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06/09/2015

« Soral a rajeuni une frange de l’extrême droite »

soral.jpgRobin D’Angelo et Mathieu Molard, journalistes pour le site d’informations Street Press, sont les auteurs du livre « Le Système Soral, enquête sur un facho business », disponible aux éditions Calmann-Lévy.
 
Pourquoi vous-êtes vous intéressés à Alain Soral ?
Robin D’Angelo
Nous avons tous les deux entre 28 et 29 ans. Dans cette génération, on a tous des potes qui à un moment donné ont dit : « purée c’est intéressant ce que dit Soral ». Quelque soit leur milieu. Donc notre idée a été de raconter le parcours politique de Soral, la diffusion de ses idées, comment il a capitalisé sur un fait conspirationniste très présent depuis le 11 septembre, et comment il a ouvert les portes de l’extrême droite à un nouveau public.
 
Mathieu Molard
L’écho de Soral s’illustre en chiffres. Son site internet, Egalité & Réconciliation, effleure les 7 millions de visiteurs uniques par mois, soit une audience équivalente à celle d’un média comme Rue 89. Ses vidéos Dailymotion mises bout à bout font des millions de vues, ce qui le monétise au passage. Sans oublier tous les sites parallèles qui font partie de la « dissidence ». Ça nous intéressait de comprendre comment tout cela fonctionne, à la fois d’un point de vue idéologique : qu’est-ce qu’il y a derrière, quel est le système de pensée de Soral ; mais aussi d’un point de vue technique : son équipe a compris quelque chose pour en arriver là. Le système Soral est une mécanique bien rodée, qui avec très peu de moyens et très peu de militants actifs arrive à obtenir un écho très important. Au final, il y a à la fois la pensée de Soral, ses transgressions façon Jean-Marie Le Pen, et une stratégie numérique qui est extrêmement efficace.
 
Que raconte votre livre ?
Mathieu Molard
C’est un sujet très peu traité en longueur et en profondeur. C’est le premier livre consacré intégralement à Alain Soral. Une grande partie du contenu est donc inédit et exclusif. Soral s’est créé une légende, que l’on a souhaité déconstruire. Il joue du flou en permanence. On a voulu apporter de la clarté. On dévoile son parcours, les ressorts simplistes de son remix idéologique, le fonctionnement de son business, son soi-disant passage au PCF, invérifiable, puis son passage bien réel au Front national, etc… Il ne s’agit pas d’une biographie mais d’un livre politique. On a choisi de ne pas s’attaquer à sa vie privée. On part de ce qu’il raconte lui, de ce qu’il met en scène, et on déconstruit cette légende : son « diplôme » de boxe, les manifestants qu’il a payé pour défiler avec lui, son travail d’éditeur, ses liens avec la « dissidence », son soit disant courage et cette « virilité » qu’il met sans cesse en avant, son rapport à l’écologie, etc… On a creusé. Et on a trouvé par exemple qu’il avait mis sur pied une cellule destinée à infiltrer l’encyclopédie en ligne Wikipédia pour en modifier le contenu.
 
Qu’est-ce qui explique selon vous son succès idéologique ?
Robin D’Angelo
C’est difficile de répondre. Il s’agit d’une addition de facteurs. Les partis traditionnels attirent de moins en moins, il y a une crise de confiance envers les hommes politiques, envers les médias… Et puis il y a la force de frappe d’internet grâce à laquelle n’importe quelle personne charismatique peut créer un mouvement autour de lui. C’est un peu un mélange de tout ça. Sur le fond, Soral se présente comme le porte parole d’un peuple opprimé contre des minorités qui bénéficieraient de toutes les aides. Ils jouent sur les oppositions et les frustrations. Après, quand on rencontre des fans d’Egalité et réconciliation, il y a peu de tout : des étudiants, des chômeurs, des Français issus ou non de l’immigration… Lors des dédicaces faîtes par Soral, on trouve beaucoup d’étudiants qui font de longues études qui savent répéter par cœur un discours soralien à la fois rodé et complètement absurde. Pour les fans, la sphère Soral est une bulle d’oxygène, c’est comme ça qu’ils le disent. Ça dépasse l’argument politique. Il y a un aspect transgressif, des gens qui ont envie de se lâcher, de se moquer, de défier les puissants, le système, l’oligarchie. Soral leur donne un exutoire. Son grand truc, c’est la théorie du complot en donnant des boucs émissaires. Et il enrobe le tout de conceptions pseudo sociologiques et historiques pour justifier ses pulsions haineuses.
 
