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19/08/2025

Les communistes de l’Oise ont emmené 700 personnes à Dieppe pour une journée à la mer

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Samedi 16 août, la fédération de l'Oise du parti communiste a emmené 700 personnes à Dieppe pour une journée à la mer.

 

Plus de 700 personnes, petits et grands, sont allés à Dieppe avec la fédération de l’Oise du parti communiste. (Photo : Thierry Aury)

Samedi 16 août, ce sont plus de 700 personnes réparties dans douze cars qui ont pris la direction de Dieppe (Seine-Maritime), depuis l’Oise. Pour la 31e année, la fédération de l’Oise du Parti communiste a organisé une journée à la mer, pour le droit aux vacances. L’objectif de cette journée : offrir à moindre coût une journée à la mer pour des familles qui n’auraient pas les moyens de partir en vacances. Ici, comptez 15€ par adulte, 8€ pour les enfants âgés de 3 à 12 ans, et gratuit pour les moins de 3 ans.

«Cette journée c’est le plaisir de profiter d’une journée d’évasion du quotidien, de liberté, de découvertes y compris du château-musée ouvert gratuitement aux participants, de joies de la plage et de la mer, de balades à travers la ville aux quatre ports et aux visages si divers des vieilles rues et du plus beau marché de France jusqu’aux falaises et aux balades en mer ou du partage d’une moules-frites dans un bistrot ou d’un pique-nique en plein air : autant de moments de bonheur partagé», détaille Thierry Aury, secrétaire départemental du PCF de l’Oise.

Une journée ouverte à tous

L’occasion aussi pour le parti de récolter une centaine de signatures sur la pétition nationale lancée par l’intersyndicale qui s’oppose à la volonté du premier ministre «de supprimer des jours fériés, de dérembourser encore plus les médicaments et les soins, de geler les salaires et les retraites, de couper 43 milliards dans les services publics de la Santé, de l’Education, de la Recherche, de la Culture, des collectivités locales, de la transition écologique».

À noter que cette journée était ouverte à tous, et qu’il n’est en aucun cas obligatoire d’adhérer au PCF pour y participer.

12:42 Publié dans Actualités, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, oise, vacances | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

17/06/2025

Le nucléaire dans le mix énergétique de la France, conférence organisée par le PCF

 

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Gérard le Puill, l'Humanité

De 18H30 à 21h hier soir au siège du PCF à Paris un débat passionnant s’est déroulé sur la meilleure manière d’améliorer le document commun « Empreinte carbone, plan climat pour la France »  publié voilà 18 mois par le PCF et la revue « Progressistes » . Les échanges ont porté sur la place du nucléaire dans notre mix énergétique.

Le 6 novembre 2023, le Parti Communiste Français et la revue « Progressistes » publiaient un document commun sous le litre « Empreinte 2050, plan climat pour la France ». Il s’agissait d’un ensemble de propositions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre en France afin de parvenir à la neutralité carbone le plus vite possible pour l’économie nationale. Tour à tour, Fabien Roussel pour le PCF et Amar Bellal pour la revue « Progressistes » précisaient alors que ce texte était une « version préliminaire pour concertation » et qu’il devait être amélioré par le débat.
Selon Amar Bellal, plus de 200 réunions se sont tenues dans le pays depuis 18 mois en vue d’améliorer différents aspects de ce « plan climat ». Hier en soirée , une centaine de personnes se sont retrouvées au siège du PCF à Paris tandis que 1.500 à 1.700 autres suivaient la rencontre sur internet pour prendre connaissance des améliorations proposées lors de différentes rencontres sur la production électrique de notre pays dans les prochaines décennies . Plusieurs documents ont été remis aux personnes présentes. L’un, rédigé par Victor Leny, est titré « Nucléaire et mix énergétique ». Ce travail est le résultat de plusieurs rencontres avec des salariés ainsi que des responsables syndicaux de la CGT, de la CGE-CGC, de la CFDT et d’autres syndicats et personnalités compétentes de la filière énergétique.
Dans son introduction au débat, Fabien Roussel a indiqué que le « nucléaire civil permet en France une production importante d’électricité ». Evoquant un contexte international très lourd actuellement avec un risque de guerre nucléaire, il a dénoncé ceux qui font « parler les bombes en lieu et place du dialogue » ajoutant qu’il n’y aura pas de planète durable si le monde devient une poudrière. Il a ensuite montré que pour la France qui maîtrise la filière du nucléaire depuis des décennies pour la production électrique « garantir l’indépendance de notre pays et faire baisser la facture d’électricité est une ambition écologique et sociale. C’est à la fois la défense du climat et des jours heureux avec de bons salaires et des emplois de qualité ». Evoquant 1974, année du le plan Mesmer du nom du premier ministre en 1974 sur la mise en chantier des centrales nucléaires suite à une crise pétrolière , il a souhaité que la France mette en place un plan de même dimension dans les prochaines années pour consolider la place de l’énergie pilotable qu’est le nucléaire dans notre mix énergétique.

