22/02/2024
États-Unis, Russie, perte de repères... les conséquences de la guerre en Ukraine pour l'Occident selon Emmanuel Todd
L’historien vient de publier un nouvel essai, dans lequel il analyse les bouleversements enclenchés par la guerre en Ukraine. Il y dépeint un monde anglo-saxon en perte de repères et une Europe poussée à des mesures suicidaires par les États-Unis face à la Russie. De quoi susciter des débats.
Avec son nouvel essai paru chez Gallimard, la Défaite de l’Occident, Emmanuel Todd suscite, comme attendu, le débat. L’historien avait commencé ses recherches avant la guerre en Ukraine. Il a finalement écrit son livre durant l’été 2023, et ce qui était un exercice de prospective est devenu une « analyse du présent ». Recourant à la démographie, à l’histoire, à l’anthropologie et à la méthode qui a fait sa marque de fabrique, l’étude des structures familiales anciennes, il propose une explication des grands bouleversements que traversent l’Occident et le monde depuis l’invasion russe.
En quoi une défaite de l’Ukraine dans la guerre contre la Russie serait-elle une défaite de l’Occident lui-même ?
Je décris un Occident divers, avec un pôle libéral et un pôle non libéral. D’un côté, l’Occident étroit qui a inventé la démocratie libérale constituée de l’Angleterre, des États-Unis, de la France. De l’autre, un Occident plus vaste avec l’Italie et l’Allemagne, si l’on s’en tient à l’Europe, où les structures familiales et les traditions politiques sont plus autoritaires. La défaite de l’Occident, c’est fondamentalement celle du monde anglo-américain. Mon livre comporte un chapitre sur l’Angleterre dans lequel je décris une classe dirigeante en décomposition. C’est la mère des États-Unis, qui a servi de modèle à leur classe dirigeante impériale.
Ce que j’écris est une version crue de ce que chuchote le Pentagone. Malgré le courage ukrainien, la plus grande surprise de la guerre, c’est la déficience de l’appareil militaro-industriel américain. Le désaccord entre Biden et les républicains sur les crédits à voter pour l’Ukraine est une mascarade. Ce n’est pas avec des chèques en dollars qu’on fait la guerre, mais avec des armes. Les États-Unis n’ont la capacité ni de les produire ni de créer les usines nécessaires à cette production. Mon livre analyse donc la déficience des Américains en termes de production d’ingénieurs. Les États-Unis sont plus de deux fois plus peuplés que la Russie, et produisent 30 % d’ingénieurs en moins. Ils produisent en revanche des avocats, des fiscalistes…
Vous réfutez justement le calcul de la richesse des États-Unis avec leur PIB, en le « dégonflant » avec un indicateur que vous appelez le PIR, « produit intérieur réel ». De quoi s’agit-il ?
Le PIB se dégonfle. Pour faire mon calcul, j’ai pris les dépenses de santé, qui sont autour de 18,8 % du PIB américain, alors que l’espérance de vie y est plus basse que dans les autres pays occidentaux. Il me semble donc que leur valeur réelle est surestimée. J’ai par conséquent choisi de les réduire à 40 %. Je décide d’appliquer un coefficient choisi comme ça, ce qui est étonnant. Mais c’est justement le problème. N’importe quel chiffre choisi à la louche sera plus exact que ce qui nous est offert par le calcul du PIB. En dégonflant, on se rapproche de la réalité. En appliquant la même méthode à l’ensemble de l’économie américaine, en ramenant la production de richesse aux choses matérielles, j’obtiens au final un « PIR » légèrement inférieur au PIB par habitant de l’Europe occidentale.
« La disparition du protestantisme produit l’Amérique que l’on connaît, un monde de corruption, de cupidité, violent… »
Pourquoi établir un lien avec la baisse de la pratique religieuse et particulièrement du protestantisme ?
La cause ultime n’est pas seulement l’effondrement de la pratique religieuse protestante, mais aussi celui des valeurs du protestantisme. Max Weber associait l’ascension de l’Occident au protestantisme pour des raisons d’éthique du travail. Je vais plus loin. Le protestantisme a alphabétisé des populations entières pour que chacun accède aux écritures saintes. Il a ainsi produit, presque par accident, une main-d’œuvre mobilisable économiquement, éduquée, travailleuse, sévère, épargnante. C’est l’avantage initial de l’Amérique, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la Scandinavie. La disparition du protestantisme produit l’Amérique que l’on connaît, c’est-à-dire un monde de corruption, de cupidité, violent…
En face, la Russie s’est stabilisée. L’Occident s’est infligé cette défaite à lui-même de par sa propre évolution religieuse, culturelle et économique. Le vainqueur de l’Occident, c’est l’Occident lui-même.
« L’Amérique que l’on connaît » n’est pas nouvelle… Pourquoi aujourd’hui ?