Mathieu Molard
Sur l’idéologie, il n’y a rien de nouveau, mais Soral sait très bien le mettre en scène : il désigne des boucs émissaires. Et c’est à ce titre là qu’il est très clairement à mettre à l’extrême droite. Ses boucs émissaires, ce sont les juifs, sur lesquels il multiplie les attaques, mais aussi les homosexuels, les féministes, les bobos, les francs maçons, bref, tout ce qu’il appelle « la tyrannie des minorités ». Il joue de la confusion sur beaucoup de thématiques. Il dit toujours qu’il n’est pas raciste, qu’il n’a rien contre les « juifs du quotidien », mais il les cible constamment. Chez ses fans, il y a beaucoup de frustration, soit face à une absence d’intégration sociale, soit à travers une frustration dans l’espoir, devant la démonétisation de la politique à tous les niveaux. La porte d’entrée, c’est surtout sa critique et la remise en cause du système. Lui et ses partisans s’appellent entre eux les « dissidents ». Ils se prennent pour des résistants qui se rebellent. Sa conférence donnée à Marseille joue beaucoup sur une mise en scène de la clandestinité : d’abord le lieu n’est pas donné, puis il est envoyé par texto la veille en donnant rendez-vous sur un parking. Et depuis le parking, encadré par un service d’ordre l’Action française, la troupe va dans une salle proche. Après, c’est très dur de faire la typologie du soralien. Beaucoup ont essayé, mais je pense que c’est un piège. Ce qui ressort, par contre, c’est que ces fans sont surtout jeunes : l’immense majorité à moins de 40 ans.
Il faut aussi que la gauche se regarde en face par rapport à ça. Les propositions politiques, la présence et le maillage du PCF dans les banlieues populaires, ça n’a plus rien à voir avec ce que ça a pu être… Tout ça participe à une déshérence globale.
 
Et comment fonctionne son « système » ?
Mathieu Molard
Ça n’a rien à voir avec un parti traditionnel, qui entend gagner des élections, arriver aux responsabilités, etc… Egalité & Réconciliation base toute sa stratégie sur le buzz, sur une présence très forte sur Internet, qui, avec très peu de militants, arrive à se répercuter énormément et surfe sur la vague de la théorie du complot en la nourrissant au maximum, en permanence. Sa stratégie est très gramscienne, il cherche à faire avancer ses idées au sein de la société, dans les mentalités.
 
Dans votre livre, vous accordez un long chapitre, très détaillé, sur le passage de Soral au Front national. Vous dîtes qu’il est entré par la gauche du FN et qu’il en est sorti par la droite. A-t-il « rajeuni », au passage, cette droite de l’extrême droite ?
Robin D’Angelo
Soral a tapé dans l’œil de Jean-Marie Le Pen. Chez lui, ce qui a beaucoup plu au FN, c’est qu’ils ont vu qu’il était capable d’amener des jeunes, et des anciens de la gauche, à une époque où ce parti n’arrivait pas à s’adresser aux jeunes. Par la suite, Soral s’est fait une place à la droite de l’extrême droite. Une place qui était plutôt disponible, déjà parce que le FN commençait dans les années 2000 à 2010 sa mue pour tenter de se dédiaboliser, mais aussi parce que l’extrême droite radicale était bien ringarde. Qui lit Rivarol aujourd’hui ? Peu de gens de moins de quarante ans. Emmanuel Ratier, qui vient de décéder, n’était connu que dans des sphères marginales. Soral, lui, a su séduire des jeunes et s’imposer. Il a rajeuni une frange de l’extrême droite.
 
Mathieu Molard
Le FN a mis le pied à l’étrier à Soral. Même Marine Le Pen, qui s’en méfiait, lui a tressé des lauriers et l’a invité en 2006 à chanter un karaoké avec elle à la grande Fête des Bleu-Blanc-Rouge organisée par le FN, car elle le savait utile. David Rachline, aujourd’hui sénateur-maire de Fréjus qui a pris ses distances avec Soral, est à l’origine un bébé soralien. Dans notre livre, on raconte comment le FN a apporté un soutien actif à la création d'Egalité & Réconciliation. Et parmi les membres fondateurs de l'association (E&R) on trouve notamment Philippe Péninque, l'un des plus proches conseillers de Marine Le Pen.
Mais l’extrême droite de Soral se veut aujourd’hui pop par rapport au FN, qui est à ses yeux devenu un parti du système, ou qui essaie de le devenir. Le Pen père avait mené une sorte d’OPA sur les mouvements les plus extrémistes. Marine Le Pen essaie de se recentrer et laisse un espace très sulfureux se libérer. Soral n’est pas le seul à s’y engouffrer. Mais il y arrive bien, et ouvre les portes de l’extrême droite à un nouveau public : des jeunes des quartiers populaires, des gens venus de la gauche, des gens qui n’ont pas l’impression d’être d’extrême droite. Comme porte d’entrée, il surfe aussi sur le terrain de l’écologie, sur le côté décroissant, alors que Soral est un motard qui pense pis que pendre de l’écologie et qui nie même le réchauffement climatique. Il parle de retour à la terre, organise des stages survivalistes où le gros des activités n’est pas paramilitaire : c’est plutôt de la permaculture.
 
