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11/09/2020

Espagne. “Le Silence des autres”, le film qui donne la parole aux victimes du franquisme

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Produit par Pedro Almodóvar, le documentaire Le Silence des autres met au premier plan des victimes de la dictature de Franco qui, encore aujourd’hui, se battent pour obtenir justice. Un film à découvrir...

Sa voix n’est plus qu’un souffle, un râle presque. Arrachés au silence et au poids des ans, ses mots n’en ont que plus de force. Ils concentrent l’obsession de toute une vie, une obstination ultime. María Martín avait six ans quand, le 21 septembre 1936, les franquistes ont emmené et liquidé sa mère.

Faustina López González a été ensevelie dans une fosse commune, par-dessus laquelle file aujourd’hui la route de Buenaventura, dans la province de Tolède. Jamais sa fille n’a pu obtenir que ses assassins soient jugés, jamais elle n’a pu donner à sa mère une digne sépulture. Alors que, pour elle, les jours comptent désormais pour des années, elle refuse de se résigner. Sous le soleil d’une fin de journée, elle vient déposer un bouquet de fleurs sur le bas-côté de la chaussée. “Comme la vie est injuste ! Pas la vie. Nous, les humains… nous sommes injustes.”

À l’instar de centaines de milliers d’Espagnols, María Martín a fait les frais de la loi d’amnistie votée en 1977 par le Congrès de son pays. Pour tourner la page du franquisme (1939-1975), décision a été prise de pardonner tous les délits, les actes de rébellion et de sédition, les abus d’autorités, les répressions politiques, les assassinats et les actes de torture commis sous la dictature. Un “pacte de l’oubli” comme en ont adopté beaucoup de pays au sortir d’années noires. À une spécificité près : “Dans le reste du monde, les jeunes démocraties – en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie – ont abrogé les lois adoptées à la fin des dictatures.

L’Espagne ne l’a pas fait”, souligne la cinéaste espagnole Almudena Carracedo, interrogée par le quotidien El País. Dans la péninsule ibérique, il n’y a eu ni procès des dignitaires du franquisme ni commission de vérité et réconciliation. Un amer retournement de l’histoire Avec son compagnon, Robert Bahar, Almudena Carracedo est l’auteure d’un documentaire poignant, El Silencio de los otros [“Le Silence des autres”].

Il donne la parole à plusieurs victimes du franquisme que la loi de 1977 a privées de justice. Certaines, comme María Martín, sont les enfants, les proches de disparus (cent mille personnes ont été enterrées dans des fosses communes aux quatre coins du pays, rappelle El País). D’autres ont été torturées par des sbires du franquisme comme le sadique Billy el Niño [“Billy the Kid”]. D’autres, enfin, sont les victimes du scandale des bébés volés : des milliers d’enfants en bas âge soustraits à leurs parents pour être vendus à l’adoption.

La caméra d’Almudena Carracedo et de Robert Bahar réunit ces personnes alors qu’elles se préparent à saisir la justice argentine. Un amer retournement de l’histoire : en 1998, c’est à la demande d’un tribunal espagnol, sur la base du principe de compétence universelle, que l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet avait été arrêté à Londres – un événement qui avait bouleversé la notion de justice internationale. Vingt ans plus tard, des Espagnols sont obligés d’aller déposer plainte à dix mille kilomètres de chez eux, en Argentine, pour tenter de faire voler en éclats le pacte de l’oubli.

L’objectif des réalisateurs, comme ils le confient à El País, est toutefois d’aller au-delà des statistiques et des procédures juridiques, “pour qu’il soit clair que c’est de personnes qu’il s’agit”. Ainsi que le formule Robert Bahar : Quand on voit María assise au bord de la route, comment est-il possible de s’opposer à ce qu’une enquête soit ouverte sur [la disparition de sa mère] ?” “Une honte nationale” Produit par El Deseo, la société des frères Almodóvar, Le Silence des autres est “un documentaire indispensable”, écrit El País. Il explore un épisode douloureux de l’histoire espagnole, sur la mémoire duquel les Espagnols se divisent encore aujourd’hui : ouvrir les fosses communes et juger les coupables ? Prolonger l’impunité ? Oublier ?