Les États-Unis sont partis de très haut. La chute du communisme a créé l’illusion d’une victoire du capitalisme que l’on croyait revitalisé par le néolibéralisme, l’obsession du marché. En réalité, on observe un déclin éducatif dès 1965 et économique dès 1980. À partir de Ronald Reagan, la production de blé commence à diminuer. En 2002, je l’avais déjà observé dans Après l’empire, au moment où tout le monde parlait d’hyperpuissance américaine.
En lisant votre dernier livre, on a l’impression que le processus que vous décriviez il y a plus de vingt ans est allé beaucoup plus loin…
Le modèle et la représentation de la société américaine aujourd’hui ne sont pas les mêmes. J’entre dans l’irrationnel social et religieux. Lorsque j’ai écrit Après l’empire, j’espérais que les États-Unis se rétractent de leur rêve impérial et se contentent d’être une nation géante. Je voyais l’agitation militariste américaine comme une manière de se rendre indispensable à peu de frais. Dans la Défaite de l’Occident, ce qui est nouveau, c’est le concept de nihilisme dérivant de la crise religieuse. C’est une société qui n’a plus de classe dirigeante, souterrainement guidée par un principe de déification du néant.
Je l’écris à la fin du livre : « L’état sociologique zéro de l’Amérique nous interdit toutefois toute prédiction raisonnable quant aux décisions ultimes que prendront ses dirigeants. Gardons à l’esprit que le nihilisme rend tout, absolument tout, possible. » On peut imaginer une implosion interne des États-Unis, avec une animosité qui lance les uns contre les autres républicains trumpistes et démocrates post-clintoniens… On peut aussi imaginer une Amérique pratiquant la stratégie du fou : faire croire qu’elle est capable d’être cinglée. Ce qui fait peur, c’est qu’elle pourrait être utilisée par des fous. Et c’est ce qui rend mon livre désagréable et angoissant pour nos élites atlantistes. J’y décris un comportement des Russes plus rationnel, plus lisible. C’est une situation extrêmement étrange.
« Les oligarchies libérales protègent leurs minorités. La démocratie autoritaire russe, non »
Et ça vous vaut des accusations de « poutinophilie ». Vous qualifiez le régime russe de « démocratie autoritaire ». Curieux, au moment même où meurt dans une colonie pénitentiaire Alexei Navalny, le principal opposant de Poutine…
Je définis un couple. Les gens pensent que nous sommes en démocratie chez nous, et qu’il y a une « autocratie », une « tyrannie » en face. Dans Après l’empire, j’expliquais que nous étions, nous, en « oligarchie libérale ». Le caractère libéral des États-Unis est incontestable. En Russie, tous les sondages d’opinion, tous les comportements attestent que la majeure partie du peuple russe soutient Poutine. Les élections sont encadrées, « raisonnablement trafiquées ». Mais Poutine représente pour les Russes le retour à la stabilité et à une vie normale. Qui là-bas voudrait faire l’expérience d’un retour aux années d’anarchie d’après la chute du communisme ? J’applique également mon modèle anthropologique auquel j’ai consacré mes années de chercheur, à savoir les structures familiales anciennes et la culture politique du présent.
Celles des Russes dérivent de familles communautaires très compactes, très vastes, très anti-individualistes, dont il reste quelque chose, même si les effets s’atténuent avec le temps. Si chaque Russe, pris individuellement, n’est qu’un tout petit porteur d’un résidu de cette culture, l’ensemble des interactions produit un système politique qui est l’expression normale de la société russe. Il est donc « démocratique ». J’ajoute « autoritaire », et c’est aussi important que « démocratie ». Ce n’est pas pour distinguer le système russe de la démocratie « normale », mais des démocraties libérales. Celles-ci expriment une volonté majoritaire, mais protègent leurs minorités. En Russie, le régime exprime la volonté de la majorité, mais ne protège pas ses minorités. J’y inclus les opposants : la minorité ultralibérale, ceux qui réclament un autre système, les homosexuels, les oligarques…
Nos oligarchies protègent bien certaines minorités comme les oligarques, qui y sont les mieux lotis. Et je crois que les Américains n’ont jamais pardonné à Poutine d’avoir mis au pas les oligarques russes. Il leur a laissé leur argent, mais retiré leur pouvoir. Ce rapport de l’État aux oligarques aide à comprendre le concept de « démocratie autoritaire ». En Occident, ceux qui ont de l’argent sont les maîtres du système. En Russie, ils ont été matés.
Le régime est aussi un soutien des extrêmes droites en Europe. N’est-ce pas un problème, cette fois, pour nos propres démocraties ?
Les Russes soutiennent qui ils peuvent. Ils n’ont pas le choix de leurs alliés. Les liens qui ont pu exister entre les extrêmes droites et le régime de Poutine sont plus circonstanciels qu’on ne croit. Il y a un malentendu. Ce n’est pas tout d’être populiste, d’en appeler au peuple contre les classes moyennes supérieures, ce que les deux formes idéologico-politiques ont en commun. En Europe occidentale, le rapport à l’islam est structurant pour les extrêmes droites qui se sont construites contre l’immigration et utilisent cette religion comme repoussoir.
