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28/10/2017

Catalogne. Joie populaire et nuages noirs

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Chronique publié par l'Humanité

JEAN ORTIZ, Universitaire

La « déclaration d’indépendance » d’une « République catalane », fût-elle « de papier » comme la désignent certains, n’a surpris que ceux qui l’ont bien voulu... Il y a cinq ans que la vague indépendantiste montait, aiguisée par la crise, que se multipliaient les manifestations géantes, bref, que le problème était sur la table, sans que Madrid n’ait proposé une quelconque négociation. Ce soir, Rajoy, leader du très conservateur Parti populaire, a remercié le Parti socialiste (PSOE) de son soutien. On croit rêver.

En 2005, un nouveau statut d’autonomie catalan, prenant en compte des aspirations nouvelles (il comportait la notion d’une « Espagne nation de nations ») fut adopté. En 2010, le Tribunal Constitutionnel le remit en cause... C’est dire l’indépendance de la Justice espagnole.
 
Le gouvernement central a ignoré, voire provoqué un mouvement très hétéroclite mais puissant, bien que reléguant dommageablement la question sociale. Mariano Rajoy aurait dû entendre la clameur populaire, faire des ouvertures, tenter d’apporter des réponses politiques à une question éminemment politique ; il a choisi l’affrontement, la fracture, par calcul politicien, électoral. En 1934, sous la Deuxième République, le président Companys, livré ensuite à Franco par la France, et fusillé, avait déclaré l’indépendance de la Catalogne sans drame majeur. Le phénomène catalan (langue, culture, identité, nation...) a donc des racines profondes. Même si les principaux tireurs de ficelle, catalans comme madrilènes, sont des ultralibéraux. Ceci dit, les peuples ont le droit, imprescriptible, à l’auto-détermination.
 
S’accrocher, pour riposter à la déclaration d’indépendance, au cadavre de la Constitution de 1978, issue à l’époque d’un compromis fort bancal, comportant des articles d’inspiration néo-franquiste et ultralibérale, comme : l’armée garante de l’unité nationale ; la priorité à la lutte contre les déficits ; le monarque chef de l’Etat (non élu donc illégitime) et des armées...
Riposter sur le seul terrain répressif, et judiciaire, la loi 155 dans son application la plus dure: destitution du président catalan, qui sera jugé pour « rébellion » et « sédition » (encourant entre 15 et 25 ans de prison), destitution de toutes les autorités catalanes, des mesures administratives de tutelle, de caporalisation, destitution du secrétaire général de la police autonome, dissolution du parlement catalan, élections parachutées de Madrid le 21 décembre. Riposter par la méthode forte ne peut qu’avoir que des effets contraires ; et tout peut basculer à n’importe quel moment, malgré le civisme des manifestants.
 
Si l’article 155 n’est pas une suspension de l’autonomie, cela lui ressemble. Mais décréter de Madrid des mesures autoritaires sous prétexte de garantir la démocratie « détruite » et « séquestrée », de « restaurer la légalité », ne peut que susciter sur le terrain de possibles affrontements violents, pousser à des mesures de désobéissance civile, de refus d’obtempérer, etc.
 
Le problème politique, de fond, demeure, lui, sans réponse. Mais Rajoy (et Puigdemont) cherchai(en)t-il(s) vraiment des réponses ? Deux calendriers électoraux risquent de s’opposer. Le sang peut couler suite à n’importe quelle provocation, malgré le pacifisme de toute une génération de jeunes, « indépendantistes » par conviction sans doute et aussi par refus de l’austérité féroce qu’ils ont vécue, de l’absence d’horizon, de l’autoritarisme de Rajoy, des politiques anti sociales à répétition, de la corruption des partis de droite, aussi bien en Catalogne qu’à Madrid. Leurs revendications, « plus de liberté », sont légitimes. Le dialogue devrait à tout prix s’imposer encore. La crise est si profonde qu’elle relève d’un problème politique majeur.
 
Si Rajoy pense pouvoir opérer la reprise en main dans les écoles, les administrations, la police, les pompiers, les différentes institutions, les bureaux, le sang peut couler.
 