Réduire l’usage du pétrole de 50% d’ici 2035

Co-auteure avec Eric Le Lann d’un livre paru en 2021 sous le titre « Energie et communisme », Valérie Gonçalvès a montré que la filière du nucléaire civil, outre son importance pour produire une énergie sans émission de CO2, privilégie aussi la formation professionnelle et les emplois qualifiés, citant quelques exemples dont ceux générés par les travaux de recherche sur le plateau de Saclay. Ella a indiqué que la filière embauche 10.000 personnes par an en moyenne, ajoutant qu’il faut davantage recueillir l’avis des salariés du secteur sur l’évolution des compétences dans la filière.
Un document de 57 pages rédigé par Victor Leny est illustré par de nombreux graphiques sur ce que doit être l’évolution de notre mix énergétique en France. Celui de la page 4 montre que l’électrification des usages devrait passer de 24% en 2022 à 73% en 2050, tandis que l’usage du charbon, déjà très faible en France s’arrêterait en 2038. L’usage du pétrole devrait diminuer de moitié en France vers 2035 pour tendre vers la neutralité carbone en 2050. Une note rédigée par les deux ingénieurs Victor Leny et Michel Donneddu au nom du PCF débute par ces phrases :
« Pour atténuer le réchauffement climatique, il ne suffit pas d’atteindre la neutralité carbone en 2050, il faut en outre la maintenir au-delà de cet horizon en s’assurant que les ressources nécessaires au fonctionnement du futur système énergétique bas-carbone soient exploitées de façon durable. L’attention doit être portée à toutes les technologies utilisant des métaux critiques tels que l’éolien , le solaire ou encore les batteries dont il conviendra d’assurer le recyclage . Le nucléaire est également concerné car sa pérennité est contrainte par la disponibilité ».

Investir dans les réacteurs à neutrons rapides

Cette mise en garde sur la probable pénurie de plusieurs métaux, dont le cuivre dans les prochaines années, n’est guère évoquée par la Commission européenne, ni par les firmes automobiles qui affirment vouloir supprimer les ventes de voitures neuves à moteurs thermiques en 2035, tandis que l’Europe des 27 ne propose pas de réduction de la circulation routière. S’agissant des économies à réaliser sur la consommation d’uranium, le document rédigé par Victor Leny et Michel Donneddu, plaide pour la production de réacteurs à neutrons rapides (RNR) en ces termes :
« Avec les RNR, le potentiel énergétique des ressources terrestres en uranium se trouve ainsi multiplié par un facteur de l’ordre de 100. Leur combustible peut même se passer totalement d’uranium naturel et n’être constitué que de sous-produits du cycle de combustible des réacteurs actuels à neutrons lents : l’Uranium appauvri issu de l’étape d’’enrichissement de l’uranium naturel préalable à la fabrication de leur combustible et le plutonium extrait de leur combustible usé ».
Le débat qui succédé aux intervenants officiels a montré que le public, majoritairement composé d’hommes et de femmes travaillant dans cette filière, était soucieux d’ajouter sa connaissance et son expérience pour préserver un bon volume d’électricité pilotable grâce aux centrales nucléaires et à l’hydraulique comme la souligné Fabien Roussel en conclusion de cette soirée.

