500 MILLIONS D'€ VOLES AUX FRANCAIS (13/01/2012)
Suivant l'avis du gouverneur de la Banque de France, le gouvernement vient de décider de ne pas augmenter le taux du livret A de 2,25% à 2,75% comme le prévoit pourtant la loi. Explications.
Le gouvernement a décidé hier qu'il n'augmenterait pas le taux du livret A au 1er février. Une hausse pourtant prévue par la loi, qui lie l'évolution du taux du livret A (et du LLD, ex-Codevi) à celle du taux d'inflation, et aurait dû le faire passer de 2,25 % à 2,75 %.
En laissant le taux inchangé, ce sont plus de 500 millions d'euros d'intérêts qui ne seront donc pas reversés aux 60 millions de titulaires.
Pour se justifier, le ministre de l'Économie François Baroin a annoncé qu'il ne faisait « qu'appliquer la recommandation » de Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France. Ce dernier à, pour sa part, fait appel à des « circonstances exceptionnelles » - terme prévu dans la loi - pour justifier son avis : face aux « perspectives de baisse de l'inflation » dans les prochains mois, le maintien du taux permettrait « d'éviter une volatilité excessive ».
Éviter une baisse pas très populaire
En clair, ne pas augmenter maintenant éviterait d'avoir à baisser le rendement du livret A au 1er mai (les taux sont révisés le 1er février et le 1er août, et les 1er mai et 1er octobre en cas de fortes variations). Soit juste entre les deux tours de l'élection présidentielle. Et la baisse du taux du livret A n'étant jamais très populaire, certains analystes estiment que Christian Noyer, proche de Nicolas Sarkozy, aurait ainsi voulu protéger le Président.
Plus prosaïquement, d'autres économistes comme Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Épargnants, estiment qu'à 2,75 %, la rémunération des taux courts aurait été presqu'au même niveau que celle des taux longs. Conséquence, les assurances-vie, déjà en perte de vitesse, auraient perdu encore plus de terrain face au livret A. Et une épargne facile et attractive n'est pas un bon signal pour la consommation, déjà en berne.
Cette décision est critiquée par les associations de consommateurs, qui gardaient déjà en travers de la gorge la décision du gouvernement en novembre dernier de repousser au 1er avril - et non 1er janvier - la revalorisation des prestations sociales, et de limiter cette hausse à 1 %, alors qu'elle aurait dû suivre l'inflation à 2,3 %.
Mais elle est aussi contestée par les économistes qui prédisent que l'inflation ne baissera pas autant que prévu en ce début 2012, notamment à cause du relèvement du taux de TVA de 5,5 % à 7 % et des hausses des tarifs régulés (gaz, trains, taxis…). Et en cas de mise en place rapide de la TVA sociale, comme le promet le gouvernement, les perspectives de recul de l'inflation pourraient même être remises en cause. Ainsi, les chefs économistes de HSBC France et de la Société Générale prévoient désormais que l'inflation ne redescendra sous le seuil des 2 % qu'en décembre 2012.
Article publié par la Dépêche du Midi
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