Selon LEAP/E2020, la crise systémique globale va connaître un nouveau point d'inflexion à partir du Printemps 2010. En effet, à cette date, les finances publiques des principaux pays occidentaux vont devenir ingérables parce qu’il deviendra simultanément évident que de nouvelles mesures de soutien à l'économie s’imposent au vu de l'échec des différents stimulus de 2009 (1) et que l'ampleur des déficits budgétaires interdit tout nouvelle dépense significative.
Si ce « nœud coulant » des déficits publics que les gouvernements se sont volontairement passés autour du cou en 2009, en refusant de faire assumer au système financier le prix de ses fautes (2), va peser lourdement sur l'ensemble des dépenses publiques, il va tout particulièrement affecter les systèmes sociaux des pays riches en appauvrissant toujours plus la classe moyenne et les retraités, tout en laissant les plus défavorisés à la dérive (3).
Parallèlement, le contexte de cessation de paiement d'un nombre croissant d'états et de collectivités locales (régions, provinces, états fédérés) va entraîner un double phénomène paradoxal de remontée des taux d'intérêts et de fuite hors des devises en direction de l'or. Devant l'absence d'une alternative organisée à un Dollar US toujours plus faible et afin de trouver une alternative à la perte de valeurs des bons du trésor (en particulier américains), les banques centrales du monde entier devront en partie se « reconvertir à l'or », le vieil ennemi de la Réserve fédérale US, sans pouvoir encore le déclarer officiellement. Le pari de la reprise ayant désormais été bel et bien perdu par les gouvernements et les banques centrales (4), ce point d'inflexion du Printemps 2010 va ainsi représenter le début du transfert massif des 20.000 milliards USD d' « actifs fantômes » (5) vers les systèmes sociaux des pays qui les ont accumulés.
Dans ce GEAB N°40, l'équipe de LEAP/E2020 développe ses analyses sur ces différents sujets tout en présentant l'évaluation détaillée de ses anticipations pour 2009 qui ont obtenu un score général de 72% (6). Enfin, nos chercheurs dévoilent leurs recommandations, avec ce mois-ci en particulier : immobilier commercial, devises et revenus des expatriés.
L'actualité s'est vite chargée d'alimenter l'anticipation du GEAB N°39 qui indiquait que 2010 serait une année marquée par trois tendances dont l'une serait les cessations de paiement d'Etat (7) : de Dubaï à la Grèce, en passant par les discours de plus en plus inquiets des agences de notation sur les dettes américaine et britannique, ou par le budget draconien adopté par l'Irlande et les recommandations de la zone Euro pour la maîtrise des déficits publics, l'incapacité croissante des états à faire face à leurs dettes fait la une des médias. Pourtant, au sein de cette agitation médiatique, toutes les informations n'ont pas la même valeur : certaines ne sont que des élucubrations sur le « doigt » du proverbe chinois (8), quand d'autres traitent réellement de la Lune.
Les dix premiers pays en termes de vulnérabilité au ratio Dette/PIB (en bleu : dette publique ; en orange : dette privée) - Source : Crédit Suisse, 03/2009