Le régime russe n’est pas comme ça. La Russie compte 15 % de musulmans, la présence de l’islam y est au moins aussi ancienne que la population russe sur le territoire, s’incarnant dans des unités intégrées en bloc comme le Tatarstan, la Tchétchénie ou le Daguestan. Vladimir Poutine a fait construire à Moscou la plus grande mosquée d’Europe. Le rapport de la Russie à l’islam est positif et n’a pas vraiment d’équivalent. Peut-être que, d’une certaine manière, les extrêmes droites se trompent aussi sur la Russie. Quant à l’expérience Meloni en Italie, elle n’est pas encourageante pour Poutine.
« Il est difficile d’admettre que la puissance bénéfique est devenue un parasite monstrueux »
Vous laissez entendre qu’un retrait des États-Unis du continent européen serait positif. Malgré la menace russe depuis l’invasion de l’Ukraine ?
La prise de conscience du désastre ukrainien a semé une vague d’instabilité psychique dans les cercles supérieurs de l’Otan. Ces gens qui n’ont pas été capables de voir que Poutine allait prendre la décision d’attaquer ne sont pas non plus capables d’imaginer qu’il s’arrête une fois ses objectifs atteints. C’est une manifestation du refus de voir la situation d’un point de vue russe. Les Occidentaux jouent aux échecs en avançant leurs pièces, mais sans s’intéresser à ce que fait l’adversaire. Les Russes vont s’arrêter parce que leur territoire est déjà trop grand pour leur population, qui décline démographiquement. Ils doivent terminer la guerre dans les cinq ans, parce que la mobilisation va devenir difficile.
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14/11/2023
Violeur de la Sambre, témoignage d'Annick Mattighello, Maire communiste de Louvroil
En 2002, j'ai simplement voulu prévenir les femmes. On m'a dit Il n'y a pas mort d'hommes"
C’est une personnalité politique du Val de Sambre qui a accepté de revenir avec nous sur cette affaire du Violeur de la Sambre. Annick Mattighello, maire de Louvroil entre 2001 et 2017, Médaillée d’Officier de l’Ordre National du Mérite, confie avoir la « boule au ventre » avant le début de ce procès, ce vendredi 10 juin.
Il faut dire que cette ancienne secrétaire du syndicat CGT chez Thomson, n’a toujours pas digéré l’année 2002. À l’époque, elle convoque la presse pour évoquer la présence d’un prédateur sexuel … uniquement dans sa commune de Louvroil : « Trois employées avaient été violées, agressées, dans ma commune. Je me suis sentie responsable de prévenir la population. Cela n’a pas été pris au sérieux. On me disait : « Il n’y pas mort d’hommes ». On m’a accusé de faire entrave à l’enquête publique, alors que l’homme sévissait depuis plus de 30 ans ! »
Le suspect présumé arrêté en février 2018, Dino Scala, se rendait régulièrement dans la commune en tant qu’entraîneur et Président du club de football de Pont-sur-Sambre : « Parait-il qu’il y avait un portrait-robot. Avec ça, dans le milieu du sport, on l’aurait reconnu. Et des dizaines de victimes auraient pu être épargnées. »
À l’approche du verdict de cette affaire hors norme, où Dino Scala répondra des faits d’agressions sexuelles, viols, sur 56 femmes, Annick Mattighello espère que ce procès aidera « les femmes qui se sentent coupables, portent la honte en elles. Des maris, Des familles, des maires de communes demandent à ces victimes de se taire. De ne pas aller plus loin C’est un moment de vérité »
Le « violeur de la Sambre » et la maire héroïque
Dans son enquête, « Sambre, radioscopie d’un fait divers », Alice Géraud raconte comment, pendant trente ans, l’inefficacité de la police et de la justice a permis à Dino Scala de continuer à sévir. Ce récit revient aussi sur le combat de l’ancienne édile de Louvroil Annick Mattighello en faveur des victimes.
Le vendredi 1er juillet 2022, Dino Scala, 61 ans, a été reconnu coupable par la cour d’assises du Nord de 54 agressions sexuelles et viols entre 1988 et 2018 – il est soupçonné d’en avoir commis davantage. Condamné à vingt ans de réclusion criminelle, le « violeur de la Sambre » a fait appel et un nouveau procès doit se tenir en 2024.
Dans son magistral livre Sambre, radioscopie d’un fait divers (JC Lattès), Alice Géraud, ancienne journaliste de Libération et du site Les Jours, retrace cette affaire vertigineuse et livre le résultat de quatre années d’investigations sur un mystère : comment cet homme a-t-il pu agresser et violer des dizaines de femmes pendant trente ans, le long d’une même route, sans être inquiété ? Comment a-t-il pu échapper à la justice malgré les dizaines de plaintes déposées dans les commissariats et gendarmeries de ce territoire minuscule du val de Sambre (Nord) ?