Le film “est émouvant, mais nous fait surtout honte. Nous avons honte en tant que citoyens et en tant que nation”, commente pour sa part le site El Diario. L’un de ses journalistes, Carlos Hernández, a assisté à une projection du long-métrage en Espagne. Il raconte la fin de la séance, devant une salle a priori en accord avec le message du film : “Les lumières se rallument avant la fin du générique. La majorité des fauteuils est encore occupée ; personne ne semble pressé de partir. Quelques spectateurs déglutissent pour tenter de faire passer la boule qu’ils ont dans la gorge. D’autres ne se cachent pas et essuient leurs joues avec un mouchoir ou directement avec le revers de leur manche.” La chronique d’un “oubli prémédité”

Dans les couloirs du cinéma, les témoignages fusent. “Ils ont emmené mon père, et je n’ai plus jamais eu de nouvelles” ; “Ma grand-mère et ses sœurs ont été tondues et exhibées dans le village… au moins, elles n’ont pas été violées comme les autres voisines qui étaient aussi républicaines…” Et Carlos Hernández de commenter : Ce film est la chronique de l’oubli prémédité des victimes de la dictature, du système grâce auquel le tyran a garanti l’impunité des bourreaux.” Ces derniers mois, comme à chaque fois que la gauche prend le pouvoir en Espagne, la chape de plomb s’est de nouveau fissurée. Porté en juin 2018 à la tête du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sánchez a présenté plusieurs réformes : déplacer les restes de Franco de l’imposant mausolée où ils reposent aujourd’hui, véritable monument à la gloire du régime déchu ; exhumer et identifier les restes des disparus enterrés dans des fosses communes ; créer une commission de vérité sur les exactions commises ; supprimer tous les symboles qui rappellent la guerre civile ou la dictature.

Il souhaiterait aussi retirer sa médaille du Mérite au tortionnaire Billy el Niño, tout un symbole. Mais, pour María Martín, tout cela survient trop tard. La vieille dame s’est éteinte avant la fin du tournage du Silence des autres. Sa fille a repris le flambeau. Le Silence des autres sort le 13 février en France, en partenariat avec Courrier international.

Marie Bélœil, Courrier International

18:27 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le silence des autres | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

14/06/2020

Racisme. Faut-il brûler Autant en emporte le vent ?

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Autant en emporte le vent, qui est le plus gros succès du cinéma au box-office, est retiré des plateformes de streaming par Warner media, qui en détient les droits et veut donner un sous-titre explicatif au film.

Autant en emporte le Vent n’est pas un documentaire sur la situation des esclaves noirs dans l’Amérique de la guerre de Sécession, ce qui a visiblement totalement échappé à HBO. C’est une fresque romanesque, qui raconte l’émancipation d’une jeune femme de la bonne société sudiste, esclavagiste. Son héroïne, Scarlett O’Hara est une enfant gâtée, qui va grandir en s’affranchissant de tous les codes moraux de son époque. Elle est une canaille, comme dit Rhett Butler, son troisième mari et éternel amoureux, qui en connaît un sacré rayon sur le sujet. Quand le roman est sorti, en 1936, ce que Scarlett faisait exploser, c’était aussi le rôle de mère parfaite, d’épouse qui se tient bien sagement à sa place, celle qui lui est assignée.

Ce qu’avant Scarlett, Margaret Mitchell, son auteure, avait réalisé. Ce qui nous semble normal aujourd’hui, était alors une petite révolution.

La libération des esclaves est le prétexte du livre, mais pas son sujet

Margaret Mitchell est née en 1900. Ses grands-parents, ses parents, ont largement construit ce Sud. Ils dirigeaient le type de plantations qui asservissaient des hommes et des femmes. Comme celle de coton des parents de Scarlett, le «Tara» de son roman. Elle-même y a grandi. Son imaginaire de femme blanche a baigné de toutes ces représentations, y compris celles du Ku Klux Klan. Pour autant, les esclaves, dans le livre comme dans le film, n’ont pas, en dehors de Mama (Hattie McDaniel), la nounou de Scarlett, de place centrale. Leur libération est le prétexte du livre, mais pas le sujet. Donc, oui, Margaret Mitchell les représente dociles, leur donne un langage indigne. Ce n’est pas une excuse, mais Margaret Mitchell était une femme blanche privilégiée d’un autre temps que le nôtre. Ce qui est embêtant, et ce n’est pas la faute d’Autant en emporte le vent, ce sont ces schémas mentaux qui durent.

En Georgie, dont l'auteure est originaire, le 23 février dernier, Ahmaud Arbery a été abattu par un ancien policier et son fils. Il était noir, et il courait, ce qui parait logique quand on fait un jogging: un motif suffisant pour être assassiné. C’est dire l’ancrage de ce racisme, 155 ans après la fin de la guerre de Sécession, 52 ans après le Civil Rights Act qui donne un coup d’arrêt, dans les textes, aux lois ségrégatives. 

