15/09/2024
Maurice Gouiran remporte le premier Prix du polar de l’Humanité
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11/09/2024
Fête de l’Humanité 2024 : les dix auteurs en lice pour le premier prix du polar l'Humanité
Le premier prix du polar l’Humanité sera décerné à l’issue d’un procès. Un jury populaire composé de lectrices et lecteurs de notre journal départagera les dix auteurs en lice.
Accusés, levez-vous ! Le premier prix du polar l’Humanité sera décerné, samedi 14 septembre, à partir de 17 h 30, à l’espace débats du Village du livre. Créé en partenariat avec le Syndicat des avocats de France (SAF) et le Syndicat de la magistrature (SM), le prix sera remis à l’occasion d’un faux procès d’assise. Les dix auteurs, cinq hommes et cinq femmes, en lice s’assoiront sur le banc des accusés.
Le romancier Gilles Del Pappas, qui présidera le tribunal, explique : « On leur reproche d’avoir commis des polars au sens que donnait Jean-Patrick Manchette. » Pour l’écrivain et spécialiste du genre, aujourd’hui disparu, « polar signifie roman noir et violent » et « tandis que le roman policier à énigme de l’école anglaise voit le mal dans la nature humaine – mauvaise –, le polar voit le mal dans l’organisation sociale transitoire ». Tous les styles de polar sont représentés : politique, historique, régional, social ou encore d’anticipation. Tous les romans sélectionnés ne sont pas de cette rentrée littéraire mais pour cette première édition « nous avons aussi souhaité distinguer certains auteurs pour l’ensemble de leur œuvre », poursuit le président du tribunal.
Les magistrats du SM prononceront les réquisitoires, les avocats du SAF assureront la défense des accusés. Après un dernier mot de leurs clients, le jury composé de lectrices et lecteurs du journal et qui a mis à profit l’été pour se plonger dans les romans, rendra son verdict. Il désignera également la meilleure plaidoirie.
Laurence Biberfeld : « Grain d’Hiver » (éditions In8)
Longtemps institutrice, Laurence Biberfeld manie la plume depuis l’enfance. Poèmes, contes, romans… elle finit par quitter l’éducation nationale en 1999 pour se consacrer à l’écriture. Elle publie son premier polar, la B.A. de Cardamone, en 2002.
En 2009, l’autrice qui se revendique de l’anarchie, est impliquée dans l’aventure du Poulpe avec On ne badine pas avec les morts.
Avec Grain d’hiver, elle nous raconte l’histoire d’Edoyo, accusée d’avoir assassiné son conjoint, et de sa grand-mère Gafna. La violence, les exils, la nature outragée, les liens du sang, l’amour sans condition sont au cœur de ce nouveau roman.
Antoine Blocier : « Sidéral » (les éditions du Horsain)
Antoine Blocier a fait ses classes dans l’action socioculturelle, bénévole et salariée, avant de bifurquer dans la fonction publique territoriale.
L’homme se dit « auteur du dimanche » mais compte à son actif quelques polars dont une aventure mémorable au Poulpe, Templiers.com, ou encore des nouvelles.
Militant politique, il est l’auteur de plusieurs pamphlets. Avec Sidéral, où il fait le récit d’une enquête sur la mort suspecte de deux spationautes, il signe un roman inclassable, à la fois polar, anticipation, réflexion philosophique et plaidoyer pour un autre monde.
Florence Bremier : « Les héros sont fatiguant » (éditions Grrr… art)
Dans une vie précédente, Florence Bremier était comptable après avoir poursuivi des études littéraires. Autant dire qu’elle sait brouiller les pistes. Après un grave accident de ski, en 1998, elle délaisse définitivement les chiffres pour les lettres et la danse.
Elle publie son premier roman en juillet 2007, De mémoire d’assassin. Les Héros sont fatigants ! est son deuxième roman, publié en janvier 2009 aux éditions Grrr… art. Ce polar antique et humoristique (sélectionné pour le prix marseillais du polar 2009) lève le voile sur la vie cachée des personnages de l’Odyssée.
Jeanne Desaubry : « Poubelle’s Girls » (éditions Lajouanie)
De son propre aveu, l’envie d’écrire la taraudait depuis l’âge de 7 ans, mais avant de se consacrer à l’écriture, Jeanne Desaubry a connu plusieurs vies : étudiante, cadre hospitalier, puis institutrice. Désormais, elle ne vit plus que pour le roman noir, comme éditrice et autrice. Dans Poubelle’s Girls, elle nous conte la folle histoire d’Élisabeth et de Paloma.
