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14/10/2025

Face aux attaques des colons contre les Palestiniens, l’interposition non-violente des volontaires internationaux

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Pendant que Trump vante son plan de paix pour Gaza, en Cisjordanie, les attaques de colons contre des Palestiniens se poursuivent. Face aux violences, des volontaires internationaux et israéliens tentent de soutenir villageois et cultivateurs.

par Anne Paq pour Basta

Rashid Khidiry est au téléphone avec une militante internationale du groupe ISM, pour "International Solidarity Movement". Ensemble, ils planifient la répartition des équipes de bénévoles, venus du monde entier, pour aider concrètement les Palestiniens, au sein des différents villages de la vallée du Jourdain, l’une des zones les plus vulnérables aux attaques de colons israéliens.

« Les besoins sont énormes, et nous ne sommes pas assez nombreux face à la recrudescence des attaques de colons », explique Rashid Khidiry. L’organisation crée en 2001 vise à « soutenir et à renforcer la résistance populaire palestinienne en étant immédiatement aux côtés des Palestiniens », notamment dans les endroits « où les Palestiniens sont constamment harcelés ou attaqués par les soldats et les colons ». ISM est guidée par les principes de non-violence. Des centaines de volontaires s’y engagent chaque année en Cisjordanie, pour quelques jours, quelques semaines, voire plusieurs mois.

Un dispositif dissuasif contre la brutalité

Les mobilisations citoyennes ainsi que les pressions diplomatiques se concentrant sur la situation à Gaza, bombardée, affamée et sous blocus intégral. La Cisjordanie est reléguée au second plan sur la scène internationale. Le territoire palestinien est également le grand oublié du « plan de paix » proposé par Donald Trump, qui a pour le moment permis un cessez-le-feu à Gaza, la libération des vingt otages israéliens encore en vie et de près de 2000 prisonniers palestiniens.

Pourtant, la colonisation israélienne s’y est accélérée depuis le 7 octobre 2023, notamment dans la vallée du Jourdain, qui marque la frontière avec la Jordanie, où de nombreuses communautés bédouines ont été expropriées et déplacées de force.

Depuis le début de l’année, les attaques de colons y atteignent un niveau sans précédent : plus d’un millier d’attaques ont été recensées par le bureau des Nations Unies pour les affaires humanitaires. Face à cette violence coloniale, et l’incapacité de la communauté internationale de la freiner, des groupes de solidarité concrètes, comme ISM, se sont organisés. Ils offrent une sorte de protection civile en envoyant des volontaires israéliens ou internationaux vivre plusieurs semaines auprès des communautés palestiniennes menacées.

Leur présence est censé agir comme un dispositif dissuasif, combinant observation, documentation et accompagnement des communautés ciblées par les colons. Ces militants peuvent s’interposer physiquement entre les colons et les Palestiniens, mais aussi participer aux travaux agricoles ou accompagner éleveurs ou bergers.

« J’en avais marre de juste faire des manifestations »

Rashid Khidiry poursuit ses coups de fils. Il est très inquiet pour Ibziq, l’une des communautés rurales installées dans les collines qui surplombent la vallée du Jourdain. Il y organise une présence constante de militants depuis deux mois, car à la suite de l’établissement d’un avant-poste israélien, les attaques se sont multipliées. Sur les 14 familles qui composaient le village, 13 sont déjà parties.

Tina*, une militante franco-espagnole d’ISM, était présente lorsque plusieurs soldats ont débarqué dans le village, forçant tous les membres de la famille à s’agenouiller. « Alors que nous étions dans la cuisine, deux Palestiniens ont reçu des coups. Quand nous sommes sortis, nous avons été mis à distance. Les Palestiniens n’ont pas voulu que nous filmions par crainte de représailles. L’armée a intimé à la famille de partir sous peine de tout détruire raconte-t-elle. Après qu’Aziz Najawaj’a, le chef de famille, a protesté et réclamé un papier officiel, l’armée leur leur donné dix jours pour partir. Un des soldats a dit : “Tout ça, c’est à moi !“ »

Tina* a été particulièrement choquée par cette scène, mais elle ne regrette pas d’avoir rejoint ISM. « J’en avais marre de juste faire des manifestations. Je voulais quelque chose de concret, alors quand j’ai vu que c’était possible, je suis venue. Je reste trois semaines. » Il faut savoir faire face à des situations « hostiles », et toujours faire preuve d’humilité, dit la jeune femme. « La culture ici est différente. Au début en tant que féministe, c’était assez dur de voir les espaces séparés entre hommes et femmes. Être là, c’est écouter, aider, sans être paternaliste et avec humilité. » L’une de ses activités principales auprès de la communauté est de se rendre à l’école, située près d’un avant-poste israélien, et d’alerter en cas d’attaques ou de manœuvre de harcèlement de la part de colons.

« Nous nous sentons mieux quand ils sont là »

Celles-ci sont fréquentes. « Chaque nuit, nous montons la garde. Ils continuent de nous harceler tous les jours. J’ai dû évacuer mon père trop vieux, et je ne peux plus aller faire paître mes animaux comme avant », témoigne Aziz Najawaj’a. Pour lui, la présence d’internationaux fait malgré tout une différence : « Nous nous sentons mieux quand ils sont là. Les colons ont peur des caméras. L’armée n’aime pas non plus cela. »

Un repas est partagé sous la tente entre la famille et les bénévoles. Parmi les Palestiniens présents, Moath est un jeune volontaire du Palestinian Medical Relief Society (Association palestinienne du secours médical). « Je suis secouriste. C’est mon devoir de venir aider, dit-il. Nous devons rester ici, c’est le dernier espoir pour cette communauté. Il est encore possible d’empêcher leur départ forcé si davantage de personnes soutiennent cette famille. »

Malheureusement, la famille de Aziz n’a pas tenu. Le harcèlement des colons s’est intensifié. L’éleveur a même été battu deux fois par des militaires. Face à l’ultimatum lancé par l’armée israélienne, la famille s’est vue forcée de partir. Le hameau d’Ibziq s’ajoute à la liste des villages et communautés vidées de ses habitants par la violence coloniale.

Plusieurs volontaires internationaux tués

Chaque militant international doit suivre une formation pour se préparer aux situations difficiles comme celle à laquelle Tina a dû faire face, ainsi qu’aux risques, qui sont bien réels. Depuis la création de ISM, plusieurs bénévoles ont été tués par l’armée israélienne : l’États-unienne Rachel Corrie en 2003, le Britannique Tom Hurdall en 2004, et plus récemment la Turco-états-unienne Aysenur Egzi Eygi, tuée d’une balle dans la tête en 2024 lors d’une manifestation à Beita, près de Naplouse. Plus d’une dizaine d’internationaux ont aussi été arrêtés puis expulsés depuis 2023, selon ISM.

