Déclaration d’amour à des quartiers méprisés (09/11/2014)
Papa was not a Rolling Stone, de Sylvie Ohayon. France. 1 h 39.
Dans son film, Papa was not a Rolling Stone, tiré de son roman, Sylvie Ohayon fait revivre La Courneuve à l’époque du brassage social dans les années 1980.
Il y a plusieurs manières de résumer Papa was not a Rolling Stone. L’une consiste à y voir un film sur une famille biologique, avec un père aux abonnés absents, plus préoccupé par sa propre copine que par son épouse, qu’il songe à quitter au profit de l’autre.
Tout beau, tout nouveau, surtout quand on peut jouer à bon marché le coq de basse-cour. La mère, elle, est victime de la futilité de l’existence. Elle a consommé trop de chansons sirupeuses lui promettant un avenir radieux pour que cela ne laisse pas de séquelles.
Pourtant, c’est elle qui, vers la fin, sera capable du geste rédempteur et sacrificiel destiné à assurer le bonheur de sa progéniture.
Aure Atika est très convaincante dans ce rôle à contre-emploi. On peut aussi voir dans le film l’histoire de deux copines liées par une amitié profonde au-delà des brouilles quotidiennes. Le rôle de la première, Stéphanie, est tenu par Doria Achour.
C’est une belle plante passionnée de danse à qui tout réussit, même dotée de la mère dont on vient de brosser le portrait.
Stéphanie s’avère d’ailleurs capable d’obtenir la mention très bien au bac qui lui vaut l’accès en prépa à Louis-le-Grand, autrement dit un sésame pour l’avenir. Fatima, rôle tenu par la formidable Soumayé Bocoum, est le complément indispensable du duo, jouant à merveille son rôle de godiche : c’est la bonne copine, celle qui, faute d’avoir rencontré le prince Charles, cède aux garçons en quête de bonne fortune.
L’opposition de Stéphanie et Fatima, que tout sépare, est à la source de l’humour du film et de sa tendresse. Enfin, on peut voir ce premier long métrage comme un documentaire reconstitué, une réminiscence de ce que fut la cité des 4 000 à La Courneuve dans les années 1980, soit en un temps, et avec les modes musicales et vestimentaires qui vont avec, où l’on s’appréciait entre voisins, quelle que soit son origine ethnique. C’est sans doute sous cet aspect que le portrait est le moins convenu, même si l’on ne dénigre pas les valeurs comiques que procurent les autres dimensions.
La vie de la cité, comme elle n’est jamais montrée
À travers le personnage de Stéphanie, en effet, c’est sa propre histoire que raconte la réalisatrice, avec l’aide de la coscénariste Sylvie Verheyde et du producteur Michaël Gentile. Sylvie Ohayon a grandi à La Courneuve et a voulu raconter la vie de la cité « comme elle n’est jamais montrée à la télévision ».
On sent qu’elle parle en connaissance de cause et que son film relève du portait intime nourri de toute la complexité du réél.
Jean Roy L'Humanité : http://www.humanite.fr/declaration-damour-des-quartiers-meprises-554011
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