Crise humanitaire. 300 000 Yéménites souffrent du choléra (04/09/2017)

yemen2.jpg

Lina Sankari, L'Humanité

La guerre menée par Riyad plonge le pays dans le chaos. La population doit faire face à une épidémie fulgurante dans l’indifférence générale.

Aux massacres de civils lors de « bavures » de l’armée saoudienne – appuyée par les États-Unis –, à l’horreur de la famine est venu s’ajouter le ­choléra. L’épidémie au Yémen a d’ores et déjà tué 1 600 personnes et contaminé 300 000 autres ; 7 000 nouveaux cas se déclareraient quotidiennement, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Les régions de Sanaa, ­Hodeïda, Hajja et Amran sont les plus touchées. Le conflit, qui déchire le pays depuis 2014, oppose les forces gouvernementales du président Abd Rabbo Mansour Hadi, repliées à Aden et soutenues par Riyad et sa coalition sunnite, aux rebelles chiites houthis qui ont pris le contrôle du Nord, dont la capitale, Sanaa.

Une économie privée de liquidités

L’insalubrité, l’absence d’accès à l’eau, la famine, les structures médicales débordées, le manque de médicaments et les déplacements massifs de populations ont favorisé la propagation éclair de la maladie. « L’effondrement des systèmes d’assainissement et d’approvisionnement en eau, les hôpitaux à peine fonctionnels et l’économie privée de liquidités font que 27,7 millions de Yéménites font face à une catastrophe humanitaire implacable », souligne Bismarck Swangin, responsable de la communication pour l’Unicef au Yémen. À l’hôpital Al-Sabiine (Sanaa), les patients affluent au rythme d’au moins un par minute. Faute de ­capacité d’accueil, ils sont répartis dans des tentes ou, à même le sol, dans les couloirs. En outre, ajoute Bismarck Swangin, « les centres de santé ont cessé de fonctionner soit parce qu’ils ont été endommagés, soit parce qu’ils sont à court de carburant et de fournitures, ou encore parce que le personnel a fui ».

Côté responsabilités, Washington est bien placé

À plusieurs reprises, et en totale violation du droit, la coalition a bombardé des hôpitaux dont les coordonnées GPS avaient pourtant été fournies aux belligérants par les organisations humanitaires. En mai, les éboueurs, qui ne percevaient plus leur salaire, comme les salariés du public, se sont mis en grève, accélérant la propagation du choléra. Dans l’échelle des responsabilités, Washington est bien placé. Par leur blocus naval, les États-Unis paralysent les ­infrastructures du pays. À l’approche de la saison des pluies, l’ONU alerte sur le développement de la pandémie à un rythme « sans précédent ». L’Unicef chiffre ses besoins à 83 millions de dollars afin de stopper la propagation du choléra. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) déplore pour sa part moins de 30 % de l’aide promise.

17:54 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yemen, choléra | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!