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08/07/2024

Pourquoi le cheval a-t-il été domestiqué deux fois dans l’Histoire ?

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Le cheval a été domestiqué à deux reprises par l’Homme : il y a 5500 ans, ce fut pour le manger, et il y a 4200 ans, pour le monter. C’est ce que révèle une étude publiée dans la revue Nature.

On savait que le berceau de la domestication du cheval se trouvait dans les steppes occidentales de Russie, mais la datation de cet événement demeurait un sujet de controverse dans la communauté scientifique. Quand donc les humains sont-ils monté pour la première fois sur l’équidé afin de se déplacer, marquant ainsi un tournant décisif dans l’histoire de l’Humanité ?

Ce fait est plus récent qu’on ne le croyait jusqu’à présent. Il a « seulement » 4200 ans, selon une étude publiée dans la revue Nature coordonnée par une équipe du CNRS et de l’université Toulouse III – Paul Sabatier, dirigée par le paléogénéticien Ludovic Orlando, et impliquent 133 scientifiques, issus de 113 institutions à travers le monde.

Une nouvelle ère dans l’histoire humaine

L’émergence de la mobilité à cheval a marqué une nouvelle ère dans l’histoire humaine car les chevaux ont révolutionné la vitesse des déplacements et des échanges entre les peuples jusqu’à l’apparition des moteurs à combustion à la fin du XIXe siècle. Les chercheurs ont analysé 475 génomes anciens de restes archéologiques de chevaux couvrant l’Eurasie tout entière durant les cinq derniers millénaires.

Grâce au séquençage de l’ADN ancien, ils ont étudié les transformations génétiques qui ont accompagné la naissance de l’équitation, et retrouvé ainsi le moment où a commencé l’élevage du cheval. Comme ils l’expliquent dans leur article, « le contrôle de la reproduction de la lignée domestique moderne est apparu il y a environ 2200 ans avant notre ère, par le biais d’accouplements étroits et de temps de génération plus courts ».

Pour réaliser leur étude, les scientifiques ont procédé en trois étapes. Ils ont d’abord daté le début de l’essor des chevaux domestiques. Ensuite, ils ont reconstruit leur histoire démographique pour déterminer quand des éleveurs ont entrepris de les produire en quantité. Enfin, ils ont identifié des signes génétiques de manipulation de la reproduction des chevaux par ces premiers éleveurs, ce qui leur a permis d’en générer une énorme quantité et de répondre à une très forte demande.

En effet, ces éleveurs ont réussi à faire se reproduire des chevaux de plus en plus jeunes et ont ainsi doublé leur capacité de production : l’écart de temps moyen entre deux générations d’équidés fut réduit de huit années à quatre. Grâce à ces trois indices, les chercheurs décrivent une histoire de la production en quantité suffisante des chevaux domestiques, débutant il y a 4200 ans, pour répondre à la demande croissante de mobilité rapide chez les peuples anciens du continent notamment durant les guerres.

D’abord élevé pour l’alimentation puis comme moyen de locomotion

Cette datation permet aussi de réfuter l’idée communément admise selon laquelle des hordes de cavaliers seraient venues il y a 5000 ans, depuis les steppes du nord du Caucase, conquérir l’Europe, puisque la domestication du cheval est bien plus tardive. L’étude entraîne une autre conséquence majeure : le cheval a été domestiqué deux fois. Il fut d’abord élevé pour l’alimentation humaine, et bien plus tard, comme moyen de locomotion.

En effet c’est un peuple sédentaire de Botaï, dans les steppes d’Asie centrale, au Nord-Kazakstan qui, le premier, réussit à domestiquer le cheval il y a 5500 ans pour en exploiter la viande et le lait. Ce peuple du Néolithique final avait très tôt mis au point des techniques de contrôle de la reproduction du cheval.

Mais elles n’ont pas entraîné sa prolifération aux steppes d’Asie Centrale, et cette ancienne lignée de chevaux domestiques destinés à l’alimentation a fini par s’éteindre. Il s’est ainsi écoulé treize siècles entre les deux domestications du cheval avant qu’il ne devienne le « meilleur ami de l’homme ».

