« Les établissements recevant du public (ERP) pouvant accueillir 301 personnes et plus doivent être équipés de fontaines d’eau potable », indique le site officiel Service Public, qui rappelle qu’une contravention de 1 500 euros pourra être appliquée en cas de non-respect de cette obligation. Cette mesure, issue de la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une économie circulaire), effective depuis janvier 2022, n’est que partiellement respectée. C’est ce que révèle une enquête nationale menée par les associations UFC-Que Choisir et No Plastic In My Sea, publiée ce jeudi 19 juin.
Des obligations qui peinent à être respectées
Entre mars et mai 2025, 247 établissements recevant du public, répartis sur l’ensemble du territoire, ont été visités par des enquêteurs bénévoles. Ces derniers ont vérifié la présence d’un point d’eau, la signalétique, et la possibilité de remplir une gourde. Locaux commerciaux, gares SNCF, lieux culturels ou équipements sportifs, tous les types d’établissements soumis à l’obligation ont été ciblés. Sur les 128 points d’eau recensés, près de la moitié sont bien cachés, indiqués par aucun panneau. Seuls 22 établissements (soit 9 % du total de l’échantillon) ont mis en place une signalétique directionnelle, pourtant obligatoire.
Au total, 225 établissements sur les 247 visités ne remplissent pas l’ensemble des exigences définies par la loi. Si des progrès ont été observés dans les gares SNCF, celles-ci restent largement sous-équipées, à l’instar des stations-service. Les espaces culturels s’affirment comme les meilleurs élèves en matière d’équipement. À l’inverse, seuls 45 % des centres commerciaux, qualifiés de « point noir », sont dotés de points d’eau.
« 15 milliards de bouteilles plastiques vendues chaque année en France »
Ces chiffres vont à l’encontre de l’objectif de la loi AGEC. Cette dernière vise la fin progressive de la mise sur le marché des emballages plastiques à usage unique d’ici 2040. Or, pour atteindre cet objectif, la loi souhaite réduire de 50 % le nombre de bouteilles en plastique pour boissons mises sur le marché d’ici 2030. Une urgence écologique face au 15 milliards de bouteilles en plastique vendues chaque année en France. Parallèlement à la loi AGEC, la Directive européenne sur l’accès à l’eau potable impose aux États membres de garantir un accès effectif à l’eau potable pour toute personne.
À la pollution plastique s’ajoute également une inégalité sociale. En l’absence d’un point d’eau gratuit, les usagers se tournent vers de l’eau embouteillée. À titre d’exemple, en gare, une bouteille de 50 cl coûte 2,50 euros, soit près de 10 euros pour une famille de quatre personnes. L’absence de point d’eau a également des conséquences sur la santé du public, a fortiori alors que le réchauffement climatique s’intensifie. Les vagues de chaleur sont aujourd’hui de plus en plus longues et précoces. Le manque de points d’eau potable devrait se faire cruellement sentir dans les ERP de France dès cette semaine. Une vague de chaleur est, en effet, attendue à partir de ce jeudi sur le territoire et pourrait atteindre 40 degrés dans le week-end.
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