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09/07/2024

« Ça me fout les boules » : la tournée d’un facteur communiste en terres RN

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Facteur depuis 23 ans, Dimitri Estimbre est aussi militant CGT et conseiller municipal communiste dans l’Hérault. Dans sa circonscription, le Rassemblement national a obtenu 49% de voix dès le premier tour des législatives et l’a emporté à 55% le 7 juillet. Reportage. 

Au centre courrier de Bédarieux, commune d’un peu moins de 6000 habitants près de Béziers, les agents postiers s’activent, gueule de bois électorale ou pas. Dès 7h30, plusieurs discutent un peu, avant d’enchaîner avec le tri des colis et de leurs tournées. Dimitri salue ses collègues. Son nom ? Estimbre, « comme un timbre, j’étais prédestiné ! »

Le 30 juin, ce facteur et conseiller municipal PCF « de l’opposition » dans une mairie PS tenait un bureau de vote pour le premier tour des législatives anticipées. À plus de 21h, il était encore devant la mairie, commentant les résultats avec ses camarades. Décevants, selon lui : dans sa circonscription, la députée sortante du Rassemblement national (RN), Stéphanie Galzy, y est arrivée en tête du premier tour des législatives, avec près de 49% des voix ; devant le candidat du Nouveau Front populaire (NFP) Aurélien Manenc, à 32%. Au deuxième tour, le 7 juillet, le RN l’a emporté à 55%.

« Il y a désormais des gens qui ne prennent qu’un bulletin Reconquête et un RN de façon à ce que ça se voit, là où avant, les gens qui votaient FN se cachaient », décrit le facteur. « Sur notre commune, si on n’a pas les services publics ou ce qu’il en reste, c’est la déshérence la plus totale, parce que le taux de chômage officiel est à 20% », poursuit-il. Un sentiment d’abandon qu’il observe à la fois en tant que conseiller municipal et dans son travail.

La dégradation des services publics et la précarité, Dimitri Estimbre connaît. Avant d’être embauché en CDI, il dit avoir enchaîné 38 CDD « et autant d’avenants de contrats en un an et demi » à La Poste, dont il a observé la transformation d’entreprise publique en société anonyme. Ce matin-là, au centre courrier, il y a selon lui 25 à 30% de contrats précaires, parmi lesquels CDD, intérimaires, apprentis, ou encore alternants. « Par rapport à quand on a été embauchées, ça n’a plus rien à voir », commente Christelle, factrice depuis 28 ans, face aux vignes qui prennent les premiers rayons de soleil de la journée.

Comme ses collègues, elle avait pris l’habitude de commencer sa tournée à 6h et de l’avoir finie pour midi, tandis qu’elle débute aujourd’hui à 8h et termine vers 15h, après une pause de 45 minutes obligatoire. « C’est un travail physique », met en avant cette syndiquée à la CGT, qui a commencé à La Poste à 18 ans. Elle décrit des colis de plus en plus lourds, « parfois des valises aussi ».

À ses côtés, Dimitri pointe du doigt la pile de colis Amazon : « Notre métier change. C’est plus de manutention, plus de colis hors norme. Depuis le Covid, ça peut être n’importe quoi : de la nourriture, des croquettes pour chien… C’est le facteur qui ravitaille !, rapporte-t-il. Un jour, un colis s’est ouvert après une chute : c’était des raviolis en boîte. » 

Certes, le courrier se fait plus rare, « mais en zone rurale, on amène tout », décrit-il : recommandés, colis, publicités… « On peut faire jusqu’à 120 kilomètres par jour », fait-il remarquer. Si l’on s’en tient à la description de sa position de travail sur son application professionnelle, Dimitri doit distribuer 29 objets ce jour. « Là je n’ai pas tout flashé et j’en suis déjà à 44 », remarque-t-il, tandis que sa responsable vient s’enquérir de notre identité, suivie par le chargé des relations presse de La Poste, qui nous appelle quelques minutes plus tard.