La première élève seule son enfant et exerce des petits boulots, la seconde squatte les bancs publics. Pour en finir avec les fins de mois difficiles, les deux pétroleuses se lancent dans le braquage. Un roman noir revendicatif…
Maurice Gouiran : « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans » (M + Éditions)
Docteur en mathématique, spécialiste mondial en informatique de la gestion des incendies de forêt, Maurice Gouiran a visiblement besoin d’échapper aux chiffres et aux modèles.
En 2000, il publie la Nuit des bras cassés, le premier d’une série de polars originaux et engagés où l’intrigue se mêle aux tragédies du XXe siècle. On n’est pas sérieux quand on a 17 ans s’inscrit dans cette veine. À l’été 1961, Bro, un jeune Polonais, s’est installé à Lovère, un village près de Marseille. Il y a trouvé un travail et une amoureuse, mais nourrit une drôle d’obsession. Chaque soir, il se rend au bar pour suivre les retransmissions du procès Eichmann.
Nicolas Jaillet : « La Maison » (éditions Milady)
Nicolas Jaillet a l’habitude de brûler les planches. Comédien et auteur de théâtre, il a participé à plusieurs compagnies. Ami d’Alexis HK, avec qui il écrit des chansons, boit et fume comme il le confesse lui-même sur son blog, il s’est aussi essayé au cinéma expérimental et a même repris des études.
Ce touche-à-tout s’est donc lancé dans le roman. Avec la Maison, polar psychologique, il raconte l’histoire d’une femme qui épouse un homme qu’elle n’aime pas. Pendant des années, elle élève leur enfant et souffre en silence de la violence de son conjoint, mais prépare son évasion…
Louise Oligny : « Colère chronique » (le Livre de poche)
La Québécoise Louise Oligny, installée en France depuis 1989, travaille comme photographe-reporter pour de nombreux titres de la presse parisienne. Elle mène également de nombreux projets artistiques mêlant photographie, vidéo et musique.
Avec Colère chronique, elle livre un premier polar social féroce et déjanté : quand le directeur de l’hebdo qui l’a licenciée abusivement, quelques mois auparavant, est tué dans un attentat, les émotions de Diane oscillent entre joie et angoisse. Ne serait-elle pas pour quelque chose dans cette disparition ?
Michèle Pedinielli : « Sans collier » (éditions de l’Aube)
Journaliste de formation reconvertie dans la conception éditoriale Web et le communication digitale, Michèle Pedinielli est l’autrice de nouvelles et de plusieurs polars. Avec Sans collier, elle conte une nouvelle enquête menée Ghjulia Boccanera, dite Diou.
Cette fois-ci, la quinquagénaire part à la recherche d’un jeune ouvrier moldave mystérieusement disparu sur un chantier de construction à Nice alors qu’au même moment son patron est victime d’une crise cardiaque. La coïncidence n’en est pas une. Les disparitions s’accumulent, l’histoire se mêle à celle des années de plomb de la proche Italie…
Gérard Streiff : « Le Sosie » (la Déviation)
Les lecteurs de l’Humanité sont nombreux à connaître Gérard Streiff, qui fut correspondant du journal à Moscou et qui intervient régulièrement dans nos colonnes.
Auteur prolifique, il s’est lancé dans la littérature à la fin des années 1990 et a publié une trentaine d’ouvrages dont la récente biographie, Missak et Mélinée Manouchian : un couple dans la résistance (éditions de l’Archipel). Avec le Sosie, la nouvelle enquête de Chloé Bourgeade nous plonge dans les années 1970, la guerre froide, les dessous du Parti communiste français et les secrets de l’un de ses dirigeants, Jean Kanapa.
Pascal Thiriet : « Vos entrailles à nos chiens » (Jigal éditions)
Ancien autostoppeur aux États-Unis et au Guatemala, où il effectua un bref séjour en prison, Pascal Thiriet fonde à son retour en France une communauté situationniste. Tour à tour fabriquant de santons, convoyeur de bateaux, garagiste, typographe et professeur de math, il publie son premier roman J’ai fait comme elle a dit, en 2013.
