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24/10/2016

Chahla Chafiq : « Les intégristes sont obsédés par le corps des femmes »

Entretien réalisé par Mina Kaci, L'Humanité

chala.jpgChahla Chafiq, sociologue, interroge l’islamisme sous l’angle du rapport entre le religieux, le politique, le sexe et le genre. Dès qu’une femme se voile, dit-elle, ce geste banalise un signe sexuel et symbolise une féminité soumise au regard de l’homme. La condition des femmes questionne radicalement le système social et politique, défend-elle.

Quelle est la signification du voile islamique ?

Chahla Chafiq La philosophie du voile, qui existe en islam comme dans le judaïsme et le christianisme, consiste à dérober les femmes aux regards illicites des hommes. Une analyse approfondie démontre qu’il est révélateur de la situation sociale et politique de la société concernée. Dès l’instant où la religion quitte le domaine de la spiritualité pour devenir la loi qui gère la vie collective et individuelle, la foi entre dans un processus d’idéologisation. Le voile devient la bannière du projet politique islamiste. Opérée depuis les années 1970 dans de nombreux pays, la réislamisation idéologique est systématiquement liée au développement des islamistes. C’est le cas de l’Égypte, l’Iran, l’Algérie, la Tunisie ou encore du Maroc. À partir du vide politique créé par la dictature et la défaite des mouvements humanistes, l’islam politique propose son idéologie comme une offre alternative. Pour infléchir les lois et règles sécularisées, puis installer sa société islamique idéale, il passe, soit par la voie des armes, soit par celle des urnes.

Quel lien peut-il y avoir entre le développement du voile et la situation sociale et politique d’un pays ?

Chahla Chafiq Ne faut-il pas d’abord se demander pourquoi l’imposition sacrée du voile ne concerne que les femmes ? Avec cette question, on entre dans la dimension sexuée du sujet. Quand l’islam devient charia, il préconise une séparation sexuée. C’est flagrant dans le Code islamique de la famille qui renforce la hiérarchisation des droits et des devoirs. L’homme, père, mari, étant le chef, la femme, aimée en tant que fille, épouse et mère, se doit de lui obéir sous prétexte de l’intérêt de la famille. C’est d’ailleurs le cas de l’ensemble des lois religieuses. Elles épousent toutes le système patriarcal qui convient parfaitement à l’autoritarisme. C’est pourquoi, dans certains pays, en dépit de constitutions prônant l’égalité, le principe est bafoué dès qu’il s’agit de la famille. Voté en 1984 en Algérie, le Code de la famille a été négocié avec les islamistes. Le gouvernement a intégré les éléments idéologico-religieux dans le Code de la famille pour préserver son propre régime. L’inclusion de l’identité religieuse dans l’identité nationale a toujours aidé les pouvoirs autoritaires à refuser les droits démocratiques des peuples. Les dictatures ont joué avec les islamistes et avec la religion. Un jeu à double tranchant puisqu’il a permis aux islamistes de se développer jusqu’à leur prendre le pouvoir.

Pourquoi le voile est-il l’emblème du projet politique des islamistes ?

Chahla Chafiq Ils le propagent comme un repère identitaire et le proposent soi-disant pour le respect de la dignité des femmes. Protégées et aimées, elles sont, selon eux, complémentaires des hommes. L’égalité est rejetée, car supposée « occidentale » et non conforme à la « culture musulmane », alors que ce principe est universel et universalisable. Les islamistes confondent sciemment liberté sexuelle, prostitution et pornographie. Ils vantent leur conception de la famille comme garante de la sécurité des femmes, à condition qu’elles se soumettent aux normes et lois dictées au nom de Dieu. Cette perspective peut faire sens auprès des musulmans en quête de repères dans un monde en crise. Les islamistes réhabilitent les valeurs sexistes et sexuelles pour leur offrir un cadre identitaire « sécurisant » et « valorisant ». Cette offre idéologique peut prospérer là où le vide social, culturel et politique se creuse, dans un pays dit islamique mais aussi au-delà, comme en France.

Le voile islamique n’est donc pas qu’un simple vêtement ?

Chahla Chafiq Diverses raisons peuvent expliquer qu’une femme se voile. Mais ce geste banalise un signe sexuel et symbolise une féminité soumise au regard de l’homme. Le corps des femmes est ainsi marqué, comme objet de la convoitise sexuelle. Cela va avec la diabolisation de la libération des femmes, présentée dans la propagande islamiste comme source de dépravation des mœurs et de dislocation des familles. L’islamisme labélise la libération des femmes comme le fruit de l’« Occident impie » et transforme le voile en un rempart contre ses prétendus dangers.

