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26/02/2022

Présidentielle 2022 : le programme de Fabien Roussel pour « la France des jours heureux »

Fabien Roussel programme.jpg

Fabien Roussel, le candidat communiste à l’élection présidentielle, défend un projet axé sur le pouvoir d’achat, la redistribution des richesses et la rupture avec les traités européens.

Institutions

– Supprimer l’élection du président de la République au suffrage universel.

– Élire l’Assemblée nationale à la proportionnelle intégrale.

– Accorder à l’Assemblée nationale le pouvoir d’investir le premier ministre.

– Abroger l’article 49-3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de faire passer un texte sans vote, et l’article 40 limitant le pouvoir d’initiative parlementaire en matière financière.

– Instaurer un droit de pétition permettant à 500 000 citoyens de faire inscrire un texte à l’ordre du jour du Parlement.

– Permettre à un million de citoyens de déclencher un référendum sur des questions relevant de l’organisation des pouvoirs publics, des changements constitutionnels, ou des traités.

– Revoir le découpage en 13 régions.

Écologie

– Lancer un plan de 140 milliards pour l’emploi et le climat.

– Constituer un mix énergétique « 100 % public et 100 % décarboné », renouvelable et nucléaire, dont la construction de six EPR supplémentaires au minimum.

– Développer l’agriculture et créer un fonds alimentaire de 10 milliards d’euros « pour que chaque enfant mange sain et à sa faim à l’école ».

– Rouvrir les petites lignes SNCF et assurer la gratuité des transports publics urbains.

– Consacrer chaque année 10 milliards à la rénovation énergétique de 700 000 logements.

Famille

– Un service public national de la protection de l’enfance.

– Supprimer Parcoursup et la sélection à l’université.

– Créer un revenu étudiant d’un montant minimum de 850 € par mois, lancer un plan « zéro jeune au chômage ».

– Créer un ministère des droits des femmes de plein droit, consacrer 1 milliard d’euros à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

– Créer un service public du grand âge.

– Créer sur trois ans 300 000 emplois en Ehpad et 100 000 aides à domicile.

Bioéthique

– Inscrire l’IVG dans la Constitution comme droit fondamental.

– Garantir l’accès à l’adoption et à la PMA pour « toutes et tous ».

Travail, retraite

– Augmenter les salaires et les minima sociaux, dont le smic à 1 500 € net par mois.

– Augmenter de 30 % les salaires de la fonction publique.

– Garantir un droit universel à l’emploi.

– Réduire le temps de travail à 32 heures, sans diminution de salaire.

– Rétablir la retraite à 60 ans, avec une pension à taux plein.

– S’engager pour une pension minimum à 1 200 € net par mois.

Finances

– Tripler l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), baisser l’impôt sur le revenu des tranches inférieures, réduire la TVA.

– Réformer la fiscalité des donations et successions.

– Mettre en place un nouvel impôt sur les sociétés, en fonction du chiffre d’affaires et des résultats des entreprises, et le majorer pour les groupes qui spéculent et délocalisent.

– Embaucher 500 000 agents pour les services publics.

– Voter des nationalisations pour former des pôles publics nationaux et décentralisés, notamment dans les secteurs des transports, du médicament, de l’énergie, de La Poste, des télécoms.

Régalien

– Refonder l’organisation des forces de police, créer une police nationale de proximité de 30 000 agents.

– Lancer un plan de sauvetage de la justice, loin des logiques budgétaires.

– Remplacer le Conseil supérieur de la magistrature par un Conseil supérieur de la justice, garant de l’indépendance des magistrats.

– Supprimer le « verrou de Bercy » pour poursuivre les fraudeurs fiscaux sans autorisation préalable du ministère des finances.

– Sanctionner durement le racisme et l’antisémitisme, dont le rappel de la possibilité de requérir l’inéligibilité.

Diplomatie

– Désengager les troupes françaises du Sahel.

