07/04/2015
Expo Vélasquez. De l’infant Felipe au pape, un troublant regard
On se gardera de dire que Vélasquez a remarquablement peint les enfants, ce qui prêterait à une regrettable équivoque avec les innombrables mièvreries qui caractérisent le genre.Il s’agit de bien autre chose.
Ainsi du portrait en pied du petit prince Felipe Prosper, peint vers 1659, alors qu’il est âgé de deux ans. Vélasquez est au sommet de son art, il a soixante ans et n’a plus qu’une année à vivre. Le petit prince ne vivra que quelques mois de plus. Est-ce donc cela qui nous retient dans ce tableau, cette pâleur, ces yeux candides mais troublants tant ils ont de vérité.
Derrière, dans l’ombre, il y a cette porte entrouverte vers une autre lumière, celle peut-être déjà que l’on voit dans les Ménines, avec la silhouette d’un homme en noir dans l’embrasure. Vélasquez pouvait-il pressentir la mort prématurée de l’enfant royal que l’on disait fragile, ou bien est-ce le sentiment de l’imminence de la sienne qui passe dans son regard, on ne sait, mais c’est là. Vélasquez est l’un des plus grands portraitistes de toute l’histoire de la peinture et sans doute le premier à aller aussi près de la vérité des êtres.
C’est là ce que l’on peut retenir d’abord de l’exposition exceptionnelle qui est consacrée au Grand Palais à Paris au plus grand des peintres espagnols, avec Goya, cela va de soi. Bien sûr, on regrettera l’absence des Ménines (1656), où le peintre, entouré de l’infante Marguerite, de chiens et de bouffons, nous fait face, comme s’il nous peignait sur la grande toile qui est devant lui, alors que dans le miroir au fond de cette boîte, ou de cette caverne, se reflète le couple royal qu’il est donc censé peindre, à notre place même. Mais ce n’est pas le lieu ici de commenter plus longuement cette toile, d’autres l’ont fait amplement et ce n’est pas fini.
Le baroque fait l’actualité à Paris
Disons simplement qu’elle nous manque quand bien même on comprend que le musée du Prado ait du mal à s’en séparer, comme le Louvre de la Joconde, et qu’en outre ses dimensions la rendent sans doute difficilement transportable.
Nous manquent aussi les Lances ou la Reddition de Breda (1635), dont il y aurait tant à dire. En revanche, prêté par la National Gallery, la Vénus au miroir (vers 1647-1651), l’un des chefs-d’œuvre absolus de la peinture occidentale, est bien là, comme le Portrait du pape Innocent X (1650), dont Francis Bacon fera la matrice de sa série de papes hurlants. Mais il faut sans doute faire un rapide détour par l’époque. Le XVIIe siècle et donc le baroque qui, singulièrement, fait l’actualité à Paris avec l’expo du Petit Palais sur les bas-fonds de Rome, et une autre, dès la semaine prochaine, au musée Jacquemart-André, intitulée « De Giotto à Caravage ».
Le baroque, c’est d’abord l’injonction faite aux artistes par le concile de Trente de rapprocher dans leurs sujets la religion du peuple et c’est, du même coup, l’entrée du peuple dans la peinture. C’est sans doute aussi, dans la logique même de la peinture, telle qu’elle apparaît déjà dans les Flandres avec Bruegel et d’autres, la force progressive du réel dans la négation des dogmes et des conventions. Regardons déjà, du tout jeune Vélasquez âgé de dix-neuf ans le visage de jeune fille de son Immaculée Conception.