Dans Vos entrailles à nos chiens, il est question du retour de Lydia dans son village, dans des circonstances quelque peu sanglantes puisque quelqu’un n’a rien trouvé de mieux que de suspendre des corps de touristes éviscérés dans les arbres de la forêt toute proche…
11:41 Publié dans Actualités, Connaissances, Livre, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polar, prix humanité | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
09/07/2024
« Ça me fout les boules » : la tournée d’un facteur communiste en terres RN
Facteur depuis 23 ans, Dimitri Estimbre est aussi militant CGT et conseiller municipal communiste dans l’Hérault. Dans sa circonscription, le Rassemblement national a obtenu 49% de voix dès le premier tour des législatives et l’a emporté à 55% le 7 juillet. Reportage.
Au centre courrier de Bédarieux, commune d’un peu moins de 6000 habitants près de Béziers, les agents postiers s’activent, gueule de bois électorale ou pas. Dès 7h30, plusieurs discutent un peu, avant d’enchaîner avec le tri des colis et de leurs tournées. Dimitri salue ses collègues. Son nom ? Estimbre, « comme un timbre, j’étais prédestiné ! »
Le 30 juin, ce facteur et conseiller municipal PCF « de l’opposition » dans une mairie PS tenait un bureau de vote pour le premier tour des législatives anticipées. À plus de 21h, il était encore devant la mairie, commentant les résultats avec ses camarades. Décevants, selon lui : dans sa circonscription, la députée sortante du Rassemblement national (RN), Stéphanie Galzy, y est arrivée en tête du premier tour des législatives, avec près de 49% des voix ; devant le candidat du Nouveau Front populaire (NFP) Aurélien Manenc, à 32%. Au deuxième tour, le 7 juillet, le RN l’a emporté à 55%.
« Il y a désormais des gens qui ne prennent qu’un bulletin Reconquête et un RN de façon à ce que ça se voit, là où avant, les gens qui votaient FN se cachaient », décrit le facteur. « Sur notre commune, si on n’a pas les services publics ou ce qu’il en reste, c’est la déshérence la plus totale, parce que le taux de chômage officiel est à 20% », poursuit-il. Un sentiment d’abandon qu’il observe à la fois en tant que conseiller municipal et dans son travail.
La dégradation des services publics et la précarité, Dimitri Estimbre connaît. Avant d’être embauché en CDI, il dit avoir enchaîné 38 CDD « et autant d’avenants de contrats en un an et demi » à La Poste, dont il a observé la transformation d’entreprise publique en société anonyme. Ce matin-là, au centre courrier, il y a selon lui 25 à 30% de contrats précaires, parmi lesquels CDD, intérimaires, apprentis, ou encore alternants. « Par rapport à quand on a été embauché es, ça n’a plus rien à voir », commente Christelle, factrice depuis 28 ans, face aux vignes qui prennent les premiers rayons de soleil de la journée.
Comme ses collègues, elle avait pris l’habitude de commencer sa tournée à 6h et de l’avoir finie pour midi, tandis qu’elle débute aujourd’hui à 8h et termine vers 15h, après une pause de 45 minutes obligatoire. « C’est un travail physique », met en avant cette syndiquée à la CGT, qui a commencé à La Poste à 18 ans. Elle décrit des colis de plus en plus lourds, « parfois des valises aussi ».
À ses côtés, Dimitri pointe du doigt la pile de colis Amazon : « Notre métier change. C’est plus de manutention, plus de colis hors norme. Depuis le Covid, ça peut être n’importe quoi : de la nourriture, des croquettes pour chien… C’est le facteur qui ravitaille !, rapporte-t-il. Un jour, un colis s’est ouvert après une chute : c’était des raviolis en boîte. »
Certes, le courrier se fait plus rare, « mais en zone rurale, on amène tout », décrit-il : recommandés, colis, publicités… « On peut faire jusqu’à 120 kilomètres par jour », fait-il remarquer. Si l’on s’en tient à la description de sa position de travail sur son application professionnelle, Dimitri doit distribuer 29 objets ce jour. « Là je n’ai pas tout flashé et j’en suis déjà à 44 », remarque-t-il, tandis que sa responsable vient s’enquérir de notre identité, suivie par le chargé des relations presse de La Poste, qui nous appelle quelques minutes plus tard.