– Sortir de l’Otan.

– Signer le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).

– Ouvrir des négociations pour une rupture avec les traités européens néolibéraux.

– Proposer un pacte pour le climat et l’urgence sociale de 900 milliards d’euros.

– Remettre en cause les traités de libre-échange au profit de nouveaux traités de coopération et d’échanges justes, des accords de paix et de sécurité collective.

Immigration

– Ouvrir des voies légales et sécurisées pour les migrants en respect du droit international.

– Garantir de nouveau le droit d’asile aux réfugiés.

– Interdire les tests osseux pour les mineurs non accompagnés.

Laïcité

– Créer un observatoire indépendant de la laïcité.

– Ouvrir un débat sur la fin du concordat en Alsace, Moselle et outre-mer avec les collectivités et les populations concernées.

Pour découvrir l'intégralité de son programme, cliquez sur cette ligne

21/06/2015

80 EME FETE DE L'HUMA LES 11, 12, 13 SEPTEMBRE : UN FEU D'ARTIFICE DE SPECTACLES ET DE VEDETTES !

feu.jpg

Le plateau 2015 s’annonce comme une cuvée exceptionnelle, particulièrement relevée. Le 4 juin, les premiers noms étaient dévoilés. Les Écossais de Texas côtoieront sur la grande scène Manu Chao, Youssoupha, l’Orchestre Divertimento, Shaka Ponk, Al Kamandjati ou encore Soviet Suprem. La programmation aurait pu se clore là que le spectacle aurait été au rendez-vous. Il n’en est rien ...

greco.jpgFace à l’enthousiasme des lecteurs et militants, la direction de la Fête de l’Humanité remet généreusement le couvert. Et mieux vaut avoir de l’appétit. L’immense Juliette Greco passera par La Courneuve pour sa tournée d’adieux. Il y a fort à parier que l’émotion sera palpable. Autre émotion, autre scène.

Les Écossais de Texas y viendront fêter leur 25 ème anniversaire. Du haut de leurs 40 millions d’albums vendus, Sharleen Spiteri et sa bande dispenseront une pop efficace et universelle.

manouchao.jpgManu Chao déroulera ses chansons sans frontières prospères aux mélanges.

Le rock énergique de Shaka Ponk achèvera le rapprochement.

Le hip-hop ne sera pas en reste. Youssoupha qui eut maille à partir avec Éric Zemmour et refusa de chanter pour François Hollande déclamera son rap fraternel et pacifiste.

Soviet Suprem étrennera son imagerie soviétique et sa chanson électro-balkanique.

Les Hurlements d’Léo viendront rendre un vibrant hommage à Mano Solo. Les Bordelais réinterpréteront le répertoire du poète insoumis décédé il y a déjà 5 ans.

L’événement sera la venue exceptionnelle de Method Man et Redman, les deux rappeurs new-yorkais issus du mythique Wu-Tang Clan.

tiken.jpgTiken Jah Fakoly avec son reggae militant dispensera un concert de soutien en faveur de l’Afrique.

En concert à l’Olympia du 20 au 25 mai et qui affiche complet, la famille Chedid (Louis, Matthieu, Joseph et Anna) viendra conjuguer ses talents.

Le trio belge des Triggerfinger sera également sur la grande scène.

Un mélange de culture que ne renieront pas l’orchestre Divertimento et Al Kamandjati, l’association de Ramzi Aburedwan (Conservatoire national de la région d’Angers) qui s’obstine à bâtir des écoles de musique pour les enfants de Palestine. La soif de partage et d’excellence est inextinguible.

Divertimento_Fete_Huma_101.jpg

L'association Zebrock, pouvoyeuse de talents

La scène Zebrock, qui continue son rôle de pourvoyeur de talents, présentera les lauréats du tremplin. Révélés en 1992 par l’association séquanodionysienne, les Innocents, à la faveur d’une fraîche reformation, se rappelleront aux bons souvenirs des amateurs de pop à la française.