Plus de contrôle

Militant CGT déjà passé en conseil de discipline, Dimitri Estimbre est un des rares facteurs à accepter de décrire son quotidien. Car l’anonymat est souvent requis par peur de la hiérarchie. « On est fliquées », a lancé une factrice, qui avait accepté de nous rencontrer avant de se désister. « Officiellement on n’est pas contrôlés, on n’a pas de traceur GPS, mais on doit scanner les objets distribués et l’heure s’affiche », ironise Dimitri. 

Sur sa tournée, partagée entre ville et campagne, le facteur ouvre une boîte aux lettres dans la rue commerçante d’Herepian, où figurent encore des tracts du NFP, qui n’ont visiblement pas intéressé. « Ça me fout les boules », souffle-t-il. Dans cette commune, le RN a fait 54% au premier tour des législatives. Plus du double que son concurrent de l’alliance des gauches.

Le chiffre désole également Thierry Deloulay, gérant du restaurant L’Ocre Rouge, installé dans la région depuis 24 ans, qui déplore la disparition des services publics. Il connaît Dimitri depuis quelques années. « On se voyait aux manifestations contre la réforme des retraites », raconte-t-il. 

Moins de temps pour le contact humain

Le postier, que tous les passants saluent, prend des nouvelles de François, le fleuriste, seul derrière son comptoir. « Il prend le temps, on discute deux-trois minutes, ça fait du bien », confie ce dernier. Ce n’est pas toujours le cas. « Avec l’intensité du travail, tu galopes, tu aimerais parler et tu peux pas, c’est ça le plus grand malheur », regrette le postier, qui alterne entre plusieurs tournées différentes. Avant d’ajouter : « La Poste joue sur la notoriété du facteur pour essayer de faire du business, et en même temps elle nous enlève le temps nécessaire à ce contact humain, donc c’est toute une contradiction. »

Parmi cette diversification des missions à l’œuvre depuis plusieurs années, il est ainsi parfois demandé aux agents de faire de la vente de timbres, du portage de repas, de la livraison de fleurs, ou de proposer le service de téléassistance « Veiller sur mes parents », payant pour les usagers. Le tout sans contrepartie, ou presque. « Avant on était payés pour distribuer les bottins, les catalogues, les plis électoraux… aujourd’hui tout est intégré dans la charge de travail, déplore Clémence, factrice depuis 26 ans et fière fonctionnaire. J’ai eu un des derniers concours pour entrer dans le métier, maintenant il n’y en a plus ! »

1600 euros nets

Postier depuis 23 ans, Dimitri touche 1600 euros net par mois. Soit un peu plus du double que ce que gagne Armand, qui distribue du courrier pour Milee, concurrent historique de Médiaposte, filiale du groupe La Poste. Avec 700 euros par mois, il complète ainsi sa petite retraite de 1160 euros. Dimitri s’arrête pour serrer la main à cet ancien maître d’hôtel de 80 ans, qui tire un petit chariot bleu à roulettes. « Je pense arrêter en septembre », confie Armand après 17 années de distribution dans cette entreprise qui emploie 9000 personnes, dont beaucoup de retraités, et qui a récemment demandé son placement en redressement judiciaire.

« Il faudrait que tous soient intégrés à Médiaposte », défend le facteur, solidaire. Mais partout, la tendance est plutôt à la réduction des effectifs. Nombreux sont ses collègues qui déplorent des départs à la retraite non remplacés, ou alors par des intérimaires. 

Dans le contexte politique actuel, les facteurs de la commune Bédarieux ont obtenu d’être payés en heures supplémentaires à 200% pour la distribution des plis électoraux. « Mais la semaine prochaine on va se retrouver à distribuer le courrier et les colis en souffrance », pressent déjà Dimitri. Le tout sans compter les heures supplémentaires qu’il effectue bénévolement en dehors de son temps de travail.

Pour des plis bien choisis, cette fois : les tracts du NFP, qu’il a distribués sans relâche jusqu’au 5 juillet. Chaque jour, il faisait ainsi une heure et demie de tractage de 6h à 7h30, avant de se rendre au centre de tri. Inépuisable, il recommençait l’après-midi, après sa tournée, pour tenter de convaincre quelques « fâchés pas fachos ».

