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28/11/2010

La précarité de l’emploi prend pied

 

pauvres.jpgL’étude du Centre d’analyse stratégique, publiée , confirme des créations d’emplois pour l’avenir, mais toujours dans une logique de précarisation du marché du travail.

«Le chômage reculera l’année prochaine, l’économie est en train de repartir », prédisait Nicolas Sarkozy dans son allocution télévisée du 16 novembre. Le président a utilisé les chiffres de l’Insee publiés le même jour pour se gargariser d’une première hausse de l’emploi salarié depuis mi-2008, avec 98 600 créations de postes sur un an.

L’étude de l’Acoss, l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale, qui fédère les Urssaf, atteste de cette reprise modérée. Tout en pointant du doigt la précarisation croissante de la population active. En octobre, « le nombre de déclarations d’embauches de plus d’un mois de l’ensemble des secteurs (hors intérim) a baissé de 4,6 %, confirmant le tassement enregistré depuis le mois de juillet », précise l’agence. Une tendance qui s’accentue depuis le mois de juillet : le nombre de créations de postes de moins d’un mois ne cesse de progresser. Fait d’autant plus inquiétant que l’intérim a grimpé de 13,7 % dans le pays cette année.

CDD et temps partiels

Et cette inflexion semble se confirmer dans le futur, d’après la note sur les projections sectorielles d’emplois à l’horizon 2015, publiée hier par le Centre d’analyse stratégique (CAS). Si l’étude souligne « l’existence de forts potentiels de créations d’emplois, dès les prochaines années dans un certain nombre de secteurs identifiés », c’est au prix de secteurs économiques favorisant traditionnellement les contrats précaires, CDD courts, temps partiels, etc.

L’industrie en panne

Ainsi, les « services opérationnels » occupent la première marche du podium avec 218 000 créations de postes entre 2010 et 2015, dont 100 000 dans l’intérim et 100 000 dans les services aux entreprises. Ensuite, la construction, bénéficiant des mesures du Grenelle de l’environnement, notamment dans certaines filières vertes, génère 149 000 effectifs supplémentaires. Enfin, 91 000 emplois sont issus du secteur en plein boom des services personnels et domestiques, voué à un avenir florissant avec la réforme de la dépendance.

En revanche, le secteur industriel, soumis à la pression sur les prix et à la concurrence technologique, plonge, en emportant le gros des destructions de postes : moins 11 000 dans le secteur automobile, moins 15 000 dans le textile, moins 22 000 dans la chimie et enfin moins 40 000 dans la métallurgie. Au total, les créations d’emplois sur la période 2010-2015 se chiffrent à 968 000 dans les secteurs porteurs, contre 318 000 destructions nettes dans les secteurs dits « déclinants ». Un solde positif obtenu en creusant plus profond le sillon de la précarité du travail : heures supplémentaires, chômage partiel et emplois intérimaires.

Malgré cette flexibilité, l’emploi retrouverait à peine son niveau d’avant-crise à l’horizon 2015, si l’on se fonde sur l’estimation de croissance prudente de 1,6 % par an de l’Office français de conjoncture économique (OFCE), alors que le gouvernement table sur 2,5 % dès 2012. Cette étude du CAS confirme que l’intérim et les contrats à durée déterminée n’ont pas fini de déstabiliser l’emploi.

Cécile Rousseau, pour l'Humanité

17:02 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emploi, précarité | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

12/11/2010

LE DESSIN DU MOIS DE NOVEMBRE

remaniement.jpg

Remaniement

14:51 Publié dans Le dessin du mois | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sarkozy, remaniement | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

07/11/2010

Hyperaustérité et graves atteintes à la démocratie

L’Interview paru le  30 octobre 2010 dans l’Humanité

francis-wurtz.jpgFrancis Wurtz, député honoraire du Parlement européen, a conduit la bataille contre le traité constitutionnel en 2005.

Que pensez-vous de la décision du Conseil de faire modifier le traité de Lisbonne pour pérenniser le Fonds de stabilisation ?

Francis Wurtz. Quand nous avons dit «non» au traité constitutionnel en 2005, dont celui de Lisbonne est un avatar, nous avions signalé que ce traité interdisait à un État membre de l’UE ou à la Banque centrale européenne (BCE) de venir en aide à un autre État en difficulté. Donc, a priori, on ne va pas se plaindre que cet article soit éventuellement supprimé. Le problème, c’est que le Fonds de stabilisation, ce n’est pas de la solidarité ! Dans le cas de la Grèce, par exemple, l’UE a imposé des conditions draconiennes à ce pays et, pire, certains États, comme la France, ont gagné de l’argent sur le dos du peuple grec !

Quelles sont les autres conséquences ?

Francis Wurtz. Elles sont graves. L’Allemagne n’a accepté la pérennisation de ce Fonds de stabilisation qu’à la condition d’un durcissement des sanctions contre tout État contrevenant à la discipline budgétaire et d’un renforcement du pacte de stabilité. Pour la France, dans l’avenir, en cas de déficit public jugé excessif, la sanction financière pourrait atteindre 10 milliards d’euros. Quant au renforcement du pacte de stabilité, il implique que les budgets nationaux soient soumis au contrôle de la Commission européenne préalablement à leur examen par les Parlements nationaux. Il s’agit là d’une politique d’hyperaustérité et d’une atteinte très grave à la démocratie.

 Pourquoi en est-on arrivé là ?

Francis Wurtz. La question est que l’UE n’a tiré aucune leçon de la crise financière. Elle aggrave encore la soumission des États membres aux exigences des marchés. Cette politique a été décidée au moment même où l’Europe est le théâtre de puissantes manifestations contre les politiques actuelles. Les dirigeants européens restent sourds à cette désaffection massive des peuples. Et ce au risque d’encourager le populisme.

Que peut-on faire ?

Francis Wurtz. D’abord, faire converger les actions se déroulant sous différentes formes en Europe contre le démantèlement systématique du modèle social européen. Il faut s’unir à l’échelle européenne contre cette hyperaustérité, les attaques contre les retraites, les services publics, la fermeture des entreprises… Ensuite, mener en même temps un débat partout en Europe sur les causes de cette crise, sur l’extrême dépendance à l’égard des marchés financiers, et montrer qu’on peut s’en émanciper, de sorte à créer les conditions d’une appropriation par les citoyens des vrais enjeux européens. Et aussi aider ces citoyens à faire le lien entre leur difficile quotidien et les orientations néolibérales concoctées par les dirigeants de l’UE. En troisième lieu, il s’agit de faire grandir les alternatives à cette orientation néolibérale en mettant la question sociale et sociétale au cœur du projet européen. En France, par exemple, le PCF préconise une autre mission pour la BCE : racheter les titres publics (la dette publique) à un taux bas ou nul, pour que l’argent puisse être utilisé pour favoriser l’emploi, la création des richesses, les services publics. Autrement dit, nous proposons aussi que la BCE finance des crédits dans des conditions différentes selon qu’il s’agit d’investissements créateurs d’emplois ou destinés à la spéculation. Dans le premier cas, les conditions d’accès au crédit devront être très favorables, dans le second cas, très dissuasives. En conclusion, je pense que, pour soutenir un tel changement, il existe en Europe une aspiration majoritaire. C’est l’un des points qui seront discutés lors du congrès du Parti de la gauche européenne qui se tiendra à Paris au mois de décembre.

Entretien réalisé par Hassane Zerrouky

17:44 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : europe, francis wurtz | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!