Hattie McDaniel,  Big Mamma, première femme noire à avoir obtenu un Oscar

Pour autant, faut-il jeter Scarlett O’Hara, ce film et ce livre aux orties ? La réponse est non. Ils sont les témoins de leur temps, pas du nôtre. Ce film est majeur, à bien des égards, dans l’histoire du cinéma. Le premier film en technicolor, des moyens démentiels pour filmer l’incendie d’Atlanta, la scène mythique où sont étalés les blessés de la bataille de Pittsburgh... Un casting incroyable avec Clark Gable, Vivien Leigh et Olivia de Havilland au générique. Pour ce film, Hattie McDaniel, sera la première femme noire à avoir obtenu un Oscar. Ségrégation oblige, elle n’a pas été invitée à la projection du film, et a pu raisonner Clark Gable de ne pas la boycotter. Il a fallu que David O Selznick, le producteur du film, menace, pour qu’elle puisse entrer à la cérémonie des Oscars. A ceux qui l’accusaient de n’accepter que des rôles de servantes, et de véhiculer des clichés sudistes, Hattie McDaniel répondait qu’elle préférait être payée à jouer les bonniches plutôt que d’en être une. Et on revenait de loin en la matière.

Dès 1919, on a l’œuvre d’Oscar Micheaux, réalisateur, acteur, producteur et scénariste, qui déconstruit tous les clichés racistes véhiculés dans la société américaine ( within our gates, the symbol of the Ku Klux Klan). Quatre ans auparavant, et c’est l’œuvre retenue, il y a le «naissance d’une nation», de D.W. Griffith, qui encense les tueurs aux chapeaux pointus. Rappelons-le, aux débuts du cinéma, il n’est même pas question d’embaucher des acteurs à la peau noire. Ce sont des blancs grimmés qui tiennent les rôles. Du black face, comme on dit aujourd’hui, soit l’une des formes les plus scandaleuses du racisme, puisqu’il participe à la négation de l’autre.

Dans les deux cas, Naissance d’une nation comme Autant en emporte le vent,  la guerre de sécession est en toile de fond. Les États-Unis ont produit nombre de séries et de films pour héroïser cette période sans jamais exorciser cette fracture sociétale. Les films peuvent nous montrer le chemin parcouru. Mais ce ne sont pas des films vieux de 80 ans qui construisent la société d’aujourd’hui. Autant en emporte le Vent est un film de 1939 écrit par une femme sudiste. Mais nous sommes 81 ans plus tard. Entre temps, il y a quelques films, quelques livres, quelques avancées de l’histoire. On doit être capable de regarder une œuvre en la resituant dans son contexte. 

Caroline Constant, l'Humanité

 

10:43 Publié dans Cactus, Cinéma, Histoire, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, autant en emporte le vent | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

19/01/2020

Cinéma. Le retour de l’homme des neiges

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Marche avec les loups Jean-Michel Bertrand France, 2018, 1 h 28. Musique Armand Amar
Jean-Michel Bertrand se met modestement en scène avec abnégation et un vrai talent de conteur.

On a loupé le précédent film de Jean-Michel Bertrand, la Vallée des loups, au thème identique. Donc, pour nous, Marche avec les loups est un peu une révélation, même si on se méfie des documentaires animaliers, susceptibles des pires manipulations. Mais ici, le problème est inversé : c’est plus une autofiction sur l’auteur qu’un safari ciné sur un jeune loup introuvable ayant quitté la meute, dont Bertrand suit la trace jusqu’au Jura. L’animal a la portion congrue. Bertrand se déplace seul, pose des caméras automatiques sur le parcours des loups, mais ne capte que des bribes de leur présence.

L’auteur se fait filmer in situ

L’épine dorsale du film, c’est le récit, dit par le cinéaste d’une voix faible, susurrée, mais prenante. On est loin des documentaires agréés par les puristes du réel ; les films de Bertrand ont en commun avec les grand-messes animales de Jacques Perrin, Nicolas Vanier ou Luc Jacquet, une musique symphonique dégoulinante. C’est le seul bémol dans un film qui a beau être un produit Pathé, mais dont le principe est inattaquable car il exprime la vision et les sentiments de l’auteur in situ, sans prétendre enregistrer la réalité brute.

Marche avec les loups est une œuvre quasi littéraire, narrée sans effets de manche par Bertrand. Alors que le ou les loups, le lynx, apparaissent en contrechamp, et pas dans le même plan que Bertrand. Ce qui compte, ce sont les détails matériels de la poursuite dans la neige, et le credo du défenseur/amoureux de la nature qui n’a pas le mot écologie constamment à la bouche, mais exprime à merveille la question de l’équilibre entre l’homme et son environnement – au point de s’être fait des ennemis chez les bergers, scandalisés par sa défense du prédateur.