Plus de contrôle
Militant CGT déjà passé en conseil de discipline, Dimitri Estimbre est un des rares facteurs à accepter de décrire son quotidien. Car l’anonymat est souvent requis par peur de la hiérarchie. « On est fliqué es », a lancé une factrice, qui avait accepté de nous rencontrer avant de se désister. « Officiellement on n’est pas contrôlés, on n’a pas de traceur GPS, mais on doit scanner les objets distribués et l’heure s’affiche », ironise Dimitri.
Sur sa tournée, partagée entre ville et campagne, le facteur ouvre une boîte aux lettres dans la rue commerçante d’Herepian, où figurent encore des tracts du NFP, qui n’ont visiblement pas intéressé. « Ça me fout les boules », souffle-t-il. Dans cette commune, le RN a fait 54% au premier tour des législatives. Plus du double que son concurrent de l’alliance des gauches.
Le chiffre désole également Thierry Deloulay, gérant du restaurant L’Ocre Rouge, installé dans la région depuis 24 ans, qui déplore la disparition des services publics. Il connaît Dimitri depuis quelques années. « On se voyait aux manifestations contre la réforme des retraites », raconte-t-il.
Moins de temps pour le contact humain
Le postier, que tous les passants saluent, prend des nouvelles de François, le fleuriste, seul derrière son comptoir. « Il prend le temps, on discute deux-trois minutes, ça fait du bien », confie ce dernier. Ce n’est pas toujours le cas. « Avec l’intensité du travail, tu galopes, tu aimerais parler et tu peux pas, c’est ça le plus grand malheur », regrette le postier, qui alterne entre plusieurs tournées différentes. Avant d’ajouter : « La Poste joue sur la notoriété du facteur pour essayer de faire du business, et en même temps elle nous enlève le temps nécessaire à ce contact humain, donc c’est toute une contradiction. »
Parmi cette diversification des missions à l’œuvre depuis plusieurs années, il est ainsi parfois demandé aux agents de faire de la vente de timbres, du portage de repas, de la livraison de fleurs, ou de proposer le service de téléassistance « Veiller sur mes parents », payant pour les usagers. Le tout sans contrepartie, ou presque. « Avant on était payés pour distribuer les bottins, les catalogues, les plis électoraux… aujourd’hui tout est intégré dans la charge de travail, déplore Clémence, factrice depuis 26 ans et fière fonctionnaire. J’ai eu un des derniers concours pour entrer dans le métier, maintenant il n’y en a plus ! »
1600 euros nets
Postier depuis 23 ans, Dimitri touche 1600 euros net par mois. Soit un peu plus du double que ce que gagne Armand, qui distribue du courrier pour Milee, concurrent historique de Médiaposte, filiale du groupe La Poste. Avec 700 euros par mois, il complète ainsi sa petite retraite de 1160 euros. Dimitri s’arrête pour serrer la main à cet ancien maître d’hôtel de 80 ans, qui tire un petit chariot bleu à roulettes. « Je pense arrêter en septembre », confie Armand après 17 années de distribution dans cette entreprise qui emploie 9000 personnes, dont beaucoup de retraités, et qui a récemment demandé son placement en redressement judiciaire.
« Il faudrait que tous soient intégrés à Médiaposte », défend le facteur, solidaire. Mais partout, la tendance est plutôt à la réduction des effectifs. Nombreux sont ses collègues qui déplorent des départs à la retraite non remplacés, ou alors par des intérimaires.
Dans le contexte politique actuel, les facteurs de la commune Bédarieux ont obtenu d’être payés en heures supplémentaires à 200% pour la distribution des plis électoraux. « Mais la semaine prochaine on va se retrouver à distribuer le courrier et les colis en souffrance », pressent déjà Dimitri. Le tout sans compter les heures supplémentaires qu’il effectue bénévolement en dehors de son temps de travail.
Pour des plis bien choisis, cette fois : les tracts du NFP, qu’il a distribués sans relâche jusqu’au 5 juillet. Chaque jour, il faisait ainsi une heure et demie de tractage de 6h à 7h30, avant de se rendre au centre de tri. Inépuisable, il recommençait l’après-midi, après sa tournée, pour tenter de convaincre quelques « fâchés pas fachos ».
À cette tâche, il reconnaît être plutôt efficace : « J’avance vite, c’est mon métier ! », s’amuse-t-il. Et alors que la candidate RN l’a emporté au second tour dans cette cinquième circonscription de l’Hérault, les efforts de Dimitri semblent avoir porté leurs fruits à Bédarieux, où Aurélien Manenc, du NFP est arrivé en tête de justesse, à 51,5 contre 48,5%. « Ça veut dire que notre travail de proximité a payé », réagit le facteur depuis sa tournée.