De nombreuses femmes le portent par choix…

Chahla Chafiq La question est bien évidemment différente selon qu’on le porte par choix ou par contrainte. Derrière chaque voile, on ne trouve pas une femme islamiste. Mais le dialogue ne doit pas s’arrêter à la question du choix. Au contraire, il doit continuer en explorant la trajectoire de la personne concernée, l’ambiance dans laquelle elle vit et l’évolution sociale et politique de son environnement. Certains sociologues et intellectuels estiment que le libre choix clôt le sujet. Or, le choix du voile n’est pas équivalent au choix d’un rouge à lèvres. On impose aux femmes, au nom du dieu, un rapport sexiste avec leur propre corps. Celui-ci devient un lieu de péché et de tentation. Dans le même mouvement, les hommes apparaissent comme porteurs d’une virilité non maîtrisable. Tout cela conduit à bannir la mixité comme dangereuse. Les rapports de sexe s’en trouvent aussi diabolisés. Quelles en sont les conséquences en termes d’égalité de sexe et de liberté des femmes ? C’est à cette interrogation que l’on doit répondre.

Pourquoi les islamistes s’intéressent-ils tant au corps des femmes ?

Chahla Chafiq La double image de la femme, celle de la putain et de la mère, persiste dans la culture patriarcale de manière générale. La mère est aimée, protégée dans le cadre familial. La femme libre est identifiée à la putain et la liberté sexuelle est confondue avec la prostitution. Le fait qu’une femme maîtrise son corps a été mal vu dans toutes les cultures patriarcales. Les islamistes propagent cette confusion pour imposer leur ordre régressif dans lequel chacun et chacune a une place prédéterminée par le Tout-Puissant. Ce qui permet d’instaurer un ordre total et totalitaire au nom du divin. La hiérarchisation des sexes offre à l’islamisme la colonne vertébrale d’un ordre fondé sur l’obéissance.

Tous les intégrismes religieux adoptent la même attitude envers le corps des femmes, non ?

Chahla Chafiq Effectivement. Nous retrouvons cette ligne chez tous les extrémistes religieux. Ce fameux « ordre moral » est au centre des projets des mouvements néoconservateurs qui s’appuient sur l’idéologisation religieuse. Le sexisme et l’homophobie sont les éléments fondateurs de leurs idéologies. Leur rejet de la liberté des femmes, des droits des homosexuels s’explique par le désordre que créent ces acquis au regard de l’ordre régressif qu’ils veulent instaurer. Tous diabolisent le corps des femmes et leur refusent la liberté sexuelle. Nous assistons par exemple à une contre-offensive sur le droit à l’avortement dans divers pays. La France a eu une histoire tumultueuse avec l’Église, qui a abouti à la laïcité. Celle-ci a soutenu la possibilité de revendiquer des droits égaux dans la famille. Et beaucoup de catholiques, des deux sexes, en ont été soulagés. Quant aux intégristes juifs, on retrouve chez eux le même refus obsessionnel de la mixité hommes-femmes. On se souvient du scandale provoqué, en Israël, par la revendication de séparer les femmes et les hommes dans les bus.

Pourquoi les islamistes ne parlent plus de peuple, mais d’oumma, cette communauté des croyants ?

Chahla Chafiq Ils ont idéologisé certains concepts religieux, comme celui de l’oumma, qui devient une communauté homogène devant remplacer la notion de « peuple ». C’est une des bases de leur stratégie pour instaurer un régime politique islamiste. Dans ce modèle, le pouvoir affirme sa force au nom de l’autorité divine et soumet les membres de la communauté à un ordre venant de l’au-delà. Dans la citoyenneté démocratique, le peuple est perçu comme une assemblée d’individus libres et égaux, alors que l’oumma islamiste est conçue comme une communauté unie socialement et politiquement par et dans l’islam. Les islamistes s’autoproclament représentants de Dieu sur terre.

Les femmes sont-elles l’avenir de cette oumma ?

Chahla Chafiq Non, elles n’en sont pas l’avenir, mais les gardiennes. Toutes les cultures patriarcales comptent sur les femmes pour perpétuer les traditions au sein du foyer. Ce sont elles qui éduquent les enfants. C’est une immense responsabilité puisque la famille est la cellule de base de l’oumma. C’est commun à l’ensemble des intégristes, la preuve avec la Manif pour tous, où, d’ailleurs, tous y défilent la main dans la main, sans complexe.

Y a-t-il un renouvellement du discours islamiste à l’égard des femmes ?

