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02/11/2012

Le bras d'honneur de Gérard Longuet scandalise des responsables algériens

ump, algérie, fn, marine le pen, guerre d'algérie, extrême-droite, front national, présidentielle 2012, gérard longuet, gilbert collard, "Droite française bête et méchante", "voyous" ou "réactions honteuses", dénonçaient des responsables algériens vendredi dans la presse après le bras d'honneur de l'ex-ministre français de la Défense Gérard Longuet sur une repentance française envers l'Algérie.

Pour le Front de Libération Nationale (FLN, parti présidentiel), la réaction de l'ex-ministre de Sarkozy "illustre parfaitement les actions de ce courant durant la colonisation, qui avait dans sa grande majorité soutenu les thèses développées par l'OAS", organisation extrémiste armée pour l'Algérie française. "On a toujours dit que cette droite française était bête et méchante. Elle est colonialiste dans l'âme", déclare le porte-parole FLN, Aïssa Kassa, à d'El-Watan Week-End (francophone).

Pour Lakhdar Benkhellaf, porte-parole du Front pour la justice et la démocratie (islamiste radical), "ces réactions sont honteuses et sont une véritable insulte jetée à la face du peuple algérien. Les Français doivent savoir que nous ne nous contenterons pas de la reconnaissance partielle des massacres d'Octobre 1961 faite par le président Hollande", affirme-t-il.

Zohra Drif, combattante de la Libération et vice-présidente du Sénat, dénonce le "mépris" français: "J'ai toujours affirmé que la France coloniale était ce qu'il y avait de plus hideux".

Le président de la Fondation du 8 Mai 1945 (date de massacres d'Algériens à Sétif), Abdelhamid Salakdji, prévient que "la France a intérêt à accepter de faire acte de repentance avant qu'il ne soit trop tard", sinon elle ne pourra pas "avoir de relations apaisées avec l'Algérie".

Côté presse arabophone, les critiques vont bon train. "Les responsables politiques voyous de la droite française ont répondu de manière humiliante" à une demande de repentance, s'est insurgé en Une le quotidien populaire Echorouk, évoquant un "geste abominable, inhumain" et un acte "irresponsable".

El-Khabar rappelle que Gérard Longuet a assumé son bras d'honneur jeudi 1er novembre, date du 58e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, alors que l'Algérie célèbre cette année le cinquantenaire de son indépendance et attend une visite de François Hollande dans un mois.

Publié par l'Humanité

02/08/2012

Dé-jeûner peut coûter cher

algérie, ramadan, religionLa photo de son torse et de son épaule tuméfiés a fait en quelques heures le tour des réseaux sociaux, suscitant l’émoi.

 Jeudi dernier, à la mi-journée, à Beni Douala, une bourgade kabyle proche de Tizi Ouzou, Slimane Rebaine, un homme de trente-six ans, a été roué de coups par des policiers qui l’avaient surpris en train de boire et de manger.

Un sacrilège, aux yeux de ces Tartuffe en uniforme, pendant le mois de ramadan. Joint hier par téléphone, le non-jeûneur était encore sous le choc. « Je n’ai pas voulu provoquer qui que ce soit.

Je buvais un peu d’eau et j’avalais un morceau de pain, en toute discrétion, dans un lieu isolé, lorsqu’ils me sont tombés dessus. Je comprends d’autant moins que de très nombreux jeunes, dans la région, n’observent pas le jeûne du ramadan. »

Menace de prison ferme

Après avoir été battu, Slimane a été conduit au commissariat, où il a été retenu durant trois heures, avant d’être relâché. Avec une menace : « La prochaine fois, ce sera la prison ferme ! » Certificat médical à l’appui, le non-jeûneur à l’épaule démise envisage d’abord de porter plainte contre ses agresseurs, fussent-ils policiers.

