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23/01/2014

Avec "12 Years A Slave", de Steve McQueen, plongée au cœur des plantations d’esclaves en Louisiane

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Avec une histoire vraie qui est vraiment une histoire et des comédiens qui vont de Chiwetel 
Ejiofor à Brad Pitt, cette fresque sur l’esclavagisme, haute de dignité, est magnifique.

La liste des nominations aux oscars n’annonce pas automatiquement celle des vainqueurs mais elle est un indice qui témoigne fortement du goût des votants. C’est ainsi que, après avoir déjà été couronné du trophée du meilleur acteur dramatique (attribué à Chiwetel Ejiofor) lors des récents golden globes, 12 Years A Slave vient d’empocher neuf nominations pour les prochains oscars (verdict le 2 mars prochain), ce qui est pour le moins considérable pour un drame d’époque sans effets spéciaux faisant appel à la connaissance historique, à la sensibilité et non à l’adrénaline. Du poids lourd donc, ce qui n’étonnera pas qui a déjà vu les deux premiers chefs-d’œuvre de l’auteur, Hunger et Shame.

Adaptation littéraire plutôt fidèle du livre de Solomon Northup écrit en 1853

Une nouvelle fois le ton a changé, encore davantage puisque, après avoir côtoyé les grévistes de la faim en Irlande et les yuppies avides de sexe, de coke et de dollars de Wall Street, nous voici immergés dans le Sud profond de l’esclavagisme, film d’époque donc, qui nous renvoie à celle de la guerre de Sécession, de surcroît une adaptation littéraire plutôt fidèle d’un livre bien connu aux États-Unis, pas encore chez nous, pour avoir été le premier témoignage écrit par un Noir – ce qui implique en l’occurrence par quelqu’un sachant lire et écrire – témoignant d’une évidente qualité littéraire. Il s’agit de ce 12 Years A Slave signé Solomon Northup en 1853. Nous voici donc dans le grand sujet, ce sujet fondamental qui a débouché sur des récits créateurs de mythe qui vont de Naissance d’une nation à Autant en emporte le vent, pour ne citer que les plus connus mais qui vont aussi bien de l’Esclave libre, de Raoul Walsh, à Lincoln, de Steven Spielberg.

Un récit qui prend la temps de respirer

L’originalité de l’histoire est que les hasards de la biologie ont choisi de faire naître Solomon Northup dans une famille certes « de couleur » comme on dit à l’époque mais aussi parmi les musiciens new-yorkais donc protégés de l’esclavage… jusqu’au jour où deux négriers le font boire puis l’entraînent en territoire ségrégationniste pour le monnayer, d’où ces douze ans d’esclavage annoncés par le titre, jusqu’au jour où le pauvre hère finira par être pris en pitié par un abolitionniste canadien.

L’histoire est magnifique, haute de dignité, donnant foi en l’homme tout en n’en cachant pas les penchants les plus sordides. Dans ce récit qui prend le temps de respirer, on appréciera aussi la qualité de l’interprétation des protagonistes comme une composition qui laisse au format large sa pleine justification. C’était le moins pour rendre hommage aux quatre millions de descendants d’Africains en provenance d’Europe dont un, et un seul, a pu exprimer ce qui s’avéra être sa tragique condition.

À voir : la making of

Lire aussi :

Shame ou l’homme des vallées éperdues

Entretien avec Steve McQueen pour Hunger en 2008

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Jean Roy