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09/11/2025

Shein, c’est quoi ? : 87 % des vêtements achetés par les Français sont importés. La Chine, le Bangladesh, l’Italie et la Turquie sont les principaux fournisseurs pour notre habillement

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La plateforme de vente en ligne Shein est au cœur de l’actualité à la suite de la découverte, vendredi dernier, d’une poupée sexuelle à l’apparence enfantine sur son site. Ce scandale est concomitant avec l’inauguration mercredi d’une boutique de la marque dans un grand magasin parisien. Les poupées signalées ont été depuis retirées de la vente et le gouvernement français a annoncé vouloir suspendre du site.

Stigmatisée dans les médias comme « chinoise » ou « asiatique », l’entreprise dirigée par l’américain Donald Tang est dorénavant accusée de détruire l’industrie textile et les petits commerces en France. Au-delà de l’affaire des poupées, le gouvernement dénonce une « invasion commerciale » de la Chine : on assiste là à une continuation de la guerre commerciale par d’autres moyens.

Capitaux américains, dirigeant américain, ouvriers chinois

« Chinoise », la marque Shein ? Son fondateur, Xu Yangtian, surnommé Chris Xu, est en effet né en Chine, mais il réside à Singapour, où il a d’ailleurs déménagé le siège de sa société. C’est un ancien étudiant de la George Washington University.

S’il reste l’actionnaire majoritaire, il n’en est pas le seul propriétaire. Plusieurs fonds d’investissement sont au capital de Shein : Sequoia Capital (États-Unis), General Atlantic (États-Unis), Mubadala Investment Company (Émirats arabes unis), Tiger Global MGMT (États-Unis), DST Global (îles Caïmans), Coatue Management (États-Unis).

Dans les faits, la marque est dirigée par Donald Tang, un entrepreneur américain, ancien étudiant de la California State Polytechnic University, ancien dirigeant de la banque américaine Bear Stearns rachetée en 2008 par JP Morgan.

Enfin, le principal marché de Shein sont les États-Unis. Cette marque n’est d’ailleurs pas commercialisée en Chine.

Ce sont en fait les fabricants sous-traitants de Shein, au nombre de 7000 ateliers, qui sont chinois. La Chine ne consomme pas les modèles de Shein, elle n’en est pas propriétaire et elle ne le dirige pas : en revanche, c’est l’industrie textile chinoise qui fournit la marque, comme bien d’autres marques internationales.

Shein dans la guerre commerciale

L’offensive médiatique et gouvernementale contre Shein permet en fait de mobiliser l’opinion publique en faveur de mesures protectionnistes contre les industries chinoises.

Quels vêtements les Français peuvent acheter ?

Bien sûr, les Français vont acheter des vêtements bon marché par manque de pouvoir d’achat. Cependant, au-delà du prix, ils doivent de toute manière acheter des vêtements qui ne sont pas produits en France, pour la simple raison que la France ne produit presque plus de vêtements.

La France dépend, pour l’ensemble des secteurs, de productions extérieures. C’est particulièrement le cas pour l’industrie textile : de 765 000 salariés en 1970, 530 000 en 1980, 360 000 en 1990, puis 100 000 en 2010, à autour de 60 000 aujourd’hui. Parallèlement, la production s’est effondrée de 50 % entre 1996 et 2015.

Résultat : 87 % des vêtements achetés par les Français sont importés, en 2021. La Chine, le Bangladesh, l’Italie et la Turquie sont les principaux fournisseurs pour notre habillement. En l’état, sans importation, pas de consommation et donc pas de commerce en France.

Cette situation de dépendance provient de choix industriels délibérés consistant à concentrer la production française sur le luxe et le textile technique, en sous-traitant l’habillement à l’étranger.

« Y a qu’à, faut qu’on » ?

Rebâtir une filière de l’habillement en France ne se fera pas en un claquement de doigts : loin de se limiter à la différence de salaires, les avantages des industries chinoises se trouvent, entre autres choses, dans la proximité entre les centres logistiques et des concentrations d’ateliers, la capacité de produire « à la demande » des petits lots de pièces pour chaque modèle, la réduction des pertes et autres économies d’échelle, le renouvellement permanent des catalogues, des avances technologiques dans l’automatisation, etc.

Il est trop facile d’accuser l’étranger de notre propre sabordage et de s’en prendre à « l’ogre chinois ».

15:37 Publié dans Actualités, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : shein, vetement, chine | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!