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30/01/2021

NOTRE DAME DE SION : EN GREVE CONTRE DES AGRESSIONS SEXUELLES

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EVRY COURCOURONNES : NOTRE DAME DE SION : APPEL A LA GREVE MARDI 2 FEVRIER CONTRE DES AGRESSIONS D'HARCELEMENTS ET SEXUELLES DONT SERAIENT VICTIMES DES ENSEIGNANTES DE LA PART DU DIRECTEUR

 Etablissement catholique Notre-Dame de Sion à Evry (1529 élèves, 110 professeurs et près de 70 employés , regroupés en collège et lycée)

Un collectif d’enseignants et d'employés de 32 personnes s’est constitué pour les défendre. Voici l'intégralité de leur manifeste

 « En période de pandémie, alors que les classes se transforment en parcours du combattant contre le virus, les enseignants de Notre Dame de Sion Evry se seraient bien passés de cela : la tourmente au sein d'une équipe éducative apprenant que deux plaintes pour harcèlement et agression sexuelle ont été déposées au milieu de l'automne par deux jeunes enseignantes à l'encontre du chef d'établissement. D'autres, maîtres auxiliaires comme elles , dont l'emploi n'a de garantie que le bon vouloir du chef d'établissement, auraient pu suivre leur exemple apparemment , sans d'opportunes et peu discrètes pressions.

Comment en est-on arrivé là ?

Notre Dame de Sion Evry, établissement sous tutelle congréganiste et non diocésaine, venait à peine de reprendre son souffle après l'épreuve de sa première grève, en Novembre 2018. Une nouvelle Direction avait pris ses fonctions en Septembre 2019. Vite , le management brutal qui avait conduit à sa perte l'ancienne équipe concentrée sur ses plans de restructuration, a refait surface sous des habits neufs .
Au temps des licenciements et des déplacements de postes, a succédé celui de la prodigalité. Mais être prodigue, en matière de management, n'est parfois qu'une façon de clientéliser. Qui dépense adroitement se fait des fidèles, prêts à le défendre à n'importe quel prix.
Après la longue absence du premier confinement et des congés d'été, on pouvait constater à la rentrée 2020 l'inflation des embauches et des travaux, réalisés sur les fonds propres de l'école. Autant que faire se peut, la Direction avait réduit autour d'elle les personnels couverts par leur statut de droit public, salariés de l'Education Nationale, et augmenté le nombre de ceux dont elle définit le revenu et la carrière.

A mesure que se multipliaient les chantiers dans l'enceinte de l'établissement et que la masse salariale privée enflait, les placards s'emplissaient de tous ceux dont on ne voulait plus. Des fonctions nouvelles apparaissaient sur lesquelles aucun conseil pédagogique, aucune instance représentative du personnel n'était jamais consulté. Ces derniers étaient d'ailleurs ouvertement et violemment dénigrés. Alors que la précarisation grandissante d'un corps enseignant largement conscient de la dégradation de la situation compliquait la mise en œuvre d'une mobilisation solidaire, se consolidait autour de la Direction le carré de ceux qui la suivraient quoi qu'elle accomplît.
Ainsi, de toujours dans l'histoire des hommes, s'érige autour du pouvoir absolu une garde prétorienne qui ne doit qu'à son maître d'exister.

Tout pouvoir qui dilapide son énergie dans la constitution d'une cour qui l'isole et le protège, a sans doute de bonnes raisons de le faire. Se sachant sur la pente dangereuse de l'abus, il prépare sa contre-attaque pour le jour de sa chute.

ENSEIGNANTES AGRESSEES
Cette dernière s'est profilée à Notre Dame de Sion Evry le 20 novembre 2020. Un enseignant en poste depuis 34 ans dans l'établissement a recueilli en une journée les récits convergents de jeunes collègues relatant les gestes déplacés du directeur à leur encontre.