Anne Musso, l'Humanité

18:26 Publié dans Actualités, Connaissances, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cheval | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

26/06/2024

Climat : le Nouveau Front populaire imbrique écologie et justice sociale

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Le programme du Nouveau Front Populaire propose des mesures conséquentes en matière de climat et de protection de la biodiversité, dans une visée de justice sociale.

Loi énergie climat pour « jeter les bases de la planification écologique », moratoire sur l’autoroute A69 et les projets de mégabassines, protection de la biodiversité, règles de partage de l’eau : le Nouveau Front Populaire affiche dans son programme une volonté de remettre l’écologie au cœur des politiques publiques. Sans perdre de vue que défis environnementaux et défis sociaux seront nécessairement imbriqués.

Faire mieux en matière environnementale, pour tout le monde. Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace, l’a souligné lors de la présentation du programme, qui comporte « une série de mesures ambitieuses, à même de répondre aux défis des transformations de notre société sans laisser personne au bord de la route, et c’est pour cela que je suis là aujourd’hui. » L’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 traverse plusieurs axes du programme dans une optique d’égalité républicaine, de la rénovation thermique des logements aux transports.

Les services publics pour renforcer le combat

L’eau, ressource centrale alors que les sécheresses se multiplient et que les conflits d’usages apparaissent déjà du fait du changement climatique, serait gérée publiquement, avec la gratuité des premiers mètres cubes nécessaires à la vie puis une tarification progressive.

Le service public est l’un des axes forts de ce programme, et les problématiques environnementales n’y échappent pas. Les équipes des offices chargés du suivi et de la protection de l’environnement se verraient ainsi renforcées. C’est notamment le cas de l’Office national des forêts (ONF). Depuis vingt ans, ses effectifs n’ont en effet cessé de baisser : en 2023, le forestier ne comptait plus que 8200 « collaborateurs », dont 52 % de salariés de droit privé et seulement 48 % de personnels de droit public.

Un démantèlement en règle – un de plus – d’un service public pourtant essentiel, à la fois dans la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité. Souvent parent pauvre des débats environnementaux, cette dernière n’est pas oubliée puisque le NFP vise la protection des forêts, des zones naturelles et le doublement des aires maritimes protégées.

Élargir la lutte

Et la gauche unie n’oublie ni la nécessité de porter la lutte environnementale au niveau mondial, en soutenant la reconnaissance du crime d’écocide et la création d’un tribunal de justice climatique, ni la fiscalité, avec l’arrêt des financements aux banques pour les énergies fossiles. L’ISF, rétabli, comporterait également un volet climatique.

« Jordan Bardella Premier ministre, c’est le scénario du pire, c’est la promesse d’une catastrophe pour la protection du climat, de la biodiversité »

Jean-François Julliard.

La dynamique créée par ce Nouveau Front Populaire agrège des associations environnementales, qui craignent l’arrivée du Rassemblement national au gouvernement : « Jordan Bardella Premier ministre, c’est le scénario du pire, c’est la promesse d’une catastrophe pour la protection du climat, de la biodiversité », avertit ainsi Jean-François Julliard.

Source l'Humanité

13/06/2024

De l’électricité pour l’industrie

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Peut-on vraiment décarboner l’industrie, alors qu’elle fonctionne encore pour beaucoup au charbon, au gaz et au pétrole ? L’enjeu est simple : ne pas y parvenir signifierait ne pas atteindre les objectifs climatiques décidés en 2009 et 2015 et donc s’engager dans un réchauffement aux conséquences ingérables, en particulier pour les populations et pays pauvres. Bonne nouvelle, annonce une étude 1 du Fraunhofer Institute, un centre de recherche allemand, électrifier la plupart des procédés industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre utilisés dans l’Union européenne est possible.

