La nuit vient de tomber à Paris. Comme ailleurs. C’est vendredi et les gens aiment se retrouver pour célébrer la fin de la semaine ensemble, dehors, aux terrasses des cafés et des bars. Je suis loin de Paris ce soir là, mais c’est l’une des villes que je fréquente le plus. Il y a ma famille, mes amis, mes amours…
Je suis loin de Paris ce soir mais j’entends d’ici les verres de Demis qui s’entrechoquent, les éclats de rire et les bavardages des gens qui se racontent leurs aventures de la semaine. Je sens la fumée de la cigarette qui s’élève dans le ciel parisien. Je la sens la chaleur parisienne, Paris qui ne dort pas, Paris vit et qui grouille.
Pourtant ce matin, je découvre l’horreur. Je la connais cette terreur. Je l’ai même fuie.
Cette nuit a été tragique, on entendait des cris de détresse et le bruit sourd des balles qui traversent des poitrines, qui arrachent des âmes et coupent des souffles. Du sang et des larmes ont coulé.
Plus de trois cent familles ont été atteintes par des barbares. Des centaines de mères, de pères, de frères, de soeurs, de cousins, d’amis, d’amoureux, d’amants, ont vu des leurs tomber sur le pavé. Rien, rien ne justifie tout cela. Il n’y a jamais aucune justifications à l’atteinte à une vie.
Je reçois un appel de ma mère, en larmes. C’est la deuxième fois cette année que j’ai un coup de fil de ce type. Elle m’a parlé longtemps, m’a rappelé la raison de notre départ. Je me demande alors si la peur est la bonne réaction. Qui est légitime à terroriser un autre?
Non je n’ai pas peur. Mais je suis indignée.
Comme je partage votre douleur frères et soeurs… L’heure est à l’unité, oui nous sommes UN. Nous sommes humains, alors nous sommes un. L’heure est à la solidarité. L’heure est à la fraternité.
Ma seule arme est d’écrire, pourtant chaque mot me semble inutile. Léger. Inapproprié. Cependant, comme un devoir, je tiens à manifester mes condoléances les plus attristées aux familles et proches qui ont perdu quelqu’un cette nuit, et toute mon énergie et mes pensées positives à ceux qui sont encore à l’hôpital à attendre des nouvelles rassurantes.
La nuit était tombée à Paris quand du sang a coulé et des cris ont percé le ciel de cette nuit de novembre, mais elle ne doit en aucun cas tomber sur la France. Elle ne doit pas cristalliser de la haine et justifier des amalgames. Elle doit au contraire être un liant pour revendiquer que notre société est forte et fraternelle. Que nous nous aimons. Qu’elle est belle et rebelle face à l’ignominie. Qu’elle ne laissera pas le terrain aux obscurantistes de tous bords et de toutes idéologies.
Nous sommes un. Nous somme là. Humains, parce qu’ici comme ailleurs, on nous a tous tués. Solidaires face à cette épreuve. Humains et solidaires aussi avec les autres territoires tout récemment touchés par les attaques du même type.
Tristement vôtre,
La Robe Rouge.
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