À cette tâche, il reconnaît être plutôt efficace : « J’avance vite, c’est mon métier ! », s’amuse-t-il. Et alors que la candidate RN l’a emporté au second tour dans cette cinquième circonscription de l’Hérault, les efforts de Dimitri semblent avoir porté leurs fruits à Bédarieux, où Aurélien Manenc, du NFP est arrivé en tête de justesse, à 51,5 contre 48,5%. « Ça veut dire que notre travail de proximité a payé », réagit le facteur depuis sa tournée.

Rozenn Le Carboulec pour Basta

17:40 Publié dans Actualités, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : facteur, rn | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

08/07/2024

Pourquoi le cheval a-t-il été domestiqué deux fois dans l’Histoire ?

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Le cheval a été domestiqué à deux reprises par l’Homme : il y a 5500 ans, ce fut pour le manger, et il y a 4200 ans, pour le monter. C’est ce que révèle une étude publiée dans la revue Nature.

On savait que le berceau de la domestication du cheval se trouvait dans les steppes occidentales de Russie, mais la datation de cet événement demeurait un sujet de controverse dans la communauté scientifique. Quand donc les humains sont-ils monté pour la première fois sur l’équidé afin de se déplacer, marquant ainsi un tournant décisif dans l’histoire de l’Humanité ?

Ce fait est plus récent qu’on ne le croyait jusqu’à présent. Il a « seulement » 4200 ans, selon une étude publiée dans la revue Nature coordonnée par une équipe du CNRS et de l’université Toulouse III – Paul Sabatier, dirigée par le paléogénéticien Ludovic Orlando, et impliquent 133 scientifiques, issus de 113 institutions à travers le monde.

Une nouvelle ère dans l’histoire humaine

L’émergence de la mobilité à cheval a marqué une nouvelle ère dans l’histoire humaine car les chevaux ont révolutionné la vitesse des déplacements et des échanges entre les peuples jusqu’à l’apparition des moteurs à combustion à la fin du XIXe siècle. Les chercheurs ont analysé 475 génomes anciens de restes archéologiques de chevaux couvrant l’Eurasie tout entière durant les cinq derniers millénaires.

Grâce au séquençage de l’ADN ancien, ils ont étudié les transformations génétiques qui ont accompagné la naissance de l’équitation, et retrouvé ainsi le moment où a commencé l’élevage du cheval. Comme ils l’expliquent dans leur article, « le contrôle de la reproduction de la lignée domestique moderne est apparu il y a environ 2200 ans avant notre ère, par le biais d’accouplements étroits et de temps de génération plus courts ».

Pour réaliser leur étude, les scientifiques ont procédé en trois étapes. Ils ont d’abord daté le début de l’essor des chevaux domestiques. Ensuite, ils ont reconstruit leur histoire démographique pour déterminer quand des éleveurs ont entrepris de les produire en quantité. Enfin, ils ont identifié des signes génétiques de manipulation de la reproduction des chevaux par ces premiers éleveurs, ce qui leur a permis d’en générer une énorme quantité et de répondre à une très forte demande.

En effet, ces éleveurs ont réussi à faire se reproduire des chevaux de plus en plus jeunes et ont ainsi doublé leur capacité de production : l’écart de temps moyen entre deux générations d’équidés fut réduit de huit années à quatre. Grâce à ces trois indices, les chercheurs décrivent une histoire de la production en quantité suffisante des chevaux domestiques, débutant il y a 4200 ans, pour répondre à la demande croissante de mobilité rapide chez les peuples anciens du continent notamment durant les guerres.