Lénine Renaud, le groupe emmené par Franck Vandecasteele (ex-Marcel) et Cyril Delmote (ex-VRP) proposera ses univers poétique et réaliste.

Les cinq membres de la Maison Tellier feront découvrir leur folk classieux.

Toujours avide de découverte, l’association menée par Edgard Garcia devrait réserver encore bien des surprises (la Cafetera Roja, The Missive...). Les trois lauréats du tremplin Zebrock, Einleit et sa pop électronique cinématique, la chanteuse Clarys et son univers élégant, brut et entêtant et Johnny Montreuil, s’essaieront à la scène grandeur nature.

Zoufris Maracas, revient après un passage remarqué en 2012.

Plus que jamais, cette édition 2015 s’impose comme l’événement incontournable de la rentrée.

La Fête de l’Humanité se tiendra du 11 au 13 septembre au parc départemental de La Courneuve.

 
Au programme de la grande scène :
 
Vendredi 11 septembre :
  • Al Kamandjati et l’Orchestre de chambre de Paris
  • Method Man et Redman
  • Shaka Ponk
  • Youssoupha
 
Samedi 12 septembre :
  • Divertimento
  • Manu Chao
  • Soviet Suprem
  • Texas
  • Triggerfinger
  • Tiken Jah Fakoly and Friends
 
Dimanche 13 septembre :
  • La famille Chedid
  • Juliette Gréco
  • L’Orchestre national de France

 

Lionel Decottignies, Humanité Dimanche
 
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01/10/2013

Au moins trois bonnes raisons de ne pas cautionner le Front National.

Front National, programme

Je ne m’attarderai pas cette fois-ci sur les attardés militants et sympathisants que compte le Front National ainsi que leurs interventions très profondes et recherchées mais sur des points du programme, tirés directement de leur site et des différentes prises de positions connues jusqu’à ce jour.

Je ne commenterai pas non plus les conditions plus que douteuses de la formation de leur parti, leur prédilection pour les références négationnistes et pour les fréquentations tout aussi abjectes. Mais nous allons ici nous attarder sur trois points qui me semblent essentiels pour comprendre et appréhender le Front National. Ce parti démagogue qui usurpe une étiquette sociale en critiquant les agences de notation et le Triple A vaut pour ma part la peine d’être à son tour noté par un Triple H, à savoir la Triple Haine portée par le FN.

Le Front National est anti-immigrés.

Non, ce n’est pas un fantasme de gauchiste, le Front National camoufle bien sa haine de tout ce qui n’est pas français derrière un soi-disant péril économique lié à l’immigration qui est en réalité une simple crainte de voir disparaître la "race blanche de tradition chrétienne", preuve en est les différentes prises de positions sur des sujets qui bizarrement n’entrent plus tout à fait dans le cadre économique mais bien sur des éléments qui ont trait à la vie en société.

Marine Lepen dans son projet pour la France, avance qu’il faut augmenter les reconduites à la frontières des sans papiers, elle le disait encore ce weekend lors de ses universités d’été à Marseille, "être sans-papiers est un délit". Ce qu’elle ne dit pas, c’est que ces "délinquants", aimeraient bien avoir la possibilité d’avoir des papiers, d’être régularisés et pour la plupart au moins avoir une carte de séjour, alors que la vérité c’est que bien souvent ces étrangers ont recours à la naturalisation. Un délit voulu ou subi? Je vous pose la question. Croyez-vous que c’est par choix ces gens ont décidé de quitter leur pays, d’abandonner leurs habitudes pour aller travailler ailleurs et trouver le moyen de s’en sortir ailleurs? Croyez-vous qu’ils ont choisi que leur pays soit victime du chantage à la dette, du libéralisme létal et ascétique qui assomme toujours plus sévèrement les plus démunis,  imposé par le FMI? Non, je ne crois pas, et ces gens qui étaient déjà en position de faiblesse au départ ne cherchent qu’à satisfaire leur instinct de survie, instinct primaire qui prime sur tout le reste et qui est naturel chez l’Homme, qui avant l’industrialisation n’a pas toujours été sédentaire et qui a bougé très longtemps pour répondre à la leurs besoins.
Chercher à vivre serait donc un délit…?