La magie Bertrand, ce sont des petits riens, des confidences, l’apparition d’un lynx, les hypothèses sur le trajet du loup, ou la découverte émouvante du journal d’une solitaire dans un refuge. À chaque étape de cette épopée lo-fi, Bertrand séduit par son propos sur le monde vivant considéré comme un tout, au diapason du peintre-écrivain suisse Robert Hainard (1906-1999). On souhaite que le travail de Bertrand ne devienne pas un produit style Nature & Découvertes, mais qu’il continue à guider notre regard sur notre monde fragile que nous ne savons pas voir.

 

10:05 Publié dans Cinéma, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marche avec les loups, jean michel bertrand | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

18/09/2019

Nedjma ou la chronique des années de plomb : Papicha

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Dans l’Algérie des années 1990, quatre étudiantes se trouvent confrontées à la montée de l’islamisme. Premier film de Mounia Meddour.

En 2011, Mounia Meddour réalisait un documentaire, le Cinéma algérien, un nouveau souffle, dans lequel elle se penchait sur la jeune génération de cinéastes qui émerge dans son pays. Ce « nouveau souffle », il semble qu’elle l’incarne elle-même avec son premier long métrage, présenté dans la section Un certain regard, tant Papicha est une ode à l’espoir, au combat, à la dignité et à la femme algérienne. Les papichas, littéralement, ce sont les jolies filles. Une façon de désigner ces jeunes femmes d’Alger pétillantes, effrontées et fières.

Nous sommes à Alger dans les années 1990. À la cité universitaire, deux étudiantes sortent dans la nuit, montent dans un taxi, changent de vêtements, se maquillent et se rendent dans une boîte de nuit. La plus délurée des deux, c’est Nedjma (extraordinaire Lyna Khoudri). Un prénom que la réalisatrice n’a sans doute pas choisi au hasard.

Il signifie « étoile », mais évoque le livre éponyme de Kateb Yacine. Au retour de boîte, un barrage de police campe le décor sécuritaire dans lequel vont évoluer Nedjma et ses copines de fac, Wassila (Shirine Boutella), Samira (Amira Hilda Douaouda) et Kahina (Zahra Doumandji). Elles ont la vie plein les yeux et comptent bien réaliser leurs rêves. Sans doute avec un brin de naïveté, refusant, au départ, de voir la réalité. Celle-ci va pourtant s’imposer. Durement.

Alors que Nedjma est tout entière à la préparation d’un défilé de mode qu’elle veut absolument organiser à partir du haïk, le tissu traditionnel qui couvre les femmes, deux événements vont surgir. D’abord, ce sont des affiches placardées sur les murs de la cité universitaire, qui incitent les femmes au port du hijab « avant que ce ne soit un linceul qui vous recouvre », comme le crache un islamiste dont le mouvement ne cesse de grandir. Autre drame, plus fort encore. Linda, la sœur de Nedjma, est abattue devant la maison de sa mère, comme l’a été Tahar Djaout dont elle lit un ouvrage. Pour la jeune styliste, le temps de la résistance et de la révolte est arrivé. Un long chemin vers la liberté, comme le disait Nelson Mandela.

Les hommes n’ont pas vraiment le beau rôle

Mounia Meddour s’est appuyée sur ses souvenirs personnels pour cette histoire d’une grande profondeur. Le récit dramatique n’en prend que plus de force. Elle suit au plus près les personnages. Les gros plans sur les visages sont remarquables. Elle filme ces femmes avec une tendresse et une sensualité non dissimulées. La scène où le corps de Linda est lavé avant d’être enroulé dans le linceul est toute en retenue sensible. La caméra effleure, caresse comme un hommage. Papicha évite les écueils manichéens avec intelligence.

Nedjma n’est pas contre la religion mais l’utilisation qui en est faite. Samara est la seule voilée des quatre, c’est pourtant elle qui va insister pour que le défilé de mode se déroule. Un mot enfin sur les hommes, qui n’ont pas vraiment le beau rôle. Mais comment pourrait-il en être autrement entre l’un qui veut quitter l’Algérie mais explique à Nedjma que, après leur mariage, sa vie à elle, ce sera lui, et l’autre qui tabasse Wassila et voudrait la contraindre à l’obéissance ? Deux facettes, séculaire et religieuse, du même regard paternaliste et machiste sur les femmes. À l’heure des grandes manifestations en Algérie, de l’espoir d’une deuxième république, ce retour sur les années de plomb s’avère nécessaire pour une société algérienne en pleine mutation.

Papicha, de Mounia Meddour, France, Algérie, Belgique, Qatar, 1 h 45

19:02 Publié dans Cinéma, International, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : papicha, mounia meddour | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!