Les formations permettent aussi d’éviter les postures de « sauveurs blancs » de la part de militants occidentaux, et de s’assurer que les personnes ne commettront pas d’actions pouvant déclencher des représailles contre les communautés palestiniennes. « Nous sommes ici pour protéger et documenter. Nous n’avons pas besoin de héros explique Rashid Khidiry, le coordinateur d’ISM pour la Vallée du Jourdain. Nous devons agir intelligemment, car les soldats et les colons n’attendent qu’un prétexte pour punir les communautés. »

S’engager « avec nos corps »

À quelques kilomètres au nord de Ramallah, un viticulteur palestinien, Adam Kassis, accueille un groupe venu l’aider à ramasser du raisin sur son vignoble situé près d’un avant-poste israélien. « Si les colons débarquent, on ne leur parle pas. Laissez-nous faire et continuez le travail », précise-t-il aux bénévoles. Le groupe est aussi composé de militants israéliens venus pour la journée. Malgré la proximité des colons armés, l’ambiance est détendue. La trentaine de personnes – travailleurs palestiniens, militants israéliens et internationaux – ramassent le plus vite possible les raisins, tout en gardant l’œil sur les routes alentours.

Mina*, Canadienne et militante d’ISM, nous raconte pourquoi elle s’est engagée : « En tant que petite-fille de survivants de l’Holocauste, on m’a enseigné que la leçon "plus jamais ça" devait être universelle pour avoir un sens. Je me suis engagée dans la solidarité avec la Palestine depuis l’université. Quand la guerre génocidaire s’est intensifiée, j’ai senti que je n’en faisais pas assez et qu’il était nécessaire que ceux d’entre nous qui possèdent des passeports de pays privilégiés et, dans mon cas, le privilège, par rapport à Israël, d’être juive, s’engagent plus directement, avec nos corps. »

La journée se termine tranquillement par un repas partagé sous un olivier. De retour chez elle après trois semaines sur le terrain, Mina peut tirer le bilan. Elle évoque les difficultés, notamment le sentiment d’impuissance qu’elle a éprouvé lorsqu’elle a assisté au départ forcé d’une famille palestinienne à la suite d’attaques répétées de colons.

Mina revient aussi sur ce que ce séjour lui a apporté : « En 24 heures sur le terrain, j’ai appris davantage qu’à travers tous les livres et podcasts réunis que j’ai lus ou écoutés. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point la Palestine était belle. Découvrir l’hospitalité palestinienne et des modes de vie qui prennent soin de la terre, voir la manière dont les gens se battent pour maintenir la communauté, constater la brutalité et la déshumanisation dont font preuve les colons… Tout cela met en évidence les enjeux de notre lutte, qui ne concerne pas seulement la Palestine, mais notre avenir à tous. »

Activistes israéliens

À Masafer Yatta, dans le sud de Cisjordanie – une région où les colons sont parmi les plus extrémistes et violents –, de nombreux groupes assurent une protection civile. La région est en « zone C », sous contrôle total israélien (soit 60 % du territoire, les autres zones A et B demeurent sous administration civile palestinienne). Elle est parsemée de villages et hameaux palestiniens, qui vivent traditionnellement de l’agriculture et de l’élevage.

Les démolitions des maisons et infrastructures palestiniennes conduites par l’armée israélienne y sont devenus la routine. Les avants-postes se multiplient ainsi que les attaques de colons. Le 28 juillet, Awdah Hathaleen, un professeur d’anglais et militant pour son village de Umm Al Kheir, était tué par un colon, sans que ce dernier ne soit inquiété.

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Dans ce contexte très difficile, la présence de militants internationaux et israéliens est essentielle. Outre ISM, cette fragile protection est, notamment, assurée par une organisation italienne, Operation Dove et [des groupes de militants israéliens qui viennent à Masafer Yatta depuis plusieurs années, dont Tayyush.

Omri Eran Vardi, 29 ans, est photographe. Il fait partie d’un collectif « d’activistes israéliens non sionistes », explique-t-il, dont les activités consistent à « documenter les atrocités commises par le régime d’apartheid israélien et à faire preuve de solidarité avec les résidents palestiniens ». « C’est plus qu’une motivation, c’est une obligation morale. Je ne peux pas vivre ici sans agir, ajoute-t-il. Ce n’est pas nous qui prenons les décisions, ce sont les Palestiniens, et nous essayons de les soutenir autant que possible. »

Omri et deux autres activistes israéliens passent la nuit aux côtés de la famille d’Haj Ali Sabah et de son épouse Samiha. À la demande de Samiha, visiblement inquiète, ils dorment à la belle étoile devant la maison. La nuit tombée, alors que les chiens aboient un peu trop, Samiha scrute les environ avec sa puissante torche électrique, craignant l’arrivée de colons. Fausse alerte.q

Le lendemain matin, tous partagent le petit déjeuner typique, constitué d’un pain traditionnel fait maison, d’huile d’olive et de Zaatar, un mélange d’épices, avant d’accompagner Haj Sabbah auprès de son troupeau. Sol*, un jeune militant israélien, tient sa caméra prête au cas où.

Lui est un « refuznik » – il a refusé de servir au sein de l’armée israélienne. Haj Sabbah a déjà perdu la moitié de son troupeau, volé l’année dernière par les colons. Il ne fait désormais pâturer ses moutons que très peu de temps le matin et le soir, et doit leur acheter des compléments alimentaires. De retour à la maison, la tranquillité ne dure pas.

Harcèlement quotidien de la part des colons

Un buggy tout terrain s’arrête à une centaine de mètres de la demeure, suivi d’un drone, signes de l’arrivée imminente de colons. Il s’agit d’un jeune, qui mène son troupeau et le fait abreuver sans vergogne dans le puits de la famille palestinienne. Omri filme. Le colon également, avec son portable. Il fait ensuit entrer les animaux dans une petite grange de la famille où Samiha a entreposé patiemment des semis d’aubergines.

Omri intervient pour faire sortir le bêtes avant qu’elles ne détruisent des semaines de travail. Puis le troupeau s’en prend aux branches d’oliviers et aux feuilles de vignes de la propriété. Dans une région aride, où les ressources sont limitées, les familles dépendent non seulement de leur troupeau mais aussi des oliviers et de ce qu’elles peuvent planter pour leur subsistance. La police israélienne est appelée. Lorsqu’elle arrive, le colon est déjà parti. C’est toujours la même histoire, selon Omri : « La police vient trop tard et, de toute façon, ne fait jamais grand chose. »

Combien de temps la famille d’Haj Ali Sabah et de Samiha tiendra-t-elle face à ce harcèlement quotidien ? « Je pense que notre présence fait une grande différence pour les individus, à petite échelle. Mais, au final, cela n’arrête pas le processus de nettoyage ethnique. Cela peut seulement le ralentir dit Omri, amer. La liste des villages et des familles qui réclament que des personnes restent dormir avec eux s’allonge sans cesse. »

Trop peu de bénévoles sont disponibles. Quelques heures plus tard, une attaque brutale de colons se déroule à Qawawis, à quelques kilomètres de là. Des Palestiniens sont roués de coups, ainsi que deux militantes israéliennes, frappées à la tête. L’une d’elles aura le bras et l’épaule fracturés.