Plus loin de ces considérations "philosophiques", nous pouvons noter que les reconduites à la frontières coûtent 415,2 millions d’euros chaque année. Une politique non seulement immorale mais coûteuse pour l’Etat, alors qu’il est avéré que l’immigration rapporte plus qu’elle ne coûte à la France. En effet, lorsque l’Etat verse 47,9 milliards d’euros aux immigrés d’aides en tous genres, ces derniers, par l’effet de la valeur induite rapportent 60,3 milliards de recettes dans les caisses par le paiement des impôts sur le revenu, de la CSG et surtout de la TVA qui est l’impôt le plus injuste et qui représente plus de la moitié du budget de l’Etat, par l’effet de la consommation.

Par ailleurs, tabler sur une croissance zéro comme le préconise Marine Lepen dans son programme serait également un suicide économique, puisque se priver de l’immigration représenterait un manque à gagner qui représente 5% du PIB.

Le Front National avance également que les travailleurs étrangers représentent une concurrence déloyale pour les français. Quid de la mort du code du travail, notamment avec les dernières réformes "sociales", résultat d’une politique toutou du MEDEF? Quid des délocalisations et de la division internationale du processus productif qui réduit les salarié-e-s à de simples facteurs de production soumis eux aussi à la course à la baisse des coûts de production (entendez donc par là, recherche effrénée de la baisse des rémunérations, cf la confiscation de la plus-value chez Marx). Quid du dumping social et fiscal plus généralement qui eux sont réellement responsables de la dégradation des conditions de travail?

La réponse à ces questions, vous ne les trouverez bien évidemment pas sur le site du Front National car ce serait admettre que leurs calculs sont faux et qu’ils ne fournissent en rien une réponse aux réels problèmes que rencontre le pays.

Le Front National est anti-féministes.

On ne peut, à mon sens, être féministe et avoir ne serait-ce qu’une once de sympathie pour le Front National. Pourquoi? Parce que ce parti est celui dont les leaders osent dire que "l’Etat ne peut rembourser les avortements de confort", que "ce n’est pas à l’Etat de réparer les inattentions des femmes" ou encore qu’"il faut dérembourser les IVG. On a quand même des moyens de contraception abordables. Je pense que c’est un acte grave et qu’aujourd’hui on est confrontés à un certain nombre d’excès". Revenons donc sur ces éléments évoqués par Marine Lepen et Marion Maréchal Lepen.

Tout d’abord il me semble déjà assez surprenant et même provocateur de juxtaposer "avortement" et "confort", qui sont des termes antinomiques voire oxymoriques. En effet, l’avortement est un acte grave, là dessus personne ne conteste, et justement l’avortement n’est en rien un acte de confort, mais une situation de détresse mûrement réfléchi par la concernée. Il faut ensuite ajouter que 72% des femmes ayant recours à l’IVG étaient sous contraception. Il est bien beau de parler de contraception, mais il faut rappeler:

- que celui est un moyen de prévention de la grossesse, et que lorsque celle-ci est démarrée, la contraception ne sert plus à grand chose et ne résout en rien le problème de la grossesse non désirée,

- que la contraception n’est pas toujours remboursée par la Sécurité Sociale,

- que si l’on est si préoccupés que cela par la santé des femmes, la pilule n’est pas non plus un moyens de contraception sans risques, cf les scandales récents liés aux effets nocifs de cette contraception,

- que malgré le large choix de la contraception, toutes ne sont pas adaptées,

- que même si l’on déremboursait les IVG les avortement ne cesseraient pas, et l’on aurait le retour en force de pratiques dangereuses clandestines comme celles des "faiseuses d’anges" d’avant la loi Veil.