D’abord élevé pour l’alimentation puis comme moyen de locomotion

Cette datation permet aussi de réfuter l’idée communément admise selon laquelle des hordes de cavaliers seraient venues il y a 5000 ans, depuis les steppes du nord du Caucase, conquérir l’Europe, puisque la domestication du cheval est bien plus tardive. L’étude entraîne une autre conséquence majeure : le cheval a été domestiqué deux fois. Il fut d’abord élevé pour l’alimentation humaine, et bien plus tard, comme moyen de locomotion.

En effet c’est un peuple sédentaire de Botaï, dans les steppes d’Asie centrale, au Nord-Kazakstan qui, le premier, réussit à domestiquer le cheval il y a 5500 ans pour en exploiter la viande et le lait. Ce peuple du Néolithique final avait très tôt mis au point des techniques de contrôle de la reproduction du cheval.

Mais elles n’ont pas entraîné sa prolifération aux steppes d’Asie Centrale, et cette ancienne lignée de chevaux domestiques destinés à l’alimentation a fini par s’éteindre. Il s’est ainsi écoulé treize siècles entre les deux domestications du cheval avant qu’il ne devienne le « meilleur ami de l’homme ».

Anne Musso, l'Humanité

18:26 Publié dans Actualités, Connaissances, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cheval | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

26/06/2024

Climat : le Nouveau Front populaire imbrique écologie et justice sociale

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Le programme du Nouveau Front Populaire propose des mesures conséquentes en matière de climat et de protection de la biodiversité, dans une visée de justice sociale.

Loi énergie climat pour « jeter les bases de la planification écologique », moratoire sur l’autoroute A69 et les projets de mégabassines, protection de la biodiversité, règles de partage de l’eau : le Nouveau Front Populaire affiche dans son programme une volonté de remettre l’écologie au cœur des politiques publiques. Sans perdre de vue que défis environnementaux et défis sociaux seront nécessairement imbriqués.

Faire mieux en matière environnementale, pour tout le monde. Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace, l’a souligné lors de la présentation du programme, qui comporte « une série de mesures ambitieuses, à même de répondre aux défis des transformations de notre société sans laisser personne au bord de la route, et c’est pour cela que je suis là aujourd’hui. » L’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 traverse plusieurs axes du programme dans une optique d’égalité républicaine, de la rénovation thermique des logements aux transports.

Les services publics pour renforcer le combat

L’eau, ressource centrale alors que les sécheresses se multiplient et que les conflits d’usages apparaissent déjà du fait du changement climatique, serait gérée publiquement, avec la gratuité des premiers mètres cubes nécessaires à la vie puis une tarification progressive.

Le service public est l’un des axes forts de ce programme, et les problématiques environnementales n’y échappent pas. Les équipes des offices chargés du suivi et de la protection de l’environnement se verraient ainsi renforcées. C’est notamment le cas de l’Office national des forêts (ONF). Depuis vingt ans, ses effectifs n’ont en effet cessé de baisser : en 2023, le forestier ne comptait plus que 8200 « collaborateurs », dont 52 % de salariés de droit privé et seulement 48 % de personnels de droit public.

Un démantèlement en règle – un de plus – d’un service public pourtant essentiel, à la fois dans la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité. Souvent parent pauvre des débats environnementaux, cette dernière n’est pas oubliée puisque le NFP vise la protection des forêts, des zones naturelles et le doublement des aires maritimes protégées.

Élargir la lutte

Et la gauche unie n’oublie ni la nécessité de porter la lutte environnementale au niveau mondial, en soutenant la reconnaissance du crime d’écocide et la création d’un tribunal de justice climatique, ni la fiscalité, avec l’arrêt des financements aux banques pour les énergies fossiles. L’ISF, rétabli, comporterait également un volet climatique.

« Jordan Bardella Premier ministre, c’est le scénario du pire, c’est la promesse d’une catastrophe pour la protection du climat, de la biodiversité »

Jean-François Julliard.

La dynamique créée par ce Nouveau Front Populaire agrège des associations environnementales, qui craignent l’arrivée du Rassemblement national au gouvernement : « Jordan Bardella Premier ministre, c’est le scénario du pire, c’est la promesse d’une catastrophe pour la protection du climat, de la biodiversité », avertit ainsi Jean-François Julliard.

