07/11/2008
LETTRE OUVERTE DE JEAN LUC MELANCHON
Ainsi, les orientations qui dominent la social-démocratie européenne l ont emporté alors qu elles conduisent partout à l échec. Elles avalisent l Europe du traité de Lisbonne, les alliances changeantes, l abstention face à la droite, et refusent de mettre en cause le capitalisme. Ce résultat est sans ambiguïté. Le score respectable de la gauche du parti n y change rien malheureusement.Nous refusons de nous renier en participant à des complots et des combinaisons tactiques. Car quelles que soient les arrangements qui sortiront du Congrès de Reims, la future direction du PS appliquera l orientation majoritaire en particulier quand viendront les prochaines élections européennes. Il faudrait alors accepter ce que nous refusons depuis toujours : le traité de Lisbonne et le Manifeste commun avec les partis sociaux démocrates qui gouvernent avec la droite dans leur pays. Non ! Pour nous, ça suffit comme ça ! Nous prenons nos responsabilités. Dans la crise du capitalisme, notre pays a besoin d une autre voix à gauche. Nous voulons lui être utiles. Nous voulons reprendre l initiative, formuler une alternative, faire reculer et battre Sarkozy.
Pour nous, ça suffit comme ça !
Par fidélité à nos engagements, nous prenons donc notre indépendance d action. Nous quittons le Parti socialiste. Nous allons porter publiquement notre conception du combat républicain et socialiste, sans concession face à la droite, au capitalisme et leur irresponsabilité destructrice contre la société humaine et l écosystème. Nous allons la proposer au suffrage universel.
Ainsi que nous l a montré en Allemagne Oskar Lafontaine avec Die Linke, nous décidons d engager avec tous ceux qui partagent ces orientations la construction d un nouveau parti de gauche et nous appelons à la constitution d un front de forces de gauche pour les élections européennes. Nous savons qu une énergie immense dans notre peuple est disponible pour le changement. Il faut aller de l avant.
Jean-Luc Mélenchon, sénateur de l Essonne Marc Dolez, député du Nord
Pour aller de l’avant, un site
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20/05/2008
LE DESSIN DU MOIS DE MAI
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06/02/2007
LES PARTIS POLITIQUES SONT-ILS DISQUALIFIES ?
Raymond Huard est historien, auteur de l’Élection du président au suffrage universel dans le monde (1) et de la Naissance du parti politique en France (2). Entretien.
Rappel des faits
En présentant jeudi dernier sa candidature, José Bové déclarait : « Je ne suis pas le candidat d’un parti. Je ne suis pas un professionnel de la politique. » « C’est pourquoi je ne suis pas hors-sol », précisait-il dans un entretien le lendemain. José Bové tire de sa non-appartenance à un parti la légitimité de sa candidature et un atout pour rassembler. La plupart des candidats sont issus de partis et ont été désignés par eux et tous les candidats à l’élection présidentielle, loin de là, ne cherchent pas à s’en démarquer. Nicolas Sarkozy prétend cependant : « Je ne suis pas le candidat d’un système. » Une posture de campagne que son porte-parole Xavier Bertrand confirme : « Nicolas Sarkozy est un candidat hors système. »
Plusieurs candidats à l’élection présidentielle se présentent comme « hors parti » ou « hors système » et en font un argument électoral. Est-ce que cela signifie que les partis politiques seraient disqualifiés pour gouverner le pays ?
Raymond Huard. Regardons exactement quelle est la situation. La plupart des candidats à l’élection présidentielle ont commencé par recueillir les suffrages de leur parti. C’est vrai pour Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou, Dominique Voynet, Olivier Besancenot et Marie-George Buffet. Et même certains ont mené une véritable campagne pour obtenir ce soutien. Remarquons que ce phénomène s’est accentué depuis les débuts de l’élection présidentielle au suffrage universel. C’est donc une tendance forte. Et ceux qui se présentent comme fédérateurs hors parti, comme José Bové, fédèrent aussi des minorités de partis (minorité des Verts, de la LCR, du PCF...). Apparemment il ne néglige pas l’apport de ces minorités de partis.
Alors, ce fait reconnu qui est fondamental, il y a des candidats qui cherchent à élargir leur base au-delà des partis. Quand Sarkozy se dit « hors système », il flatte l’électorat de droite qui n’est en général pas très favorable aux partis. C’est dans ce cas un double langage. Mais il peut y avoir d’autres raisons : par exemple affirmer une certaine marge de liberté par rapport à son parti, ce qui peut s’admettre dans une élection au caractère très personnalisé. La démarche de Marie-George Buffet est encore différente : elle ne cache pas son appartenance au PCF, mais elle peut se réclamer aussi d’une légitimité conquise à la base dans les collectifs unitaires.
