PRIVATISATION DE GAZ DE FRANCE (07/09/2006)

medium_dpaul.2.jpgEntretien avec Daniel Paul

Le projet de loi sur la privatisation de GDF et sa fusion avec Suez est discuté en session extraordinaire du parlement . Le gouvernement s'apprête à utiliser le 49-3. Cidefil a interrogé Daniel Paul, député de Seine-Maritime, porte-parole du groupe des députés communistes lors du débat sur ce projet de privatisation de Gaz de France...

E-Mosaïque : Les problèmes énergétiques sont un enjeu crucial pour l'humanité et notre pays (diminution des réserves de pétrole, prix du pétrole et du gaz, réchauffement climatique…), la solution proposée apporte-t-elle des réponses ?

D.P. : Non seulement elle n'apporte aucune réponse à ces questions mais la logique qui porte ce projet de fusion va aggraver les problèmes. En matière de production d'électricité, il conviendrait de favoriser les coopérations entre entreprises énergétiques et non de pousser à une concurrence qui vise à conquérir des parts de marché pour augmenter la rentabilité financière ; le recours plus important au gaz pour produire de l'électricité va augmenter les gaz à effet de serre ; là où il faudrait parvenir à des accords d'Etat à Etat pour des contrats de fourniture à long terme pour le gaz, la logique à l'œuvre est une logique de confrontation, lourde de menaces pour nos approvisionnements et pour leurs prix. Il serait vain de chercher un seul exemple où la libéralisation a sécurisé les approvisionnements et fait baisser les prix…

E-Mosaïque – Comment trouver les financements pour répondre au coût énorme que nécessite la maîtrise énergétique ?

D.P. : Au prix actuel des actions, cette « maîtrise publique » représente environ 12 milliards d'euros. C'est beaucoup, mais à comparer avec les 23 milliards d'exonérations de cotisations patronales pour la seule année 2005 (dont un rapport de la Cour des Comptes vient d'indiquer qu'elles servent surtout à améliorer les profits des entreprises) ou avec les 85 milliards de profits engrangés par les groupes du CAC 40…Sans oublier les profits réalisés par EDF et GDF eux-mêmes…Ainsi, EDF a doublé son bénéfice net en 2005, à 3,24 milliards d'euros et l'a encore augmenté de 19% au second trimestre 2006. Les enjeux énergétiques justifient que les résultats positifs des entreprises concernées n'aillent pas nourrir les dividendes.

E-Mosaïque – Pour lutter contre le réchauffement climatique et donc la diffusion de GES que proposez-vous à court terme et à moyen terme ?

D.P. : Vaste question car cela concerne tous les aspects des activités humaines, individuelles et collectives. L'efficacité énergétique doit être au cœur des politiques à mener dans tous les secteurs. Cela signifie par exemple une vraie priorité aux transports collectifs, au ferroviaire  (en particulier pour le fret), au fluvial,  aux autoroutes de la mer et donc la fin du dumping existant dans le transport routier européen. Cela signifie aussi l'intensification des recherches sur les carburants, privilégiant le non rejet de GES : l'Europe a un grand rôle à jouer dans ce domaine.

Il convient aussi de privilégier les économies d'énergies, par exemple dans le chauffage urbain, en revoyant les normes de qualité thermique.

Et favoriser la production énergétique non responsable de GES : c'est le cas bien sûr du nucléaire, mais l'Europe peut aussi connaître un développement de l'hydraulique ainsi que de diverses énergies renouvelables…Mais dans ce domaine aussi, ce n'est pas en poussant à une concurrence exacerbée entre des groupes dont la logique est celle de la création de valeur pour l'actionnaire, que l'on favorisera la lutte contre l'effet de serre. Ainsi, multiplier les projets de centrales à gaz, comme c'est le cas actuellement pour faire face aux besoins en électricité, parce que c'est le plus facile, le plus rapide et que çà rapporte, va à l'encontre de cette lutte essentielle contre la production de GES.

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