Récolte des olives sous tension

La présence protectrice est encore plus cruciale pendant la récolte des olives qui débute. L’olive et son huile constituent un pilier de la fragile économie palestinienne de Cisjordanie et de son identité. Avec l’augmentation de la violence des colons et la multiplication des entraves à la liberté de la circulation depuis le 7 octobre 2023, la récolte risque d’être très difficile. Plusieurs groupes comme ISM en appellent à la solidarité internationale et ont créé une campagne commune, « Olive harveArik Ascherman derrière une barricade précaire, sur une colline

Boîte noire

Pour ce reportage, je suis restée un mois en Cisjordanie, de fin août à fin septembre. Une des difficultés majeures a été les déplacements dû à la multiplication des checkpoints israéliens, et le fait de ne pas pouvoir faire de portraits de nombreux militants par soucis d’anonymat (les prénoms marqués d’un * dans l’article sont des pseudonymes). Le risque d’attaque de colons était omniprésent.

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23/05/2025

Fabien Roussel réclame la reconnaissance de l’État de Palestine

Fabien Roussel chasse 500.jpg« Emmanuel Macron devrait se tenir aux côtés de l’OLP » : Fabien Roussel réclame la reconnaissance de l’État de Palestine et appelle à un rassemblement le 26 mai

Face au génocide en cours, le PCF appelle à un rassemblement ce lundi 26 mai à 19 heures place du Trocadéro à Paris. Puis, le 4 juin, le parti coorganisera une conférence avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) pour pousser la France à reconnaître l’État de Palestine. Entretien avec le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.

La pression internationale peut-elle faire plier Benyamin Netanyahou ? Fabien Roussel appelle les gouvernements occidentaux à « prendre les mesures contraignantes », alors que l’armée israélienne a lancé une nouvelle phase dans la guerre à Gaza, aggravant le génocide et visant l’occupation totale de l’enclave palestinienne.

« La France peut faire le choix de cesser l’ensemble de ses relations commerciales avec Israël et de rappeler son ambassadeur », mesure le secrétaire national du PCF, qui appelle par ailleurs les forces progressistes à un rassemblement lundi 26 mai au Trocadéro, sous le slogan « Stop aux massacres, la paix maintenant, reconnaissance de l’État de Palestine ».

La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a annoncé que l’UE allait réexaminer son accord d’association avec Israël face aux agissements du gouvernement de Netanyahou à Gaza. Est-ce suffisant ?

Face aux atrocités commises à Gaza, les réponses doivent être fortes. Suite aux attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, plus de 52 000 Gazaouis sont morts sous une pluie de bombes israéliennes, dont plus de 15 000 enfants. Nous assistons à un véritable nettoyage ethnique. Désormais, une famine est délibérément organisée par le gouvernement de Benyamin Netanyahou, et utilisée comme arme de guerre.

Il s’agit d’un génocide : les intentions sont clairement affichées par les responsables du gouvernement israélien qui prônent l’anéantissement et l’effacement du peuple palestinien et l’extension de la colonisation. En comparaison de leur fermeté affichée à l’égard de la Russie, les chefs d’État européens se terrent dans un deux poids, deux mesures. La diplomatie française demeure dans une inaction très grave, se contentant de postures déclaratives, sans prendre les mesures contraignantes qui s’imposent à l’encontre d’Israël.

Lesquelles ?

Il faut de la fermeté et du concret ! L’Union européenne déclare qu’elle va seulement commencer à étudier éventuellement l’accord d’association avec Israël. Stop, il faut le remettre en cause maintenant. Les dirigeants européens savent aller vite contre Poutine mais ils sont extrêmement lents pour mettre des mesures en place contre Netanyahou. La France peut faire le choix de cesser l’ensemble de ses relations commerciales avec Israël et rappeler son ambassadeur.

Benyamin Netanyahou et ses ministres doivent comparaître devant la Cour pénale internationale. Je me suis aussi adressé aux 4 000 Français binationaux engagés dans l’armée israélienne. Je leur demande d’interroger leur conscience et de déposer les armes. Comme d’autres soldats israéliens l’ont fait, ils peuvent refuser d’être complices de la première entreprise génocidaire du XXIe siècle. Sinon, ils devront en répondre devant la justice française et internationale.

Le PCF appelle à un rassemblement ce lundi 26 mai, au Trocadéro à Paris, à 19 heures. Quels sont les contours de cette initiative ?

Les peuples du monde entier sont horrifiés par les images qui nous parviennent de Gaza. Mais, l’incertitude demeure sur les modes d’actions permettant d’agir pour mettre un terme à ces crimes de guerre. Le PCF propose aux Français, aux forces progressistes, aux associations, aux syndicats, de se mobiliser derrière un slogan commun : « Stop aux massacres, la paix maintenant, reconnaissance de l’État de Palestine ». Je souhaite que ce rassemblement soit large. Nous devons faire converger les forces progressistes de tous bords.

Comment accroître la pression pour obtenir, au minimum, un cessez-le-feu ?

J’ai en mémoire l’immense campagne contre l’Apartheid. Il a fallu des mobilisations dans l’ensemble des capitales pour obtenir la chute du régime raciste d’Afrique du Sud, ainsi que la libération de Nelson Mandela. Aujourd’hui, Benyamin Netanyahou se sent non seulement impuni, mais soutenu par Donald Trump et une partie des États européens. La pression populaire doit s’accroître sur ces gouvernements. La jeunesse ne doit pas craindre de s’engager. Pour notre part, le Parti communiste français a lancé différentes initiatives de solidarité concrète, dont celle d’une campagne de collecte pour planter un million d’oliviers dans les territoires palestiniens.

Le PCF organise en lien avec l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) une conférence le 4 juin prochain. Quels en sont les objectifs ?

L’OLP a demandé au PCF de coorganiser une conférence pour réclamer la reconnaissance d’un État de Palestine, aux côtés de celui d’Israël, dans les frontières de 1967. Nous avons immédiatement répondu favorablement et nous planchons avec l’Autorité palestinienne depuis plusieurs mois sur cette journée. Des dirigeants de l’OLP feront le déplacement. Des représentants de pays européens et arabes seront présents, ainsi que des ambassadeurs, des responsables politiques et syndicaux français.

Une conférence le 4 juin pour la reconnaissance

En cours de finalisation, la conférence coorganisée le 4 juin par le PCF et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) verra les interventions de membres du comité exécutif de l’OLP désignés par le président Mahmoud Abbas, notamment celle d’Ahmed Saïd Al Tamimi, président du Conseil palestinien des droits de l’homme, et de Faysal Aranki, président du département des Affaires des expatriés. Des figures palestiniennes, dont Munib Rashid Al Masri, seront également présentes, place du Colonel-Fabien à Paris, ainsi que le président du Parti de la gauche européenne Walter Baier. Des représentants d’ambassades en France ainsi que des représentants politiques, syndicaux et associatifs, et des universitaires, dont Jean-Paul Chagnollaud pour l’iReMMo, tous et toutes engagés pour la reconnaissance de l’État de Palestine, prendront part aux travaux.