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08/07/2024
Pourquoi le cheval a-t-il été domestiqué deux fois dans l’Histoire ?
Le cheval a été domestiqué à deux reprises par l’Homme : il y a 5500 ans, ce fut pour le manger, et il y a 4200 ans, pour le monter. C’est ce que révèle une étude publiée dans la revue Nature.
On savait que le berceau de la domestication du cheval se trouvait dans les steppes occidentales de Russie, mais la datation de cet événement demeurait un sujet de controverse dans la communauté scientifique. Quand donc les humains sont-ils monté pour la première fois sur l’équidé afin de se déplacer, marquant ainsi un tournant décisif dans l’histoire de l’Humanité ?
Ce fait est plus récent qu’on ne le croyait jusqu’à présent. Il a « seulement » 4200 ans, selon une étude publiée dans la revue Nature coordonnée par une équipe du CNRS et de l’université Toulouse III – Paul Sabatier, dirigée par le paléogénéticien Ludovic Orlando, et impliquent 133 scientifiques, issus de 113 institutions à travers le monde.
Une nouvelle ère dans l’histoire humaine
L’émergence de la mobilité à cheval a marqué une nouvelle ère dans l’histoire humaine car les chevaux ont révolutionné la vitesse des déplacements et des échanges entre les peuples jusqu’à l’apparition des moteurs à combustion à la fin du XIXe siècle. Les chercheurs ont analysé 475 génomes anciens de restes archéologiques de chevaux couvrant l’Eurasie tout entière durant les cinq derniers millénaires.
Grâce au séquençage de l’ADN ancien, ils ont étudié les transformations génétiques qui ont accompagné la naissance de l’équitation, et retrouvé ainsi le moment où a commencé l’élevage du cheval. Comme ils l’expliquent dans leur article, « le contrôle de la reproduction de la lignée domestique moderne est apparu il y a environ 2200 ans avant notre ère, par le biais d’accouplements étroits et de temps de génération plus courts ».
Pour réaliser leur étude, les scientifiques ont procédé en trois étapes. Ils ont d’abord daté le début de l’essor des chevaux domestiques. Ensuite, ils ont reconstruit leur histoire démographique pour déterminer quand des éleveurs ont entrepris de les produire en quantité. Enfin, ils ont identifié des signes génétiques de manipulation de la reproduction des chevaux par ces premiers éleveurs, ce qui leur a permis d’en générer une énorme quantité et de répondre à une très forte demande.
En effet, ces éleveurs ont réussi à faire se reproduire des chevaux de plus en plus jeunes et ont ainsi doublé leur capacité de production : l’écart de temps moyen entre deux générations d’équidés fut réduit de huit années à quatre. Grâce à ces trois indices, les chercheurs décrivent une histoire de la production en quantité suffisante des chevaux domestiques, débutant il y a 4200 ans, pour répondre à la demande croissante de mobilité rapide chez les peuples anciens du continent notamment durant les guerres.
D’abord élevé pour l’alimentation puis comme moyen de locomotion
Cette datation permet aussi de réfuter l’idée communément admise selon laquelle des hordes de cavaliers seraient venues il y a 5000 ans, depuis les steppes du nord du Caucase, conquérir l’Europe, puisque la domestication du cheval est bien plus tardive. L’étude entraîne une autre conséquence majeure : le cheval a été domestiqué deux fois. Il fut d’abord élevé pour l’alimentation humaine, et bien plus tard, comme moyen de locomotion.
En effet c’est un peuple sédentaire de Botaï, dans les steppes d’Asie centrale, au Nord-Kazakstan qui, le premier, réussit à domestiquer le cheval il y a 5500 ans pour en exploiter la viande et le lait. Ce peuple du Néolithique final avait très tôt mis au point des techniques de contrôle de la reproduction du cheval.
Mais elles n’ont pas entraîné sa prolifération aux steppes d’Asie Centrale, et cette ancienne lignée de chevaux domestiques destinés à l’alimentation a fini par s’éteindre. Il s’est ainsi écoulé treize siècles entre les deux domestications du cheval avant qu’il ne devienne le « meilleur ami de l’homme ».
18:26 Publié dans Actualités, Connaissances, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cheval | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |