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01/06/2015

Champagne, tête de veau et romantisme

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Ouvert avec une goûteuse comédie burlesque, le Ventre de Paris, au Théâtre des Bouffes du Nord, le festival romantique du Palazzetto Bru Zane invite à la redécouverte de George Onslow (1784-1853).

Ce n’est pas un hors-d’œuvre mais un repas gastronomique chanté, entre tête de veau et omelette, que le Palazzetto Bru Zane, pour son festival parisien, a offert au public du Théâtre des Bouffes du Nord, en ouverture d’une semaine qui sera dominée par la figure du compositeur George Onslow, né, comme son nom ne l’indique pas, à Clermont-Ferrand en 1783, pour une redécouverte d’une œuvre méconnue.

C’est là, en effet – ce travail de remise au jour et aux oreilles –, l’essentiel de l’activité du Palazzetto, autrement dit le centre de la musique romantique française installé à Venise, mais dont le rayonnement va désormais bien au-delà, avec un important travail d’édition de livres-disques (1), de recherche, des colloques, une aide à la formation de jeunes musiciens et, bien sûr, des concerts dans une collaboration suivie avec l’Opéra-Comique, les Bouffes du Nord ou encore l’Opéra royal de Versailles.

Pour autant, le sérieux de ce travail n’exclut pas la fantaisie, comme on en eut la preuve heureuse, vendredi donc, avec le Ventre de Paris, « comédie musicale philosophico-burlesque en un acte sur la gastronomie française », soit autour d’une table, avec trois musiciens et quatre interprètes, un florilège d’airs d’opérette du XIXe siècle évoquant avec malice, dérision, enthousiasme, sans reculer devant les effets parodiques, les plaisirs et parfois les déplaisirs de la table. Paradoxalement, si on veut, ce joyeux tourbillon offrait aussi des morceaux de musique aussi beaux qu’inattendus comme tel air joué au flageolet (l’instrument) par Mélanie Flahaut.

Côté chant, la mezzo-soprano Caroline Meng a emporté le public par sa présence physique dans une parodie cocasse de l’air du toréador de Carmen. Au total, une soirée champagne avec une vingtaine de compositeurs connus ou non (Bizet, Offenbach, Hervé, Serpette, Bruand, Mompou…).

Samedi, c’est à l’Opéra royal de Versailles, qu’était donné l’opéra-comique Uthal, d’Étienne-Nicolas Méhul (1763-1817), aujourd’hui largement oublié mais qui connut des heures de gloire avec des œuvres pour les fêtes révolutionnaires et de nombreuses compositions sous l’Empire. Uthal, d’après les poèmes du barde Ossian (inventé par le poète anglais Macpherson, au XVIIIe siècle), a cette caractéristique rare d’être une partition d’orchestre sans violons, reflétant, selon le vœu du compositeur, les brumes d’une Écosse heureusement fantasmée.

C’est là sa couleur profondément romantique, en rupture avec les clichés concernant les musiques de cette période, dont on oublie qu’avec Lesueur et Méhul, elles ouvrirent, si l’on peut dire, la voie à Berlioz.

Les concerts de cette semaine, dès ce lundi et jusqu’à vendredi, aux Bouffes du Nord, vont pour leur part faire une large place, comme on l’a dit, à Georges Onslow, que ses contemporains n’hésitèrent pas à considérer comme « le Beethoven français », mais qui en fut en tout cas une grande figure du romantisme, avec cette particularité que, s’il se forma à Hambourg, il ne quitta jamais par la suite sa ville natale de Clermont-Ferrand. On entendra essentiellement ses œuvres pour cordes (il était lui-même violoncelliste), en parcourant également le siècle, jusqu’à Debussy ou Saint-Saëns.

Maurice Ulrich, L'Humanité

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