Chahla Chafiq L’islamisme a en face de lui des femmes qui ont gagné leurs droits à faire des études ou à travailler. Certains courants de l’islamisme (qui est une idéologie pluritendance allant des libéraux aux radicaux) prennent en considération ce mouvement irréversible. Pour ces derniers, le port du voile ne rime pas forcément avec l’enfermement des femmes dans l’espace domestique ni avec leur exclusion des espaces publics et de la société, du savoir et du travail. Dans leurs propagandes, ils mettent en avant l’image d’une collectivité qui met les hommes et les femmes à l’abri des tentations malsaines pour qu’ils puissent agir conjointement en vue de construire une famille et une société selon les normes et lois islamiques. Dans cette optique, la propagande pour le voile se fait plutôt en le présentant, d’une part, comme un rempart contre le désordre sexuel et moral, et d’autre part, comme un moyen de restituer la dignité des femmes en les sortant de la position d’objet sexuel. Le voile devient aussi une condition licite d’accès des femmes musulmanes à l’espace public. D’où les inventions comme le burkini. Comme le disent Tariq Ramadan et ses adeptes : « Le voile est le passeport des femmes musulmanes pour devenir citoyennes. » Mais pourquoi devraient-elles se munir d’un passeport pour accéder à l’espace citoyen ? La réalité est que les femmes ont acquis des droits, et les islamistes essaient d’adapter leur stratégie à cette évolution majeure, ils veulent canaliser leur force dans le sens de leur projet.

Pourquoi le combat pour la liberté des femmes est-il si difficile ?

Chahla Chafiq Les féministes savent que l’émancipation ne peut se réaliser sans l’articulation de l’égalité des droits et de la liberté. Elles savent que sans cela les réformes obtenues se heurtent à des pesanteurs sociales et culturelles, car l’histoire des femmes est sujette à l’histoire des mentalités. La loi doit changer mais les mentalités aussi pour entrevoir l’émancipation. Le droit à l’avortement, par exemple, ne peut être vraiment acquis qu’accompagné d’une éducation conséquente sur l’égalité des sexes et sur les droits sexuels. La liberté individuelle est indispensable à l’avancée de cette éducation, d’autant qu’elle touche à des questions intimes, tels que le corps, la sexualité, l’érotisme et l’amour. Comment travailler sur ces sujets sans reconnaître la liberté comme une valeur commune ? La condition des femmes est en lien dialectique avec cette liberté, et celle-ci interroge le modèle social. Le changement de la condition des femmes questionne radicalement le système social et politique.

Auteure, sociologue et spécialiste du monde musulman

Chahla Chafiq est l’auteure d’un premier roman, Demande au Miroir, sorti en 2015 aux éditions l’Age d’homme (19 euros). Docteure en sociologie, elle a publié plusieurs essais sur l’islamisme aux Éditions du Félin et aux Presses universitaires de France (PUF), entre 1991 et 2011. Son dernier essai, Islam politique, sexe et genre (2016, PUF, 24,50 euros), a reçu le prix le Monde de la recherche universitaire. Exilée politique iranienne, elle vit en France depuis 1982. Elle figure parmi les rares spécialistes du monde dit musulman qui décortiquent l’histoire longue de l’islamisme en en montrant les contradictions.

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16:37 Publié dans Connaissances, Entretiens, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chahla, intégristes, femmes | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

21/09/2016

Aïcha Ech-Chenna, celle qui a permis de légaliser l’avortement au Maroc

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Publié dans Elle

Aïcha Ech-Chenna soutient depuis trente ans les filles mères du Maroc. Il y a quelques mois, elle a contribué à convaincre le roi de légaliser l’ avortement sous conditions. Retour sur un engagement courageux.

Ce mardi de printemps est un jour de chance pour Aïcha Ech-Chenna. Elle a croisé dans un supermarché de Casablanca une inconnue qui lui a remis 100 euros. Comme ça, juste pour dire merci. Et pour l’aider dans son long combat en faveur de celles qui incarnent la honte absolue au Maroc : les mères célibataires. Puis, à peine arrive-t-elle dans la villa de son association, Solidarité féminine, qu’elle s’étonne de voir défiler des hommes chargés de colis. Ils tapissent les murs de son bureau de cartons étiquetés : jouets, vêtements, couches... Ses yeux noirs cerclés de gris sourient. Les bienfaitrices, deux jolies trentenaires qui ont collecté ces dons via un groupe sur Facebook, lui tombent dans les bras. L’une d’elles, Ihssane Benbel, présente le journal télévisé du soir en français de la chaîne 2M. « Elle est un exemple pour beaucoup de femmes, commente la journaliste, séduite. Elle a réussi à imposer le respect dû aux mères célibataires et a été une des premières à casser le tabou sur l’avortement. On l’appelle la Mère Courage. »

Avec son allure de grand-mère gâteau et ses blouses fleuries, Aïcha Ech-Chenna ne ressemble pas à une féministe au poing levé. Il ne faut pas s’y tromper. Elle est au Maroc une des plus ardentes militantes pour le droit des femmes. Reconnue dans la rue, soutenue par ses concitoyens, appréciée des médias, elle devient de plus en plus populaire. A 73 ans, elle savoure ce succès. Elle n’a pas oublié qu’en 2000, après avoir parlé de sujets tabous (l’inceste, les mères célibataires) sur la chaîne Al Jazeera, une fatwa avait été émise contre elle. Les marques de reconnaissance lui sont d’autant plus chères : l’Opus Prize (prestigieux prix humanitaire) aux Etats-Unis en 2009, le titre de chevalier de la Légion d’honneur en France en 2013, et le 12 mai, à Washington, un prix de la Banque mondiale… « Elle mérite le Nobel de la paix », a même déclaré le Nobel de littérature J.M.G. Le Clézio, en septembre, dans une interview au « Monde ». Depuis peu, l’actualité accroît encore sa notoriété. En mars, le roi Mohammed VI a demandé au gouvernement de revoir l’interdiction de l’avortement.