Comment avez-vous fonctionné pour cette enquête ?
Mathieu Molard
On a rencontré beaucoup de monde, plus d’une centaine d’intervenants qui ont côtoyé Soral ou fait partie de son mouvement. On a donné la parole à pas mal de gens qui sont toujours aujourd’hui dans la mouvance soralienne, pour qu’ils nous racontent le fonctionnement du personnage et de son mouvement. A part pour assister au cours de boxe de Soral, on n’a fait aucune infiltration. Je considère que l’infiltration ne se justifie que lorsqu’on y est obligé, et ça n’a pas été le cas à part pour cette séance de boxe. L’essentiel des infos recueillies dans ce livre vient donc d’interviews, durant lesquelles on s’est présenté en tant que journalistes. On a créé une relation de confiance, en posant surtout des questions sur le fonctionnement du mouvement. Des gens ont eu envie de parler, de nous donner des informations que l’on a systématiquement recoupées. Le fait d’appartenir à la rédaction de Street Press nous a aidé. Les interlocuteurs étaient bien plus prêts à nous répondre que si on avait été à TF1…
 
Du coup, pouvez-vous présenter Street Press ?
Robin D’Angelo et Mathieu Molard
C’est un site d’enquêtes et de reportages sur la région parisienne essentiellement, à destination des 20 - 40 ans. On essaie de traiter uniquement des sujets qui ne le sont pas dans d’autres médias. Environ à 99% du contenu recueilli sur le site l’est par nous même. On évite au maximum les reprises. On considère que ce qui est traité ailleurs n’a pas besoin d’être traité par nous. Notre travail est de donner une plus-value à chaque fois par de nouvelles infos que l’on recueille.
 
Dans l’ascension de Soral, la rencontre avec Dieudonné joue-t-elle un rôle important ?
Mathieu Molard
Le rôle de Dieudonné est clé. Sans cette rencontre, Soral existerait beaucoup moins médiatiquement, et aurait moins touché de personnes venues de la gauche. Dieudo avait une popularité de départ très très large, c’était une icône des quartiers populaires, des banlieues, qui attirait les caméras. Soral s’est posé à côté de lui, puis lui a fourni une architecture idéologique. Beaucoup placent le point de rupture de Dieudonné chez Fogiel, mais cela commence bien avant. Dieudonné avait déjà des idées proches de Soral, et Soral lui a donné une cohérence.
 
Vous faîtes aussi dans ce livre un point sur le business de Soral ?
Robin D’Angelo
Ce qui est intéressant c’est de voir qu’il a réussi à capitaliser sur une demande liée à ce qu’il appelle la « dissidence ». La question n’est pas de dire : « Regardez, il s’en met plein les fouilles ! », parce qu’en réalité il ne gagne pas non plus des sommes astronomiques, même s’il s’agit d’un business lucratif. Ce qui nous intéresse, c’est de montrer comment il a réussi à faire une OPA sur la droite de l’extrême droite et sur les complotistes, et comment il décline le tout au milieu d’une tambouille idéologique avec de nombreux produits qui marchent. Il vend des produits éco-responsables avec son épicerie Au Bon Sens, des vins de terroir avec Sanguisterrae, des stages de survie avec Prenons le maquis, qui sont des vitrines de la SARL Culture pour Tous, qui a eu un chiffre d’affaire déclaré de 640 400 euros en 2012.
 
Il y a aussi sa maison d’édition, Kontre Kulture ?
Robin D’Angelo
Il réédite de nombreux ouvrages tombés dans le domaine public. On trouve un peu de tout. Il y a par exemple du Jean-Jacques Rousseau. Mais ce qui est significatif, c’est qu’il réédite de nombreux classiques de la plus dure littérature antisémite qui soit, avec des couvertures au design moderne, dont La France juive de Drumont, au milieu d’une foule de titres dans cette veine : 21 au total sont consacrés aux juifs.
 
Quand on voit la stratégie d’entrisme chez Wikipédia, on peut se demander si Soral, qui dénonce le « conspirationnisme mondial » n’adopte pas les pratiques qu’il prétend dénoncer…
Robin D’Angelo
Tout à fait, d’autant plus que cette stratégie sur Wikipédia est sans doute utilisée sur plein d’autres sites internet. Les théories et les topics soraliens sont par exemple très présents sur le forum de jeuxvideo.com, très populaire chez les jeunes. On peut imaginer qu’il y a sur ce site aussi une stratégie d’entrisme, mais qui dans ce cas là ne vise pas le contenu éditorial propre du site…
 
Mathieu Molard
A Egalité & Réconciliation, tout le monde fonctionne par pseudo. Même les gens du premier cercle ne connaissent pas l’identité du créateur du site internet.
 