Son enquête a été adaptée en série par Jean-Xavier de Lestrade, et est diffusée actuellement sur France 2 sous le titre Sambre, elle est accablante pour l’institution policière et judiciaire, inefficace face aux violences sexuelles, indifférente et parfois cruelle à l’égard des victimes. De ce désastre émergent quelques figures lumineuses et héroïques : des proches de victimes, des policiers et des médecins. Parmi elles, l’ancienne maire de Louvroil (Nord) Annick Mattighello, aujourd’hui âgée de 72 ans.
10:16 Publié dans Actualités, Entretiens, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sambre, annick mattighello | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
16/10/2023
Fabien Roussel : « Nous appelons à tourner la page de la Nupes »
Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, estime que la Nupes est dans l’impasse. Il appelle à construire une nouvelle union « plus claire, plus large, et plus utile aux combats » des progressistes.
Le conseil national du PCF a adopté à 92,8 % des voix une résolution estimant que la Nupes « est devenue une impasse » et appelle à ouvrir « une nouvelle page du rassemblement de la gauche et des écologistes ». L’objectif est de constituer un « nouveau front populaire » capable d’être majoritaire. Le PCF a également adopté trois résolutions concernant les élections européennes, la situation en Israël-Palestine et l’attentat qui a coûté la vie à un professeur dans un lycée d’Arras.
Le PCF estime que la gauche n’est pas à la hauteur de ses responsabilités. Pourquoi ?
Nous nous sommes posé cette question : est-ce que la gauche est à la hauteur des défis, de la situation internationale extrêmement grave et de la montée de l’extrême droite, des intégrismes et des fascismes en France ? Et, malheureusement, la réponse est non. La Nupes est dans l’impasse.
Nous appelons à tourner la page et à construire une nouvelle union, une force progressiste, de gauche, anticapitaliste, écologiste, républicaine, radicale, en lien avec les organisations syndicales, le mouvement associatif et les citoyens. Nous voulons construire un rassemblement très large pour la paix, contre la vie chère, et capable d’être majoritaire demain.
De quoi souffre la Nupes ? Êtes-vous d’accord avec Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, qui a estimé samedi que Jean-Luc Mélenchon « ôtait toute crédibilité à la coalition de gauche », quand Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a appelé jeudi à « rompre avec la méthode Mélenchon » ?
Nous aurions pu faire la liste des problèmes qui ont affaibli et discrédité la Nupes depuis sa création, avec l’affaire Quatennens, le non-respect des syndicats de la part de la FI pendant le mouvement sur les retraites, le refus des insoumis de condamner les violences urbaines après la mort de Nahel ou encore ces dernières semaines les insultes de la FI comparant le PCF à des dirigeants nazis et son refus de qualifier le Hamas d’organisation terroriste.
« Nous voulons construire un rassemblement respectueux de chacun, apaisé, sans hégémonisme, dans lequel nous voulons pouvoir dire ce qui nous rassemble et débattre sereinement de ce qui nous distingue »
Fabien Roussel
Tout cela nous empêche d’être à la hauteur des défis. Cela nous empêche d’être aussi forts que la gauche pourrait l’être concernant le combat social. Cela nous empêche de lutter efficacement contre l’extrême droite en banalisant le nazisme. Et cela nous empêche de construire les rassemblements dont nous aurions besoin pour exiger la paix au Proche-Orient. C’est pourquoi nous appelons à un nouveau rassemblement à gauche plus large, plus clair, et plus utile à nos combats communs.
Quel serait le cadre ? Avec qui élargir le rassemblement alors même que la Nupes se divise ?
Nous sommes persuadés qu’il y a une forte attente à construire une gauche authentique, plus claire sur ses combats et ses valeurs, ayant vocation à rassembler beaucoup plus largement que ce que la Nupes fait aujourd’hui. C’est le chantier que nous allons ouvrir. Nous allons rencontrer chacune des forces politiques de gauche.
Surtout, nous voulons construire un rassemblement respectueux de chacun, apaisé, sans hégémonisme, dans lequel nous voulons pouvoir dire ce qui nous rassemble et débattre sereinement de ce qui nous distingue. Et nous voulons le faire pas seulement avec les dirigeants et les militants de parti, mais avec tous nos concitoyens.
Comment le PCF entend-il intervenir pour améliorer le quotidien des Français dans l’urgence, et comment construire une victoire en 2027 alors que la gauche ne part pas favorite face à la droite et l’extrême droite ?
Franchement, pendant les deux jours de débat que nous avons eu au PCF, personne n’a parlé de 2027, car nous sommes surtout préoccupés de ce qui se passe en ce moment avec la montée de l’extrême droite et de la barbarie en France et dans le monde. Et c’est justement parce qu’il y a cette situation grave que nous appelons à un sursaut à gauche. Nous aurons bien le temps de parler de 2027 plus tard.
Aujourd’hui, nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos concitoyens, c’est d’être clairs dans la condamnation du terrorisme et des crimes de guerre, et d’être efficaces dans le combat que nous menons contre l’inflation et les bas salaires. C’est pourquoi nous appelons à un grand rassemblement le 18 novembre, devant Bercy, pour amplifier notre campagne contre la vie chère.