Le Maroc autorise l’avortement dans les cas de viol, d’inceste, et de graves malformations du fœtus

Au Maroc, une femme qui interrompt volontairement sa grossesse encourt une peine de six mois à deux ans de prison. Opposée à cette loi, Aïcha Ech-Chenna a longtemps prêché dans le désert. Désormais consultée officiellement, elle a appelé à la légalisation de l’avortement dans les cas extrêmes (viol, malformations). Des religieux lui reprochent « de toucher à la vie ». D’autres la jugent « trop prudente », comme le médecin Chafik Chraïbi. Gynécologue à Rabat, il est à l’origine de l’actuel débat après avoir participé à un reportage de France 2 sur les avortements clandestins. « Les cas dont parle Aïcha Ech-Chenna ne représentent que 5 à 10 % des grossesses non désirées, nous explique-t-il. Cela ne réglera pas le problème des 600 à 800 avortements clandestins quotidiens. Mais je la comprends, elle connaît la réalité marocaine. » Le roi a tranché. Il a demandé le 15 mai que le Maroc autorise l’avortement dans les cas de viol, d’inceste, et de graves malformations du fœtus. Une législation timide, qui ravit la militante : « C’est une première étape ! »

Aussi déterminée que bavarde, Aïcha Ech-Chenna est intarissable quand elle raconte son combat. La fondatrice de Solidarité féminine s’identifie aisément aux femmes en détresse. Elle aussi a vécu des années chaotiques. Son père, chef de chantier à Marrakech, meurt de la tuberculose quand elle a 3 ans, puis c’est au tour de sa sœur de 18 mois. Elle se retrouve seule avec sa mère, qui se remarie avec un notable.

Elle a 12 ans quand son beau-père – pourtant « très gentil » – lui demande de porter un voile couvrant son visage et d’abandonner l’école pour la couture. Sa mère se rebelle contre le diktat masculin.

Elle envoie sa fille seule en bus chez sa tante près de Casablanca. La petite Aïcha ira à l’école française. Mais, à 16 ans, à la suite de problèmes familiaux, elle doit prendre sa mère en charge et travailler pour la faire vivre. « La peur de se retrouver à la rue, je connais », commente-t-elle. Elle obtient un diplôme d’infirmière. Tandis qu’elle parle de ses multiples postes, elle regarde sa montre. Il est 13 heures, elle n’en est qu’aux années 70. La matinée est trop courte pour sa vie. Elle poursuit autour d’un rfissa, plat de fête à base de galettes, de lentilles et de poulet, cuisiné par de jeunes mères de l’association.

500 femmes par an aidées

A 40 ans, elle décide brutalement de se consacrer aux mères répudiées. C’est un soir de 1981. Après la naissance de son quatrième enfant, elle vient de reprendre son travail d’éducatrice sanitaire et sociale. Dans le bureau de sa collègue assistante sociale, une jeune femme contrainte d’abandonner son bébé donne le sein. « Au moment où l’assistante sociale lui demande de poser son empreinte sur l’acte d’abandon, la mère retire son sein d’un geste rageur, se souvient Aïcha. Le nourrisson crie, le lait asperge son visage. Une voiture le conduira à la maison des enfants abandonnés.

Je n’en dors pas de la nuit, j’y pense en allaitant mon bébé. Je décide de réagir. » Elle découvre les endroits insalubres où sont relégués les enfants nés hors mariage, appelés « ould el haram » (bâtards). « Ils y meurent par paquets », soupire-t-elle. Avec l’appui d’une sœur française, elle crée une garderie pour permettre aux mères célibataires de garder leur bébé, puis, en 1985, elle fonde Solidarité féminine avec une priorité : rendre les femmes autonomes. Elles ont trois ans pour suivre une formation à des métiers tels que la restauration, la coiffure, les soins esthétiques. Les enfants grandissent en crèche, sur place. Aujourd’hui, l’association accueille une trentaine de femmes et compte 35 salariés ou vacataires, sur trois lieux de formation : deux restaurants et un hammam, ouverts au public. Solidarité féminine aide aussi, par téléphone, 500 femmes par an, souvent pour des questions juridiques.