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14/12/2024

Industrie française : « Il faut légiférer sur les licenciements boursiers et baisser le tarif de l’énergie », plaide Aymeric Seassau (PCF)

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La déconfiture de l’industrie française n’a rien d’une fatalité. Pour Aymeric Seassau, en charge de la nouvelle industrialisation dans le projet du PCF, il est urgent de reprendre au marché le contrôle d’un secteur stratégique, pour l’emploi, notre balance commerciale et l’écologie.

Michelin, Valeo, Vencorex… Les plans de suppression de postes se succèdent dans l’industrie française. Quelles sont les causes profondes, selon vous, de cette crise ?

Ces entreprises témoignent de ce que les filières automobile et chimie sont en effet particulièrement touchées, la sidérurgie aussi, avec les annonces inquiétantes de Mittal, et bien d’autres encore. Partout, les communistes soutiennent de toutes leurs forces les travailleurs de ces entreprises qui résistent avec leurs organisations syndicales… Et il nous appartient de politiser cette situation qui n’est malheureusement qu’une accélération d’un mouvement de long terme orchestré par le capital.

À son écoute, des apprentis sorciers ont théorisé depuis quarante ans qu’il y aurait des pays de « tête d’œuvre » et des pays de « main-d’œuvre ». Le bilan est là : le pays a perdu la moitié de ses usines et la France, vieille nation industrielle, traîne désormais aux toutes dernières places d’Europe. Sa part de l’industrie manufacturière dans le PIB est de 10 % quand la moyenne européenne est de 16 %.

La prédation du capital financier est féroce et nous mettons au défi le RN et son fantasme du bon patronat national : 62 % des emplois des grandes entreprises françaises se trouvent à l’étranger, contre seulement 38 % pour les allemandes et 28 % pour les italiennes. Quant au « made in France », il ne représente plus que 36 % de la consommation nationale. Voilà la réalité de l’affrontement capital-travail de notre temps et l’amer résultat de la désindustrialisation.

La bataille pour une nouvelle industrialisation est donc aussi une bataille politique ! L’industrie et ses métiers ont été si discrédités que nous vivons un paradoxe avec des plans sociaux qui s’accumulent et un nombre d’emplois vacants qui a doublé en trois ans dans l’industrie. Alors, nous ne répéterons jamais assez que la moyenne des salaires est de 20 % supérieure dans l’industrie que dans les services. Défendre une nouvelle industrialisation, c’est une bataille d’avenir pour éradiquer le chômage puisque c’est le seul secteur à générer 3 à 4 emplois dans le reste de l’économie pour 1 emploi créé. C’est l’espoir du redressement face au déclassement.

Sur quels principes devrait se fonder une politique industrielle digne de ce nom ?

Première urgence : mettre un coup d’arrêt à la casse de l’appareil productif avec un moratoire sur les licenciements et une loi contre les licenciements boursiers. Deuxième urgence : baisser les tarifs de l’énergie pour gagner en compétitivité. L’énergie nucléaire le permet au pays, à condition de sortir du marché européen de l’électricité. Sur le temps plus long, il y a besoin d’une reconstruction des filières industrielles stratégiques. Cela implique que l’État joue son rôle mais aussi d’ouvrir des pouvoirs nouveaux pour les salariés et leurs organisations syndicales.

Il faudra pour réussir mobiliser l’argent des banques en permettant à nos entreprises l’accès à des crédits bon marché conditionnés aux investissements dans l’appareil productif, dans la recherche, dans l’emploi. Et puis, il y a besoin de revaloriser les métiers industriels en augmentant les salaires et de soutenir les filières de formation initiale tout au long de la vie. L’extrême droite se contente de verser des larmes de crocodile sur le nombre de travailleurs détachés en France, mais ne dit rien de la nécessité de former plus de soudeurs, de chaudronniers… autant de beaux métiers qu’il faut défendre.

Les États-Unis mènent depuis plusieurs années une politique protectionniste, la Chine décide de se recentrer sur son marché intérieur et de fermer la porte aux importations : faut-il adopter, selon vous, une forme de protectionnisme européen ?