L’une d'entre elles , ancienne élève de l'établissement de la sixième à la terminale, avait suivi ses cours pendant plusieurs années. N'ayant aucun doute sur la probité des paroles, il a enclenché la procédure de signalement aux représentants élus du personnel, qui ont sollicité de l'inspection du travail un simple recadrage. Recadrage réalisé de la plus discrète des façons au cours d'un tête à tête entre le chef d'établissement et l'inspecteur du travail.
Vaine précaution. Quand le pouvoir arbitraire a franchi la ligne jaune, il est rare de le voir obtempérer au coup de sifflet pour reprendre une conduite normale . Le chef d'établissement est passé à l'offensive en portant plainte pour diffamation et en l'annonçant à tout le personnel sur la messagerie de l'école. Cette intimidation publique a eu l'effet inverse de celui escompté. Les deux enseignantes se sont rendues auprès des autorités de police, qui ont qualifié une des deux plaintes en harcèlement et l'autre en agression sexuelle. Les faits présumés sont remontés aux autorités rectorales et religieuses. Dans le même temps, des proches de la Direction ont entrepris des opérations de harcèlement contre l'enseignant premier dépositaire des récits. Harcèlement qui culmina le 13 janvier lorsqu’il est apparu que cet enseignant avait répondu à une sollicitation du cabinet du maire d’Evry. Le surlendemain de cette rencontre à l'Hôtel de Ville, le chef d'établissement aidé de son adjointe a pris prétexte d'une absence de quelques minutes en début de cours , pour dénoncer aux élèves l'abandon de poste de leur enseignant et annoncer à la classe effarée que ce dernier ferait l'objet d'un signalement disciplinaire au Rectorat.
Ainsi , il arrive que le pouvoir, conforté par ses affidés dans le sentiment de sa toute puissance mais en réalité affaibli par ses propres excès, se jette dans des ripostes hasardeuses.

Qui, dans cette dérive, viendra alors lui rappeler le droit ?

La justice ? L'Association contre la Violence faite aux Femmes au Travail nous rappelle que seules 16 % des plaintes pour agression sexuelle sont reçues par le Procureur, tant il est difficile d'étayer la parole par des preuves. Un classement sans suite d'une plainte pour harcèlement ou agression sexuelle ne signifie pas que les victimes supposées aient menti. Simplement, le Procureur juge que les circonstances ne l’ont pas mis en possession d'assez d'éléments concrets pour soutenir efficacement qu'elles disent vrai. Et quand, par chance , une procédure judiciaire est ouverte , il lui faudra quatre années en moyenne, pour aboutir à un jugement. Le coupable supposé a de beaux jours devant lui.
Toutefois, si les faits présumés ont été commis sur le lieu de travail, l’employeur, ( c’est à dire , ici, la Tutelle congréganiste de Notre Dame de Sion) dans le cadre des lois du travail, doit alors, selon les termes de la loi, se saisir du dossier et définir par des faisceaux d'indices si le présumé coupable a pu commettre les actes dont on l'accuse.
Depuis le dépôt de plainte des deux jeunes enseignantes, des récits ont refait surface, des témoignages portés à la connaissance des autorités de Police ont été relatés, laissant à penser que le 20 Novembre aurait pu ne pas être un commencement à Notre Dame de Sion Evry. Il y aurait un passé. Ce passé n'aurait pas été absolument inconnu. Le Diocèse d'Evry lui-même , conscient du problème, a reçu les deux jeunes plaignantes et, dans le souci de leur sécurité, leur a proposé de les déplacer vers un autre établissement . Elles ont refusé, arguant de leur désir légitime de poursuivre l'année scolaire au milieu de leurs élèves et de l'obligation légale faite à la Congrégation de Notre Dame de Sion , seul employeur du chef d'établissement, d'intervenir et d'assurer leur sécurité.
Deux mois après le premier témoignage, ni le bureau de l'OGEC ( Organisme de Gestion de l'Enseignement Catholique) de Notre Dame de Sion Evry, ni la Tutelle congréganiste de l'Ordre de Notre Dame de Sion, employeur du chef d'établissement, n'avait entamé d'enquête officielle pour examiner l'affaire. Il a fallu la récente implication de l'APEL,( Association des Parents d'Elèves de l'Enseignement Libre) pour décider l'établissement à confier à un cabinet privé l'ouverture d'une enquête indépendante.
Quant à la compassion des employeurs du chef d’établissement pour les éventuelles victimes, elle est si désespérément inaudible qu'on croirait presque entendre à travers ce silence la voix d'Orgon excusant à l'avance d'une unique formule les débordements les plus inexcusables de son cher Tartuffe dans la pièce de Molière : « Le pauvre homme ! »

Diego DIAZNombre de pages : 4215 €
Format(s) : Papier PDF EPUB MOBI

 

06/01/2021

La face cachée du business Moderna

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C’est l’histoire d’une start-up des biotechnologies dénuée de capacités de production propres qui a réussi à faire financer à 100 % par le public son vaccin révolutionnaire contre le nouveau coronavirus. Une percée scientifique indéniable dont elle conserve pourtant jalousement les droits. Comment Moderna a réussi à vendre une idée contre une pluie de milliards de dollars ? Comment procède-t-elle pour protéger sa manne, quitte à ne pas satisfaire la demande mondiale ? Notre enquête sur la société derrière le vaccin qui vient de recevoir une autorisation de l'Agence européenne du médicament et dont l'Union européenne a commandé 160 millions de doses (24 millions pour la France).