L’ex-président de la République François Hollande et l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine ont confirmé leur participation. Je suis en contact avec l’Élysée sur ce dossier car cette conférence se tiendra à la veille de l’initiative de la France à l’ONU à la mi-juin. Il est temps que la France prenne ses responsabilités en reconnaissant l’État de Palestine. Le rapport de force à l’encontre du gouvernement israélien doit s’intensifier, notamment au travers des diplomaties internationales. Il faut aussi mettre dans les discussions la fin de la colonisation en Cisjordanie et dans les territoires occupés. En dépit des résolutions de l’ONU, les implantations de colonies israéliennes se sont intensifiées, parallèlement aux massacres commis à Gaza.

L’Espagne a non seulement reconnu l’État de Palestine, mais est aussi revenue sur des contrats d’armement avec le gouvernement israélien. La France a-t-elle tenu son rang ?

À l’image de Jacques Chirac, d’anciens chefs d’État ont été plus respectueux des peuples. Nous sommes passés d’une France de l’action à celle des communiqués. Auparavant, par notre indépendance diplomatique et les valeurs que nous portions, nous étions un pays respecté à l’international, y compris par les États-Unis. Lorsque la France a dit non à la guerre en Irak en 2003, nos concitoyens étaient rassemblés derrière cet objectif. Aujourd’hui, par son attentisme, Emmanuel Macron ne rassemble pas les Français.

Israël interdit depuis le 2 mars l’accès des convois humanitaires à Gaza. Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, dénonce l’utilisation de cette aide « comme une arme et un outil politique pour atteindre ses objectifs illégitimes ». Partagez-vous cette analyse ?

Oui. Après les destructions des logements, des hôpitaux, des écoles, des réseaux d’eau, des tirs de snipers contre des enfants, la famine est imposée aux Gazaouis. Mais en réalité, l’utilisation de l’aide alimentaire comme une arme de guerre n’est pas nouvelle.

En mars 2024, lorsque j’ai conduit une délégation du PCF en Cisjordanie, des ONG nous alertaient des mesures mises en place par Israël pour affamer des quartiers. Ces crimes sont désormais commis à l’échelle entière de la bande de Gaza. Ce sont des crimes contre l’humanité avérés. L’ensemble des pays devraient dénoncer ce massacre. Ne rien faire c’est être complice.

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30/07/2022

PATRICK LE HYARIC : JE REVIENS DE PALESTINE

Palestine3.jpgComme nous le faisons régulièrement avec l’association des villes françaises jumelées avec un camp de réfugiés palestiniens (AJPF), nous venons, entre le 26 juin et le 2 juillet, de visiter plusieurs de ces camps en Palestine. Nous l’avons fait avec près de 50 élus municipaux, maires, responsables d’associations. Je m’y rends régulièrement depuis plus de 20 ans, soit sous l’égide de l’association, soit hier comme député européen au titre de membre de la commission chargée des relations avec le conseil législatif palestinien. Mon investissement journalier pour sauver L’Humanité dans une période plus que critique, m’avait obligé à annuler deux déplacements en 2019, puis le covid avait par la suite empêché tout déplacement.
 
Cela faisait donc trois ans que je ne m’y étais pas rendu. La situation des Palestiniens ne s’est améliorée ni en Cisjordanie ni dans la bande de Gaza, toujours prison à ciel ouvert. Je n’ai pas pu aller visiter Salah Hamouri comme j’en avais émis le souhait. Cependant, le Consul de France à Jérusalem qui fait consciencieusement son travail et qui l’avait rencontré quelques jours auparavant, m’avait donné des nouvelles rassurantes. Depuis Salah, dont il faut rappeler qu’il n’est accusé de rien, a été transféré dans une prison de haute sécurité. Le visage de cette belle démocratie de la région !!
 
Le mur de séparation s’allonge et entoure peu à peu Jérusalem, les colonies s’agrandissent à un point que je n’imaginais pas, les violences et les humiliations aux check-points se multiplient, les rafles dans les rues comme dans les camps de réfugiés sont régulières. Les discriminations de toutes sortes se déploient contre les Palestiniens et les Arabes israéliens. À Jérusalem-Est, une guerre est décrétée contre les habitants. De plus en plus d’entre eux sont expulsés manu militari, leurs maisons annexées dans le cadre d’un plan gouvernemental qui veut expulser tous les Palestiniens de la vieille ville, la leur. Nous avons pu étudier longuement cette sauvagerie sur le terrain, avec les habitants et les associations. Chaque jour, des Palestiniens sont destitués de leur citoyenneté de Jérusalem et interdits d’y habiter. La loi sur la citoyenneté va jusqu’à interdire désormais à des Palestiniens mariés à des Arabes israéliens d’obtenir la nationalité israélienne. Comment qualifier un tel système, un tel régime ?

Lors de toutes les rencontres et séances de travail que nous avons eues avec de nombreuses associations israéliennes et palestiniennes de défense des droits humains, avec les responsables des camps de réfugiés, avec des députés palestiniens comme israéliens, avec les partis progressistes, avec des ministres, dont le Premier ministre, puis le conseiller diplomatique du président M. Abbas, nous avons entendu comme une supplique, comme un appel, comme un cri : « Ne nous laissez pas tomber ; interpellez votre gouvernement, les institutions européennes ; informez sur la situation que nous vivons ». C’est ce que nous faisons depuis. Nous avons adressé un compte rendu de nos visites et des messages ont été transmis à Mme la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, C. Collona, au haut représentant de l’Union européenne chargé des relations extérieures et de la sécurité, M. Josep Borrell, à des parlementaires. Tous nos interlocuteurs ont demandé de l’aide politique, des actes de solidarité, des mobilisations nouvelles tant ils ont comme nous, la conviction que la question de leur reconnaissance est passée au second plan depuis plusieurs années, dans une situation internationale plus que chargée. Tous, y compris les associations israéliennes et les parlementaires israéliens, nous ont interpellés sur la nécessité de faire respecter le droit international, et donc leur volonté de voir cohabiter un état de Palestine aux côtés de celui d’Israël, dans la sécurité et la paix. Dans tous les propos, nous n’avons décelé aucune détestation, aucune haine à l’encontre du peuple et des citoyens israéliens, malgré l’insupportable vie que leur fait subir le pouvoir des droites israéliennes.

C’est donc avec satisfaction que j’ai pris connaissance de la résolution déposée par 38 députés de gauche sur le bureau de l’Assemblée nationale, « visant à la condamnation de l’instauration d’un régime d’apartheid par Israël à l’encontre du peuple palestinien, tant dans les territoires occupés (Cisjordanie, incluant Jérusalem-Est, et Gaza) ». (Lire ici article de Pierre Barbencey dans L’Humanité du 25 juillet 2022 ) Celle-ci demande également à nouveau au pouvoir exécutif - donc à la France - de reconnaitre l’État de Palestine. Ce texte s’appuie sur le droit international et sur les rapports de trois grandes organisations non gouvernementales de défense des droits humains : Betselem (une ONG israélienne), Human Rights Watch et Amnesty International qui tour à tour, entre janvier 2021 et janvier 2022, ont rendu publics les résultats de leurs longues enquêtes. Ces rapports ont été déposés sur le bureau du comité pour l’élimination des discriminations raciales de l’Organisation des Nations Unies. Chacun conclut à l’existence d’un régime qualifié d’apartheid.
 