 Mais la publication de son témoignage sur le site d’informations Tout sur l’Algérie et l’écho médiatique rencontré par l’affaire lui valent de nouveaux démêlés. Dimanche, il est de nouveau conduit au commissariat. L’interrogatoire, qui dure deux heures, s’avère dissuasif, puisque la victime abandonne finalement l’idée de poursuivre ses agresseurs, sûre qu’une telle démarche ne lui vaudrait que des ennuis supplémentaires.

Dans une mise au point adressée à Tout sur l’Algérie, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) tente de minimiser l’affaire, en mettant en doute le témoignage de Slimane Rebaine et en assurant que « l’ensemble de ses agents respectent les règles de déontologie dans l’exercice de leurs fonctions ».

Le cas de Slimane Rebaine n’est pourtant pas isolé : les non-jeûneurs sont la cible d’un véritable harcèlement policier. Selon le journal électronique Le Matin, trois jeunes gens d’une vingtaine d’années, surpris en train de fumer une cigarette dans une maison abandonnée, loin des regards, ont été arrêtés vendredi par la police aux Issers, dans la wilaya de Boumerdès. Ils ont été présentés à la justice et placés en détention provisoire.

« Les patrouilles de police se muent, par endroits, en brigades de la vertu. Cela donne ce genre de paradoxes : on peut librement s’adonner au change de devises, expressément prohibé par la loi, sous les fenêtres du palais de justice d’Alger, mais on court un risque pénal à prendre un sandwich, un jour de ramadan, dans un village de montagne. Pourtant la loi ne l’interdit pas », s’insurge Mustapha Hammouche, éditorialiste à Liberté.

 

religiosité exacerbée

Ces dérives ne sont pas nouvelles. En 2010, un jeune homme surpris en train de manger pendant le jeûne avait écopé de deux ans de prison ferme et de 100 000 dinars (1 000 euros) d’amende. Dans une société où le poids social et politique de l’islamisme a installé un climat de religiosité exacerbée et même, disons-le, de bigoterie, s’assumer comme non-jeûneur pendant le ramadan est devenu périlleux.

algérie, ramadan, religion« En Algérie, la liberté individuelle n’existe pas. La non-observation du jeûne est presque considérée comme un crime par la société. Je suis obligée de me cacher, de jouer la comédie. Dans le meilleur des cas, on risque d’être mis en quarantaine. Au pire, cela peut conduire à la violence. Et pour une femme, c’est pire », témoigne Amel, une jeune Algéroise.

Plus encore que la peur de la répression policière, la pression sociale et familiale contraint les non-jeûneurs à la plus grande discrétion. « Si les membres de ma famille savaient que je suis athée et que je ne jeûne pas pendant le ramadan, ils le prendraient très mal et pourraient en souffrir », résume Aïda. « Mes proches et mes amis sont assez tolérants.

Néanmoins, j’essaie de ne pas brusquer les gens, car ne pas faire le jeûne peut être interprété comme une forme d’agression, regrette aussi Mehdi, un non-jeûneur de Skikda qui se définit comme agnostique. Dans notre monde musulman, l’individu est pensé d’abord par rapport à la communauté. »

L’opposition laïque s’inquiète

Pour la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh), les violences policières dont a été victime le non-jeûneur de Beni Douala relèvent d’une « grave violation des droits 
de l’homme et des libertés individuelles ». « Il est inadmissible 
que les agents de sécurité s’arrogent des missions de milice des mœurs en passant à tabac un non-jeûneur, violant ainsi 
la Constitution algérienne qui garantit la liberté de culte », 
affirme cette ONG dans un communiqué. « L’inquisition s’installe ! » s’insurge aussi le Rassemblement pour la culture 
et la démocratie (RCD), parti laïque d’opposition qui appelle 
à des « sanctions » contre les policiers mis en cause.

Rosa Moussaoui pour l'Humanité

16:15 Publié dans Actualités, Connaissances, Planète | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : algérie, ramadan, religion | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!