Mettons déjà fin aux traités de libre-échange, qui sont une aberration sociale et écologique. Commençons par protéger les travailleurs du dumping social et des délocalisations à l’intérieur même de l’espace européen ! L’Europe qui protège les capitaux qui circulent librement tandis que des réfugiés meurent en Méditerranée ou dans la Manche est une Europe de la honte. Elle n’a aucun avenir tant qu’elle ne protège pas les travailleurs qui sont l’objet d’une compétition intra-européenne mais aussi sous la menace des forces d’extrême droite, qui veulent encore plus les opposer.

Deuxièmement, avant de songer à limiter les importations, il conviendrait déjà de structurer les filières et les coopérations européennes industrielles pour répondre aux besoins des Européens. Au-delà des mesures protectionnistes mises en place par la Chine ou les États-Unis, n’oublions pas que ces deux pays n’hésitent pas à actionner la politique monétaire. À l’inverse, la Banque centrale européenne a avant tout pour mission de limiter l’inflation pour protéger le capital. Elle pourrait jouer un rôle différent, au service du financement des services publics, de la transition écologique et d’une nouvelle industrialisation dans l’hinterland européen.

En l’état, en effet, nous ne jouons pas à armes égales. Et la question n’est pas tant de limiter les importations que d’empêcher par exemple un industriel comme Mittal de dépecer la sidérurgie française et européenne au profit de ses sites en Asie ou en Amérique du Sud, ce qui serait facilité par un traité comme le Mercosur.

Que répondez-vous à ceux qui estiment qu’avoir une industrie prospère est incompatible avec la prise en compte des enjeux environnementaux ?

Mais c’est tout l’inverse ! La désindustrialisation est aussi une catastrophe écologique en plus d’être une catastrophe économique et sociale. Peut-on affronter la crise climatique quand 92 % des équipements électroniques ou informatiques et 87 % des vêtements achetés en France sont produits à l’étranger ? Et que le développement du e-commerce fait progresser dangereusement le fret aérien. On marche sur la tête. À l’inverse, nous voulons relocaliser des productions et renouer avec les coopérations industrielles européennes. Plus on produit loin, plus les besoins en transports sont importants et ils sont les premiers émetteurs de gaz à effet de serre.

Engager la transition écologique, c’est investir massivement dans la chaîne logistique autour du mix fret maritime et fluvial/fret ferroviaire, c’est rapprocher la production pour répondre aux besoins, c’est construire ou conforter des filières nouvelles au service de la transition écologique (pompes à chaleur, éolien, photovoltaïque etc.). C’est aussi décarboner notre appareil productif et repenser nos modes de production pour les rendre plus économes en ressources.

Source l'Humanité

19:28 Publié dans Actualités, Economie, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : industrie, pcf | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

29/05/2024

Manon Ovion, des Vertbaudet : « Je me suis trompée, la politique impacte nos vies »

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Visage de la lutte des Vertbaudet, elle a mené la longue grève de 84 jours qui a permis d'arracher des hausses de salaires. La Roubaisienne Manon Ovion revient sur ce mouvement historique de 2023 et sur sa participation à la liste PCF aux élections européennes. 

Au printemps 2023, une centaine d’ouvriers de Vertbaudet, un spécialiste du prêt-à-porter pour enfants, se lançaient dans un long combat. Leur objectif ? Obtenir de meilleurs salaires, tandis que la vente en ligne explose et les cadences de travail avec.

Ce mouvement, ancré sur le piquet de grève de Marquette-lez-Lille (Nord) et essentiellement porté par les travailleuses, a marqué le paysage social, alors que l’exécutif forçait les actifs à travailler deux ans de plus, avec sa réforme des retraites. La déléguée syndicale CGT, Manon Ovion, est apparue comme le visage de ce mouvement : une femme, jeune, mère de famille, qui a tenu tête à une direction fermée à toutes médiations. Jusqu’à la victoire de ces ouvrières.

Pensiez-vous tenir durant 84 jours ?

Non. Nous avons fini ce combat avec 75 collègues grévistes. L’inflation nous prenait aux tripes. Il était primordial que l’employeur nous augmente, améliore nos conditions de travail et embauche les intérimaires. En novembre 2022, la CGT venait d’être représentative aux élections professionnelles. L’accord NAO, que nous n’avions pas signé, ne comprenait aucune augmentation. Ce n’était pas entendable.

