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08/04/2025
Dans les Déserts brulants ou glacés, exposition à Paris au Muséum d’histoire naturelle
La nouvelle grande exposition du Muséum d’histoire naturelle, à Paris, invite petits et grands à parcourir le Sahara, l’Antarctique, Atacama… et à découvrir les étonnantes stratégies d’adaptation déployées par les animaux et les végétaux pour survivre dans ces milieux extrêmes.
Dunes de sables, roches érodées, sols craquelés ou à l’inverse, banquises et glaces à perte de vue… C’est au son des vents et dans une immersion de belles images de paysages désertiques que la nouvelle grande exposition temporaire du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), à Paris, accueille ses visiteurs en terres inconnues.
Loin d’être une traversée éprouvante à dos de chameau sous une chaleur écrasante, « Déserts », la nouvelle exposition du musée, est une aventure déroutante. Elle étonne par la beauté et l’incroyable biodiversité des paysages des déserts du monde, qu’ils soient faits de sable, de roche et de sel, ou bien de glace et de neige.
« Présents sur tous les continents, les déserts occupent aujourd’hui un tiers des surfaces émergées de notre planète. En cette période de grands changements climatiques, nous souhaitons les valoriser, ainsi que la vie qui les habite », présente Gilles Bloch, le président du MNHN. Qu’ils soient brûlants ou glaciaux, les déserts ont tous en commun d’être des milieux ouverts, exposés à l’aridité, aux températures extrêmes et aux vents violents.
De façon inattendue, ours polaires et dromadaires se côtoient
Du Sahara au désert arctique, en passant par les déserts de Sonora en Arizona, d’Atacama au Chili, ou encore de Gobi en Mongolie, pour ne citer qu’eux, les scientifiques distinguent cinq catégories de déserts : ceux dits « zonaux » de la zone intertropicale, les continentaux, les littoraux, ceux dits « d’abri », et les déserts polaires. Et ces derniers, l’Arctique et l’Antarctique, sont les deux plus grands du monde !
À l’aide de cartes inédites et de dispositifs pédagogiques et tactiles, l’exposition permet, par exemple, d’expérimenter comment les dunes de sable prennent des formes différentes, « en étoiles, longitudinales ou transverses par exemple, selon la force et l’orientation des vents qui les créent et les influencent », explique Didier-Julien Laferrière, muséographe et concepteur de l’exposition. L’activité humaine aussi sculpte les déserts : « Le Sahara, par exemple, a été modifié trois fois : il y a cinq mille ans avec les sociétés égyptiennes, puis durant la période gréco-romaine et enfin au XIXe siècle », explique Maël Crépy, l’un des cinq commissaires scientifiques de l’exposition, chercheur en géoarchéologie au CNRS.
La partie la plus surprenante de l’exposition est sans doute celle consacrée à la vie dans les déserts. Les animaux naturalisés, la spécialité du Muséum, se côtoient de façon inattendue : ce sont des ours polaires et des dromadaires, des manchots et des oryx… « La grande originalité de cette exposition est d’avoir mêlé désert chaud et désert polaire. Elle met ainsi en valeur la biodiversité et ses stratégies d’adaptation dans toutes ses dimensions », introduit Aude Lalis, cocommissaire scientifique de l’exposition, chercheuse en biologie de l’évolution de la biodiversité au Muséum.
Peu propices à la vie, les déserts abritent en effet une surprenante variété de plantes et d’animaux qui, au cours de l’évolution, se sont adaptés aux conditions extrêmes. « Globalement, d’un désert à l’autre, plantes et animaux usent de stratégies identiques pour boire et stocker l’eau, denrée rare, bien qu’il y ait toujours des spécificités selon les espèces », poursuivent Denis Larpin, responsable scientifique des collections végétales tropicales des jardins botaniques du Muséum, et Anthony Herrel, directeur de recherche au CNRS, spécialiste en anatomie comparée, morphologie fonctionnelle et biologie au Muséum.
Ainsi les cactus, décor célèbre des westerns, font des réserves d’eau, un peu comme les dromadaires font des réserves de gras métabolique dans leur bosse, ou les ours polaires de graisse isolante durant l’été. Certaines plantes profiteront de longues racines capables de capter l’eau des nappes phréatiques, quand d’autres en surface vont retenir la moindre goutte d’eau de pluie, un peu comme le moloch, reptile d’Australie, qui aspire l’eau grâce à un réseau d’anneaux situés sous ses écailles. Pour survivre, les organismes vivants développent des stratégies étonnantes.
Des possibilités physiologiques épatantes
« Dans les déserts polaires, précise Aude Lalis, certains hibernent, d’autres stockent, puis utilisent leurs corps pour résister aux températures extrêmes. Leurs extrémités – pattes, oreilles et museau – sont courtes pour que la chaleur soit conservée, leur fourrure est épaisse et chaude, comme celle du renard arctique, un as de l’adaptation, qui utilise sa queue en guise d’écharpe. » À l’inverse, dans les déserts chauds, certains animaux ont de grandes extrémités pour évacuer la chaleur, comme le fennec, le chat des sables ou le lièvre de Californie aux grandes oreilles, qui les aident à se rafraîchir.
D’autres, comme l’oryx d’Arabie, ont développé des systèmes de régulation de leur température corporelle, qui peut atteindre 45 °C : la chaleur stockée dans la journée est évacuée la nuit, évitant ainsi de perdre de l’eau en transpirant. De plus, il dispose d’une isolation thermique et d’un système de climatisation locale – rien que ça – qui permet de garder son cerveau au frais ! Mais la biodiversité des déserts est partout menacée par l’action humaine et les changements climatiques. Les déserts chauds ou froids sont des écosystèmes fragiles et vulnérables. Les premiers s’étendent alors que les seconds tendent à disparaître.
En sortant de l’exposition, on pense à Théodore Monod (1902-2000), l’un des grands défricheurs du désert, professeur du Muséum, qui invitait à parler du désert en se taisant, « comme lui », et à lui rendre hommage « par notre silence ».
Jusqu’au 30 novembre, à la Grande Galerie de l’évolution, Muséum national d’histoire naturelle, Paris (5e).
12:20 Publié dans Actualités, Connaissances, Exposition | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition désert | |
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