Le PCF a également adopté une résolution concernant la situation en Israël-Palestine. Quelle devrait être la voix de la France ?
Bien sûr, nous devons condamner avec la plus grande fermeté la barbarie du Hamas, organisation terroriste qui veut imposer un califat en Palestine et refuse une solution à deux États. Nous appelons aussi à libérer les otages, à ne plus commettre de crimes de guerre, à stopper les bombardements israéliens alors que plus de 2 900 personnes dont 700 enfants sont déjà morts à Gaza. Nous appelons à un cessez-le-feu et à la fin du blocus contre la population palestinienne. Nous appelons à des rassemblements pour la paix, à la fin de l’occupation et une solution à deux États.
La France s’honorerait à exprimer publiquement la dénonciation de ce qui se passe à Gaza. Combien d’enfants devront encore mourir sous les bombes pour que l’ensemble de la communauté internationale appelle à un cessez-le-feu ? Nous appelons à coordonner nos moyens pour traquer les terroristes du Hamas, à s’attaquer à ceux qui les financent et les soutiennent, et nous dénonçons la punition collective et la vengeance aveugle que le gouvernement israélien abat sur le peuple palestinien. La justice, ce n’est pas la vengeance.
L’extrême droite et une partie de la droite accusent plusieurs organisations, dont le PCF, de s’être mobilisées contre l’expulsion de la famille de l’assassin de Dominique Bernard, à Arras. Or ce terroriste n’avait qu’une dizaine d’années à l’époque. Que répondez-vous ?
C’est honteux face à un tel drame d’ouvrir une polémique à l’encontre d’associations qui au quotidien œuvrent pour protéger des enfants. C’est indigne à l’heure où tout doit être fait pour unir les Français contre le terrorisme, l’obscurantisme et les fanatismes religieux. Nous avons, au PCF, condamné à l’unanimité l’acte terroriste islamiste ayant provoqué un mort et trois blessés. Il s’agit d’un crime odieux commis contre l’école de la République, lieu où justement nous luttons contre l’obscurantisme par l’accès à la connaissance et au savoir.
10:25 Publié dans Actualités, Entretiens, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, nupes, fabien roussel | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
18/01/2022
André Chassaigne : « Il est illusoire d’espérer être au second tour »
ENTRETIEN. Le député communiste refuse de céder aux sirènes de la candidature unique et appelle la gauche à se recentrer sur ses fondamentaux.
Voilà bientôt vingt ans qu’André Chassaigne promène sa silhouette et sa moustache blanche dans les travées de l’Assemblée nationale. À la tête du groupe de la Gauche démocrate et républicaine depuis 2012, le député communiste du Puy-de-Dôme, qui se représentera en juin, affiche aussi un long parcours d’élu local commencé en 1977 à la mairie de Saint-Amant-Roche-Savine.
En vieux briscard, cet ancien professeur d’histoire-géographie, qui a été candidat à la présidentielle en 2012 face à Jean-Luc Mélenchon, porte un regard acéré sur le paysage politique national. Et s’il regrette l’état dans lequel gît aujourd’hui la gauche, il se félicite du discours parfois décapant du candidat de son cher Parti communiste, Fabien Roussel.
Le Point : Le climat général de la France n’est pas au beau fixe. On sent une défiance généralisée vis-à-vis des élus, vis-à-vis des institutions et même de la communauté scientifique. Comment analysez-vous cette séquence ?
André Chassaigne : Le rejet de la parole politique, qui se double d’un manque de confiance dans la parole scientifique, est un phénomène ancien. Cela vient du fait que la politique a perdu de son éthique. Trop souvent la politique est faite de promesses, notamment pendant les campagnes électorales, de petites phrases et de choix à court terme. Elle ignore les fondamentaux qui consistent à répondre aux besoins des gens. La parole politique ne se concrétise plus par des actes qui prennent en compte les réalités du quotidien. C’est ce qui s’est manifesté, en particulier avec le mouvement des Gilets jaunes, qui est l’expression d’une souffrance du quotidien, et qui témoigne aussi d’une blessure, car une partie de la population se sent méprisée et rejetée.
Pourquoi la gauche n’arrive-t-elle pas à apporter une réponse politique à cette colère et à cette défiance ?
Parce que la gauche a oublié ses fondamentaux. Entre 2012 et 2017, avec la loi El Komry et aussi la loi Macron, François Hollande a conduit une politique à contresens de celle qu’il avait annoncée. Et ça, cela laisse des traces. C’est rédhibitoire. Alors qu’il avait dit qu’il lutterait contre la finance, il a mené une politique qui ne se différencie guère de celle qu’auraient pu conduire des libéraux s’ils avaient été aux manettes.
L’union de la gauche est-elle possible à nouveau ?