Nous pouvons donc en conclure que ces propos et les prises de position du FN quant à la contraception, l’IVG et le planning familial ont des réactions rétrogrades qui tendent à faire de la femme un être irresponsable, tant et si bien qu’il faut l’en empêcher d’avoir pleine possession de son corps.

Le Front National est anti-social.

"En l’absence du levier de la croissance économique pour susciter des recettes fiscales puis des excédents budgétaires, il faudra avoir recours à la monétarisation du budget".
Cette quelque peu énigmatique ne l’est pas tant que ça en réalité puisque cela montre à nouveau que le Front National n’est pas ce parti qui se veut social et utilise lui aussi des éléments capitalistes comme la croissance. Ce postulat pose en effet comme solution première de faire de la croissance pour créer des recettes, solution productiviste alors même que l’on sait aujourd’hui que la croissance est l’ennemie du social et qu’elle rencontre ses limites.

Les approximations continuent dans le chiffrage du budget puisque par exemple elle pose le calcul suivant " entre 5 et 70 milliards par an d’économies liées au gel du budget de l’UE, de la fraude sociale et du coût de l’immigration". Plusieurs réactions en voyant ceci, tout d’abord ma grande surprise dans le calcul, il y a quand même un monde en 5 et 70 milliards, preuve une fois de plus des lacunes économiques de ce parti, et surtout comment espérer des économies qui représentent 5% du PIB dans un domaine qui concerne entre autres, les économies liées au coût de l’immigration, alors que c’est justement le manque à gagner lié à une immigration zéro?
Deuxième question, pourquoi seulement s’attaquer à la fraude sociale alors que la fraude fiscale est un fléau tout aussi contraignant pour l’Etat (si ce n’est plus…).

Front National, programmeJe relève aussi qu’elle compte gagner 10 milliards d’euros par la relance économique afin de soutenir la réindustrialisation, l’emploi, l’activité et la consommation. Mais comment tabler sur ce chiffre alors que si je réutilise juste les chiffres précédents, les immigrés à eux seuls génèrent 12 milliards d’euros. Par ailleurs est-ce une bonne chose de soutenir l’industrialisation à outrance? Peut-on vraiment miser sur un processus qui étouffe et dilapide les ressources naturelles?
Pour finir, il faut noter que Marine Lepen, ne justifie jamais ses chiffres, ne donne jamais ses sources et utilise des calculs hasardeux qui sont bien loin de la réalité économique.

Tout cela pour dire que le Front National est un parti réactionnaire qui se focalise avant tout sur l’émotion. Et je conclurai par cette phrase de Michel Winock qui résume tout, "le FN est la conjonction de toutes les familles de l’extrême droite française: contre-révolutionnaire, pétainiste et fasciste".

Révolutionnairement vôtre,

La Robe Rouge.

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02/04/2009

Bernard Poignant invite à lire “Besancenot dans le texte”

BESANCENOT.jpgPOLITIQUE - Le maire PS de Quimper et député européen Bernard Poigant a lu attentivement le livre d’Olivier Besancenot  et de Daniel Bensaïd : "Prenons parti pour un socialisme du XXIème siècle", paru aux éditions Mille et Une Nuits en janvier 2009. Il livre ici son opinion sur la politique que ce texte préconise, porteuse selon lui de “sectarisme” et de “totalitarisme”.