Le plus gros paquet à gérer ? La chaleur. Les trois quarts des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie européenne proviennent de la combustion d’énergies fossiles pour produire de la chaleur. Usines de la chimie, aciéries, cimenteries, fabrication du papier, agroalimentaire, produits manufacturés… Or, montre cette étude, il est possible d’éviter 90 % des émissions associées d’ici à 2035 par l’utilisation de technologies électriques déjà éprouvées ou démontrées comme les torches à plasma, les arcs électriques, l’induction, etc. Qu’il s’agisse des 200 °C à 500 °C des usines chimiques ou des 2 500 °C nécessaires à la sidérurgie et les forges des aciéries, les technologies électriques sont désormais en capacité de les fournir.

Des politiques publiques nationales et européennes, incitatives ou réglementaires, visant à éradiquer les émissions de gaz à effet de serre des industries sont donc techniquement possibles. Et dans des délais correspondant à l’urgence climatique si les investissements massifs permettant cette conversion à grande échelle sont réalisés.

Il restera à assurer l’alimentation en électricité bas-carbone de ces futurs équipements. Aujourd’hui, environ le tiers de la demande énergétique de ces secteurs est alimenté en électricité, pour environ 1 000 térawattheures par an (le double de la consommation électrique française totale en 2023). Il faudrait donc y ajouter environ 2 000 TWh par an à capacité industrielle inchangée. Un objectif tout sauf marginal, comparé aux 2 600 TWh de la production totale d’électricité de l’Union européenne actuelle. En outre, cette production est encore à près de 40 % réalisée à partir de gaz et de charbon, ce qu’il faut éliminer.

Ces calculs en ordre de grandeur indiquent clairement que le débat qui oppose le nucléaire et les renouvelables est en contradiction totale avec les enjeux climatiques. Seul un développement hardi de ces deux sources d’électricité bas-carbone est susceptible de répondre aux besoins de l’industrie comme de la vie quotidienne des Européens dans le respect des objectifs climatiques.

  1. Fraunhofer ISI (2024) : Direct Electrification of Industrial Process Heat. An Assessment of Technologies, Potentials and Future Prospects for the EU. Study on Behalf of Agora Industry. Alexandra Langenheld et al. ↩︎

11:38 Publié dans Actualités, Connaissances, Planète, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : industrie, nucléaire | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

01/06/2024

Un plan climat pour la France pour 2050 proposé par le Parti Communiste Français dans l'esprit de Diderot, celui de l'esprit critique et de l'intelligence

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NDLR : Une appréciation d’Yves Bréchet sur le plan climat Empreinte2050 du PCF

Yves Bréchet, Membre de l’Académie des Sciences

Le groupe de réflexion « Écologie » du Parti Communiste vient de republier son « plan climat pour la France  pour 2050 » (https://lnkd.in/ePAaJ-wD ) . Dans la sinistrose ambiante et la vacuité pathétique du débat de la campagne des élections européennes, notamment sur la question pourtant essentielle de l’énergie, de ses usages, et de son rôle dans les questions de transition écologiques, voila un texte qui mérite votre attention.

Il mérite votre attention car il n’a pas prétention à être un dogme intouchable, mais il est une base de discussion, élaborée déjà par de très nombreuses consultations dans le monde scientifique et technique, sans exclusive d’appartenance politique, et qui appelle à de nouvelles discussions. Discussions pour une fois, sur les choix de priorités tout en conservant la cohérence, sur les choix politiques qui ne soient pas des petits arrangements entre partis en vue d’alliances d’arrière-cuisine. On avait perdu l’habitude !