Source l'Humanité

19/06/2024

« Sinjar, naissance des fantômes » : les esclaves sexuelles de Daech témoignent

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Le 3 août 2014, le groupe « État islamique » s’est lancé à la conquête de la région du mont Sinjar, en Irak, capturant des milliers de femmes et massacrant les hommes. Un documentaire exceptionnel revient sur ces années terribles et les fantômes qui hantent encore ces femmes.

« Je suis la mémoire et la douleur est mon nom. Nous, Yézidis, nous sommes tous morts. » Le documentaire d‘Alexe Liebert s’ouvre sur ces phrases terribles, glaçantes. L’écran est noir et nous sommes seuls avec des mots qui résonnent d’autant plus durement qu’on se souvient des Yézidis.

Personne ne savait très bien de qui il s’agissait, ni ne connaissait l’endroit où ils vivaient. C’était à l’été 2014. Il y a dix ans. Un horrible été marqué par la proclamation de l’« État islamique » dans la ville irakienne de Mossoul. Et très vite, le 3 août, les Yézidis ont fait la une de l’actualité.

Ils étaient attaqués par les djihadistes. Les hommes et les vieillards massacrés, les femmes et les filles enlevées, les maisons brûlées. Ils se sont réfugiés au sommet d’une montagne et ont attendu l’aide internationale, qui n’est pas arrivée.

Seuls les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l’organisation d’Abdullah Öcalan, sont venus à leur secours, les armes à la main, mettant un terme au génocide en cours. Mais des milliers de femmes ont disparu, devenues esclaves sexuelles à Raqqa, Deir ez-Zor en Syrie, et même vendues à de riches Soudanais, Jordaniens ou Saoudiens.

Une minorité religieuse unique

Accompagnée du photographe Michel Slomka, la réalisatrice Alexe Liebert a commencé à s’intéresser à l’histoire de ces populations en 2015. Puis, en 2017, le binôme s’est rendu sur place. La zone où vivent les Yézidis dans leur grande majorité est le Sinjar, en territoire irakien, tout contre la frontière avec la Syrie.

D’origine kurde, ils représentent une minorité religieuse unique, mélange de zoroastrisme et autres cultes perses de l’Antiquité. Ils vénèrent Malek Taus, ou l’ange Paon. Dans leur histoire, ils ont vécu des dizaines de massacres mais sont toujours là, peuple montagnard semi-nomade à l’hospitalité légendaire.

Le documentaire est intelligemment construit, qui permet de s’immerger dans l’environnement naturel de ce peuple, d’entendre son chant décrivant ses souffrances et, bien sûr, de recevoir des témoignages forts. « Quelle religion, quelle croyance autorisent la vente des femmes ? » demande le chanteur.

Le sort des enfants enlevés

Se succèdent alors des portraits de femmes, toutes se tordant les mains, le regard fuyant comme cherchant à échapper aux souvenirs, aux fantômes. Puis la parole se libère, souvent accompagnée de larmes. Comment pourrait-il en être autrement en entendant cette violence : le viol permanent, les coups, voire les meurtres. Sur un téléphone récupéré, une annonce reste gravée : « Esclave sexuelle à vendre. Belle, grande, élancée, obéissante. 12 000 $. » Alexe Liebert revient ensuite sur le sort des enfants enlevés, leur traumatisme et surtout leur endoctrinement. Ils ne parlent plus kurde, s’étonnent de voir les femmes non voilées et s’exclament : « Si mon père était là, il vous couperait la tête ! »

Des témoignages rendus possibles car des groupes d’hommes se sont organisés pour les récupérer après des contacts secrets téléphoniques, payant des passeurs, risquant eux-mêmes leur vie. Un documentaire exceptionnel à bien des égards, à voir absolument.

Sinjar, naissance des fantômes, d’Alexe Liebert, France, 1 h 43, sortie en salles le 19 juin 2024.

Source l'Humanité

19:38 Publié dans Actualités, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sinjar, daesh | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!