" Il faut lire le livre d’Olivier Besancenot et de Daniel Bensaïd : "Prenons parti pour un socialisme du XXIème siècle", paru aux éditions Mille et Une Nuits en janvier 2009. Quand un nouveau parti est créé, il faut aller chercher la société qu’il prévoit ou qu’il prépare. Dans le livre et ses 371 pages, on rencontre de la démagogie et de l’à-peu-près. Ce n’est pas cela le plus important : on peut trouver les mêmes défauts dans la littérature du Parti Socialiste. Par contre, il n’est pas indifférent de regarder si la politique annoncée est garante des libertés, respectueuse du droit, attachée à la démocratie et à son expression par le suffrage universel. Car le but est affiché page 125 : "Une société alternative au capitalisme nécessite une rupture avec la société d’aujourd’hui et son Etat". Très bien mais permettez qu’on jette un coup d’œil sur ce qui est prévu ! Les auteurs ajoutent : "Un changement de société ne peut se résumer à une alternance d’équipe gouvernementale". D’accord mais acceptez que l’on défende ce principe de l’alternance, y compris pour permettre à la droite de battre la gauche, si les électeurs en décident ! Pour clore ce point, Olivier Besancenot écrit : "Changer ou pas la société, en dernière analyse, revient à savoir : qui décide ici ? Le Gouvernement, le Parlement issu de la vieille société ? Ou bien le pouvoir populaire de la nouvelle société qui pousse au sein des conseils de quartiers et des assemblées d’entreprises ?" Excusez du peu : on a déjà donné avec les soviets !

Au fil de la lecture, des interrogations naissent : la crise du capitalisme financier et du capitalisme tout court est bien analysée. Mais c’est un papier-collé de Karl Marx qui a fait ce travail avec plus de finesse et de connaissances. Par contre, l’échec du communisme est passé sous silence. Sont évoquées les dérives bureaucratiques sans penser une seconde que c’est le système lui-même qui y conduit. Le despotisme russe et la dictature chinoise sont ignorés : pourtant l’un et l’autre s’accommodent du capitalisme. Sont admirés : Chavez au Vénézuela, Morales en Bolivie, Castro à Cuba, Ché Guevara bien sûr, un peu Lula au Brésil mais lui sent déjà le souffre libéral.

Dès les premières phrases (page 9), la confusion est établie : "Le capitalisme est malade… Il y a quelques mois les tenants du nouvel ordre mondial n’avaient pas de mots assez flatteurs pour vanter les mérites indépassables de l’économie de marché." Conclusion : il faut en finir avec l’économie de marché ! La Déclaration de principes du Parti Socialiste, adoptée en juin 2008, est alors vilipendée à longueur de pages. Comme elle se prononce pour une "économie sociale et écologiste de marché", elle est la preuve de la trahison de la social-démocratie !

A la place de l’économie de marché, il y a forcément le monopole. Il faut attendre la page 72 pour découvrir ce nouveau modèle économique à travers une proposition concernant les banques : il faudra "réunifier toutes les banques dans un seul service public bancaire, en expropriant les intérêts privés, sans rachat ni indemnités… Ce service public de crédit serait placé sous le contrôle des salariés et des usagers". On sait comment cela se termine : des apparatchiks nommés par le Parti - Etat finissent par prendre le pouvoir. On connaît la suite. Quant à la technique, l’expropriation, elle revient souvent. Exemple page 275 pour la santé : "expropriation des établissements privés à but lucratif". Chacun sait que l’expropriation n’est pas conforme à la loi. Le Parti Communiste lui-même ne l’a jamais défendu. C’est une proposition totalitaire, mensongère, impossible ! Page 74, l’industrie automobile subit le même sort : ils "proposent d’écarter la mainmise des actionnaires sur l’ensemble du secteur en plaçant toute l’activité automobile française, ainsi que la sous-traitance et les équipementiers, sous contrôle public, en expropriant les intérêts, sans rachat, ni indemnités". Fermez le ban ! Page 75, l’auteur ajoute : "L’industrie automobile internationale doit être contrainte à inventer et à généraliser des modes de propulsion non polluants". Très bien mais qui contraint, comment et avec quelles sanctions à la clé ? Mystère ou plutôt danger !

