ANNIVERSAIRE D'ASTERIX (15/08/2006)
Astérix et Obélix peuvent fêter le 14 août l’anniversaire de leur co-créateur René Goscinny, né en 1926. Mais les Gaulois étaient-ils tous moustachus, mangeurs de sangliers, porteurs de menhirs et de noms en –ix ?
Moustachus ?
Sans doute l’étaient-ils. C’est sous le second Empire (Napoléon III était un fervent admirateur de Vercingétorix) que les sculpteurs et les peintres ont remis les Gaulois à l’honneur et les ont représentés tels que nous les imaginons le plus souvent : moustachus, avec des tresses, des braies étroites et des boucliers ronds.
Une chose est sûre, c’est que les Gaulois étaient fiers de leur apparence. Ils s’enduisaient les cheveux de lait de chaux pour les éclaircir et ils surveillaient leur ligne : le guerrier dont le tour de taille dépassait une certaine circonférence devait payer une amende. Autant dire qu’Obélix se serait ruiné en taxes !
Mangeurs de sangliers ?
Le sanglier est admiré des Gaulois pour sa force et sa vaillance. Il est souvent représenté dans leurs sculptures. Mais il constitue rarement l’ordinaire des repas, même de fêtes, car les Gaulois sont davantage éleveurs que chasseurs.
On mange alors surtout les porcs qu’on élève, des porcs encore à demi sauvages, qu’on emmène à la glandée dans les forêts et qui vivent en troupeau. Il faut bien dire, à la décharge de Goscinny et des premiers historiens, que leur apparence était plus proche de celle du sanglier que de notre énorme cochon rose d’élevage actuel.
Porteurs de menhirs ?
Obélix convoie régulièrement un ou plusieurs menhirs, quand il ne les utilise pas comme arme de combat… En fait, à l’époque d’Astérix et d’Obélix, c’est-à-dire celle de Jules César, il y avait déjà deux mille ans que les menhirs et les dolmens avaient été érigés et que plus personne n’en élevait d’autres. Ces pierres dressées sont cependant symboliquement associées à ce peuple sans écrit.
Avec des noms en –ix ?
Côté onomastique, Goscinny respecte bien le mode de construction des noms d’alors.
Les noms gaulois sont individuels, l’équivalent de nos prénoms, avec souvent un sens guerrier : Vercingétorix, c’est le « grand roi des guerriers », Orgétorix le « roi des tueurs », Diviciacos « le vengeur »… D’autres évoquent un animal et, par extension, les qualités qu’on lui prête de force ou de ruse : Luern signifie « le renard », Matugenus « le fils de l’ours »…
Comme dans la bande dessinée, il n’y avait pas de noms de famille. Le nom individuel suffisait à identifier chacun dans une petite communauté, telle celle des « irréductibles gaulois » du village de Goscinny. S’il fallait davantage de précision, on citait le nom du père : « Vercingétorix, fils de Celtill ». Sur les champs de bataille, lorsque s’affrontaient des guerriers de régions différentes, on se devait de remonter plus haut encore la généalogie, d’évoquer plusieurs générations, et de rappeler ainsi à l’adversaire que celui qui lui faisait face descendait d’une longue lignée de grands guerriers.
En revanche, les noms ne se terminent pas toujours par –ix, comme dans Astérix et Obélix. C’est Jules César qui a contribué à populariser ce suffixe puisque les noms qu’il cite dans La guerre des Gaules en sont en général pourvus : Vercingétorix, Orgétorix, Dumnorix, Eporédorix… Pourquoi ? Parce que le général romain rencontrait ses pairs, des chefs de guerre ou de tribus, et que cette terminaison signifie « roi ». Peu importe donc ces quelques approximations, Goscinny mériterait bien de s’appeler Goscinnix, le « roi des scénaristes » !
Texte : Marie-Odile Mergnac pour Notre Famille.com
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