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29/08/2015

Barbara Romagnan : Les idées fausses du ministre sur les 35 heures

romagnan.jpgPour Barbara Romagnan, députée (PS) du Doubs, Emmanuel Macron, à l’université d’été du Medef, à prendre à son compte et répéter cette idée fausse et tellement facile, qu’on ne réussit pas mieux en travaillant moins.

Emmanuel Macron  s’est rendu à l’université d’été du Medef. Il est ministre de l’économie. Je n’y vois donc rien d’anormal. Mais il n’a pas résisté à prendre à son compte et répéter cette idée fausse et tellement facile, qu’on ne réussit pas mieux en travaillant moins.
 
Plus précisément, quand il a évoqué les 35 heures, il a livré son analyse : on s’est trompé en pensant que « la France pourrait aller mieux en travaillant moins ». Il confond – volontairement ? – la durée individuelle du travail et le nombre total d’heures travaillées. La première confusion consiste à ne prendre en compte que les salariés à temps complet en oubliant le temps partiel (82 % des travailleurs à temps partiel sont des femmes).
 
La durée hebdomadaire moyenne du travail de l’ensemble des actifs occupés en France est l’une des plus élevée des pays développés d’Europe : 37,5 heures en France en 2013 contre 36,5 au Royaume-Uni, 35,3 heures en Allemagne et en Suisse, 30 heures aux Pays-Bas.
De plus, c’est le nombre d’emplois qui détermine le volume d’heures travaillées dans l’économie d’un pays. Entre 1998 et 2002, l’ampleur des créations de près de 2 millions d’emplois a conduit à une forte augmentation du nombre total d’heures travaillées (+ 8 %), malgré la réduction de la durée légale du travail.
 
Donc, la France n’a pas travaillé moins, mais plus que jamais, pendant les 35 heures. Ensuite, il remet en cause l’efficacité de la politique menée. Il y a incontestablement des limites à cette politique, mais on peut quand même rappeler que le taux de chômage - calculé par l’INSEE selon les règles du Bureau International du Travail qui permettent des comparaisons internationales - passe de 11,8 % de la population active en mars 1998 à 8,8 % en mars 2001.
 
La baisse est identique quand on regroupe les trois catégories A, B et C. Autrement dit, cette baisse ne correspond pas un à transfert des demandeurs d’emplois de catégories A dans les autres catégories de chômeurs, qui admettent ceux qui accomplissent moins de 78 heures de travail dans le mois ou qui, au-delà, n’ont cependant qu’un emploi à temps très réduit.
 
Accessoirement, les comptes sociaux étaient à l’époque équilibrés, le solde de la balance commerciale positif, précisément grâce à cette répartition de l’activité sur un plus grand nombre de Français… Au regard de la situation d’aujourd’hui, on se dit que finalement, la France n’allait peut-être pas si mal.
 
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11:10 Publié dans Economie, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : barbara romagnan, macron, 35h | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

23/08/2015

Un Nobel d’économie peut-il raisonner comme un abruti ?

tirole0506.jpgOn est en droit de se poser cette question à la lecture de l’article intitulé « Pour un accord efficace sur le climat » publié dans le supplément « Eco et entreprise » du Monde de ce vendredi 5 juin et cosigné par Jean Tirole, prix Noble d’économie en 2014, avec son collègue Christian Gollier de l’école d’économie de Toulouse.

Avec raison, les deux auteurs relèvent que l’actuel système de négociation ne peut être efficace car chaque pays invité à faire connaître sa contribution à la lutte contre le réchauffement « est fortement incité à laisser aux autres la charge de réduire les émissions de gaz à effet de serre». Mais le simplisme de l’alternative qu’ils proposent est pour le moins stupéfiant : 

« L’approche consensuelle chez les économistes pour résoudre ce problème de « passager clandestin » consiste à imposer un prix uniforme aux émissions. Cette stratégie incite les pollueurs à engager tous les efforts de réduction des émissions dont les coûts sont en deçà de ce prix. Elle garantit à la collectivité que le bénéfice environnemental  est maximal pour un sacrifice  collectif donné (…). Nous privilégions donc un système de marché de permis d’émission, dans lequel une organisation multilatérale attribuerait aux pays participants, ou leur vendrait aux enchères, des permis échangeables »,

écrivent les deux compères de l’Ecole d’économie de Toulouse.

Dans la foulée, ils citent quelques exemples à reprendre, dont le marché spéculatif sur la tonne de carbone qui a progressivement évolué vers un effondrement du prix payé par les pollueurs au sein de l’Union. Mais les deux auteurs se gardent de rappeler sa totale inefficacité. Depuis la mise en place de ce marché, il suffisait aux industriels européens de délocaliser des productions dans des pays à bas coûts de main d’œuvre, exonérés de toute contribution contre le réchauffement dans le cadre du protocole de Kyoto, pour avoir des tonnes de CO2 à vendre.