Cela fait des années que Rajoy se trompe volontairement. Quant aux indépendantistes, ils s’appuient sur le référendum du 1er octobre, un vote certes indicatif, mais dépourvu de valeur vraiment juridique. Si Madrid avait permis un véritable référendum, on n’en serait sans doute pas là. La mise en place d’une République catalane souveraine, sociale, proclamée par le Parlement catalan, n’est pas pour demain. Seul un processus constituant prenant en compte la pluri-nationalité de l’(les) Espagne(s), l’aspiration républicaine, dans une organisation fédérale pourrait permettre l’autonomie la plus large possible, voire une « indépendance », tout en maintenant des liens forts avec les autres régions et nations de l’Espagne.
 

13:21 Publié dans Actualités, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catalogne, espagne, indépendance, jean ortiz | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

20/08/2014

En Andalousie, la protestation a des airs de flamenco !

andalousie.jpgL’Andalousie, dans le sud de l’Espagne, est la patrie du flamenco, un genre artistique sur base de folklore, caractérisé par sa musique riche d’émotion, son chant puissant et sa danse sensuelle. Les paroles évoquent souvent l’amour et la séparation, mais aussi la douleur, la pauvreté et le chagrin — des sujets qui ne sont que trop familiers ces dernières années pour les Andalous.

L’Espagne a taillé sans pitié dans les dépenses depuis que le pays est aux prises, ces dernières années, avec une crise économique destructrice. Le nombre de pauvres et de chômeurs a explosé dans toute l’Espagne, mais l’Andalousie souffre particulièrement.

Si les manifestations n’ont rien de rare, un collectif donne aux siennes un cachet purement andalou. Fin juin, trois membres de FLO6x8, un collectif d’activistes artistes, ont interrompu successivement une séance du parlement d’Andalousie en chantant des chansons dans le style flamenco, qui dénonçaient le chômage, la corruption et la crise.

A chaque fois, les protestataires ont été évacués de la galerie du public à peine avaient-ils commencé à chanter. A l’époque, les médias n’en ont que peu parlé, mais une vidéo de l’action avec un nouveau montage publiée sur Facebook est devenue virale depuis.

Source Nouvel Obs

11/08/2013

GERDA TARO, L’ETERNELLE JEUNESSE !

Taro_pecheurs.jpg1911-1937, journaliste reporter de Ce Soir, tuée en juillet 1937, sur le Front de Brunette, Espagne, dans l’exercice de sa profession.

Sur sa tombe, au Père Lachaise, cette stèle enlevée par la préfecture de Paris en 1942 parce que la référence à la guerre d’Espagne était considérée comme une insulte à la politique de collaboration était rappelée en quelques mots qui était Gerda Taro.

horus.jpgA côté de la stèle une petite statuette représentant Horus, le dieu oiseau, symbole de la vie et de la résurrection dans l’Egypte ancienne porte à cette combattante, cette journaliste photographe exceptionnelle l’éternelle jeunesse.

Louis Aragon, le directeur de ce Soir sur sa tombe, avec à ses côté Pablo Neruda, le futur prix Nobel de Littérature, et Paul Nizan, le jour de son enterrement précisait que pour ce voyage, pour l’éternité « toutes les fleurs du monde s’était donné rendez vous ». Quel bel hommage…

gerda taro,espagne,regards,vu,ce soir,aragon,nérudaCapa, son ami photographe et dans la vie, créateur de l’agence Magnum, l’a immortalisé quelques jours avant , avec une photo où Gerda Taro est accroupie sur une borne. Prédilection ?

Sur cette borne est inscrit PC, un clin d’œil aux idées de Gerda, très proche du Parti communiste, mais qui en réalité signifiait « partido communal », c’est-à-dire limite de la commune.

GERDA TARO : LA PREMIERE FEMME REPORTER DE GUERRE

Gerda-Taro1soldat.jpgGerda Taro a été considéré comme la première femme photographe reporter de guerre, la première aussi tué au combat , mais d’autres femmes aussi l’avaient précédés dans des missions difficiles.

Marie Claude Vailland Couturier pour Vu, Regard, et l’Humanité avaient aussi réalisés des reportages photographiques périlleux en Allemagne des 1933, deux mois après l’accession d’Hitler au pouvoir ou elle avait réalisé clandestinement les clichés des camps d'Oranienburg et de Dachau, publiés à son retour en France, et également en Espagne en suivant les Brigades internationales.

Déporté à Auschwitz en 1943 pour faits de résistance, rescapée des camps de la mort, Marie Claude Vaillant Couturier sera élue députée communiste pratiquement sans discontinuer de 1945 à 1973.