Cette structure a changé la vie de Saadia, 39 ans. Elle a été placée par ses parents à 4 ans comme « petite bonne » dans des familles. Elle a été maltraitée, ses bras sont couverts de cicatrices. A 27 ans, elle est tombée enceinte d’un homme qui n’a pas daigné l’épouser. Orientée vers l’association, elle y a appris à lire et à faire la cuisine. Aujourd’hui, Saadia élève son fils de 11 ans. Elle tient un kiosque épicerie à Casablanca et emploie une femme pour l’aider. La petite bonne est devenue patronne. « Mme Ech-Chenna m’a appris à ne plus me laisser piétiner, explique-t-elle. Elle m’a rendu ma fierté. » Ce n’était pas gagné.

En 2000, sa tête était mise à prix

La morale séculaire assimile les mères célibataires à des prostituées. « Elle m’a aidée à accepter ma situation et à ne pas abandonner mon fils », renchérit Karima, 24 ans, après sa journée de formation. « Elle m’a appris à ne plus avoir honte », sourit Amal, ex-étudiante de 23 ans, qui craint tout de même de révéler à son frère qu’elle a une petite fille. Le seul homme de sa famille n’a pourtant que 14 ans… Malgré le sourire de ces femmes, Aïcha Ech Chenna pense souvent tout arrêter. Elle souffre des critiques, traverse des dépressions – des « burn-out », dirait-on aujourd’hui –, un cancer en 2007.

A chaque fois, elle se relève. Elle, qui s’est toujours gardée de faire de la politique dans cette monarchie autoritaire, semble désormais avoir le soutien du roi. En 2000, alors que sa tête était mise à prix, celui-ci l’a appelée. « Il m’a donné sa bénédiction », confie-t-elle. Ses problèmes de budget aussi se résolvent. Elle a signé en février un partenariat avec la fondation de la Société marocaine des tabacs. Elle va pouvoir accueillir dix mères supplémentaires. D’autres entreprises pourraient se joindre au projet. Madame la présidente est ravie. « C’est un mauvais tour que je joue aux esprits chagrins et aux extrémistes, lance-t-elle, l’air espiègle. Je passe le virus. » Mère Courage n’abandonne jamais.

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15/08/2016

LETTRE D'ALGERIE A UN FRANCAIS MOYEN !

alger-alger-algerie-algiers.jpg

Cher Monsieur,

" La liberté de chacun s'arrête là où commence celle de l'autre...
Ici on est en France et nous vivons dans un pays libre et non dicté par une religion rétrograde.
Il y a suffisamment de pays où le voile ne pose aucun problème culturel, alors n'hésitez pas, retournez-y. "

Bonjour Monsieur Jean-Paul M. Permettez-moi de vous remercier pour votre suggestion.

Quant à moi, je vis paisiblement dans mon pays que vous connaissez bien : l'Algérie. Je vous assure que les gens sont libres de s'habiller comme ils le veulent. Nous avons des citoyens assez conservateurs mais également des jeunes qui suivent les différentes modes sans aucun complexe. Le problème actuel qui se pose réellement en France, n'est ni un problème culturel, ni un problème de choix d'un mode de vie particulier.

La France est une grande nation qui se caractérise par ce côté universel. Elle a rayonné sur le monde par ses idées, par son savoir-faire, par son avancée scientifique et technologique, par la convergence des différents styles d'art .... Elle a dans, sa grandeur, accueille tous les persécutés politiques, défendant les Droits de l'Homme et le Droit des Nations à disposer de leur autodétermination. La France, au cours des millénaires de son Histoire, a su faire coexister les blancs, les noirs, les chrétiens, les juifs, les musulmans, les athées....en son sein et qui se sont toujours mobilisés contre le fascisme, le nazisme et surtout contre l'injustice et le mépris de la dignité humaine.

Vous devez Cher Monsieur, être fier de ce grand héritage et continuer à le défendre contre toute démagogie et surenchère politicienne. Cette surmédiatisation des faits éphémères est un véritable leurre pour diversion et éviter de se pencher sur les véritables problèmes du peuple de France et le laisser courir derrière des lièvres sans but réel.

Ces questions stupides sont sans aucun intérêt pour les citoyens français, d'origines diverses. Le véritable problème est le chômage avec son corollaire l’atteinte à la dignité humaine : des mères de familles obligées de voler des aliments de première nécessité pour nourrir leurs enfants, des SDF abandonnés dans les rues sans aucune assistance...

Ah! si l'Abbé Pierre était encore parmi nous, il vous expliquerait mieux que moi la situation " pas possible " de nos frères oubliés dans les difficultés matérielles sans aucune aide! Ce sont ces fléaux qui rongent , tel un cancer, la France et non un voile ou tout autre tenue vestimentaire....Ce sont des futilités qui ne méritent aucune attention pour le citoyen responsable. Elles sont les créneaux du Front National, des racistes, des antisémites, des politiciens véreux .......

farouk.jpgDe l'Algérie, je vous prie de bien vouloir daigner accepter mes chaleureuses salutations. Bonne journée Monsieur Jean-Paul M.

