Portugal: Grândola Vila Morena, l'hymne de la révolution des oeillets contre la troïka (05/03/2013)
Des centaines de milliers de portugais ont défilé ce samedi en entonnant Grândola Vila Morena, l'hymne de la révolution des oeillets en passe de devenir, quarante ans plus tard, celui de la lutte contre l'austérité.
Selon le mouvement apolitique "Que la Troïka aille se faire voir", organisateur des rassemblements à Lisbonne et dans une trentaine de ville du pays, quelque 500.000 personnes ont défilé dans la capitale où le cortège avait démarré au son de la chanson "Grândola Vila Morena", reprise en coeur par les manifestants, la voix tendue d'émotion. A la fin des manifestations (comme sur cette vidéo à Lisbonne), elle a retenti au même moment du nord au sud du pays dans toutes les villes où des rassemblements ont eu lieu: de Porto, la grande ville du nord, où selon les organisateurs 400.000 personnes ont manifesté, à Faro la station balnéaire du sud.
Cette chanson, fréquemment entonnée par des contestataires au passage de membres du gouvernement, est devenue le symbole de la contestation au Portugal après avoir été l'hymne de la Révolution des Oeillets de 1974 qui a permis l'instauration de la démocratie.
Elle fut ainsi entonnée mi-février lorsque le Premier ministre portugais présenta le nouveau plan d'austérité.
Samedi, "C'est le peuple qui est souverain", une phrase correspondant à un des vers du chanteur engagé José Afonso, créateur de la chanson "Grândola Vila Morena", était le principal mot d'ordre des rassemblements. La cible principale a été l'inspirateur des mesures d'austérité du gouvernement, c'est-à-dire la "troïka" (UE-FMI-BCE) représentant les créanciers du Portugal, actuellement à Lisbonne pour un nouvel examen des comptes du pays.
"Bandits"
"La troïka et le gouvernement dehors", "le Portugal aux urnes", "élections maintenant", "démocratie participative", pouvait-on lire sur les banderoles portées par les manifestants. "Qui s'endort dans la démocratie, se réveille dans la dictature", "Bandits, rendez-nous notre argent" clamait de petites affiches. "Aujourd'hui je suis dans la rue, demain ce sera toi", lisait-on sur une autre à côté d'un portrait du Premier ministre de centre-droit, Pedro Passos Coelho.
"Cette manifestation est un signal clair que "la troïka" et le gouvernement sont de trop dans ce pays", a estimé de son côté le chef du Bloc de gauche (extrême-gauche) Joao Semedo. A Lisbonne, le défilé a été d'autant plus important que de nombreux militants du principal syndicat portugais, la CGTP, y ont participé. Même des militaires se sont joints au défilé qui s'est terminé vers 18H30 GMT face au Tage, sur la majestueuse et monumentale Place du Commerce, noire de monde.
Grândola, ville brune, Terre de fraternité, Seul le peuple ordonne, En ton sein, ô cité, En ton sein, ô cité, Seul le peuple ordonne, Terre de fraternité, Grândola, ville brune, À chaque coin un ami, Sur chaque visage, l’égalité, Grândola, ville brune, Terre de fraternité, Terre de fraternité, Grândola, ville brune, Sur chaque visage, l’égalité, Seul le peuple ordonne, À l’ombre d’un chêne vert, Dont je ne connaissais plus l'âge, J’ai juré d’avoir pour compagne, Grândola, ta volonté, Grândola, ta volonté, J’ai juré de l'avoir pour compagne, À l’ombre d’un chêne vert, Dont je ne connaissais plus l'âge
- Publié dans l'Humanité
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