Regardons, dix ans plus tard, le Christ chez Marthe et Marie, où les deux femmes sont au premier plan. Quelle simplicité, quelle vérité, quelle grandeur du quotidien. Alors, il est bien vrai que Vélasquez sera le peintre du roi, le premier artiste de la cour, honoré de son vivant par Philippe IV dont on dit que c’est lui-même qui aurait tracé la croix rouge de chevalier sur l’orgueilleuse figure du peintre des Ménines. Mais quelle humilité, et surtout quelle humanité quand Vélasquez va vers le visage de l’autre, que ce soit parce qu’il le comprend ou parce qu’il l’interroge, qu’il s’agisse du pape, du portrait en pied d’un homme en noir, sans aucun décor, dont Manet saura se souvenir, de ces portraits d’hommes ou de femmes à nous désormais inconnus mais qui furent de la pensée, de la foi, de la cruauté…
Dans les Lances, à gauche du tableau, un soldat parmi d’autres tourne son visage vers nous. Vélasquez lui-même. Comme le couple royal, nous sommes devant lui et peints.
16:51 Publié dans Arts, Connaissances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vélasquez, grand palais | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
05/04/2015
Un coup de vieux dans la mâchoire !
Ce fragment de mâchoire inférieure avec cinq dents présente à la fois des ressemblances avec l’australopithèque et les premières espèces du genre Homo. Depuis des décennies, les paléontologues cherchent en Afrique des traces des origines de la lignée Homo, estimée entre 2,5 et 3 millions d’années, dont fait partie l’homme moderne… C’est chose faite !
Datant d’il y a 2,8 millions d’années, soit 400 000 ans de plus que le plus vieux fossile connu du genre Homo, un fragment de mâchoire inférieure avec cinq dents a été découvert par Chalachew Seyoum, de l’université d’Arizona, dans la région de l’Afar, au nord-est de l’Éthiopie. Une zone connue pour ses nombreux restes d’hominidés déjà mis au jour, parmi lesquels ceux de la célèbre australopithèque Lucy, datant d’il y a environ 3,2 millions d’années. « La mise au jour de cette mâchoire inférieure aide à réduire le fossé, dans l’évolution, entre l’australopithèque et les premières espèces du genre Homo comme l’erectus ou l’habilis », expliquent les paléontologues, dont les travaux paraissent mercredi dans la revue américaine Science. « Ce fossile est un excellent exemple d’une transition des espèces dans une période clé de l’évolution humaine », ajoutent-ils.
Même s’ils admettent ne pas être en mesure de dire avec cette seule mâchoire s’il s’agit ou non d’une nouvelle espèce du genre Homo qui aurait abouti en évoluant à l’Homo sapiens. Car la mandibule présente à la fois des ressemblances avec celle d’Australopithecus afarensis, l’espèce dont fait partie Lucy, notamment la forme fuyante du menton, mais aussi des attributs plus « modernes » du genre Homo, comme la proportion globale de la mâchoire, les molaires fines et les prémolaires symétriques.
Comprendre la transition des australopithèques vers le genre Homo
Pour dater le fossile, des géologues de l’université de Pennsylvanie ont analysé les roches volcaniques qui l’entouraient. Leurs analyses d’isotopes radioactifs ont permis d’établir un âge d’environ 2,8 millions d’années. L’objectif des paléoanthropologues demeure le même : comprendre la transition des australopithèques vers le genre Homo.
Une hypothèse courante est celle d’un changement de climat qui aurait entraîné une aridification de l’environnement et favorisé les espèces moins arboricoles. Une théorie en partie soutenue par une autre étude, publiée dans Science cette semaine, qui met en évidence un changement climatique il y a 2,8 millions d’années dans la même région d’Éthiopie où a été trouvée la mâchoire. « Mais il est encore trop tôt pour dire si ce changement climatique est responsable de l’émergence du genre Homo, il nous faudra avant cela examiner un plus grand nombre de fossiles d’hominidés, que nous continuons à rechercher dans cette région », précise Kaye Reed, professeure à l’université d’Arizona, coauteure de cette étude.
19:39 Publié dans Connaissances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : machoire, préhistoire | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
02/04/2015
CLASSIK RADIO NOTRE NOUVELLE RADIO !
10:23 Publié dans Actualités, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : classik radio, musique classique | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |