Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/05/2022

Disparition. Miss.Tic, la sorcière du street art

Misstic3.jpgL’artiste de 66 ans est morte dimanche des suites d’une maladie. Commencée sur les murs de Paris, son oeuvre au pochoir qui alliait graphisme et poésie était entrée dans les galeries.

Elle s’était choisi un pseudonyme de sorcière sexy, inspiré de Miss Tick, la maléfique créature aux cheveux de jais de la Bande à Picsou. Depuis le milieu des années 1980, l’artiste recouvrait les murs et les palissades parisiens de ses oeuvres au pochoir mêlant texte et images qui diffusaient dans la ville des messages poétiques, souvent féministes : « En péril une grande éraflure dans le ventre je rêve à des corps sans mémoire »« Exilée volontaire d’un continent sans nom j’écris dans la marge des non dits »« Dans le parfum indécent d’un rythme nos fantasmes urbains submergent les façades figées du quotidien… »

Nourrie de poésie, notamment surréaliste

Misstic.jpgNée Rhadia Novat en 1956, fille d’un père tunisien et d’une mère normande, Miss. Tic grandit dans le quartier de la Butte-Montmartre, dans le XVIIIe arrondissement, l’un de ses futurs lieux d’expression. Dans les années 1970, elle découvre le  le théâtre de rue puis, au début des années 1980, séjourne aux Etats-Unis où éclôt le graff, branche de la culture hip-hop.

De retour à Paris, elle a l’idée d’intervenir dans l’espace public en voyant les peintures d’étudiants des Beaux-arts sur des supports urbains. S’inscrivant dans un mouvement artistique naissant, elle choisit la technique du pochoir pour multiplier rapidement les interventions.

Nourrie de poésie, notamment surréaliste, elle trouve son style en écrivant des poèmes auxquels elle ajoute des portraits de femmes, d’abord des autoportraits puis des figures inspirées des magazines, de la publicité ou de la mode.

Les années 2000 signent la fin de la clandestinité

Très vite, ses oeuvres libres et insolentes sont repérées par les galeries d’art, notamment la Galerie du Jour, propriété de la créatrice de mode Agnès B. , l’une des premières à l’exposer. Dans les années 1990, Miss.Tic, comme d’autres street artistes, est accusée de détériorer l’espace public. Un procès, qu’elle perd en 1999, la contraint à demander des autorisations pour continuer de peindre dans la rue.

Les années 2000 signent la fin de la clandestinité puisqu’elle est sollicitée par des marques (Kenzo, Vuitton…) et multiplie les collaborations avec, par exemple, le cinéaste Claude Chabrol pour qui elle crée l’affiche de « la Fille coupée en deux », ou la Poste, qui édite des timbres inspirés de ses pochoirs.

Attachée à un art populaire, admiratrice d’Ernest Pignon-Ernest, Miss.Tic n’aimait pas le qualificatif d’ « artiste de rue », trop limitant. Femme, libre, anarchiste sur les bords, elle était artiste, tout simplement.

Source Sophie Joubert, l'Humanité

17:10 Publié dans Actualités, Arts | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

13/05/2022

Charlie a LFI : Le communautarisme est plus rentable que la lutte pour la laïcité

Laicite.jpgReponse de Riss (charlie Hebdo) a la melenchonie
 
"On nous reproche souvent :
« Mais pourquoi, à Charlie, êtes-vous si critiques à l’égard de La France insoumise et de son leader ?
Car c’est aujourd’hui le seul parti en mesure d’obtenir des résultats électoraux qui permettent aux idées de gauche de reprendre la route du pouvoir. »
Effectivement, on peut comprendre que la prudence de Charlie à l’égard de cette organisation politique agace ses partisans, qui comptent dans leurs rangs des gens tout à fait respectables et aux convictions sincères.
Alors, on va vous dire pourquoi, à Charlie, il y a un malaise autour de ce parti politique.
Oui, un malaise.
 
D’abord, il faut être franc :
nous ne sommes pas objectifs comme pourrait l’être n’importe quel citoyen, car nous en sommes incapables.
On peut nous demander beaucoup de choses : d’être plus drôles, d’être moins cons, d’être plus intelligents, d’être plus radicaux, ou que sais-je encore ?
Mais il y a une chose qu’on ne pourra jamais faire : oublier. C’est au-dessus de nos forces.
Lors de l’enterrement de Charb, en janvier 2015, le leader actuel de La France insoumise avait prononcé un discours que les témoins présents jugèrent à la hauteur des événements qui venaient de nous frapper.
Avant d’être assassiné avec ses copains par des terroristes islamistes, Charb venait d’achever son opuscule Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes, qui dénonçait ceux qui jetaient de l’huile sur le feu, en excitant le ressentiment des musulmans après la publication des caricatures de Mahomet.
Quatre ans après eut lieu la fameuse manifestation contre l’islamophobie, où s’affichèrent des figures de la gauche dont ce même homme politique, leader de La France insoumise.
 
Les reporters de Charlie qui suivirent cette manifestation furent estomaqués de le voir défiler à deux pas de singuliers personnages à la barbe fournie qui brandissaient des mégaphones en criant
« Allahou akbar ».
Pas vraiment le genre de croyants modérés soucieux de respecter scrupuleusement la loi de 1905. Ce jour-là, Charb venait d’être enterré une seconde fois, enseveli par des considérations politiciennes et électoralistes contre lesquelles rien ne pouvait faire le poids.
 
L’appât du gain électoraliste était visiblement trop grand. Aux naïfs que nous avions été, la réalité nous rappelait qu’en politique la mort d’un homme, ça ne vaut rien. Mais passons sur ce détail.
 
Depuis 2015, notre journal a été dénigré et insulté par quelques membres de ce parti, nous traitant sur les réseaux sociaux de « pouilleux » et se targuant de « vomir Charlie ». L’un d’entre eux, député de La France insoumise, ayant ostensiblement manifesté son indifférence aux bricoles qui nous étaient arrivées un certain 7 janvier.
D’autres formations politiques ont dans le passé expulsé des militants pour moins que ça.
Visiblement, à La France insoumise, cela n’a dérangé personne, en tout cas pas ses dirigeants.
Mais passons sur ce détail.
 
Lorsqu’à l’Assemblée nationale fut débattu le texte de loi sur le séparatisme, le député de La France insoumise qui monta à la tribune balaya d’un revers de la main cette question en lui opposant le « séparatisme des riches ».
Instrumentaliser la question sociale pour évacuer un problème pourtant grave et bien réel aurait dû indigner n’importe quel militant de gauche réellement insoumis.
Eh bien, pas du tout, car pour gagner les 600 000 voix qui avaient manqué au leader de La France insoumise et qui lui auraient permis d’arriver au second tour de la présidentielle de 2017, ce parti décida d’aller les chercher dans les quartiers où la population musulmane est importante, ce qui a très bien fonctionné au vu des résultats obtenus dans certaines circonscriptions de la banlieue parisienne.
Face à la perspective de réaliser de bons scores dans ces départements, que vaut la question du communautarisme et du repli identitaire ?
Rien, bien évidemment. La France insoumise a adopté les mêmes méthodes que les fonds de pension américains :
il faut investir là où la rentabilité est la plus forte, et laisser tomber les placements qui ne rapportent pas assez.
Le communautarisme est plus rentable que la lutte pour la laïcité et contre le séparatisme, alors plaçons toutes nos billes là-dedans. Ce qui compte, c’est ce qui rapporte le maximum à nos élus-actionnaires, et surtout pas ce qui risque de faire fuir les électeurs-investisseurs. Mais passons sur ce détail.
 
Après la vague d’attentats qui frappa la France entre 2015 et 2021, qui tua 264 personnes et laissa estropiées pour le reste de leur vie des centaines d’autres,
La France insoumise n’a pas estimé nécessaire d’écrire une seule fois le mot « islamisme » dans son programme dont on n’a cessé de nous rabâcher qu’il était le seul crédible proposé à gauche.
Un détail, probablement, pour ce parti qui a l’ambition de diriger le pays et de régler toutes les injustices subies par les Français, sauf celles causées par cette idéologie totalitaire....
 
Il faut dire que le totalitarisme ne semble pas être la préoccupation majeure de cette formation politique qui réclame une VIe République plus démocratique, mais qui n’a jamais rien dit de vraiment hostile à l’égard de la Chine ou de la Russie, pour ne citer que ces deux grandes démocraties participatives. Mais passons sur ce détail.
 
Car il faut se tourner vers l’avenir et cesser de ressasser de vieilles histoires qui n’intéressent que les « boomers » décatis du siècle dernier que nous sommes et emmerdent la jeunesse moderne d’aujourd’hui.

lfi,communautarisme,laicité

Oui, il faut se tourner vers l’avenir qui vient de se réveiller cette semaine grâce aux magnifiques accords conclus entre les différentes formations de gauche.
La gauche, ou du moins ce qu’il en reste, possède enfin un programme vraiment de gauche, avec des mesures sociales ambitieuses qui aideront les plus faibles, des réformes qui rénoveront les services publics, des planifications qui lutteront efficacement contre le réchauffement climatique.
 
Qui aurait la folie de vouloir s’opposer à cela ? Personne à Charlie Hebdo, bien évidemment. Et pour ne pas entraver la marche inexorable de la gauche vers son inéluctable victoire, on nous demande d’oublier les souvenirs pénibles et les blessures toujours à vif.
Durant les négociations entre les différentes formations de gauche, l’amnésie a été marchandée contre quelques sièges à l’Assemblée.
Entre la mémoire et l’espoir, certains ont fait un choix digne d’un pacte faustien. Pour notre part, nous rejetons cette ignominie. Nous ne nous soumettrons ni aux islamistes ni aux négationnistes de l’Histoire récente.
 
Car au risque de déplaire, il nous semble que, malheureusement, la mémoire est souvent incompatible avec l’espoir. "
(Riss, Charlie-Hebdo, 12 mai 2022)

20:06 Publié dans Connaissances, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lfi, communautarisme, laicité | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!