Le rapport d’Amnesty International précise que « les politiques cruelles de ségrégation, de dépossession et d’exclusion d’Israël à travers ces territoires tiennent clairement de l’Apartheid ». Il précise que « les Palestiniens sont réduits à des enclaves, la population est fragmentée en territoires, en système politique et administratif distant ; cette fragmentation fragilise leurs liens sociaux et politiques. Ils sont affaiblis et ne peuvent pas se mobiliser contre leur oppression ». C’est exactement ce que j’ai pu à nouveau constater ces derniers jours. (Lire ici mon texte du 8 février 2022). Ce terme d’apartheid qui étymologiquement, ce mot veut dire « développement séparé », a été rendu très fort par la trace indélébile qui a laissé le souvenir de l’Afrique du Sud et du combat de Nelson Mandela. Il nous habite toujours. Mais ce n’est pas ici d’un mot dont il est seulement question, mais d’une qualification juridique appropriée depuis 1973, puis confirmée en 1975 par la résolution 3068 du 30 novembre, qui qualifie juridiquement le crime d’apartheid. Est réputé apartheid « un système d’oppression et de domination d’un groupe racial sur un autre, institutionnalisé à travers des lois, des politiques et des pratiques discriminatoires ; par ailleurs, le crime d’apartheid suppose la commission d’actes inhumains, dans l’intention de maintenir cette domination ».

C’est exactement ce que nous avons constaté sur le territoire palestinien, occupé par un autre État, contre le droit international. La loi fondamentale israélienne modifiée a en effet fait passer Israël d’un « État juif et démocratique » à un « État-Nation du peuple juif ». Modification qui conduit l’article premier à énoncer que « Le droit à l’autodétermination nationale dans l’État d’Israël est propre au peuple juif ». Comment mieux qualifier une identité nationaliste et excluante ? C’est au nom de cet article que les Arabes israéliens sont discriminés dans leur propre pays et que pour pouvoir circuler sur leurs terres, les Palestiniens doivent avoir dans leur poche une carte d’une certaine couleur qui ne les autorise à circuler seulement sur certaines parties du territoire. À mon souvenir, il existe cinq couleurs de ces cartes. Chaque Palestinien est donc selon le secteur où il habite, assigné à résidence. Les autres parties du territoire leur sont interdites. Même les voitures ont des couleurs différentes sur leurs plaques d’immatriculation. Si vous avez une plaque verte, c’est à dire Palestinienne, vous ne pouvez pas circuler sur les routes réservées aux Israéliens, vous subissez les affres des check-points et ne pouvez pas approcher des zones considérées comme Israélienne ! Par contre avec une plaque jaune, israélienne, vous êtes libre de circuler partout. Mais, où sont donc sont les partisans de la libre circulation des personnes ?
 
Le mur ne sépare pas seulement Israéliens et Palestiniens ; il sépare aussi des villages palestiniens, des familles palestiniennes entre elles. C’est un mur d’apartheid ! L’article 7 de cette loi fondamentale stipule que « l’État considère le développement des colonies juives comme une valeur nationale et agira pour encourager et promouvoir leur création et leur renforcement ». Voilà qui est clair. Il s’agit donc bien d’une colonisation-annexion. Il s’agit ici d’un vol d’espaces et de terres palestiniennes pour amplifier une domination. La loi sur les propriétés des absents vise à spolier les familles palestiniennes de leurs biens. Au total, les Israéliens occupent aujourd’hui 93% des terres palestiniennes alors que dans le plan de partage de 1947, il en acquérait 7%. Ce que nous avons vu à nouveau lors de ce voyage, c’est que les pratiques du pouvoir israélien et de son armée sont en totale contradiction avec les résolutions de l’ONU. On ne peut reprocher à juste titre leur viol par Poutine et fermer les yeux lorsqu’il est commis par le pouvoir israélien. La Cour pénale internationale qui est saisie, définit l’apartheid comme « un crime contre l’humanité ». Aucun démocrate, aucun progressiste ne peut fermer les yeux. Le combattre, n’a rien à voir avec de l’antisémitisme et tout à voir avec le respect du droit international. Laisser entendre que cette résolution déposée par 38 députés de gauche favoriserait l’antisémitisme, reviendrait précisément à en banaliser le danger. Du reste, de nombreux responsables israéliens utilisent le mot « apartheid » pour qualifier ce système. Ainsi le comité éditorial du journal israélien Haaretz a comparé au moins 13 fois la politique israélienne actuelle à l’apartheid, depuis l’année 2006. L’éditeur de ce même journal, M. Schochen, a récemment écrit : « seule la pression internationale mettra fin à l’apartheid israélien ». L’ancien ministre Y. Paritzky parle dans son éditorial dans le journal Ydioth Ahronoth de « notre état d’apartheid ». Un collaborateur du groupe parlementaire de « la liste Commune » écrit dans un article : « L’apartheid a 66 ans ».
 
L’un des moyens de faire reculer l’antisémitisme et le racisme est précisément de changer de politique à Tel-Aviv et de faire respecter les résolutions de l’ONU. C’est aussi la condition pour que puissent « vivre ensemble les peuples israéliens et palestiniens », en paix, en sécurité, en harmonie, riches de leurs différences.
 

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24/08/2018

Mai Masri : « Sans la caméra, les faits n’existent plus »

mai massari.jpgNous retrouvons la cinéaste Mai Masri à Aubervilliers — née en Jordanie d’un père palestinien et d’une mère texane, élevée à Beyrouth, elle est, depuis le début des années 1980, l’auteure de onze films. La quatrième édition du festival Ciné-Palestine a récemment consacré une rétrospective à son œuvre documentaire et fictionnelle. Le cinéma, écrivit-elle un jour, « est devenu un moyen de recréer la Palestine et de donner un sens à nos vies déracinées1 ».

C’est donc, à l’heure où Gaza n’en finit pas de compter ses morts, de neuvième art et de résistance à l’occupation dont nous parlons : un art visant à « prendre le contrôle de la narration » face aux récits en place ; un combat que les Palestiniennes investissent chaque jour un peu plus.

Vous dites que la moitié des films palestiniens sont réalisés par des femmes : vraiment ?

Ce sont mes statistiques — la proportion de réalisatrices est peut-être bien plus élevée ! Lorsque j’ai commencé à tourner, dans les années 1980, j’étais la seule et unique réalisatrice palestinienne. J’étais aussi la seule chef-opératrice et la seule monteuse. Aujourd’hui, il y a tant de femmes palestiniennes qui réalisent ! Je ne crois pas que ce soit parce que les femmes sont devenues plus libres qu’elles réalisent des films, c’est parce qu’elles s’affirment davantage dans tous les milieux, et spécialement dans le domaine de la culture. Elles se sont affirmées en menant des mouvements populaires qui défendaient leurs propres luttes. Ce n’était pas facile, et ça ne l’est toujours pas.