Docteur Farouk Hamza
TIZI-OUZOU

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11:34 Publié dans International, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : algérie, français, farouk hamza | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

27/07/2016

Roland Gori: «Face à la terreur, le défi est de donner des raisons d’espérer, de penser l’avenir»

Roland Gori, attentats, analyse

Entretien réalisé par Pierre Chaillan, Mercredi, 27 Juillet, 2016, L'Humanité

Le psychanalyste, initiateur de l’Appel des appels, souligne le besoin de rassurer face à cette tentative massive de déstabilisation par la « fabrique de la terreur », au travers de notre vie ordinaire par de nouveaux « théofascismes ». S’il faut prendre les mesures de protection et de vigilance, il insiste sur la nécessité de soigner la maladie, la guerre néolibérale du tous contre tous, et pas seulement de traiter le symptôme aussi horrible.

Après Nice et le 14 Juillet, les attaques dans les transports et dans un festival de musique en Allemagne, c’est maintenant l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, comment réagissez-vous à ces deux dernières semaines de l’horreur ?

ROLAND GORI Mon sentiment est d’abord de la tristesse et de la sidération. Sans pour autant être étonné. Je suis triste car l’idée de personnes égorgées dans un moment de recueillement, d’espoir et de promesse est horrible et effrayant. Sidéré car c’est un choc. Il y a quelque chose qui rend les mots et tout ce que l’on peut dire bien en dessous de l’émotion que cela provoque.

Mais je ne suis pas étonné et je l’ai déjà dit et écrit. Cette forme de djihadisme, qui est finalement une guerre extrême à l’Occident en général, et à l’Europe en particulier, considérée comme le ventre mou, fait partie d’une stratégie théorisée par Abou Moussab Al Souri. Fin 2004, il a appelé à une sorte de révolution mondiale islamiste de toutes les populations musulmanes contre les autres populations. C’est un appel à la guerre civile porté au niveau mondial.

C’est une nouvelle stratégie à utiliser les autochtones pour frapper et à renverser les gouvernements libéraux en Europe ou plus tyranniques ailleurs, voire même ceux d’autres orientations musulmanes, que ce soient les chiites ou les Frères musulmans par exemple. Cette stratégie est mise en œuvre depuis plus de dix ans avec un certain nombre de succès dans la fabrique de la terreur.

En quoi consiste cette fabrique de la terreur ?

ROLAND GORI C’est le défi lancé à tous les gouvernements autour de la planète. C’est la fabrique de la terreur qui surgit de l’ordinaire, ce que le procureur Molins appelait le « terrorisme de proximité ». Je parlerais plutôt d’une espèce d’« ubérisation » des techniques de destruction, d’anéantissement et de terreur. N’importe qui peut se saisir de n’importe quel objet pouvant se transformer en arme de guerre.

L’horreur peut surgir de n’importe quel point de la planète et n’importe quelle séquence de l’existence. La promenade des Anglais durant le feu d’artifice, les terrasses de café, les concerts, une église, etc. N’importe quel lieu dans sa banalité peut devenir scène de tragédie. C’est une manière de déstabiliser à la fois les citoyens et ceux qui les gouvernent. Vous allez sécuriser les synagogues, les églises, les mosquées, les lieux scolaires, les hôpitaux…

Au final, on va tout sécuriser ! Et en même temps, rien ne peut l’être totalement puisque l’horreur peut surgir de n’importe quel point de la vie quotidienne. C’est cela la terreur ! La terreur n’est pas la même chose qu’une peur qui a un objet et qui mobilise une préparation pour y répondre. Quand on prend sa voiture, on peut avoir une disposition psychique de vigilance et de préparation à affronter un danger plus ou moins grand.

Mais, là, ce qui est déstabilisant, c’est l’émergence d’une menace à n’importe quel moment du jour ou de la nuit, n’importe où, par n’importe qui et avec n’importe quoi. Il faut bien prendre toute la mesure que c’est un défi politique en général, lancé à la démocratie en particulier. Le défi lancé à une société de la marchandise et du spectacle.

Ces attentats nous pousseraient dans un agenda que nous ne contrôlons plus ?

ROLAND GORI On voit bien comment les médias et les politiques sont pris par une stratégie de l’émotion et de la réaction immédiate. On peut se demander jusqu’à quel point on ne tombe pas dans le piège tendu par Daech. Le président de la République, le premier ministre et le ministre de l’Intérieur doivent-ils tous se rendre sur la scène des tragédies ? Je n’ai pas de réponse toute faite, mais nous devons bien penser, réfléchir aux ripostes politiques à apporter à une situation de crise absolument tragique.

Cette Star Academy de l’horreur est le moyen pour un certain nombre d’individus d’obtenir une reconnaissance sociale qu’ils n’avaient pas par ailleurs. Nous sommes confrontés à une logique d’information calquée sur celle du marché : l’Audimat. Il faudra prendre la peine d’y réfléchir et de savoir si c’est toujours la bonne mesure de faire de la publicité au meurtrier.

Dans ces meurtres de masse, la religion est convoquée par ces groupes terroristes, comment comprendre cette instrumentalisation ?

ROLAND GORI Dans mon livre l’Individu ingouvernable (1), j’ai appelé des « théofascismes » ces groupes terroristes qui veulent accomplir une révolution conservatrice internationale par une minorité agissante et sanglante que rien n’arrête. Ils n’ont aucune morale, ni aucune sensibilité. Au contraire, ils font l’éloge de la cruauté et de sa mise en spectacle. On a déjà connu cela. Cela s’appelait le fascisme. Quand je parle de « théofascismes », je ne fais pas appel à des formes particulières d’embrigadement mais je fais référence à ces mouvements révolutionnaires conservateurs qui apparaissent dans le « clair-obscur » d’une crise de civilisation, celle de la démocratie libérale.

Face à une civilisation matérialiste qui se réclame des valeurs du commerce, de la finance, de la technique, de la raison pratique, tous les laissés-pour-compte de la planète cherchent des alternatives et ce, d’autant plus que les alternatives progressistes que pouvaient représenter le communisme, le socialisme, l’humanisme ont beaucoup de peine à se faire plébisciter par les peuples. On ne peut pas définir un profil type. Il n’y a pas que des populations opprimées qui vont dans les bras de Daech, pas que des jeunes de banlieue.

Il y a aussi des convertis issus de la jeunesse de la classe moyenne ! Par contre, on peut définir les conditions d’émergence de ce type de mouvements qui pour moi rappellent étrangement les mouvements nationalistes, antisémites, populistes de la fin du XIXe siècle et les partis qui se sont constitués dans l’entre-deux-guerres. Comparaison n’est pas raison. C’est une analogie. Dans les trois cas des crimes fascistes ou nazis, des pogroms antisémites ou des crimes de ces sectes sanguinaires, il y a quelque chose de commun : ce sont des crises des valeurs et pratiques libérales.

Je ne crois pas que le ressort soit la religion. L’habillage religieux, la rhétorique jettent un sens, donnent une direction à des meurtres de masse qui sont déterminés par bien d’autres choses que le religieux voire l’idéologique. De la même façon que le nationalisme n’est pas forcément l’amour de la nation et de la patrie, le djihadisme n’est aujourd’hui pas forcément l’amour de l’islam.

La question qui se pose aujoud'hui, à ceux qui y croient et à ceux qui n’y croient pas, est de trouver ensemble une réponse progressiste et humaniste à cette terreur... Mais, comment faire ?

ROLAND GORI Nous sommes allés tellement loin dans le désenchantement du monde et dans la désacralisation de l’univers et des objets et êtres vivants qui nous entourent, que nous sommes maintenant face à la nudité d’une raison purement instrumentale. Le terrorisme tombe d’ailleurs lui aussi dans cette rationalité instrumentale puisqu’il fait feu de tout bois et ramasse tout pour nourrir son combustible de la terreur. Ils appartiennent bien à la même civilisation, notamment dans une certaine lucidité féroce dans la conception du monde actuel.

Cette perte de sens de l’existence, de direction et de valeurs. Cette perte de morale et d’intelligence critique du monde est quand même ce qui nourrit aussi bien la guerre de tous contre tous sur le marché de la compétitivité et de la flexibilité, qui démolit les protections et qui favorise l’émergence de révolution conservatrice, qui en définitive fait partie de la même niche culturelle que la montée des extrêmes droites, des racismes, des nationalismes, etc. Nous avons perdu des raisons d’espérer. Or il faut redonner à la jeunesse des motifs d’espérer qui ne peuvent reposer que sur une promesse et une confiance. De ce point de vue, le politique est en panne.

À mon avis, il y a la nécessité de réinventer la démocratie par l’humanisme, c’est-à-dire par la promotion de valeurs qui placent l’humain au centre des manières de gouverner. Montesquieu avait dit que le propre des dictatures et des tyrannies, c’est le gouvernement par la terreur. Le danger aujourd’hui est que les démocraties multiplient les mesures sécuritaires et en arrivent à perdre leur âme de liberté et de confiance. Après le pacte de stabilité, nous avons eu le pacte de sécurité. Je proposerai aujourd’hui le pacte d’humanité. La vision néolibérale de l’humain, la logique d’austérité, la financiarisation généralisée des activités humaines ont fabriqué ces monstres de Daech, du Front national et des extrêmes droites et racismes en Europe. Il faut tirer un trait sur le néolibéralisme, il faut établir son acte de décès. Il a accru les inégalités sociales, les divisions.