Une légende n’est jamais aussi belle que quand son propre héros la raconte. On pourrait en choisir d’autres, mais admettons que la scène inaugurale se déroule le 2 mars dernier à la Maison-Blanche, à Washington. Il y a là, autour de Donald Trump, le gratin de Big Pharma, rassemblé pour terrasser le Covid-19 en passe de devenir la pandémie mondiale que nous connaissons à présent. Un poil gris, visages graves, les grands patrons des mastodontes du secteur, qui ont largement externalisé leur recherche afin d’assouvir les appétits de leurs actionnaires, n’en mènent pas large et regimbent : un vaccin, ça prend un temps fou à développer quand même !

Un vaccin conçu en 42 jours

 
Puis un parfait inconnu, ou presque, avec un accent français à couper au couteau, prend la parole et chante à Trump l’air qu’il veut entendre. Il s’appelle Stéphane Bancel, il est le PDG de Moderna, une start-up spécialisée dans les biotechnologies. Lui, le vaccin, à cette date, il l’a déjà : il a été conçu en 42 jours à peine, à partir du code génétique du virus transmis au monde entier par les scientifiques chinois qui l’ont décrypté à Wuhan ; tout a été fait sur ordinateur, comme pour un algorithme, au fond, sans rien devoir manipuler en laboratoire.

« Les autres, ils me parlent d’années, et vous, vous me dites qu’en à peine quelques mois, vous serez prêts », grince le président américain. « C’est correct, oui », crâne ­Bancel. Avant qu’Anthony Fauci, le ponte de l’agence gouvernementale de lutte contre les épidémies et les maladies infectieuses (Niaid), partenaire attitré de Moderna pour ses essais cliniques, n’essaie de tempérer : « En quelques mois, vous n’aurez pas un vaccin, monsieur le président, on sera encore dans les essais, et au total, cela prendra entre un an et un an et demi… » Un rêve ou une promesse que les grincheux ne peuvent entamer : le monde et ses maîtres seront à vos pieds.

Tout a été payé par le contribuable américain

Depuis la création, en 2011, de la start-up qui n’a ni usine ni produit fini, Stéphane Bancel et ses acolytes chez Moderna n’ont jamais rien vendu qu’une prophétie : il est possible d’endiguer les épidémies par le biais d’une technologie révolutionnaire, celle de l’acide ribonucléique messager (ARNm, lire notre article sur ce procédé), développée depuis la fin des années 1990 dans les laboratoires universitaires américains, puis brevetée par des start-up comme la leur et leurs concurrents de BioNTech, associé à Pfizer, ou de CureVac sur le front du Covid-19. C’est largement grâce à ce simple discours que les chercheurs et les scientifiques rhabillés en hommes d’affaires ont réussi d’énormes levées de fonds ces dernières années – on parle de près de 3 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros) en moins d’une dizaine d’années – et que, depuis le printemps, ils ont reçu 2,5 milliards de dollars (2,1 milliards d’euros) d’aides publiques directes de l’administration Trump.

Recherche et développement, essais cliniques, augmentation des capacités de production, distribution, logistique… Dans le parcours du mRNA-1273, le petit nom du vaccin Moderna, tout, mais strictement tout, a été payé rubis sur l’ongle par le contribuable américain. Ce que Stéphane Bancel ne manque d’ailleurs pas de répéter dans une forme de chantage aux Européens : « Le développement de ce vaccin a été 100 % financé par le gouvernement américain. Tous les essais ont été effectués aux États-Unis et nous n’avons pas reçu 1 euro de l’Europe. » L’affirmation péremptoire n’est d’ailleurs plus rigoureusement exacte car, cet automne, l’Union européenne a fini par précommander – les yeux fermés et sans rien exiger en retour, au diapason des autres grandes puissances capitalistes – à ­Moderna 160 millions de doses, 80 en achats fermes et 80 en option, pour un montant global qu’on peut estimer à 3,28 milliards d’euros…

Couper court à tout débat sur la mutualisation de son brevet

« Moderna peut bien se gargariser de prendre des risques, mais dans le cas du vaccin contre le Covid-19, tout est vraiment payé par la princesse, observe Patrick Durisch, expert en politique de santé globale et accès aux médicaments dans l’ONG suisse Public Eye. C’est vraiment un vaccin 100 % public, et pourtant, il ne faut pas l’oublier, c’est le plus cher de tout le marché et l’entreprise n’a pris strictement aucun engagement pour favoriser sa distribution universelle ! »