Le cinéma, en tant qu’outil d’expression puissant, est un moyen pour les femmes de s’exprimer. Pourquoi la proportion de femmes réalisatrices en Occident est-elle si faible ? Il devrait y en avoir beaucoup plus. Pourquoi, en France et aux États-Unis, les réalisatrices sont-elles moins visibles ? À Hollywood, elles représentent moins de 10 % des réalisations2 : pouvez-vous le croire ? En Palestine, les femmes deviennent de plus en plus fortes grâce à leurs luttes politiques et sociales. Aussi, elles jouent un rôle primordial pour la société puisque les hommes sont souvent en prison. Depuis les premiers moments de la Révolution palestinienne, dans les années 1970, les femmes se sont engagées dans la lutte. Ça les a poussées à créer leurs propres luttes.

En 1980, à Naplouse, vous avez fait une rencontre qui allait donner naissance, en 2017, à votre premier long métrage de fiction, 3000 Nuits : pourquoi tant de temps après ?

mai massari2.jpg« Cette histoire de femme qui donne naissance tout en étant enchaînée est un symbole de toute la Palestine et de l’occupation. L’occupation et la prison, c’est la même chose. »

Quand j’ai filmé la première intifada à Naplouse, c’était la première fois que je revenais en Palestine caméra à l’épaule. Ça a été pour moi une expérience très forte ; je pouvais enfin mettre un visage sur la Palestine. Auparavant, elle avait toujours été une sorte de rêve. Là, elle devenait réalité à travers la terre, à travers les gens. Je découvrais des liens réels entre ma ville, Naplouse, et moi. J’ai rencontré beaucoup d’activistes durant la première intifada. L’un d’entre eux était une femme qui avait été prisonnière en Israël. Elle m’a raconté son histoire, celle d’une mère qui a donné naissance à son enfant dans l’enceinte de la prison. Je l’ai trouvé fascinante, très émouvante. Particulièrement lorsqu’elle m’a décrit ses conditions de détention. J’ai été très choquée d’entendre que, pendant l’accouchement, elle avait été menottée à son lit, entourée de soldats armés. Elle m’a ensuite raconté comment elle avait élevé son enfant derrière les barreaux, avec ses camarades de cellule : toutes sont devenues les mères de l’enfant.

Cette histoire a occupé mon esprit durant des années et des années. J’ai rencontré d’autres prisonnières et me suis dit : si un jour je fais un film de fiction, je dois raconter cette histoire car elle est tellement puissante, tellement humaine ! Cette histoire de femme qui donne naissance tout en étant enchaînée est un symbole de toute la Palestine et de l’occupation. L’occupation et la prison, c’est la même chose. Mais cette histoire est aussi une lueur d’espoir ! C’est pour ça que j’ai voulu que le personnage s’appelle Nour : « lumière », en arabe. D’ailleurs, le véritable nom de l’enfant de cette jeune femme, c’est « Palestine ». Incroyable, non ? Parfois, la réalité est si forte ! Parfois, les coïncidences sont bien trop frappantes pour ne pas en faire un film.

Le jour de son deuxième anniversaire, Nour, dans votre film, est repris à sa mère par les soldats israéliens. Est-ce un phénomène courant dans les prisons ?

C’est très commun. 3000 Nuits laisse cela en suspens : on ne sait pas vraiment où va aller Nour. J’ai voulu garder ce suspens intact parce que la mère ne sait bel et bien pas où va aller l’enfant : dans les bras de son père ? des Israéliens ? La question reste sans réponse. D’ailleurs, les soldats font pression sur la mère pour qu’elle collabore afin que l’enfant ne soit pas abandonné, qu’elle puisse le garder plus longtemps. Mais elle prend la décision de ne pas collaborer et décide d’en payer le prix.

Comment ont évolué les prisons israéliennes pour femmes, depuis cette rencontre ?

Il y a eu quelques changements dans les prisons, c’est vrai. Mais pas de changements majeurs. Les conditions sont même pires par certains aspects. Dans les années 1960, les prisonnières n’avaient rien : ni papier, ni livre, ni de quoi écrire, rien. Elles devaient se battre pour tout à chaque instant. Ça a changé car il y a eu beaucoup de mouvements de contestation. À l’époque, les prisonniers criminels et les prisonniers politiques partageaient la même cellule. Ça aussi, ça a changé. Cela crée beaucoup de conflits quand un drogué, un pédophile ou un tueur côtoie dans la même cellule un prisonnier politique palestinien.

Mais, selon moi, ils ont été séparés pour une autre raison : en 1980, durant le massacre de Chatila au Liban, j’ai compris à travers des recherches et des témoignages que bien des prisonniers israéliens étaient devenus solidaires de la cause palestinienne. Ils respectaient les Palestiniens malgré leurs divergences politiques. L’emprisonnement conduit au respect ; personne n’a parlé de ça. Voilà pourquoi j’ai trouvé intéressant de me concentrer sur ces détails auxquels personne ne porte d’intérêt.

Les femmes et la jeunesse sont très présentes dans vote œuvre : que vous inspire la lutte d’Ahed Tamimi, arrêtée fin 2017 pour avoir giflé un soldat de l’occupation après que l’un de ses cousins a été gravement blessé à la tête ?

Elle est un symbole de la jeunesse et de cette nouvelle génération qui n’a pas oublié la Palestine, qui veut continuer la lutte même s’il faut en payer le prix fort. Elle représente ces jeunes femmes qui symbolisent la force et le courage. Car il en faut du courage pour frapper un soldat israélien… D’ailleurs, il l’avait bien mérité, cette claque ! (rires) C’est surréaliste de voir qu’une simple claque a mené cette jeune femme en prison. Elle a vu des gens de sa famille être arrêtés, tués.

Ahed Tamimi incarne la résistance civile non-armée et cela inquiète l’armée israélienne et le gouvernement : cette résistance rappelle la première intifada, qui, en tant que mouvement non-armé, avait grandement changé le regard porté par l’opinion publique sur les Palestiniens. Des gens du monde entier se sont enthousiasmés à la vue de ces femmes et de ces enfants qui se battaient contre des hommes armés alors qu’eux-mêmes ne l’étaient pas. En tant que réalisatrice, j’ai pu observer ces changements.

J'ai commencé à faire des films dans les années 1980, les Palestiniens ne savaient pas quoi faire des images, ils avaient peur qu’elles soient utilisées contre eux, particulièrement dans les camps de réfugiés. Ceux qui filmaient sur place étaient des journalistes. Mon mari, Jean Chamoun, et moi étions les premiers réalisateurs sur le terrain. À chaque fois que les Palestiniens voyaient une caméra, et donc un journaliste, le camp était ensuite bombardé par les Israéliens. Ils faisaient donc un lien entre la caméra et le fait d’actualité qui allait être couvert — alors que, lors de la première intifida, avoir une caméra était à la portée de tout le monde. Les Palestiniens ont commencé à filmer pour raconter leur histoire et prendre le contrôle de la narration. C’est un très grand changement. C’est l’une des raisons pour lesquelles il y a de plus en plus de réalisateurs palestiniens.

