Banques. « Aucun n’a voulu parier sur nous » (25/08/2009)

clairservice.jpgAssocié majoritaire au sein de la société Claire Service Hôtellerie, Renaud Chemin cherche désespérément 80 000 euros pour sauver cette entreprise.

À quand remontent vos besoins de financement ?

Renaud Chemin. Lorsque fin 2008, la crise a frappé l’hôtellerie, nous nous sommes retrouvés très rapidement avec des clients qui ne voulaient plus faire appel à nous. Même s’ils accusaient une baisse de 20 % de leur activité, ils avaient les moyens de nous faire travailler. Mais ils ont préféré faire appel à une autre société récemment créée, qui pratique le dumping, c’est-à-dire copie nos méthodes mais avec des salariés sans papiers pour casser les prix. Compte tenu de notre activité, notre entreprise a toujours dégagé de petites marges, avec une trésorerie de départ assez mince. En quelques mois, le peu de trésorerie que nous avions a été englouti. Sans même nous recevoir, la banque a décidé de ne pas renouveler notre découvert, alors que nous nous apprêtions à demander un prêt de trésorerie.

Avez-vous fait appel au médiateur du crédit pour trouver une solution avec votre banque ?

Renaud Chemin. Oh oui ! Mais cela n’a abouti à rien. Nous avons compris après coup qu’il n’avait aucun pouvoir décisionnel. Dans notre cas, le médiateur s’est prononcé en notre faveur, nous apportant en quelque sorte une caution de l’État, mais la banque n’en a pas tenu compte et nous a répondu tout simplement non.

Quelles démarches avez-vous entreprises par la suite ?

Renaud Chemin. Nous nous sommes tournés vers des investisseurs, spécialisés dans la mise en relation d’entrepreneurs et de portefeuilles, notamment les assujettis à l’impôt sur la fortune. Et là encore, nous avons eu droit au même argumentaire. Alors que notre business plan les séduisait, que notre bilan d’activité suscitait l’étonnement et de la considération, aucun n’a voulu parier sur nous. Pour eux, nous n’étions pas un gage de rémunération suffisamment important à court terme.

Avant cette crise, aviez-vous déjà rencontré des difficultés avec votre établissement bancaire ?

Renaud Chemin. Peu de temps après la création de notre entreprise, nous avons dû envisager une augmentation de capital en raison du développement de notre activité et d’un changement de domiciliation. Avec l’embauche de personnels supplémentaires, il est devenu nécessaire d’acheter plus de matériel. Nous nous sommes tournés vers les banques qui n’ont pas souhaité prendre de risques, jugeant déjà à l’époque que notre marge était insuffisante. Chaque associé a dû se résigner à faire un emprunt à titre personnel.

Pensez-vous aujourd’hui pouvoir encore sauver votre entreprise ?

Renaud Chemin. À moins d’un miracle, c’est la liquidation judiciaire qui se profile dans un délai de deux mois, voire un mois et demi. Aujourd’hui, nous envisageons le reclassement de nos salariés chez nos clients, à la fois dans le cadre de la législation mais également dans le respect de la personne.

Les dispositifs mis en place par le gouvernement pour améliorer le financement des PME vous semblent-ils efficaces ?

Renaud Chemin. Cette politique cadre avec cette sagesse populaire qui dit qu’on ne prête qu’aux riches. Depuis le début, nous avons été une société de pauvres, montée avec nos propres fonds de tiroir, nos énergies déployées au détriment de nos vies privées et de nos week-ends… Tout cela, les banques épaulées par l’État n’en ont pas tenu compte.

Clotilde Mathieu, pour l'Humanité

20:02 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : banque, hôtel, emplois | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!