Alain Soral a-t-il un programme politique ?
Mathieu Molard
Absolument aucun. Son programme c’est d’être contre. Il n’a aucun projet. Il parle de sortir de l’Union européenne, de l’OTAN, de changer de système, mais il ne propose rien. Il dénonce. Sur son site il n’y a pas de rubrique programme ou projet. Il agglomère la colère et la bêtise sans rien proposer. Son objectif est de rassembler des horizons très divers dans la contestation. Il agglomère beaucoup comme ça. S’il faisait des propositions concrètes, il risquerait de diviser tous ceux qui viennent d’horizons différents... Il ne fait pas vraiment de politique.
 
Robin D’Angelo
Il reste dans son rôle de chroniqueur, d’essayiste. Il a créé un mouvement qui n’est dédié qu’à sa gloire mégalomane et à son effigie. Il influence. Tout le délire des soraliens c’est la méta-politique, c’est d’influencer plutôt que de se présenter et d’imaginer vouloir gagner des élections. Rien n’est fait pour. Un des sites phares de la « dissidence » ne s’appelle pas Meta TV pour rien. Et ça marche. Si Soral n’influence pas la sphère des hommes politiques de façon majeure, il fait progresser dans l’opinion un certain nombre d’idées.
 
Considérez-vous que l’ampleur de la diffusion des idées de Soral est mal mesurée ?
Mathieu Molard
Sur le terrain, toutes les semaines, il y a quelque part en France un rassemblement avec Alain Soral ou un de ses proches. A Mulhouse, la conférence de Marion Sigaut, pseudo historienne de seconde zone, a été capable de réunir 100 personnes pour parler de Voltaire. Je pense que si demain le plus grand spécialiste français de Voltaire vient dans la même salle à Mulhouse, il n’y aura même pas 30 personnes. Cela prouve que le label Soral, ça marche et ça attire. Toute cette ampleur, c’est quelque chose qui je pense est assez mal mesuré.
 
*Robin D’Angelo et Mathieu Molard seront présents au village du livre à la Fête de l’Humanité
 
Entretien réalisé par Aurélien Soucheyre
Vendredi, 4 Septembre, 2015
Humanite.fr
 
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29/07/2015

Crise russe : l’Europe pourrait perdre près de 100 milliards d’euros

russie_5.jpg

La baisse des importations vers la Russie, du fait de la crise ouverte avec Moscou, risquent d’impacter fortement l’économie européenne, selon une étude publiée. Selon une étude de l’institut autrichien d’études économiques Wifo, publiée par sept journaux européens, les sanctions imposées à la Russie auraient un impact significatif, notamment en Allemagne et en France.

Les sanctions économiques imposées par l’Europe à la Russie en réaction à la crise en Ukraine ont-elles un coût ? Dans un rapport confidentiel consulté par des journalistes de « El Pais » et « Die Welt », la Commission Européenne minore l’impact sur l’économie de la zone, évoquant des effets « relativement minimes » et « gérables ». Selon des chiffres produits le 27 mai dernier, les sanctions ne devraient ainsi entraîner en 2015 qu’une légère contraction du PIB de l’UE, de 0,25 %.

Une étude de l’institut autrichien d’études économiques Wifo, publiée vendredi par l’alliance de sept journaux européens, dont « Le Figaro », avance, elle, un scénario beaucoup plus pessimiste sur le long terme. L’institut estime, en effet, que l’économie européenne - c’est à dire l’Union Européenne et la Suisse - pourrait perdre 80 milliards d’euros de richesses produites et voir quelque 1,9 million d’emplois menacés.

Les experts de Wifo se basent sur l’hypothèse selon laquelle la situation observée au premier trimestre 2015 va perdurer et tiennent également compte des effets générés par un chômage élevé et une demande faible. Ils soulignent, toutefois, qu’il est difficile de déterminer si la baisse des importations observée en Russie est due aux sanctions économiques imposées par l’Europe ou si elle résulte de difficultés propres à son contexte domestique, telles le décrochage du rouble et la chute des prix du pétrole .

L’Allemagne durement touchée

C’est en Allemagne que l’impact de la crise russe serait le plus fort. Berlin pourrait perdre, du fait des sanctions imposées à la Russie, près de 27 milliards d’euros, soit un peu plus de 1 % du PIB. 500.000 emplois seraient, en outre, menacés à terme outre-Rhin. Les économies de la France, de l’Espagne, de l’Italie, de la Pologne, et de l’Estonie, devraient également pâtir de la crise russe, selon Wifo.