Les femmes sont majoritaires à Vertbaudet. Beaucoup sont des mères isolées. Nous rencontrons un fort taux de maladies professionnelles. L’usure de notre santé est quotidienne. Tout cela avec des salaires qui ne nous permettant pas de vivre dignement. Or, avec la vente par correspondance, Vertbaudet a vu son chiffre d’affaires exploser, dépassant les 350 millions d’euros lors du Covid.

Votre piquet a été violemment évacué à plusieurs reprises. Un élu syndical a été agressé devant chez lui. Qu’est-ce que cela traduit ?

Forcément, en nous mettant en grève, on ignorait l’ampleur qu’allait prendre notre combat. Mais nous ne pouvons oublier la répression policière. Une de nos collègues, en rémission d’un cancer, s’est fait traîner par le cou sur plusieurs mètres. Ne pouvant s’en remettre, elle a signé une rupture conventionnelle. Le piquet de grève a été tenu nuit et jour. La direction a politisé cette grève.

« Jusque-là, dans mon entrepôt, des salariées partaient en retraite sans avoir dépassé le Smic malgré trente ans d’ancienneté. »

Manon Ovion

Le siège social de Vertbaudet est à Tourcoing, le fief de Gérald Darmanin. Nous avons vu débarquer les CRS tous les deux jours, juste pour nous intimider. L’entreprise appartient à un fonds de pension, Equistone Partners Europe, dont le directeur parisien est Édouard Fillon, fils de l’ancien premier ministre. Tout ce petit monde s’organisait pour ne rien nous lâcher.

Mais, de notre côté, il était inconcevable de reprendre le travail sans que la direction ne cède sur nos augmentations de salaires. Et nous avons arraché entre 4 et 7 % d’augmentation. Jusque-là, dans mon entrepôt, des salariées partaient en retraite sans avoir dépassé le Smic malgré trente ans d’ancienneté. Et avec la réforme des retraites, on nous a demandé de nous user deux ans de plus au travail, pour ne rien gagner en plus…

Auparavant, le recours à la grève était-il courant chez Vertbaudet ?

Sur le piquet de grève, nous avons fêté les 60 ans de Vertbaudet ! Avant, les conflits sociaux pouvaient se résumer à une heure de grève symbolique, afin de mettre un coup de pression sur l’employeur. Je suis arrivée en 2012. Je n’avais jamais fait une journée de grève.

Nous avons d’abord été surpris par l’ampleur de ce mouvement. Mais faut-il vraiment s’étonner que la colère explose, alors que des collègues n’arrivent pas à vivre de leur travail ? Chez nous, des salariées vont au Secours populaire. Pour certaines, après avoir payé les factures, dégager de l’argent pour manger est une première victoire. Nous n’avions plus rien à perdre, pas même notre emploi. Un Smic se trouve chez d’autres employeurs.

Marquette-lez-Lille est devenue la capitale des conflits sociaux sur les salaires après la réforme des retraites. De nombreux leaders de gauche sont venus. Étiez-vous prête à une telle médiatisation ?

Clairement non. Au-delà de la médiatisation, un élan de solidarité s’est engagé autour de nous. Sur notre piquet de grève, des automobilistes s’arrêtaient pour nous soutenir. Nous pouvions ainsi récupérer jusqu’à 800 euros certains jours avec la caisse de grève.

«  Le sexisme est démultiplié lors d’une grève. »

Manon Ovion

Des gens sont venus nous apporter à manger. Une Belge est venue avec une pile de crêpes immenses. Tous ces gestes de soutien nous ont donné la force de tenir. Par ailleurs, l’appel au boycott, par Sophie Binet, de la marque Vertbaudet, a fait beaucoup de mal à la direction.

Cependant, le conflit a parfois été compliqué dans les familles. J’ai eu la chance de pouvoir compter sur mon époux. Des collègues ont quitté la bataille, non pas par manque de conviction, mais par désaccord à la maison. Le sexisme est démultiplié lors d’une grève.

Après ce conflit, la direction a-t-elle changé d’attitude ?