Du coup, les émissions de gaz à effet de serre augmentent considérablement pour une même quantité d’objets produits à la faveur de ces délocalisations. Elles augmentent via la construction de nouvelles usines en Asie, en Europe centrale ou ailleurs tandis que les équipements des usines que l’on ferme en France et en Europe de l’Ouest vont au rebut.

Elles augmentent quand un pays comme la France dont l’électricité provient à 75% du nucléaire délocalise une production industrielle consommatrice d’énergie dans un pays où le charbon demeure encore le combustible le plus utilisé pour produire de l’électricité.

Elles augmentent une troisième fois via les longs transports de marchandises, dont la finition peut être réalisée dans un pays autre que celui qui a assuré le plus gros de la production tandis que la consommation finale du produit se fera, pour une bonne part, dans le pays dont l’industriel a délocalisé la production.

Peut-on fermer les yeux sur autant d’incohérences concernant la lutte contre le réchauffement quand on a obtenu le prix Nobel d’économie en 2014 ?

Le reste de l’article cosigné par Jean Tirole nous indique que oui, tant il charrie en permanence des tombereaux de contradictions. Il affirme que vis-à-vis des pays refusant de prendre leur part du fardeau, «l’Organisation mondiale du commerce devrait traiter le refus de mettre le même prix que les autres sur le carbone comme une pratique de « dumping » entrainant des sanctions ». Mais justement, ce qui caractérise l’OMC jusqu’à présent, c’est qu’elle n’est tenue d’obéir à aucune contrainte écologique dans les négociations qu’elle pilote au niveau mondial sur le libre échange.

De ce fait, elle est devenue l’aiguillon qui accélère toutes les pollutions industrielles et agricoles dans la mesure où toutes les négociations conduites sous son autorité fondent les gains de compétitivité sur le dumping social et environnemental. Faut-il en conclure que le Français qui a obtenu le prix Nobel d’économie pour l’année 2014 ne s’en est pas encore aperçu?

Un autre paragraphe de cet article vise à punir les peuples dont les dirigeants politiques n’auraient pas pris les  mesures nécessaires pour faire triompher la marché du carbone pour résoudre comme par enchantement tous les problèmes que pose le réchauffement climatique. Selon Jean Tirole et Christian Gollier, «une insuffisance de permis à la fin de l’année serait revalorisée au prix du marché et s’ajouterait à la dette publique du pays concerné ». Ce que vit le peuple grec depuis quelques années, pour partie en raison de l’irresponsabilité de certains de ses dirigeants dans le passé et pour une autre partie en raison du comportement des marchés financiers en dit long  sur les factures que l’on ferait payer aux peuples en contrepartie des comportements des gouvernants et des spéculateurs.

Pour freiner le réchauffement climatique, il faudrait dès à présent modifier nos habitudes de consommation ; repenser la production industrielle en promouvant les biens durables et le recyclage ; impulser l’agro-écologie en agriculture afin qu’elle demeure productive tout en réduisant considérablement les intrants chimiques de toutes sortes ; repenser l’urbanisme à travers des constructions à faible bilan carbone, tout en aménageant le territoire de manière à rapprocher le lieu d’habitat du lieu de travail alors qu’il ne cesse de s’éloigner dans tout le pays (1). Il s’agit là d’orientations qui appellent des décisions politiques, lesquelles ne sont plus prises en France depuis des décennies, tant que le marché spéculatif pilote l’aménagement du territoire dans le seul intérêt des spéculateurs.

Jean Tirole et Christian Gollier terminent leur article en affirmant ceci : « la mise en place d’un marché d’émission nous semble être la solution la plus pertinente dans le cadre des négociations en cours » sur le climat. Ils n’y défendent d’ailleurs que celle là et on peut penser qu’elle conviendra aux dirigeants du G7  qui se réunissent dimanche et lundi au château d’Elmau en Bavière  pour discuter du sujet sous la présidence d’Angela Merkel.

(1) Ces idées sont développées dans le dernier livre de Gérard le Puill L’économie peut encore sauver l’écologie, une coédition de Pascal Galodé et de l’Humanité.

Gérard le Puil

Vendredi, 5 Juin, 2015
Humanite.fr

09:19 Publié dans Actualités, Economie, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nobel, jean tirole | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

07/08/2015

Jeremy Corbyn sème la gauche au Labour

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Méconnue du grand public il y a quelques semaines encore, cette figure de l’aile gauche du Parti travailliste caracole en tête des sondages pour l’élection interne. Son discours anti-austéritaire rompt avec le blairisme.

Panique au New Labour, ce laboratoire sans pareil de la conversion totale de la gauche au néolibéralisme ! Après la magistrale déculottée des législatives 
le 7 mai dernier, suivie de la démission immédiate de son dirigeant, Ed Miliband, le Parti travailliste britannique est engagé, depuis quelques semaines, dans une campagne électorale interne qui pourrait bien s’achever par une profonde 
réorientation politique. À ce stade, en effet, alors que le vote des adhérents – et des sympathisants qui peuvent verser 3 livres sterling (4,20 euros) pour participer au processus – s’ouvre la semaine prochaine et s’achèvera le 12 septembre avec le congrès du Labour, c’est un candidat totalement inattendu et parfaitement hétérodoxe qui, avec 43 % dans les sondages, écrase ses trois adversaires, plafonnant chacun sous les 20 %… Mais qui est donc cet outsider, donné à 100 contre 1 par les parieurs lors de l’annonce de sa candidature il y a quelques semaines à peine ? Et comment a-t-il pu susciter un tel engouement populaire – salles combles pour ses réunions publiques – et recueillir le soutien d’une majorité de sections du parti ainsi que des fédérations syndicales les plus importantes du pays ?

Jeremy Corbyn appelle à rompre avec la politique de Cameron

Il s’appelle Jeremy Corbyn. Il est député travailliste de la circonscription d’Islington-Nord, dans la banlieue de Londres, élu à la Chambre des communes depuis 1983. Selon sa biographie narrée non sans dédain par une presse dominante qui brocarde sa « candeur » et ses « solutions du passé » face à un monde qu’il refuserait de voir comme « complexe », cet homme de 66 ans, compagnon de route des figures de l’aile gauche du Labour comme Tony Benn ou Ken Livingstone, ne boit pas d’alcool, est végétarien, ne possède pas de voiture, a épousé en troisièmes noces une Mexicaine importatrice de café équitable après avoir divorcé car sa deuxième femme souhaitait envoyer les enfants dans une école privée. Il a accompagné les campagnes d’Amnesty International pour réclamer la libération des prisonniers politiques chiliens sous Pinochet, fait partie du mouvement pour le désarmement nucléaire, s’est opposé à la guerre en Irak en 2003. Un pedigree loin, très loin du New Labour et de ses valeurs incarnées par Tony Blair. Mais ce n’est pas avec son parcours militant que Jeremy Corbyn parvient à percer, c’est son discours qui trouve un écho croissant dans un peuple de gauche qu’il réveille en Grande-Bretagne. Alors que les conservateurs, emmenés par David Cameron, imposent le remède de cheval de l’austérité dans tous les secteurs de la société, tout en repassant à l’attaque contre les droits syndicaux et contre les services publics, Jeremy Corbyn appelle à rompre catégoriquement avec cette politique mortifère dont les sirènes ont séduit très largement dans les rangs des dirigeants du Labour. « J’ai été en Grèce, j’ai été en Espagne, glisse-t-il. C’est vraiment très intéressant de constater que les partis sociaux-démocrates qui ont accepté les programmes austéritaires et ont choisi de les mettre en vigueur dans leurs pays ont perdu de très nombreux membres et, bien souvent, tout soutien parmi les citoyens. » Si Corbyn séduit les syndicats britanniques, dont les plus importants comme Unite ou Unison comptent plus d’un million de membres, c’est bien parce qu’il prône, lui, une taxation plus importante sur les profits et sur les riches, la propriété publique des chemins de fer, des services postaux et des télécommunications, une stricte régulation des marchés financiers, la fin du gel des salaires et l’arrêt des suppressions d’emplois dans la fonction publique…

Les concurrents de Corbyn dans la course à la tête du Labour font grise mine devant les sondages. Tony Blair sort de sa retraite de conférencier haut de gamme pour tenter d’empêcher la victoire, désormais possible, de cet adversaire. Lors d’un meeting à Londres il y a une dizaine 
de jours, il a conseillé aux gens dont 
« le cœur bat pour Jeremy Corbyn » de faire d’urgence une « transplantation ». « On ne gagne pas les élections avec un programme à gauche de la gauche », 
a édicté l’ex-premier ministre travailliste. Avec la foule croissante, de jour en jour, de ses milliers de partisans, le candidat à la tête du Labour, regard tourné vers l’Europe du Sud, compte bien le démentir…

Une autre voix sur l’europe  Selon une déclaration récente, Jeremy Corbyn estime que les Britanniques ne doivent pas déserter l’Union européenne et, au contraire, « se battre tous ensemble (avec les autres forces progressistes) pour une meilleure Europe ». Dans un entretien au New Stateman, le candidat à la tête 
du Labour précise toutefois : «  Si nous laissons des forces irresponsables détruire une économie comme celle de la Grèce, quand tout l’argent de l’aide financière 
va aux banques de toute l’Europe et pas du tout aux citoyens grecs, il faut quand même s’interroger sur ce que 
l’Union européenne fait et quel rôle 
nous jouons là-dedans… »
 
Thomas Lemahieu
Mardi, 4 Août, 2015
L'Humanité
 
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