Comme les autres compétiteurs dans la course aux vaccins, après avoir multiplié tout au long de l’année les effets d’annonce sur ses capacités de production – entre 500 millions et 1 milliard de doses devaient être disponibles en 2021 –, Moderna révise depuis quelques jours drastiquement ses gages à la baisse : au premier trimestre de l’année prochaine, la start-up ne compte pas pouvoir livrer plus de 85 à 100 millions de vaccins pour les États-Unis, et 15 à 25 millions pour le reste du monde ! Derrière cette surestimation de ses capacités de production, se niche, à l’évidence, l’ambition de couper court à tout débat sur la mutualisation de son brevet, de ses savoir-faire et de ses procédés. Depuis des mois, la start-up américaine, qui, pour l’industrialisation de son vaccin, ne peut pas s’appuyer sur les capacités d’un groupe aussi puissant que Pfizer, transfère sa technologie en pièces détachées à une cascade de sous-traitants, mais pas question pour elle de se délester de son principal actif, ses droits de propriété intellectuelle, et de ses prérogatives lui permettant de choisir les clients prioritaires…

Dans les faits, c’est Lonza qui, sur deux sites de production, l’un aux États-Unis à Portsmouth, dans le New Hampshire, et l’autre en Suisse à Viège, dans le Valais, fabrique, dans le cadre d’un partenariat global, la précieuse substance active du vaccin Moderna. Sous-traitant industriel qui, pour échapper à la concurrence de la Chine et de l’Inde sur les principes pharmaceutiques chimiques, s’est spécialisé ces dernières années dans les biotechnologies, le groupe helvétique promet de « ne pas faire de marges inconsidérées, mais pas de pertes non plus » : en guise d’assurance tous risques, alors qu’aux États-Unis, la fabrication est entièrement couverte par les subventions, Moderna s’est engagé à ajouter 130 millions d’euros rien que pour les lignes de production en Suisse. Après sa fabrication, le sérum est ensuite envoyé pour sa préparation finale et son conditionnement chez d’autres façonniers, Rovi en Espagne et, on l’a appris ces dernières semaines, Recipharm en France (lire notre article sur cette usine). Signe sans doute que, pour l’heure, Moderna donne résolument la priorité à sa production pour le seul marché américain : fabriqué par un autre industriel, Corden Pharma, dans son usine de Chenôve (Côte-d’Or), l’excipient lipide qui doit encapsuler l’ARNm est, lui, envoyé outre-­Atlantique, sur un site du même groupe au Colorado.

La Suisse, premier pays au monde à avoir passé commande

Dans la frénésie qui s’est accrue depuis les annonces marketing, à la mi-­novembre, d’une efficacité de « 90 à 95 % » des premiers vaccins, les dirigeants des États occidentaux cherchent à prendre un peu de la lumière offerte par Moderna dans la nuit de la pandémie. Au besoin en faisant ruisseler un peu plus d’aides publiques dans sa chaîne industrielle… Comme le gouvernement français, qui annonce la « fabrication » du vaccin dans l’Hexagone, Pedro Sanchez, le premier ministre espagnol, dont l’équipe a négocié les achats à Moderna pour le compte de l’Union européenne, s’affiche dans l’usine madrilène qui mettra le produit en flacon. Mais sur le continent, ce sont les Suisses qui tiennent le haut du pavé : c’est dans la confédération que la start-up a implanté son antenne pour les marchés hors États-Unis, son principal partenaire industriel est sur place et les banquiers d’affaires de Genève la soutiennent depuis le début. « C’est assez typique de la discrétion dans le pays, assure Patrick Durisch. Neutres et inoffensifs, nous ne sommes qu’un prestataire, on ne se mêle pas de la répartition, mais c’est un peu de la comédie. » Une fausse modestie corroborée par Stéphane Bancel lui-même, alors que la Suisse, le premier pays au monde à avoir passé commande à Moderna dès début août, vient d’en doubler le montant : « Depuis notre fondation il y a dix ans, le pays a joué un rôle déterminant dans notre développement grâce au soutien de long terme des investisseurs suisses », salue-t-il.

Dans quelques jours aux États-Unis, et début janvier dans l’Union européenne, le vaccin de la start-up qui épata Trump sera vraisemblablement autorisé. En Bourse, son titre continuera son galop vers les sommets. Dans l’angle mort de la saga, comme pour ceux de ses concurrents directs, il restera juste à savoir quelle part infinitésimale de la population mondiale pourra y accéder.

Source L'Humanité Thomas Lemahieu

19:55 Publié dans Actualités, Connaissances, Economie, Planète, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vaccins, covid, moderna | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!