Au premier trimestre 2015, les exportations françaises vers la Russie ont chuté de 33,6 % sur un an, selon les chiffres d’Eurostat et du FMI. Wifo ne tient pas seulement compte de la baisse des exportations mais également de l’impact négatif de la crise sur le tourisme. Le nombre de nuitées de visiteurs russes à Paris au cours de l’hiver dernier a ainsi reculé de 27 %, entraînant un manque à gagner estimé à 185 millions d’euros par rapport à la saison hivernale précédente. La France pourrait ainsi, à terme, voir son PIB amputé de 0,5 % et perdre quelque 150.000 emplois du fait de la crise russe, avance Wifo.

Le secteur agro-alimentaire menacé

Le secteur agro-alimentaire est en première ligne, avec 265.000 emplois menacés selon l’institut autrichien (devant le commerce avec 225.000 emplois). En août dernier, Moscou avait annoncé, en représailles contre les sanctions européennes, un embargo sur les produits agro-alimentaires comme le lait, les fruits, les légumes, le fromage et la viande en provenance de l’Union Européenne.

En septembre 2014, la Russie a, en outre, décidé d’interdire à ses entreprises de souscrire à des marchés publics pour l’achat de biens industriels légers à l’étranger. Sont concernés les contrats militaires mais aussi les tissus, vêtements, chaussures et cuirs.

Les ambassadeurs permanents auprès de l’UE viendraient de se mettre d’accord mercredi sur une prolongation de six mois des sanctions imposées à la Russie, jusqu’à fin janvier 2016. La décision formelle est attendue lundi lors du conseil des ministres des Affaires Etrangères. La prolongation de ces sanctions devrait entraîner en retour une nouvelle réaction de Moscou... et de nouvelles répercussions pour les économies européennes.

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21/02/2015

Abderrahmane Sissako : « J’ai filmé Tombouctou comme une ville symbole »

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Le film franco-mauritanien "Timbuktu" d'Abderrahmane Sissako, chronique de la vie quotidienne dans le nord du Mali sous la coupe des jihadistes, a triomphé vendredi à la 40e cérémonie des César. "Timbuktu" a reçu sept prix, dont les prestigieux trophées du meilleur film et meilleur réalisateur.

Entretien avec le réalisateur mauritanien, auteur de Timbuktu. Un film immense, intense, à la profondeur rare.

Il y a toujours un élément déclencheur, mais il n’est pas suffisant sans une prédisposition de base. En ­l’occurrence, j’étais confronté à l’occupation par les djihadistes du Sahel, ma région d’origine. En 2012, est survenue la lapidation à mort d’un couple dans la petite ville d’Aguelnok au Mali. Ils s’aimaient, ils avaient des enfants, mais leur crime était de ne pas être mariés devant Dieu.

Ce qui m’a interpellé avec force, ce n’est pas le sentiment d’une ­indifférence à l’égard de ces faits, mais plutôt le silence qui les a entourés. Lorsqu’on est ­cinéaste, qu’on a la possibilité de s’exprimer, on ne peut pas reprocher aux autres de ne pas le faire.

Le choix d’un sujet doit avoir un sens universel. Je ne viens pas d’un pays riche en possibilités de production et en réalisant un film tous les dix ans, il doit concerner l’humanité. C’est déjà ce que j’avais tenté en réalisant Bamako. Ces années sans mettre de nouveaux films à l’affiche ne me posent pas de problème mais il faut que le film s’impose à moi.

Comment le sens s’est-il élaboré ?

Abderrahmane Sissako Je me suis servi de Tombouctou comme d’une ville symbolique. Je l’ai connue comme une ville de rencontres, de partages dans laquelle prenait place un islam simple, qui n’a nul besoin de s’exhiber. Elle s’inscrit historiquement dans le patrimoine de l’humanité par la force des échanges. C’est cela qui a été pris en otage par des gens qui ne lisent pas, qui ont en chaque chose une vision courte.

J’ai voulu relater ce moment de prise en otage en partant du quotidien de ces gens dont on ne parle que s’il s’agit d’Occidentaux auxquels on peut s’identifier. On ne parle pas de la marchande de poissons que je mets en scène, des mains coupées, des interdits absurdes, des menaces de mort. Un autre « fait divers » m’a frappé, l’exécution d’un berger touareg. J’ai donc imaginé sa vie pour ne pas risquer cette occultation des drames ­humains derrière des récits distancés et globalisants. Ce qui compte pour cet homme, c’est l’amour qu’il porte à sa femme et à sa fille. Cette famille est également symbolique.

Comment les choix de mise en scène se sont-ils imposés ?

Abderrahmane Sissako Par une recherche de simplicité. Le film commence simplement. On voit les djihadistes puis on croise cette famille touareg sous sa tente. Ensuite tout va très vite. Ces gens sont dans une grande fragilité. Elle est présente dès le départ. Ce film dresse le portrait d’anonymes. La forme va elle aussi s’imposer très vite. Lorsque la mort devient un spectacle, on la banalise. Pour moi, c’était très important de réfléchir aux moyens de créer une distance entre ce qui est montré et celui qui regarde. Il fallait passer par de l’émotion. S’agissant des violences infligées, il me fallait aussi faire valoir les résistances.