Quelles réponses peut-on apporter à ce défi ?

ROLAND GORI Il n’y a pas de réponses uniques. Il faut évidemment rassurer les populations devant le caractère de plus en plus sanglant. Le familier devient de plus en plus menaçant. Cette perte de stabilité intérieure peut conduire à la pire des catastrophes et à des réactions terribles de type raciste ou à des stratégies autoritaires. En même temps, on ne peut pas sous-estimer le besoin de protection, de sécurité, des populations.

Ces mesures de vigilance sont insuffisantes. Elles traitent le symptôme mais ne traitent pas la maladie. Je le redis, c’est dans le clair-obscur de la crise du néolibéralisme que sont nés ces monstres. Il faut considérer que la sécurité c’est aussi ce que peut apporter notre environnement social, culturel, symbolique, matériel. Prenons un exemple. Je trouve terrible que l’état d’urgence ait été prolongé au même moment que passait quasiment sans réactions la loi El Khomri avec le 49-3. Avec cette loi, on a divisé, on a produit un dissensus dans l’opinion publique, on a créé un fossé entre le gouvernement et l’opinion publique.

C’est une mesure d’insécurité. La sécurité, c’est aussi la protection sociale, la santé, l’éducation, la culture, la justice, etc. Quand j’entends l’opposition prôner le renforcement des mesures sécuritaires alors qu’ils ont diminué les effectifs de la fonction publique, je trouve qu’il y a quelque chose d’obscène. Cela fait partie justement de la société du spectacle, qui discrédite complètement la parole politique. De ce point de vue, il faut que le politique réhabilite sa parole. Cela passe par prendre des décisions, ce n’est pas de confier sa décision à des indicateurs quantitatifs de performance économique et financière ou de sondage d’opinions. Réhabiliter sa parole c’est avoir la capacité de prononcer une parole vraie, authentique, ce n’est pas simplement faire une déclaration à responsabilité limitée aux chaînes de télévision.

Donner des raisons d’espérer, de penser l’avenir. « Vivre sans avenir, disait Camus, c’est vivre comme des chiens contre les murs. » Il faut rétablir « le langage de l’humanité ». Pour reprendre en le paraphrasant encore l’écrivain qui parlait de cette « éternelle confiance qui fait penser à un humain qu’il peut tirer d’un autre humain des relations d’humanité » à partir du moment où on lui parle « un langage d’humanité ». La culture a une grande importance, l’art et tout ce que l’on peut considérer comme religion laïque, au sens de relier les hommes entre eux.

Quand ils ne sont pas reliés entre eux, ils sont dans un désert. Ils se retrouvent esseulés, désespérés, prêts à se jeter dans les bras de n’importe qui pour y trouver une identification. Être ensemble cela veut dire que l’on ne risque rien. On peut toujours rencontrer un fou qui vous tire dessus, un fanatique soi-disant religieux qui se fait exploser, mais la présence de l’autre nous rassure sur la manière d’être au monde. De ce point de vue, il y a vraiment toute la copie à revoir dans la manière de gouverner les humains.

En Europe, nous avons la nécessité d’opérer ce que Stefan Zweig appelait « une désintoxication », de repenser l’Europe, non plus à partir d’un dispositif pour faire des affaires, mais en étant un lieu d’histoire, de culture partagée et de construire une « fraternité européenne », comme disait Victor Hugo en 1848. Seule une fraternité européenne pourra faire face au défi de la modernité.

D’aucuns ressortent le « choc des civilisations » et voudraient nous embarquer dans une guerre de religion ?

ROLAND GORI Je voudrais rappeler cette phrase extraordinaire de Sébastien Castellion que cite Zweig, ce protestant qui s’est opposé à Calvin à la suite du meurtre de Michel. Je cite cette référence pour dire qu’il n’y a pas que Daech. On peut avoir des groupes audacieux qui se revendiquent d’une doctrine ou d’un dogme pour pouvoir imposer la terreur à une ville ou à un pays, aujourd’hui au monde entier.

Zweig reprend Castellion : « Tuer un homme n’est pas défendre une doctrine, tuer un homme c’est d’abord et avant tout un homicide. » Ce qui se produit aujourd’hui, ce ne sont pas des guerres de religion ou bien de civilisation. Nous sommes face à quelque chose de l’ordre du meurtre et ces meurtres ont un rapport étroit avec les passions nihilistes d’une époque qui a justement oublié les grandes valeurs de l’humanisme, valeurs de l’humanisme qui ne sont pas propres à l’Occident mais qui sont partagées par bien des cultures et des civilisations.

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17:54 Publié dans Connaissances, Entretiens, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roland gori, attentats, analyse | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!