Si l’économie de marché disparaît, il faut bien mettre en place une autre façon de produire. Page 218, "la planification démocratique de la production déciderait collectivement des grandes options fondamentales, plutôt que de laisser le marché trancher". C’est le grand retour du Gossplan : décidément Besancenot est bien vieux pour son âge ! Il prend un exemple toujours à la même page : dans un rayon de supermarché, "que de formes de clous, de rivets qui diffèrent par leur longueur et leur tête". C’est une société : je ne veux voir qu’une seule tête !

Evidemment, la planification doit être démocratique. Comment ? Le système est décrit page 219 : "Des assemblées de quartiers peuvent élire leurs représentants. Ces assemblées peuvent se coordonner sur la base de fédérations, de branches, de regroupements interprofessionnels, puis en congrès réguliers pour les entreprises… Nous proposons une organisation unifiée de ces différentes assemblées dans le cadre de congrès réguliers qui dégageraient ainsi les grands axes de la planification". Tout cela a été proposé en 1917 et s’est effondré en 1991. Mais il y a mieux page 220 : "Certains choix seront contradictoires et dans ce cas des référendums permettront à la majorité de trancher". Sans doute pour les formes de clous et les rivets ! Une telle économie se termine dans la pénurie, se prolonge dans le marché noir, ne fonctionne qu’avec une police et une bureaucratie, le tout aboutissant à des formes de totalitarisme. Toutes les belles déclarations sur les libertés et les droits (et il y en a beaucoup auxquels on ne peut qu’adhérer) s’effondrent avec un tel système, car c’est lui qu’il faut démasquer.

Après l’économie, les institutions. Le mépris pour la démocratie parlementaire suinte à chaque page. La révolution est le moyen et le but. Page 126, "nous voulons l’organisation des masses par elles-mêmes". "Les luttes doivent échapper aux manœuvres des bureaucraties syndicales". "Les stades de foot occupés par des milliers d’étudiants, dans les différentes régions mobilisées, délibérant des heures durant sur les revendications et l’organisation du mouvement avant de voter pour décider des choix alternatifs sont un avant-goût d’une démocratie universitaire impliquant les étudiants". Bonjour le travail et les études !

Pour les élus, page 204, "à tout moment, un élu peut être révoqué si on estime qu’il ne nous représente plus. C’est le principe de la révocabilité des mandats." C’est qui "on" ? On craint de le savoir !

Page 207, la révolution institutionnelle est annoncée : une assemblée constituante est prévue ; le Sénat est supprimé et remplacé par un Conseil des mouvements sociaux ; enfin "une décentralisation démocratique et solidaire ferait du pays une Commune de communes". Il doit y avoir dans cette proposition la nostalgie de la Commune de Paris en 1871, mais depuis lors le temps a passé.

Pour conclure, les deux auteurs refusent toute entente avec qui que ce soit. Page 365, "nous devons assumer pleinement notre indépendance". P. C et Verts (et bien sûr PS) sont renvoyés aux oubliettes de l’histoire. Même les partis de gauche à l’étranger ne trouvent pas grâce à leurs yeux (page 365) : Izquierda unita en Espagne, Refondacione comunista en Italie, Die Linke en Allemagne. Ils prospèrent dans leur solitude attendant le Grand Soir comme au XIXème siècle, persuadés que le trotskisme réussira là où le léninisme et le stalinisme ont échoué, enfermés en 2009 dans leurs certitudes de 1917. A la dernière page (page 370), un éclair de lucidité apparaît : "Nous savons bien que nombreux sont encore ceux, qui malgré leur sympathie, doutent de notre réalisme." Cela au moins, c’est une certitude juste. En politique, le sectarisme a toujours été une stérilité dans l’opposition. Il est dangereux quand il devient majoritaire. C’est pour cela qu’il ne faut pas craindre de débusquer le totalitarisme là où il se cache.

Bernard Poignant
Maire de Quimper
Député européen

Publié dans Libération

09:46 Publié dans Connaissances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : besancenot, npa, programme, poignant | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!