Ainsi cette femme qui se fait fouetter et transforme son cri de douleur en un chant. C’est ce que ses bourreaux ne peuvent pas tuer en elle. Pour les mêmes raisons, je mets en scène ces jeunes qui jouent au foot malgré l’absurdité de son interdiction. Il ne suffit pas de le dire dans un dialogue. On les voit s’entraîner et faire mine de se livrer à une autre activité quand les djihadistes passent. Ces jeunes ont décidé de se mettre ensemble, comme ils peuvent, pour se dresser contre ce qui se passe.

Ce lieu symbolique que j’ai dû recréer parce qu’il n’était pas possible d’y tourner, je l’ai transporté en Mauritanie avec l’accord des autorités. Je l’ai peuplé de figurants venus d’ailleurs et utilisé tout ce que permet le cinéma pour pénétrer des destins si simples et courageux.

Ce sont des gens comme nous, aussi éloignés soyons-nous de leur barbarie. Tomber dans une caricature du mal, c’est inciter à le voir partout. Eux aussi sont fragiles.

Quand leur chef local se cache pour fumer, il reste humain. De même quand il ordonne à cette femme de se voiler alors qu’il est en train d’admirer sa chevelure. Cela me permet aussi de relativiser la notion de « conviction ». On parle de l’islam, pas de la prise en otage de l’islam. On pourrait dater cela du 11 Septembre mais on voit comment les choses évoluent. Il y a ceux qui doutent, ceux qui ne doutent pas, ceux utilisés pour porter les armes.

Et puis il y a le personnage de l’imam de Tombouctou, un homme qui, dans la réalité, n’a cessé de se battre contre les djihadistes, de leur demander : « Où est Dieu dans ce que vous faites ? »

C’est très important dans un pays où domine un islam majoritaire à 99,99 % et qui ne veut pas de ça. Par ailleurs, j’évoque aussi, de manière un peu furtive, que ces gens ne sont pas qu’un ramassis de fous ­furieux.

Ainsi du djihadiste français qui a du mal à tenir les propos qu’on veut lui imposer devant une caméra pour une vidéo de propagande. Afin de le rendre plus convaincant, le chef djihadiste lui dit : « Tu ne te bats pas contre les Occidentaux, dis que tu te bats contre l’injustice. »Ces phénomènes ne viennent pas de rien et il faut l’entendre. Ils n’en ont pas moins des conséquences terribles et lorsqu’on veut évoquer des choses terribles, il faut montrer ce qu’est une « normalité ».

C’est la vie de cette famille touareg. Le père Kidane est un homme qui aime les siens. Il ne possède que quelques vaches. Ce qu’il a le comble. Il peut même trouver une place pour la mort en lui. La souffrance, c’est pour lui l’image du chagrin de sa fille devenant orpheline. On va alors à l’essentiel.

Tout n’était pas écrit. D’abord le tournage a été une aventure. Nous avons multiplié les déplacements. Cela signifiait parfois deux jours de 4×4 transportant 120 personnes.

Là aussi la simplification nous a aidés.Nous vivions comme tout le monde avec nos matelas et nos nattes dans des maisonnettes louées. Ce que nous faisions avait donc du sens pour chacun, les équipes, les acteurs professionnels ou non. Ce qui avait été écrit a pris d’autres formes.

Les acteurs se sont inspirés de leurs propres vies. Ils ont trouvé les mots les plus justes dans les différentes langues parlées dans le film, le bambara, la langue des Touareg, le français, l’anglais. Les mots doivent toujours s’inscrire dans une culture donnée.Cinématographiquement, également, c’était important que la parole tourne.

Ce que l’on veut transmettre passe par la circulation des choses. Je ne voulais pas créer un flot émotionnel qui emporte tout.Je pense à ce que Frantz Fanon écrivait de ces vérités « qui n’ont pas besoin d’être jetées à la face des hommes ». Comme lui je me méfie « des enthousiasmes » et partage ce désir de créer une « auto-combustion », un feu que l’on fait naître chez le spectateur pour qu’il reparte avec quelque chose en lui.

Entretien réalisé par 
Dominique Widemann
Mercredi, 10 Décembre, 2014
L'Humanité


TIMBUKTU - Bande-annonce [VOST|HD] [NoPopCorn] par NoPopCorn

07/02/2015

Et si les femmes étaient l’avenir de l’Indonésie ?

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Le nouveau président Jokowi entend développer l’archipel en s’attaquant à la pauvreté, qui touche 43 % de la population. Il marque des points auprès du mouvement féministe, qui l’encourage à s’appuyer sur les femmes, principales victimes de l’inégale répartition des richesses.

Djakarta (Indonésie), envoyée spéciale.Mina Kaci, L'Humanité

Et si le nouveau président misait sur les femmes pour sortir l’Indonésie, riche de 250 millions d’habitants, de la grande pauvreté? Élu en juillet et investi le 20 octobre dernier, Joko Widodo, dit Jokowi, semble parier sur elles. Ne vient-il pas de leur réserver huit places au sein du gouvernement? Huit sur trente-quatre, ce n’est certes pas la parité, mais avec les fauteuils stratégiques qu’elles occupent, le chef de l’État marque des points auprès des militantes féministes.

Ainsi, Susi Pudjiastuti, la ministre de la Mer et de la Pêche. Un poste clé dans ce pays composé de 17 508 îles. Le plus vaste archipel du monde. Une femme charismatique, Susi Pudjiastuti. Son franc-parler séduit la population. « J’ai arrêté le lycée et me suis mise à travailler à l’âge de dix-sept ans, raconte-t-elle, dans son bureau de ministre. Je vendais des dessus-de-lit, des vêtements. Et, en 1996, j’ai créé ma propre entreprise d’importation de poissons. »
 
Fille de commerçants, dont la mère avait fui à l’âge de douze ans un mariage forcé, l’autodidacte, cheveux libres de toute attache, évoque sans animosité la « controverse » qui a suivi sa nomination au gouvernement. Certains n’hésitent pas à relever son « manque d’instruction » ou son célibat, elle la maman de trois enfants. D’autres estiment qu’il ne « suffit pas de savoir vendre du poisson pour connaître les problèmes maritimes ». Toujours cette condescendance et ce sexisme dont sont victimes les femmes politiques, quel que soit leur pays.
 
Pendant de longues années, l’Indonésie a détourné son regard de la mer, se privant ainsi d’une richesse à portée de main. Le gouvernement envisage de mettre fin à ce gaspillage en construisant des autoroutes maritimes et des ponts.
Il entend aussi réglementer cette industrie afin de freiner la corruption qui sévit dans l’ensemble de la société, ravagée par cette gangrène institutionnalisée. « La mer est essentielle pour la population, souligne la ministre. Or nous avons beaucoup trop de problèmes avec la pêche illégale. Ce qui fait que les travailleurs vivent en dessous du seuil de pauvreté, on doit redresser tout cela. »
 
Cette loi sur la mer intéresse particulièrement les féministes. Lesquelles y trouvent un moyen d’améliorer les conditions de vie des ouvrières. Dans son bureau de sénatrice, la présidente du groupe Femmes au Parlement, Gusti Kanjeng Ratu Hemas, précise : « Elle protège les pêcheurs et le résultat de leur travail. Les femmes sont très concernées, elles sont majoritaires dans les usines de conditionnement et dans le commerce de la pêche. »
 
PRÈS DE LA MOITIÉ DES HABITANTS VIT AVEC MOINS DE 2 DOLLARS PAR JOUR
Environ 30 % des femmes sont salariées, souvent avec des « payes anormalement basses » par rapport aux hommes, souligne Yulia Supardmo, journaliste à KompasVT. Mais elles sont beaucoup plus nombreuses à travailler au noir.
 
À Djakarta, on les voit dans chaque coin et recoin des quartiers populaires vendre des fruits, des légumes, du poisson ou encore du tissu. Elles sont bien visibles dans cette ville à l’architecture chaotique, envahie par des véhicules qui peuvent rester coincés jusqu’à quatre heures dans les embouteillages quotidiens.
 
Surpeuplée, avec 28 millions d’habitants, Djakarta s’intoxique à l’oxyde de carbone. Les quartiers chics qui abritent les gratte-ciel et centres commerciaux aux grandes marques ne peuvent dissimuler la pauvreté dans laquelle se débat 43 % de la population, en dépit d’une croissance soutenue depuis plusieurs années. L’inégale répartition des richesses produites avait été au centre de la campagne électorale du candidat Jokowi.
 
Issu et se revendiquant du peuple, le désormais président confirme sa volonté de s’attaquer à la grande misère dans ce pays pourtant admis dans le G20. Près de la moitié des habitants vit avec moins de 2 dollars par jour. La grande majorité d’entre eux a un visage féminin.
 
Un espoir souffle sur l’Indonésie. Les militantes engagées contre les discriminations sexistes, inscrites dans le marbre républicain, applaudissent des deux mains la loi sur la mer. Mais elles incitent aussi le gouvernement à aller plus loin s’il veut relever son défide développer et démocratiser le pays.
 
L’archipel surfe sur des courants modernistes et conservateurs qui s’affrontent particulièrement sur les droits des femmes. « Il est pour nous prioritaire de relever à 18 ans l’âge du mariage pour les filles. Il est actuellement à 16 ans, voire 13 dans certains villages, et de 19 ans pour les garçons », explique Listyowati, présidente de l’association Kalyanamitra.
 
