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19/08/2010

SACCAGE DES VIGNES : UNE ATTEINTE A LA LIBERTE DE CHERCHER

marion.jpgInvitée de Bourdin Direct sur RMC, Marion Guillou, présidente directrice générale de l’INRA (Institut national de recherche agronomique), est notamment revenue sur le saccage des vignes OGM d’une unité de l’Inra à Colmar la semaine dernière.

« Une atteinte à la liberté de chercher »
Dans la nuit du 14 au 15 août, une soixantaine de faucheurs venus de toute la France ont saccagé 70 pieds de vigne transgénique dans l'unité de Colmar de l'Institut national de recherche agronomique (Inra).
« Le grand public n’a pas l’air de se rendre compte de la situation »
a déploré Marion Guillou. « Ce sont huit ans de travail qui sont ainsi piétinés. C’est un acte extrêmement violent. D’abord, il y a franchissement de clôture. Ils sont entrés dans les locaux de l’Inra et ils ont détruit un outil de travail de chercheur. Dire que c’est non violent, ce n’est pas correct du tout. Les chercheurs envisagent de ne pas continuer. Tout notre travail va être de les remotiver pour garder cette compétence en France » a-t-elle déclaré, ajoutant : « Imaginez-vous l’image de la France aux yeux des scientifiques qui savent qu’il est presque impossible en France de faire un essai en champ pour savoir ce qu’il se passe dans un OGM en réalité ».

Pour ces raisons, l’Inra a porté plainte en raison de « l’atteinte à la liberté de chercher ».
 
« Le vignoble français est menacé » à très court terme
vigne2.jpgLes pieds de vigne saccagés étaient étudiés dans le cadre de recherches sur le court-noué, une maladie virale présente dans la quasi-totalité des régions viticoles du monde, provoquant la mort des vignes et rendant les terres impropres à la viticulture. La présidente de l’Inra a donc expliqué sur RMC l’objectif de ce travail.
« 60% des vignes françaises sont atteintes par la maladie du court-noué. C’est la mort du vignoble sur quelques années si cela continue. Le vignoble français et, plus largement, mondial, est menacé par ce virus. Les viticulteurs le savent bien. Ils ont des pertes très significatives chaque fois que la vigne est atteinte. La maladie gagne inexorablement année après année. On avait un produit de traitement chimique pour la soigner qui est désormais interdit. On explore donc actuellement trois voies de lutte contre le court-noué : l’expérimentation OGM n’était jamais qu’une des expérimentations dans le cadre de cette recherche de solutions. On pensait qu’un bois de vigne génétiquement modifié pouvait éventuellement ralentir le virus. En laboratoire, cela marchait. Nous n’avons pas pu aller au bout de l’expérimentation, ce qui est grave pour l’expertise française. »
 
Nourrir une planète surpeuplée ? Possible sous certaines conditions.
Enfin, Marion Guillou a fait le point sur les deux années d'enquête prospective conduite avec une vingtaine d'experts de l’Inra et du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) dans le cadre de la lutte contre la sous-nutrition. A la question préoccupante de savoir si l’on pourra nourrir un monde surpeuplé, Marion Guillou répond « Oui, sous condition ». « En 1960, nous étions à peu près 3 milliards sur la terre. Nous avons mis moins de 40 ans pour être 6 milliards. D’où la pression sur la planète. Dans le même temps, on a augmenté la ration pour chaque habitant de la planète, même si malheureusement, il y a de la sous-nutrition dans le monde, comme de la surnutrition. Et on a la perspective, d’ici 2050, de croître encore de 3 milliards. Avec le Cirad, on s’est demandé s’il est possible de nourrir ces 9 milliards d’habitants en 2050 de manière supportable pour la planète. On a répondu oui, mais sous condition. »
En premier lieu, « sous réserve d’un régime alimentaire plus équilibré… Si tout le monde se met à manger selon le modèle nord-américain, ce sera insupportable pour la planète. Pour l’homme aussi d’ailleurs » explique la présidente de l’Inra. En second lieu, « il faut des règles de commerce mondial équitables puisqu’il y des zones du monde qui ne se nourriront jamais. Même en développant l’agriculture paysanne, il sera nécessaire qu’elles importent » précise-t-elle. Enfin, selon Marion Guillou, au nom de l’Inra et du Cirad : « la troisième condition, ce sont des modes de production durables. Vis-à-vis de l’utilisation de l’eau et du sol, il faut que l’on développe une agriculture qui respecte la planète et permette de transmettre à nos enfants une planète qui soit à nouveau capable de les nourrir. »

15:53 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inra, vigne, ogm | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

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