Je vais séparer deux choses pour ne pas tomber dans le piège de la question. Il y a d’abord la présidentielle, et ensuite les législatives. Il faut comprendre que le système de la Ve République avec son élection présidentielle suivie des élections législatives entraîne une personnalisation du pouvoir forte. Résultat, le parti qui ne participe pas à la course présidentielle disparaît du paysage politique. L’élection présidentielle, c’est une trappe à petits partis, c’est aussi une trappe à idées qui ne peuvent pas être défendues sous le prétexte de vote utile.
Il était donc impensable, cette fois-ci, de ne pas avoir de candidat communiste comme en 2012 et 2017… Vous regrettez ces choix ?
En 2012, j’étais favorable au Front de gauche et à la candidature unique de Jean-Luc Mélenchon. Je me suis présenté contre lui car je ne voulais pas d’un candidat autoproclamé. Mais on était dans une dynamique et je l’ai soutenu. En 2017, je me suis battu au sein du Parti communiste pour qu’il y ait un candidat communiste. Le vote interne a choisi de soutenir une fois encore Jean-Luc Mélenchon. Ce soutien s’est fait sans programme commun. Résultat : aux élections législatives, l’une des priorités de La France insoumise a été de plumer la volaille communiste. Leur objectif était qu’il y ait le moins de députés communistes possible. Voilà pourquoi je considère qu’en 2017, c’était une erreur de ne pas avoir de candidat qui porte nos orientations politiques, qui sont différentes de celles des socialistes et des Insoumis. L’élection présidentielle est un canal pour développer nos idées, essayer de mettre des graines dans les consciences afin de permettre une transformation de la société.
Vous n’êtes donc pas favorable à une candidature unique de la gauche pour la présidentielle ?
Je considère comme illusoire, trompeur, artificiel de dire que l’on peut avoir une candidature unique de la gauche. Pourquoi ? Parce que cela reposerait sur une personnalité et pas sur un programme. Aussi même s’il y avait l’espoir de gagner, ce qui n’est pas le cas, ce serait pour faire quelle politique ? Je sais qu’il y a une demande du peuple de gauche pour une candidature unique. Mais même si on y arrivait et si on gagnait, ça pourrait avoir des effets à moyen terme et à long terme désastreux. Notamment si nous n’étions pas capables de mettre en œuvre une politique de transformation de la société. Le deuxième élément, c’est que la gauche est aujourd’hui tellement affaiblie qu’il est illusoire d’espérer être au second tour. Le fait de se rassembler n’y changera rien.
Ne serait-il pas urgent de préparer l’Union pour les législatives pour avoir une opposition capable de faire entendre sa voix ?
Je le crois. Le conseil national du parti a pris la décision de travailler à un socle de propositions. Il y a déjà des contacts qui sont pris. Passée la présidentielle, il va falloir qu’on réfléchisse, car quel que soit le président ou la présidente de la République élu(e), tout ne sera pas joué. La gauche peut retrouver des forces au niveau du Parlement. Je ne suis pas pour un accord national, mais il serait pertinent d’en nouer sur certains territoires pour être au second tour et pour avoir une chance de gagner des circonscriptions.
D’où viendra alors le salut de la gauche ?
Il faut aller chercher ceux qui s’abstiennent et ceux qui votent en faveur de l’extrême droite. Or, on n’ira pas chercher cet électorat-là en se contentant d’avoir une candidature de rassemblement, surtout si elle apparaît artificielle. Pour aller le chercher, il faut des organisations politiques avec des candidats qui développent leurs propres thèses. Ainsi et seulement ainsi, on pourra reconquérir l’électorat populaire qui est parti.
Comment le Parti communiste a laissé s’échapper cet électorat populaire ? Et comment le Rassemblement national, lui, s’est-il imposé auprès de lui ?
Il faut que je pèse mes mots. Je suis obligé de me censurer un peu. On a abandonné, au nom d’une forme de boboïsation intellectuelle, ce que j’appelle nos fondamentaux. Le Parti communiste a perdu ses bases ouvrières parce qu’il a délaissé la valeur travail. Comme nous avons participé à la création de la sécurité sociale en 1946, il nous faut aujourd’hui défendre la mise en œuvre d’une sécurité du travail. L’idée est de garantir un travail ou une formation rémunérée à toute personne qui rentre dans la vie active, et cela jusqu’à la retraite. Nous défendons aussi l’idée que le revenu du travail soit plus élevé que les aides sociales. Et ça, c’est un discours qui décape. Mais je pense que le peuple comprend ça. Le travail a été délaissé par les communistes : on était plus sur une posture sociétale.
Est-ce la seule erreur commise par les communistes, qui ont du mal à dépasser la barre des 5 % aux élections ?
Nous n’avons pas eu le courage politique de porter des propositions qui pouvaient heurter une majorité de citoyens. Ainsi, pendant plusieurs années, on a pris des gants pour dire qu’on était favorable à l’énergie nucléaire. Parce que s’était développé dans le pays un mouvement qui consistait à dire que c’était assassin d’être favorable à l’énergie nucléaire. Aujourd’hui, Fabien Roussel dit clairement que l’énergie nucléaire est indispensable pour notre développement économique. Bien sûr, nous sommes favorables aux énergies renouvelables, mais par pitié arrêtons de créer une illusion avec ces dernières : on ne pourra pas mettre des éoliennes, des panneaux photovoltaïques et de la géothermie partout.