3000 Nuits a été tourné dans une véritable prison, en Jordanie. Pourquoi ce choix ?

« Les Palestiniens ont commencé à filmer pour raconter leur histoire et prendre le contrôle de la narration. C’est un très grand changement. »

J’ai été très chanceuse de pouvoir filmer dans une véritable prison. J’ai fait beaucoup de recherches, j’ai visité beaucoup de prisons, surtout à l’ouest. C’était très compliqué car les Israéliens ont détruit nombre des prisons qu’ils ont utilisées. Les Américains eux-mêmes ont insisté pour qu’elles soient détruites afin qu’il n’y ait plus de traces, donc pas de mémoire. Détruire la mémoire est une pratique commune chez eux. J’ai eu la chance de trouver cette prison vide, hors d’usage. Mais j’avais besoin d’autorisations car il s’agissait d’une prison militaire : j’ai obtenu un permis de la part de l’armée jordanienne.

C’était très important de tourner dans une vraie prison car ça donne aux images une énorme force visuelle : de vrais murs, de vrais barreaux, une lumière authentique, des ombres, etc. Mais, au-delà de ça, tourner dans une vraie prison est important pour le jeu d’acteur : les actrices et l’équipe — majoritairement des femmes — oubliaient qu’il s’agissait d’un film et pouvaient ressentir l’oppression qu’incarnait le lieu. Toutes avaient, dans leur vie personnelle, une expérience de la prison : soit parce qu’elles avaient déjà été emprisonnées, soit parce qu’elles avaient de la famille derrière les murs.

Souvent, je demandais aux actrices d’improviser ; elles ont dès lors amené leur expérience personnelle sur le tournage. Avec Gilles Porte, le chef opérateur, on se questionnait beaucoup sur les couleurs : lesquelles choisir ? quelle lumière ? quelles ombres ? Je voulais qu’il y ait une approche poétique dans ce film, même s’il est difficile de le faire dans pareilles conditions… Mais Gilles est un artiste et nous avons pu rendre ce film poétique. Il y a peu de dialogues mais beaucoup de paroles visuelles. Quand l’oiseau fictif apparaît de plus en plus réel à côté de Nour endormi sur le sol, c’est un moment magique ! Le son aussi était important. Je voulais garder les sons de la prison : les chaînes, les serrures, les marches, les portes qui se ferment…

Travailler avec un enfant de 2 ans sur un tel tournage a dû être particulièrement délicat. Que lui avez-vous expliqué ?

Il ne savait même pas ce qu’était une caméra ! Pour lui, c’était une découverte permanente. Nous devions être patients avec lui — les documentaires que j’avais déjà réalisés sur et avec les enfants m’ont beaucoup préparée. Dans la fiction, on a une grande équipe, beaucoup d’acteurs ; on doit être prêts quand l’enfant est prêt. Pour la scène d’anniversaire, nous devions faire une seule prise mais tantôt il n’était pas de bonne humeur, tantôt il fallait attendre qu’il dorme pour filmer les scènes de sommeil. Les sons de la prison étaient assez perturbants pour lui. Mais il a beaucoup aimé cette expérience. Tout le monde prenait soin de lui : il dit souvent à son père qu’il veut y retourner aujourd’hui ! Ici, c’est très compliqué de tourner avec un enfant de 2 ans. Personne ne le fait. Dans d’autres pays, ou à Hollywood, on conseille d’avoir des jumeaux : quand l’un des deux dort, l’autre peut être sur le tournage ! C’était très fatigant de trouver des astuces pour retenir son attention durant deux semaines.

Vous invitez même les enfants à prendre la caméra, comme on le voit dans Les Enfants de Chatila. Ils apparaissent pleinement conscients de la situation et portent un regard très mûr.…

J’ai réalisé une trilogie documentaire sur les enfants. Le premier film était Les Enfants du feu, tourné à Naplouse avec un garçon de 12 ans et une fille de 11 ans. Tous deux très mûrs pour leur âge. Le fait de vivre sous occupation et d’entendre ses parents ne parler que de ça, le fait que la télévision soit toujours branchée sur les chaînes d’information, que leurs parents soient allés en prison, qu’ils soient allés leur rendre visite, que leur maison ait été détruite… tout cela fait qu’on grandit tous les jours, et très vite.

J’ai fait beaucoup de recherches sur l’enfance, j’ai rencontré beaucoup d’enfants et j’ai choisi ceux que je voulais finalement suivre : les plus bavards, les moins timides. Dans mon second film, Les Enfants de Chatila, je voulais voir à travers leurs yeux, leur imagination, leurs rêves : c’est pour ça que je leur ai tendu la caméra — c’était alors une idée neuve. J’avais visité le camp de Chatila, étudiante : les réfugiés se représentaient la Palestine comme un rêve. Quand les Israéliens ont tout détruit en 1982, Chatila est devenu un symbole de l’exil, un symbole très triste, de massacre, de déplacement. J’ai voulu filmer les enfants avec leur passé. Le garçon que j’ai choisi, Issa, m’a beaucoup émue ; j’avais rêvé de lui avant même notre rencontre, c’est très étrange. Un garçon remarquable. Il a été victime d’un accident de voiture et a perdu la mémoire. Il parle très lentement, il me raconte souvent ses rêves ; il est spécial. Il représente les enfants du camp, certes, mais il est différent et c’est ce que j’ai aimé. Il essai de se rappeler, de retrouver la mémoire du passé. C’est très symbolique…

« Ces rêves créent leur propre identité. C’est pour cela que la cause palestinienne peut être préservée, peut rester vivante, spécialement dans les camps de réfugiés. »

Dans le troisième film, Rêves d’exil, j’ai creusé cette idée, mais en suivant deux filles d’un autre camp, celui de Dheisheh, à Bethléem. Je suis allée filmer la libération du Sud-Liban car j’avais entendu dire que les Palestiniens se rendaient à la frontière. C’était très difficile d’inscrire l’histoire de ces filles dans une narration sans aborder le contexte historique. Quelques jours après notre passage, la frontière est devenue une zone militaire très surveillée ; s’y rendre était difficile pour les Palestiniens, qui risquaient de se faire tuer.

Nos images sont devenues des témoins importants : sans la caméra, les faits n’existent plus — elles incarnent une forme d’espoir pour les Palestiniens. Tous mes films ont été réalisés pendant des guerres ou à des moments clés, et les séquences que j’ai filmées à la frontière font désormais partie de l’Histoire : c’est donc un sentiment extraordinaire qui me traverse à chaque fois que je tourne. À ce moment-là, j’ai d’ailleurs beaucoup pleuré, et mon équipe aussi. Dans le film, il y a cette jeune fille à Chatila, la poétesse ; sa manière de choisir ses mots et de s’exprimer est en contraste considérable avec la réalité. Nombre de mes films sont construits sur ce contraste puissant entre imagination et réalité. L’imagination des jeunes Palestiniens et leurs rêves d’une Palestine vivante tranchent avec la dureté de la réalité. Ces rêves créent leur propre identité. C’est pour cela que la cause palestinienne peut être préservée, peut rester vivante, spécialement dans les camps de réfugiés.

En quittant Beyrouth, assiégée par l’armée israélienne en 1982, l’OLP a perdu l’ensemble de ses images d’archives, confisquées à la frontière. Avez-vous connu semblable mésaventure ?