Kati Horna, hongroise d’origine, 25 ans aussi avait aussi réalisé un reportage photos pour le compte du gouvernement Républicain espagnol en 1937.

tina.jpgTina Modotti, communiste convaincu était aussi venue en Espagne et avec cette conviction qui sûrement était partagée par Gerda Taro qu’elle avait encontre souvent : « La photographie est faite pour enregistrer la vie objective dans toutes ses manifestations. Si l’on ajoute la sensibilité, la compétence du sujet, en ayant une idée claire de la place qu’elle doit occuper dans l’Histoire, je crois Qu’elle est digne de jouer un rôle dans la révolution sociale à laquelle nous devons contribuer ».

Tina Modotti est morte en 1942, au Mexique dans des conditions inexpliquées.

Gerda Taro partageait bien aussi, le même idéal éthique et probablement politique que Marie Claude Vaillant Couturier. Pour elles l’expression de Robert Capra qui disait « Dans une guerre, il faut détester ou aimer quelqu’un, en tout cas prendre position, sinon on ne supporte pas ce qui se passe » avait tout son sens.

taro-21.jpgGerda Taro avait pris position, clairement pour les Républicains Espagnols dans ses reportages et dans la vie et pour le Front Populaire en France.

Née le 1er aout 1910, à Stuttgart, en 1933, à 23 ans elle est arrêtée avec l’arrivée de Hitler au pouvoir pour avoir distribué des tracts anti-nazis. Elle est libérée quelques jours plus tard en faisant valoir son passeport polonais. Elle part ensuite en France.

Elle vit quelques temps à Paris, devient secrétaire de l’agence Allianc-Photo où elle rencontre Robert Capa qui la forme à la photographie et qui deviendra son ami.

Gerda Taro ( de son vrai nom Gerda Pohorylles) s’inscrit à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (Aear, proche du PCF), alors dirigée par Louis Aragon.

Elle est remarquée pour sa beauté naturelle ( la « pequeña rubia » - la petite blonde) comme le disait amicalement les espagnols, son intelligence, sa culture, sa spontanéité.

Aimant passionnément la vie, sentant sans doute son éphémérité, elle était qualifié par Hemingway de «putain» lui qui a collectionné les conquêtes féminines toute sa vie, mais il est vrai que ce mot n’a pas d’équivalent chez les hommes.

gerda taro,espagne,regards,vu,ce soir,aragon,nérudaEn 1936, au déclenchement de la guerre civile elle se rend en Espagne, où comme le disait avec juste raison, Louis Aragon elle s’est conduit en « héroïne » apportant son soutien et son encouragement aux soldats républicains et aux civils et effectuant des reportages photographiques exceptionnels dans les zones de guerres les plus dangereuses pour porter témoignage dans le monde entier de cette tragédie qui préparait la deuxième guerre mondiale.

C’est en effectuant un de ces reportages qu’elle meurt le 25 juillet 1937 après avoir été heurté par un tank près de Brunete alors qu’elle était sur un marchepied d’une voiture où elle était montée pour quitter le village tombé aux mains des insurgés fascistes sur une la route de Brunete à Madrid, alors que les Stuka et les Heikel allemands de la Légion Condor bombardaient sans relâche les troupes républicaines.

En la ramenant à Madrid grièvement blessée pour ces dernières heures l’infirmière américaine présente a témoigné de ces derniers mots : « Est-ce que mes appareils (caméras) sont cassés ? Ils sont neufs. Est-ce qu’ils sont bien là ? ».

taroph.jpgSon appareil de photo c’était son arme, plus puissant et efficace qu’un fusil-mitrailleur, qu’un stuka, témoignage pour l’histoire et l’éternité de la barbarie humaine, fasciste et nazie et de la souffrance d‘un peuple.

C’est le 1er aout 1937, le jour de ces 27 ans qu’elle est enterrée au Père Lachaise à Paris.

Diaz Diego pour E-Mosaïque

Pour écrire cet article j’ai utilisé plusieurs sources et notamment les écrits de François Maspéro dans son livre « L’ombre d’une photographe, Gerda Taro », publié au Seuil et que je vous recommande

Photos Capa, Gerda Taro, Anonyme

 

taromilice.jpg

31/05/2011

LE DESSIN DU MOIS DE MAI

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Dessin publié par le journal l'Humanité

15:25 Publié dans Actualités, Le dessin du mois | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dessin, espagne, concombres, indignados | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!