Enfin, nous avons délaissé la qualité de la vie et du quotidien des gens. Je suis issu d’un territoire rural et j’ai découvert les difficultés du quotidien dans la ville en arrivant à l’Assemblée nationale en 2002. J’ai été effaré quand les députés m’ont raconté qu’il y avait des quartiers entiers qui étaient abandonnés. Cela pour vous dire que par rapport aux questions de sécurité, nous n’avons pas été assez fermes dans nos propos, comme si nous étions gênés, voire tétanisés, de parler de cela. Les élus de terrain dans ces quartiers difficiles ont fait le boulot, mais je pense que dans nos propositions nationales, nous n’avons pas été suffisamment offensifs en défendant une politique plus sécuritaire. Et dire qu’il faut plus de force de police, une police de proximité, qu’il faut mettre les moyens par rapport à ça, ce n’est pas être fasciste.
Qu’est-ce que c’est qu’être un communiste en 2022 ?
Je suis fils d’ouvrier et j’ai le sens des choses. Pour moi, être communiste, ce n’est pas admirer le modèle soviétique – ça l’a été quand j’étais jeune, je ne veux pas le nier car il y avait ce regard admiratif sur ce système alimenté par une propagande vantant les évolutions industrielles, la culture, la démocratie et les kolkhozes. Mais tout ça a volé en éclat rapidement. Être communiste, c’est se battre pour plus de justice sociale et faire que les gens vivent mieux. C’est en finir avec l’argent roi et cette financiarisation scandaleuse et excessive qui fait que certains vivent sur un tas d’or et que d’autres à côté n’arrivent pas à vivre dignement. Je pense qu’il faut transformer la société. Notre difficulté est qu’on a du mal à montrer ce que serait la société que nous défendons. Ça a tellement été un gâchis dans les pays dits socialistes qu’aujourd’hui cette perspective d’une autre société, plus juste, plus humaine, on a du mal à la faire imaginer.
Fabien Roussel ne décolle pas dans les sondages. Comment expliquez-vous cela ?
Même si cela ne se traduit pas encore dans les enquêtes, les remontées que j’ai sur le terrain au sujet de sa campagne sont bonnes. On me dit qu’il parle clairement et simplement.
Certes… Mais il reste en dessous des 3 %…
Fabien Roussel est un député de terrain, qui est dans la vraie vie. Il n’a pas une approche idéologique et intellectuelle, il part du concret. En plus, il a une personnalité séduisante. La question qui se pose, c’est comme pour une imprimante : quand on met le papier, est-ce que cela va imprimer ou pas ? Même si cela ne se traduit pas dans les sondages, je suis assez optimiste sur le fait qu’il va y avoir un décollage. Ce n’est pas de la méthode Coué. Car au-delà de sa personnalité, les gens commencent à dire que les idées qu’il défend ne sont pas celles des autres candidats de gauche… Ce qui peut imprimer, c’est son courage de porter des idées contraires à l’air du temps, avec transparence et clarté.
Est-ce que vous craignez la primaire populaire ?
Fabien Roussel n’a pas été retenu, mais je ne la crains pas car elle n’a de sens que si elle s’appuie sur un programme, sur des objectifs partagés.
Et la candidature de Christiane Taubira ?
J’ai beaucoup d’estime pour Christiane Taubira. C’est quelqu’un que j’apprécie. Mais là, elle débarque à un mois de l’officialisation des candidatures, sans programme, uniquement sur la base de sa personnalité… Sa candidature ne va pas résoudre les difficultés. Cela va juste amener une candidate de plus.
Quels sont vos points de divergence avec La France insoumise et avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon ?
On a des différences au niveau des idées notamment sur le nucléaire et sur le rapport au travail. Nous ne sommes pas pour le revenu universel. Mais aussi sur la façon de faire. Je vous donne un exemple : les Insoumis ont porté une proposition de loi pour arrêter l’utilisation du glyphosate au 1er janvier prochain. Nous sommes évidemment d’accord, mais nous avons conscience que cela ne peut pas se faire d’un coup de baguette magique et qu’il faut accompagner les agriculteurs. Souvent, ils ont une approche idéologique qui est à l’opposé de notre culture. Ils ne tiennent pas compte des réalités du terrain. Ils sont dans une logique tribunitienne, ils vont préférer d’emblée rejeter un texte alors que nous, nous aurons tendance à vouloir le discuter pour l’amender. Leur discours ne s’adresse pas à ceux qui sont dans l’hémicycle mais à ceux qui sont à l’extérieur. C’est leur parti pris. Nous sommes moins dans la violence verbale et l’attaque. Je me sentirais mal dans leur groupe. Nous ne visons pas seulement la prise de pouvoir, nous cherchons aussi à être utiles aux gens que nous représentons. Cela se voit aussi sur le terrain, lors des grèves, on essaie d’accompagner les gens pour trouver des solutions concrètes. Jamais je ne suis allé devant une usine avec un mégaphone pour gueuler et lever le drapeau rouge. Je préfère demander à rencontrer le chef d’entreprise et essayer de faire avancer les choses.