 Il n’est pas nécessaire d’être un « compagnon de route du PC » pour en tirer profit. Il n’est pas nécessaire d’adhérer aux option politiques retenues, ni d’avoir la même liste de priorités, mais l’exigence de rigueur de ce texte est exemplaire et peut bénéficier à tous ceux qui ont à cœur le bien de leur pays dans ces périodes économiquement et écologiquement difficiles.  Il n’est pas question pour moi de dire que je suis d’accord avec tout ce qu’il contient. Mais au moins ce document, le premier ( et le seul à ce jour…) de cette qualité issu d’un parti politique  a le mérite de proposer une analyse cohérente et systémique des problèmes. Il a le courage de rappeler la valeur de la notion de service public sur une denrée aussi essentielle à notre économie que l’énergie. Il a le mérite de parler d’industrie et de souveraineté industrielle sans tomber dans une forme d’autisme qui nie la nécessité de collaborations internationales. Il rappelle la nécessité impérieuse d’une recherche forte qui soit au service des exigences nouvelles. Il met en exergue l’importance de la formation à tous les niveaux de la société, et la nécessité vitale d’engager la génération montante à construire le monde qui vient plutôt que de les conforter dans un catastrophisme mortifère et des jérémiades stériles qui justifient l’inaction.

Il met en exergue la nécessité d’électrifier notre économie, les options raisonnables pour décarboner l’électricité, préférant construire des trajectoires qui respectent les lois de Carnot et de Kirchoff (non, ce ne sont pas des députés du siècle dernier !…) plutôt que de se complaire dans des guerres de religion ( Nucléaire vs Renouvelables par exemple…). Il propose une vision construite de la transition écologique dans les transports, dans les bâtiments. Il n’a pas peur de dire franchement, et il est grand temps, que l’adaptation au réchauffement climatique est une nécessité qui n’est pas contradictoire avec la lutte à mener pour le limiter. Il rappelle que tout le monde dans un pays riche a le droit à un logement décent et correctement chauffé, une capacité à se déplacer, l’accès à la nourriture.  Il rappelle à la classe politique qui semble si souvent l’oublier, qu’il y un monde avec des gens au-delà du périphérique. Dans un monde médiatique hypnotisé par les sondages, malgré son contenu pour une fois réfléchi, ou peut-être à cause de cela, il passe totalement inaperçu. Ce qui est révélateur de la pauvreté de notre débat public.

Ce texte devrait pourtant être lu, critiqué, amendé, enrichi, et cela d’autant plus qu’il tranche avec la « pensée par slogans » qu’on nous sert de toute part. Coutumier de l’étiquetage et de l’invective plus que du débat, le microcosme politico-médiatique s’avère incapable de discuter le fond, il est même devenu incapable de le reconnaitre quand il se présente. Il est superbement ignoré par les médias, la cervelle vissée sur l’audimat, et par l’ensemble de la classe politique, trop heureuse que ne paraisse pas au grand jour l’inanité collective de sa réflexion sur ces sujets ( le débat récent entre les différents candidats montrait à quel point le « prêt à penser » fait des ravages https://www.youtube.com/watch?v=t3TmdV7uj6E ). Encore une fois, je ne plaide pas pour une acceptation « en bloc » (seule la commission Attali, avec un secrétaire célèbre depuis, et ses « cent propositions » avait cette outrecuidance… ) , mais je plaide pour une discussion de fond. L’importance du sujet mérite cet effort.

diderot.pngAprès deux décennies de doxa libérale qui a fini par confondre  le progrès et l’innovation, le contenu et l’affichage, la création de richesse et la spéculation, en oubliant au passage  la notion de « bien commun » versé au nombre des vieilles lunes de « l’ancien monde », après deux décennies où une gauche intoxiquée par un Rousseauisme de pacotille mâtiné de calculs électoraliste s’est éloignée de l’héritage des Lumières, ce texte qui engage à réfléchir, qui assume pleinement le progrès scientifique et technique, est un retour heureux de l’esprit de Diderot qui a été trop longtemps oublié y compris par ceux qui se prétendaient ses héritiers.    

le plan climat est en téléchargement sur ce lien : https://revue-progressistes.org/2023/11/07/plan-climat-empreinte-2050/

Les principales propositions du plan climat présentées par Léon Deffontaines (à partir de la 32 ème minute...)

16:23 Publié dans Cactus, Connaissances, Entretiens, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!