On ne gagne pas des avancées avec du dialogue social, mais avec un rapport de force. Désormais, il est plus en notre faveur à Vertbaudet. Alors que les patrons voulaient nous diviser, pour mieux régner, nous avons gagné de la solidarité entre les salariés. C’est un atout majeur. Au total, sur 250 salariés, nous sommes passés de 15 syndiqués CGT à une grosse centaine.

Vous travaillez à Vertbaudet depuis vos 20 ans. Quelles sont les sources de votre engagement syndical ?

Je ne viens pas d’une famille militante. Mais je suis issue d’une famille ouvrière. Je porte cet héritage. Il n’y a pas de sous-métiers, juste des métiers sous-payés. En 2019, j’étais dans le collimateur de mon agent de maîtrise. Je subissais des pressions quotidiennes, allant jusqu’à du harcèlement. À l’époque, j’enregistrais les retours de produits, à l’aide d’un bipeur. Mais l’outil de travail captait mal. Je multipliais donc les allers-retours entre le bureau du chef, où il y avait des recharges, et l’endroit où j’étais postée. Des toilettes se trouvent sur ce trajet.

Un jour, j’ai eu le malheur d’aller faire une halte pipi, cinq minutes avant la pause. Mon chef m’a attendu à la sortie des toilettes pour me passer un savon. J’ai explosé devant mes collègues. À la suite de cette histoire, j’ai décidé de me syndiquer.

J’ai poussé la porte de l’union locale CGT de Tourcoing, car je ne me voyais pas m’engager dans un autre syndicat. Problème : nous n’étions que quatre cégétistes dans l’entrepôt. J’ai donc été désignée représentante de la section syndicale, mandatée par l’union locale.

En quoi consiste votre profession ?

J’ai arrêté l’école à 18 ans. Quand on n’a pas de diplôme, l’usine est une porte d’entrée facile pour trouver un emploi. À La Redoute, dans l’agroalimentaire… j’ai très vite connu le monde ouvrier. Désormais, je suis préparatrice de commandes. Si vous passez commande sur Internet, ce sont des petites mains comme les miennes qui préparent vos colis.

Nous travaillons sur des paquets pouvant contenir jusqu’à 300 pièces. Malgré mes engagements syndicaux, je travaille toujours 35 heures par semaine sur mon poste de travail. C’est usant. Nous faisons entre 15 et 25 kilomètres de marche quotidiennement.

Les objectifs de production fixés par la direction sont de 175 articles par heure. Il faut beaucoup d’énergie pour tenir la cadence, sinon, nous subissons des coups de pression.

Vous figurez sur la liste menée par Léon Deffontaines (PCF) pour les élections européennes. Pourquoi ce choix ?

Sans les relais politiques, les Vertbaudet n’auraient pas pu tenir aussi longtemps. Avec les communistes, j’ai lié des attaches particulières sur le piquet de grève. Étant donné mon histoire familiale, je ne me voyais pas me rapprocher d’un autre parti.

Mais à vrai dire, je n’ai pas voté depuis longtemps. Je n’ai pas honte de le dire, je me suis trompée : la politique impacte énormément nos vies. Les enjeux de conditions de travail et de salaires doivent sortir des murs des entreprises, pour unir l’ensemble des travailleurs.

La liste de Léon Deffontaines ressemble largement au monde du travail. C’est important. Les gens ne se retrouvent plus dans les discours politiques. Les travailleurs sont les mieux à même de décider ce qui est bon pour leurs vies et leurs entreprises.

C’est pourtant l’extrême droite qui semble avoir le vent en poupe chez les ouvriers et employés… Comment combattre cette résignation ?

Le fait que les partis de gauche se tirent autant dans les pattes n’est pas pour aider. Les gens ne se retrouvent plus dans la gauche. Ils ont le sentiment d’avoir été oubliés, délaissés, y compris par la gauche.

Pour les ouvriers, les employés, la perte de confiance est évidente. Or, l’extrême droite est tout sauf porteuse d’un projet social pour les travailleurs. C’est bien par l’organisation, la mobilisation collective que l’on peut faire changer les choses.

Source l'Humanité

Diego DIAZNombre de pages : 13220 €
Format(s) : Papier EPUB PDF

 

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