L’urgence climatique est là et elle est visible. Comment les communistes y répondent-ils ?
La priorité, c’est de suivre les recommandations du Giec. Il s’agit d’une urgence absolue pour la planète et les humains, car c’est une question de vie ou de mort à moyenne échéance. Aussi la mesure prioritaire est évidemment de décarboner l’économie. C’est d’ailleurs un argument supplémentaire en faveur du nucléaire. Un autre domaine sur lequel il faut mettre les moyens : la rénovation énergétique des logements. Il faut aller plus loin que ce qui se fait aujourd’hui. Il ne faut pas opposer la lutte contre le changement climatique et la question sociale. Il y a de gros investissements à faire dans le public, sur le transport, sur les logements. J’ai défendu une proposition de loi qui visait à sortir du déficit toutes les dépenses faites pour lutter contre le réchauffement climatique. Ça a été recalé, mais l’idée fait son chemin. Pendant la crise sanitaire, on a laissé de côté le Pacte de stabilité. Je dis : faisons de même pour la crise écologique.
La gauche n’est-elle pas gênée avec le discours des Verts sur la sobriété et la décroissance ?
Aujourd’hui, on considère que les réponses aux problèmes de la planète relèvent des comportements individuels. Je ne dis pas qu’il ne faut pas changer nos habitudes, mais il faut aussi des actions politiques fortes sur l’obsolescence des produits, sur le recyclage… Notre mode de vie doit évoluer, mais la sobriété ne s’accompagne pas forcément d’une décroissance, car il y a des besoins à satisfaire au niveau de la population.
Il y a un autre sujet de fracture à gauche, c’est tout ce qui concerne la cancel culture… Le wokisme a tendance à prendre le pas sur la lutte sociale…
Pendant toute une période, le Parti communiste a été sur des luttes spécifiques : les sans logement, les sans-papiers, les sans travail, les exclus, les femmes… Je ne dis pas qu’il ne faut pas défendre ces causes, mais cela entraîne une fragmentation des messages. Je suis convaincu qu’il faut qu’on ait une approche globale en considérant que tous ces problèmes sont les conséquences d’un système libéral où l’argent l’emporte sur tout.
Quel bilan faites-vous de cette mandature ?
Je déplore les effets néfastes d’une majorité pléthorique. Le Parlement ne remplit pas son rôle car il est à la solde de l’exécutif. On a besoin d’un Parlement plus frondeur. Quand je les vois se lever comme un seul homme pour applaudir un ministre qui dit des contre-vérités ou qui fait de la communication, je me dis : mais qu’est-ce que c’est que ce Parlement ? Les mardis après-midi, c’est terrible : on a affaire à des ministres qui ne reconnaissent aucune erreur. Sauf, parfois, Jean Castex. Ils nous chantent tous la même chanson : « Tout va très bien, madame la Marquise… » Ils ont la queue du renard qui sort de la gueule, mais ils assurent qu’ils ne l’ont pas croqué. Olivier Véran est le spécialiste : on peut lui donner la Légion d’honneur dans ce domaine. Quand j’étais député sous une majorité de droite, et que je portais un amendement, s’il était correct, il était retenu. Aujourd’hui, aucun respect de l’opposition. Vous présentez un amendement, ils le récupèrent et le recyclent pour qu’il leur soit attribué.
La victoire d’Emmanuel Macron est-elle inéluctable ?
Autant je le croyais, il y a un an, autant je ne le crois absolument plus. Même lui doute… Ce n’est pas pour rien qu’il a fait sa sortie dans Le Parisien : il essaye d’alimenter les clivages pour redonner du souffle à l’extrême droite. Il avait beaucoup misé sur un second tour avec Marine Le Pen, mais, aujourd’hui, il a compris qu’il pourrait se trouver face à un autre candidat. Et là qui peut prédire le résultat ? Personne ! Les jeux sont beaucoup plus ouverts.
Est-ce que vous serez candidat aux élections législatives ?
Oui. Je ne suis pas tout jeune, mais j’aime le travail que je fais à l’Assemblée et j’ai envie de continuer. J’avais un suppléant qui aurait dû prendre ma suite, mais il est devenu conseiller départemental et ça lui plaît. Je vais donc me représenter avec un nouveau suppléant plus jeune qui j’espère un jour me succédera. J’attends avec gourmandise de faire campagne électorale. Parce que depuis deux ans, on n’est plus en lien avec la population comme avant. Moi, j’étais toutes les fins de semaine sur le terrain dans les communes, les manifestations et sur les marchés… Cela me manque énormément.
12:50 Publié dans Actualités, Entretiens, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : andré chassaigne, présidentielle | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |