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02/11/2014

LES RACINES DE LA FRANCE DE SEMA KILICKAYA : PRIX SELIGMAN 2014 CONTRE LE RACISME

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sema kiliçkaya,le royaume sans racines,immigrationLes Éditions IN OCTAVO viennent d'annoncer que le Prix Seligmann 2014 contre le racisme a été décerné à l'ouvrage de Madame Sema Kiliçkaya intitulé "Le royaume sans racines". (1)

La Chancellerie des universités de Paris décerne chaque année plusieurs prix, parmi lesquels le prix SELIGMANN contre le racisme, fondé en 2003.
La réunion de délibération s’est tenue en Sorbonne, jeudi 16 octobre 2014, sous la présidence de Monsieur François WEIL, recteur de l’académie, chancelier des universités de Paris, et en présence de Madame Yvette ROUDY et de Monsieur Pierre JOXE, anciens ministres.
Le prix a été décerné à l’ouvrage de Madame Sema KILIÇKAYA intitulé « Le royaume sans racines », publié en 2013 aux éditions In octavo.

L’ouvrage est le deuxième roman d’une enseignante agrégée d’anglais et traductrice. Née en Turquie à la frontière syrienne, l’auteur s’interroge, à partir de sa propre histoire d’enfant puis d’adolescente immigrée en France, sur les rapports de la langue et de l’identité.

Les membres du jury ont particulièrement apprécié la qualité littéraire de l’ouvrage qui témoigne d’une belle maîtrise de la langue et propose une réflexion de qualité sur le langage. Ils ont apprécié un récit poétique, émouvant et exprimant une pensée positive sur l’exil, l’immigration et l’intégration.

(1) Le montant du prix est de 12 000 €

E-Mosaïque avait publié la critique suivante de ce livre 30 aout 2013. Ce prix démontre la pertinence de l'opinion que nous avions alors de ce livre. Félicitations à l'heureuse et talentueuse élue.

CRITIQUE PUBLIE LE 30 AOUT 2014

« Vivre comme un arbre, seul et libre. Vivre en frères comme les arbres d’une forêt. Ce rêve est le notre. » Nazim HIKMET

Cette histoire commence en 1943, à Alep par le périple de la belle Djémélé qui après la disparition de son époux rejoint à pied avec ses 5 enfants en Turquie, Antakya, la ville où elle est née. C’était le thème du premier roman écrit par Sema Kiliçkaya,« Le chant des tourterelles ». Sema connaît bien ce pays dont elle est originaire. Elle a grandi en France où professeur agrégé d’anglais dans un lycée de Champagne elle se passionne pour l’histoire de l’immigration turque, mais aussi pour l’histoire tout court passée et présente.

Son premier roman était déjà de très grande qualité, son deuxième est un chef d’œuvre littéraire écrit avec style et une belle écriture. 

Il constitue et constituera sans aucun doute aussi une œuvre sociologique majeure sur l’immigration en France.

sema kiliçkaya,le royaume sans racines,immigrationDans ce deuxième roman de Sema Kiliçkaya « Royaume sans racine » nous suivrons des descendants de la belle Djémélé qui comme des millions d’immigrés décident de venir travailler en France, « ce nombril de l’Europe ». D’autres préfèreront l’Allemagne « ou le mark est fort » en ce début des années 1960.

Zora, qui a 4 ans est venue en France avec sa famille sera le personnage pivot de ce roman. Autour d’elle toute les problématiques de l’immigration seront ainsi abordées précisément avec pudeur, finesse, intelligence: la misère, la famille, l’éducation, la religion, le racisme, l’intolérance, la tradition, le travail, l‘amour, la tragédie…

Zora qui va revenir régulièrement dans son pays d’origine, sera partagée entre celui-ci et son pays d’adoption dont elle ne reniera jamais les racines.

La conclusion de ce roman est pourtant sans appel pour Zora et bien d’autres : « Pour moi, le français s’est fait langue familière. Cette langue est le terreau dans lequel je m’épanouis. Elle dénoue les histoires inachevées, conte celles qui, comme la nôtre, sont éternellement recommencées, celle de l’exil. »

C’est sans aucun doute la force de ce roman. S’il concerne des immigrés d’origine Turques avec leurs propres histoires, leurs propres particularités, ce roman, cette histoire est celle aussi de millions d’autres immigrés qui ont rejoints la France au grès des aléas politiques et économiques.

Zora aurait pu s’appeler Lolita, Karol, Tening, Amélia, Latifa, Sophia, Bao ou Françoise, Jeanne, Elisabeth…C’est aussi leurs histoires, celle de la France toute entière et de ses racines plongées au profond des millénaires, de sa naissance et de son développement. C’est aussi une histoire universelle.

« Je suis cela même que vous voulez refouler au plus sombre de l’oubli, le souvenir de l’obscurité. Je reviens de l’abime du temps, embrase les jours passés »

A lire absolument : « Le royaume sans racines » Sema Kiliçkaya, éditions In Octavo, pris 20,50 €