Mais cette posture recherchée par certains ne s’appuie-t-elle pas sur une crise des partis ?
Raymond Huard. L’élection présidentielle est une élection politique et il n’y a rien d’anormal à ce que les partis y jouent un rôle prépondérant. Qu’ils désignent les candidats. C’est dans ces partis qu’ils se sont fait connaître, qu’ils ont été testés et éprouvés. C’est une garantie de sérieux qui peut prémunir des emballements passagers de l’opinion sur une personnalité médiatique ou charismatique. Cette réalité n’est pas seulement française : dans la plupart des pays où existe une élection présidentielle au suffrage universel, Mexique, Chili, Brésil, Russie, dans bien des pays d’Afrique, où les partis sont très nombreux, se sont les partis qui présentent les candidats. Si on a une vision large, il n’y a jamais eu autant de partis dans le monde, et on ne voit pas tellement cette « crise des partis » dont on parle.
En France, l’élection présidentielle ne vient-elle pas modifier la vie des partis. Ne se transforment-ils pas en « partis de supporters » ?
Raymond Huard. Ça peut être vrai. Et cette sorte de captation par un candidat de son parti, n’existe que si le parti en question l’accepte et s’il y trouve son compte. Il n’empêche que le rôle des partis doit inévitablement continuer. Même si les partis n’ont pas le monopole de la représentation populaire, puisqu’il existe de nombreuses associations plus spécialisées dans des domaines divers (santé, logement, écologie...), les partis ont plusieurs spécificités qui rendent leur rôle indispensable. La première, c’est qu’ils doivent être à même d’apporter des réponses cohérentes à l’ensemble des problèmes qui se posent à un moment donné à une nation.
Deuxièmement, ces formations travaillent à tous les niveaux de responsabilité, local, communal, départemental, régional, national, européen, mondial. Et ils assurent leurs tâches de façon continue dans le temps, avec un suivi politique, et non l’espace d’une élection. La Constitution reconnaît ce rôle aux partis (article 4, « ils concourent à l’expression du suffrage... »). Pour l’élection présidentielle, l’obligation des 500 parrainages rend plus facile à un parti implanté dans tout le pays de se présenter.
Cette implantation est d’ailleurs le résultat d’efforts de longue durée, méritoires. Une campagne demande de l’argent, de la militance, que les partis sont mieux à même de fournir. Il faut enfin se rappeler que le président, pour gouverner, devra s’appuyer sur une majorité parlementaire qui lui sera fournie par des partis.
On présente souvent les « politiques » comme coupés des réalités. Les gens ne se sentent plus représentés par les partis ou dans les partis.
Raymond Huard. Il y a sûrement beaucoup de chose à changer dans les partis pour que les gens s’y reconnaissent. Mais ce qui a fait du mal, ce sont surtout les politiques qui ont été menées et qui n’ont pas répondu aux attentes. Ça demanderait un autre développement. Les partis ne sont pas parfaits, faut-il pour autant les remplacer et par quoi ? Des lobbies, des groupes de pression, des comités plus ou moins occultes ? Ou bien des mouvements aux structures plus lâches ? Mais est-ce que le fonctionnement de tels mouvements donne plus de garantie démocratique ou d’efficacité que celui des partis, avec leurs règles, leurs congrès... Personnellement, je ne pense pas qu’on puisse faire l’économie des partis. Ensuite leur forme, leur fonctionnement est l’affaire de chacune des organisations.
Est-ce que c’est toujours un terrain dangereux pour la démocratie de s’attaquer aux partis ?
Raymond Huard. S’il s’agit de critiquer les défauts des partis, de tel ou tel d’entre eux, c’est totalement légitime. Mais oui, il est dangereux de cultiver, comme on le fait si souvent, le dédain systématique vis-à-vis des partis et le dégoût de la politique. Les partis sont en France suffisamment nombreux pour que chacun puisse y trouver une sensibilité qui corresponde à la sienne. Quant aux « appareils » de ces partis, ils ont pour certains de l’importance, mais dans l’ensemble, ils ne sont pas tellement forts.
(1) 2003, aux éditions La Dispute, (2) 1996, aux Presses de Sciences-Po.
Propos recueillis par Olivier Mayer, l'Humanité
13:40 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : partis politiques, présidentielles, élections, PCF, PS, UMP | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |