Danielle Casanova, résistante, communiste, morte à Auschwitz il y a 80 ans (11/05/2023)
Vincentella Perini, plus connue sous le nom de Danielle Casanova, est de celles et ceux qui se sont élevés dès le départ contre le fascisme et le nazisme, prônant jusqu’à son dernier souffle, à Auschwitz, un idéal de paix et de liberté. Décorée à titre posthume de la Légion d’honneur, objet de nombreux hommages dont un timbre, des noms de rue et statues un peu partout en France, un poème d’Aragon ou encore une chanson d’Yves Duteil, elle va marquer les esprits au point de devenir une héroïne nationale, au nom de ces femmes « de l’ombre » qui ont œuvré dans la Résistance. Une « sainte » laïque dont le destin semble avoir été tout tracé.
Née de parents instituteurs en 1909 dans une famille ajaccienne « républicaine », « Lella » est la troisième de cinq enfants. Elle est « vive, joyeuse rieuse » et « aime la vie, la joie, l’amitié, le rire et les jeux (...), travaille bien à l’école ; lit beaucoup », témoignent ses proches. Devenue une « belle fille » au regard « direct et chaud », et « le contact facile », la jeune femme termine ses études secondaires au collège du Luc, dans le Var, puis, ses baccalauréats réussis en poche, obtient une bourse pour le lycée Longchamp de Marseille. Alors que ses parents la voient déjà à Normale Sup’, Vincentella sait ce qu’elle veut : ce sera dentiste.
Elle monte à Paris poursuivre sa formation. Et c’est tout naturellement qu’elle adhère aux Jeunesses communistes à 21 ans. Celle qui se fait désormais appeler Danielle, rencontre son futur mari, étudiant en droit, Laurent Casanova, et le convainc d’adhérer au PCF. Le VIIIe congrès réuni à Marseille en 1936 charge cette féministe convaincue de créer l’Union des jeunes filles de France (UJFF). Le but : « Lutter contre les discriminations sociales dont sont doublement victimes les filles des milieux populaires et les sortir du ghetto où la société les enferme », explique Raymond Bizot dans la Marseillaise du 9 mars dernier. « La conquête du bonheur est pour la femme liée à son libre épanouissement dans la société, cet épanouissement est une condition nécessaire du développement du progrès social », déclarera lors du congrès Danielle Casanova.
Croire à la victoire jusqu’au bout Vient le temps de la clandestinité lorsque le PCF est interdit en septembre 1939. Son mari est mobilisé. Mais Danielle s’est préparée à la lutte contre le fascisme qui « partout où il a passé, (...) a apporté la servitude et semé la mort (…) », constate-t-elle dès la défaite des Républicains espagnols. Elle réaffirme son engagement : « Comme nos aînés de 1792, nous connaissons notre devoir et nous le remplirons. » La jeune résistante assure la liaison entre les différents organes de décision du parti dont les membres sont éparpillés aux quatre coins de la France. Elle monte des comités féminins, fonde un titre clandestin, La Voix des femmes, participe aux manifestations du 8 novembre 1940, lorsque la jeunesse appelle à la mobilisation devant la tombe du Soldat inconnu.
Danielle Casanova finit par être arrêtée par la police française le 15 février 1942 alors qu’elle ravitaille dans leur planque d’autres résistants. Elle restera plus d’un mois au Dépôt avant de partir pour la prison de la Santé. Du fort de Romainville, camp de détention allemand, où elle a été transférée, elle continue à militer avant de faire partie, le 24 janvier 1943, du convoi des 31 000. Pas moins de 230 résistantes dont des veuves de fusillés, directement déportées à Auschwitz. Elles y entrent en chantant La Marseillaise. Le matricule 31655 aura la « chance » d’être identifiée comme dentiste par les SS. Volant des médicaments, de la nourriture, Danielle joue de sa position pour améliorer le sort de ses camarades et continue à résister, contribuant à faire connaître la vérité sur les camps.
Une épidémie de typhus l’emporte le 9 mai 1943. Elle n’a jamais cesser de croire à la victoire. « Nous ne baisserons jamais la tête. Nous ne vivons que pour la lutte. Je vous dis au revoir (...) N’ayez jamais le cœur serré en pensant à moi. Je suis heureuse de cette joie que donne la haute conscience de n’avoir jamais failli et de sentir dans mes veines un sang impétueux et jeune », écrit-elle dans une de ses dernières lettres.
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