Un coup de vieux dans la mâchoire ! (05/04/2015)

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Ce fragment de mâchoire inférieure avec cinq dents présente à la fois des ressemblances avec l’australopithèque et les premières espèces du genre Homo. Depuis des décennies, les paléontologues cherchent en Afrique des traces des origines de la lignée Homo, estimée entre 2,5 et 3 millions d’années, dont fait partie l’homme moderne… C’est chose faite !

Datant d’il y a 2,8 millions d’années, soit 400 000 ans de plus que le plus vieux fossile connu du genre Homo, un fragment de mâchoire inférieure avec cinq dents a été découvert par Chalachew Seyoum, de l’université d’Arizona, dans la région de l’Afar, au nord-est de l’Éthiopie. Une zone connue pour ses nombreux restes d’hominidés déjà mis au jour, parmi lesquels ceux de la célèbre australopithèque Lucy, datant d’il y a environ 3,2 millions d’années. « La mise au jour de cette mâchoire inférieure aide à réduire le fossé, dans l’évolution, entre l’australopithèque et les premières espèces du genre Homo comme l’erectus ou l’habilis », expliquent les paléontologues, dont les travaux paraissent mercredi dans la revue américaine Science. « Ce fossile est un excellent exemple d’une transition des espèces dans une période clé de l’évolution humaine », ajoutent-ils.

Même s’ils admettent ne pas être en mesure de dire avec cette seule mâchoire s’il s’agit ou non d’une nouvelle espèce du genre Homo qui aurait abouti en évoluant à l’Homo sapiens. Car la mandibule présente à la fois des ressemblances avec celle d’Australopithecus afarensis, l’espèce dont fait partie Lucy, notamment la forme fuyante du menton, mais aussi des attributs plus « modernes » du genre Homo, comme la proportion globale de la mâchoire, les molaires fines et les prémolaires symétriques.

Comprendre la transition des australopithèques vers le genre Homo

Pour dater le fossile, des géologues de l’université de Pennsylvanie ont analysé les roches volcaniques qui l’entouraient. Leurs analyses d’isotopes radioactifs ont permis d’établir un âge d’environ 2,8 millions d’années. L’objectif des paléoanthropologues demeure le même : comprendre la transition des australopithèques vers le genre Homo.

Une hypothèse courante est celle d’un changement de climat qui aurait entraîné une aridification de l’environnement et favorisé les espèces moins arboricoles. Une théorie en partie soutenue par une autre étude, publiée dans Science cette semaine, qui met en évidence un changement climatique il y a 2,8 millions d’années dans la même région d’Éthiopie où a été trouvée la mâchoire. « Mais il est encore trop tôt pour dire si ce changement climatique est responsable de l’émergence du genre Homo, il nous faudra avant cela examiner un plus grand nombre de fossiles d’hominidés, que nous continuons à rechercher dans cette région », précise Kaye Reed, professeure à l’université d’Arizona, coauteure de cette étude.

Anna Musso, L'Humanité

19:39 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : machoire, préhistoire | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!