Le mariage précoce induit souvent la déscolarisation des adolescentes.
 
Celles-ci sont les premières à être retirées de l’école quand les familles ne peuvent plus payer les fournitures et les tenues scolaires. « L’éducation est pourtant la clé pour l’autonomie des femmes », soutient Listyowati. Jeune femme aux cheveux cachés sous un foulard islamique, elle se dit « confiante » dans le président Jokowi. Surtout avec l’instauration d’une vraie couverture de santé, ainsi que des moyens pour la scolarité des enfants et des allocations familiales pour les plus démunis.
 
La victoire de Jokowi symbolise la vraie rupture avec la dictature. Le nouveau président est le premier à n’avoir aucun lien avec les décennies du général Suharto, renversé à l’issue d’un mouvement populaire en 1998. Jokowi veut solder le passé militaire, sanglant, et poursuivre le processus démocratique.
Sans enthousiasme excessif, les militantes, associatives ou politiques, observent avec empathie le nouveau président.
 
Elles estiment « encourageante » la nomination de huit femmes au gouvernement. Outre la Mer et la Pêche, elles occupent le ministère des Affaires étrangères, celui des Entreprises publiques ou encore celui des Forêts et Environnement. Mais les militantes souhaitent un soutien plus affirmé dans leur lutte pour une juste représentation des femmes dans les lieux de décision, comme l’Assemblée nationale ou le Sénat. Si 26 % d’entre elles siègent dans cette dernière instance, elles ne sont que 17 % au sein de la première.
En Indonésie, le mouvement des femmes a une longue tradition de lutte. Parmi les victimes du massacre, en 1965, de 500000 personnes, dont une grande majorité de communistes, figuraient de nombreuses féministes.
 
Dans les années quatre-vingt-dix, le mouvement a fait pression pour obtenir un quota de 30 % de candidates aux élections législatives. Octroyé en 2003, il a ensuite été décrété non conforme à la Constitution. Aujourd’hui, le débat est relancé. « On veut créer un réseau au niveau national et local », explique la présidente du groupe Femmes au Parlement. « Nous allons inciter les partis à placer les femmes en position éligible », souligne-t-elle.
 
De son côté, l’association Kalyanamitra encourage les villageoises et les habitantes des quartiers populaires à prendre la parole et le pouvoir au sein des assemblées locales. Un travail d’éducation très difficile, selon les militantes. « Chez les musulmans, les femmes ne sont pas censées être dirigeantes. La société est foncièrement patriarcale. On pense qu’elles doivent être derrière leur époux. Il y a une mauvaise interprétation de l’islam », analyse Listyowati, dont l’association comporte autant de dirigeantes musulmanes que chrétiennes.
 
L’Indonésie est un pays aux traditions musulmanes singulières, dues en partie à l’expansion de l’islam par le biais du commerce et non par l’occupation ou la force. L’islam n’est pas la religion d’État, alors que 86 % de la population est de cette confession.
 
L’archipel reconnaît cinq autres religions et la société semble vivre respectueusement cette pluralité. Il reste que, depuis la chute du régime Suharto, la réislamisation avance par vagues successives.
 
Aujourd’hui, 75 % des musulmanes portent le hidjab. Ce qui n’empêche pas les militantes voilées de l’association Kalyanamitra de refuser l’instauration de la charia dans leur pays, de se battre contre la polygamie ou les mariages précoces.
 
Surtout, elles s’opposent fermement à ce que la loi islamique sévissant dans la province d’Aceh soit « importée dans les autres régions », explique la présidente. « Là-bas, dit-elle, il est interdit à une femme de se promener avec un homme qui ne soit pas son père, son frère ou son mari. On leur interdit de sortir seules la nuit. »
 
Djakarta, ville aux mille mosquées, redoute la montée de l’islamisme, et ses lois particulières en direction du sexe féminin. Des tests de virginité pour les lycéennes, ou ceux exigés pour entrer dans la police sont autant de ballons d’essai.
 
Dans ce climat, les militantes de Kalyanamitra préfèrent cacher leur identité féministe tout en avançant leurs revendications. « Comme je porte le voile, je suis plus facilement acceptée et je peux aisément parler des droits des femmes », explique Listyowati.
 
Le président Jokowi est confronté à un second défi: maintenir son pays loin des groupes radicaux. Il peut compter sur une société majoritairement attachée au principe de séparation du politique et du religieux, sans que la République indonésienne ne soit un État laïque. Les électeurs au scrutin présidentiel ont d’ailleurs rejeté Prabowo Subianto, le candidat rival de Jokowi, qui prône un conservatisme religieux. L’archipel en pleine mutation vit un équilibre fragile.
 

13:04 Publié dans Connaissances, International, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : indonésie, femmes | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!