Non, car nous avons amené nos images en France. J’ai fait un film avec Jean Chamoun, Sous les décombres, réalisé avec le CNRS et un laboratoire français. Les nôtres ont donc été sauvées mais beaucoup d’archives ont été confisquées, oui. Mon mari a souvent travaillé sur la Révolution palestinienne avec l’Institut palestinien ; nombre de ses images ont été perdues — mais l’un de ses films a été sauvé, un film très important qu’il a réalisé avec Mustafa Abu Ali, Tel al-Za‘atar. J’ai le pressentiment que les choses vont changer, que les images vont ressurgir. Quantité de pays à travers le monde s’intéressent aux archives de l’histoire palestinienne et, même, les restaurent. Ce n’est pas aussi tragique que ce que l’on croit, finalement.

Votre mari a également réalisé un film sur les prisons pour femmes palestiniennes, Terres des femmes.

C’est l’histoire de Kiffah Afifi, une Palestinienne qui vient du camp de Chatila, emprisonnée dans le Sud-Liban. C’est un très beau film et c’est un document historique. Car cette prison, celle de Khiam, a été détruite par l’armée israélienne en 2006. C’est donc l’un des nombreux films qui peuvent nourrir l’Histoire, et c’est le seul sur Khiam. Voilà le pouvoir du documentaire. C’est ce que j’ai appris : les films, qu’il s’agisse de documentaires ou de fictions, proviennent du réel.

Quelle différence faites-vous entre le documentaire et le reportage de type journalistique ?

Une très grande différence. Les reportages se focalisent souvent sur la violence et les massacres, et ce dans un laps de temps très court. Les documentaires apportent de l’humanité en se concentrant sur les personnages et la narration. Ce que j’aime particulièrement avec le documentaire, c’est de pouvoir faire autre chose qu’un simple entretien avec l’autre : raconter une histoire, l’histoire des gens, c’est entrer en relation avec eux, mettre une histoire vraie sur un visage. Les informations télévisuelles restent importantes car elles permettent de savoir ce qu’il se passe dans le monde, mais les gens oublient les informations brutes puisqu’elles défilent en continu. Il y a trop d’images à intégrer. Nous devons apporter quelque chose de sensible pour contrer l’oubli. Le documentaire de cinéma, on le vit, on le ressent, on a l’impression de connaître les personnages, on se soucie d’eux. Pour conserver l’Histoire, il y a aussi les livres, mais les livres ne transmettent pas l’histoire intime des personnages : dans le documentaire, leur histoire est écrite avec leur propre voix et leur propre pensée. De plus en plus de jeunes, qui n’aiment pas lire, s’intéressent aux documentaires, se questionnent et veulent comprendre. Il faut un lieu pour qu’ils puissent s’interroger, et c’est le cinéma.

Quelle a été votre réaction en apprenant que 3000 Nuits avait été censuré par la mairie d’Argenteuil, lors de l’édition 2016 du festival Ciné-Palestine ?

« C’est également arrivé en Italie : le film avait été programmé à l’université Roma Tre et on m’a annoncé, alors que j’étais dans l’avion, que la projection avait été annulée à la demande de l’ambassade d’Israël. Incroyable ! »

J’ai d’abord été très surprise, parce que c’est la première fois que l’un de mes films est censuré en France depuis les années 1960 ! Mais, à Argenteuil, ils avaient aussi censuré Le Sociologue et l’Ourson sur le mariage gay, en même temps que le mien : c’était drôle, au final. Tout cela a créé une sorte de lien entre ces deux films. On a pu voir fleurir des articles sur cette censure dans les médias et des pétitions ont été signées. Une marche a même été organisée dans un parc, avec des mégaphones ! Nous avons marché avec l’équipe, les producteurs, le distributeur, toutes les associations. Nous avons finalement projeté le film à la MJC d’Argenteuil avec le festival Ciné-Palestine. La première a eu lieu en pr

ésence de Ken Loach à l’Institut du monde arabe, c’était incroyable ! La censure organisée par la mairie aura été une belle opportunité pour promouvoir le film ! C’est également arrivé en Italie : le film avait été programmé à l’université Roma Tre et on m’a annoncé, alors que j’étais dans l’avion, que la projection avait été annulée à la demande de l’ambassade d’Israël. Incroyable ! J’étais choquée. Dans la même nuit, en guise de protestation, on a montré le film dans trois lieux différents de Rome. Les journaux en ont beaucoup parlé : la censure réveille les gens. Le cinéma n’est pas seulement un art, c’est un art qui prend part aux luttes.

Depuis fin mars 2018, une centaine de Palestiniens ont été tués lors des manifestations à Gaza pour le droit au retour sur leurs terres. La thématique du festival Ciné-Palestine a cette année rendu hommage à la Nakba de 1948. Que vous évoquent ces récents évènements ?

Beaucoup de choses. La Marche du retour a lieu aujourd’hui à Gaza mais elle a commencé au Liban dans les camps de réfugiés. Mon neveu a été touché au cours de cette marche, en 2009, par un sniper israélien — dans le dos, alors qu’il n’était pas armé : il est désormais paralysé, en fauteuil roulant, et beaucoup ont été tués alors. Cette génération qui se bat et prend des risques est animée par la même force qui animait celle de 1948. Les jeunes Palestiniens n’ont pas oublié leurs droits, ce droit au retour — un droit très symbolique.

La célèbre citation de David Ben Gourion, « Les vieux mourront et les jeunes oublieront3 », est totalement erronée : cette marche nous prouve le contraire ! Et spécialement à Gaza, cette prison dans laquelle les gens ne peuvent ni sortir ni entrer, vivant dans des conditions misérables où tout est dévasté : pas d’espoir, pas de nourriture, pas d’eau, rien. Ce ne sont pas juste 150 personnes tuées ; ce sont 20 000 blessés et vivants qui souffrent plus que ceux qui sont morts. Les soldats utilisent des balles explosives — qui causent le plus de dégâts possibles — qui n’existent pas ailleurs. Si on vous tire dans la jambe, il faut la couper ; les soldats israéliens tirent de manière stratégique à ces fins. Par exemple, le joueur de football de Gaza, Mohammed Rabo a perdu ses deux jambes. Ils ont même tiré dans la poitrine d’une infirmière qui portait encore sa blouse ! Ils tirent sur des enfants. Ils tirent dans le dos des gens. Ceux qui se dirigent vers la frontière savent qu’ils vont mourir ou être handicapés à vie. Je me dois, en tant que réalisatrice, de raconter tout ça.

1. ↑ « Transcending Boundaries », juin 2008, This Week In Palestine, n° 117.
2. ↑ « En 2010, 7 % de l’ensemble des réalisateurs à Hollywood étaient des femmes. Ce chiffre a évolué au fil du temps, mais il est revenu au même niveau en 2014, lorsque de nouveau, on a dénombré 7 % des femmes réalisatrices à Hollywood. » — source.
3. ↑ « The old will die and the young will forget. » David Ben Gurion, journal, 18 juillet 1948, cité par Michael Bar Zohar’s dans Ben-Gurion : the Armed Prophet, Prentice-Hall, 1967, p. 157.

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