'année dernière. Je ne nie pas la réalité, mais ça fait partie du paradoxe. Il y a de véritables attentes à gauche et le PCF est en phase avec ces attentes. Nous sommes touchés par le souffle du vote utile comme les Verts. On voit dans les résultats que l'électorat Vert de Paris a fondu. Est-ce que cela veut dire que leur électorat a disparu de Paris ? Absolument pas. Que les préoccupations écologiques ont disparu ? Non plus. Ce n'est pas ces questions là que se sont posés les hommes et femmes de gauche à cette élection.
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Commentaires
Vous dites :
"Nous travaillons au rassemblement de tout ceux qui veulent porter un projet de gauche antilibérale. Après chacun fait ses choix. On l'a vu pour les présidentielles. Mais j'espère que les législatives constitueront une étape importante en vue de la construction d'une véritable alternative de changement à gauche."
Au moment du Référendum sur la constitution européenne, j'ai cru voir naître un vrai mouvement "de gauche" : la Gauche Anti-Libérale. Et de fait, ce début de rassemblement a provoqué un vrai séisme dans la classe politique. Il fallait les voir, tous ces européanistes ultra-libéraux, s'arracher les cheveux, se lamenter, traumatisés d'essuyer un échec.
C'est en tout cas la leçon que j'en avais tirée : la seule force capable de battre en brèche le capitalisme financier (les "libéraux"), c'était ce type de rassemblement autour d'une idée simple à comprendre (cf. le slogan de Besancenot "Nos vies valent plus que leurs profits"). Et je m'étais pris à espérer UNE candidature de ce type, dont je pense qu'elle aurait pu tenir sa place dans la compétition présidentielle.
Hélas, on a vu revenir les clivages traditionnels, entre la gauche "historique", les tenants du trotskyisme plus ou moins teinté de vert, les tenants du vert purs et durs... Au total, dans les 10 %.... évidemment.
Pour la présidentielle, c'est plié : ça sera ou bien la social-démocratie ou bien le "socio-nationalisme" (pour mémoire, en allemand, ça donne National-Sozialismus... juste un clin d'oeil) version autoritaire en plus. L'un comme l'autre, tout aussi "libéralisme économique avancé", à quelques nuances près....
Mais il y a (cette fois-ci encore, espérons-le) des législatives. Va-t-on à nouveau avoir une liste des candidats présentés par la LCR, celle du PCF, celle des Verts, celle de LO,...., ce qui nous donnera, dans le système électoral actuel, trois ou quatre députés non libéraux dans une Assemblée dominée par deux ou trois grands groupes, tous d'accord sur l'essentiel, avec la bénédiction de Mme PARISOT, de Bruxelles et de la BCE.
Alors, oui, il faut
rassembler TOUTES les forces anti-libérales de ce pays,
et elles sont importantes, et mettre de côté les vieilles rancoeurs, les vieux clivages idéologiques, et garder pour les historiens des notions comme l'opposition Staline - Trotsky, la lutte des classes au sens classique, la classe ouvrière au sens du XIX° siècle, les 200 familles etc... C'est intéressant (je n'ironise pas), mais ce n'est plus comme ça que ça se passe.
J'ai milité quelques années à la CGT, je me suis battu (pas tout seul...) contre la privatisation de ma boîte, contre la fermeture de sites, contre l'application ignoble que l'on a faite des 35 heures... en vain, bien sûr, parce que notre discours (et le mien avec) ne touchait plus personne : aucun de mes collègues (tous dans le tertiaire, la plupart diplômés, "col blanc et costume-cravate") ne se considérait comme appartenant à la classe ouvrière, ou à la classe populaire, ni même à une quelconque classe : tous étaient "cadres", mais pas "supérieurs", petits cadres, ne réalisant pas encore vraiment que les OS modernes, c'étaient eux, exploités, pressurés par des "bench marks", par des "objectifs de productivité", acceptant -crise de l'emploi oblige - de travailler toujours plus, non pas pour gagner plus, mais pour gagner un petit peu plus que rien du tout.
C'est vrai, nous n'avons pas su, je n'ai pas su non plus, convaincre ces salariés par les bons arguments : nous avons repris les argumentaires traditionnels de la CGT ("marxistes" était l'injure qui nous était couramment lancée, et pas seulement par la Direction). Et je réalise aujourd'hui que si nous avions eu alors une référence politique clairement anti-libérale, notre discours serait mieux passé.
Pierre
Écrit par : Pierre | 25/04/2007
M.COHEN SEAT, à défaut d'être marxiste vous êtes un adepte de Coué: vous dites le vote utile et le "tout sauf Sarkozy" expliquent le score du PCF et des autres formations , certes, mais quid de Besancenot qui améliore son score en voix ? le projet d'une fédération anti libérale n'a pu se concrétiser car chacun est resté à prêcher dans sa petite chapelle auprès de fidèles convaincus et enfermés dans leur ghetto de résistance! Pour la LCR, il s'agissait de battre le PCF (avant Sarkozy), pour LO il s'agissait d'un adieu aux armes, pour José, l'opportunisme l'emportait et pour le PCF, les vieux dogmes issus de l'URSS et de G Marchais ont montré leur vivacité! bref, dans tout cela ce sont des millions de gens qui ont été déçus! voilà l'explication et rien d'autre ! le plus triste, c'est que le virage social démocrate du PS exclut un quelconque "sauvetage " d'élus du PCF lors des législatives à venir! avec 2 ou 3 % des voix, peut être arriverez vous à conserver 5 à 10 députés ? comme en 1958 lors du raz de marée du référendum de deGaulle!! les raccomodages de dernière minute ne changeront rien, les français ont voté à droite en connaissance de cause; il faut s'attendre à des temps trés durs et des luttes difficiles car les gens sont (pour l'instant) persuadés que "Nicolas" va mettre tout le monde "au boulot"! Voyez vous , cher monsieur, c'est ce genre d'observation qui fait disparaître le PCF, son manque de réalisme et son excédent d'auto persuasion! quel dommage! ceci explique pourquoi la droite dure peut afficher ses ambitions car , en face, c'est le vide sidéral! nous en avons pour une génération à nous en remettre ! 5 ou 10 ans l'UMP, une Europe libérale, des services publics démantelés ou vendus (la dette!!), une école à plusieurs niveaux, une santé ségrégative, des emplois style "ferme ta gueule ou tire toi", des libertés syndicales estropiées , etc ... et encore 10 ou 15 ans pour remettre tout ceci à plat ! Voilà la réalité, monsieur, et vous vous obstinez à ne rien voir !!bon courage ... pour nous!
Écrit par : daniel dosias | 07/05/2007