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31/10/2010

La retraite expliquée aux nuls

62ans.jpgPour imposer aux Français une réforme de la retraite qu’ils ne veulent pas, Nicolas Sarkozy utilise des arguments discutables, pour ne pas dire mensongers.

Tout d’abord, il faut évacuer rapidement les lieux communs du genre : « l’augmentation de la durée de cotisation va combler le déficit ».

Si on y regarde de plus près, on s’aperçoit qu’un français rentre dans le monde du travail à l’âge de 27 ans en moyenne.

Or en 2008, ce même français sort de l’emploi salarié à l’âge de 59 ans en moyenne.

Sur ces bases, ils ne seront donc qu’une minorité à pouvoir cotiser pendant 42 ans. lien

Autre bêtise remarquable : « l’allongement de la durée de la vie rend nécessaire l’allongement de la durée de cotisation ».

La cause du déficit et du fait qu’il va continuer à se creuser n’est pas l’allongement de la durée de vie, mais l’augmentation du chômage.

Pourquoi ne pas empêcher les délocalisations, et interdire les licenciements dans les entreprises non déficitaires ?

En effet, les cotisations retraite sont prélevées uniquement sur les salaires, d’où le problème. Si elles étaient prélevées sur les richesses, il n’y aurait plus de problème.

En 1950 il fallait 4 travailleurs pour payer la retraite d’un seul individu, et en 2010, il suffit d’1,75 cotisant pour le même résultat. lien

Franck Lepage et Gaël Tanguy le démontrent avec humour dans cette vidéo.

Contrairement à une idée reçue, les profits sont peu imposés en France.

C’est Christine Lagarde qui le dit :

« il existe en France un écart significatif entre le taux d’imposition facial des bénéfice des entreprises, qui est de 33,3, et le taux réel qui est de 22%. La première raison à cela est l’existence en France de nombreuses exonérations ou taux réduits dont les grands groupes savent tirer parti »

Le déficit des retraites se monte en 2010 à 39 Milliards, or l’ensemble des exonérations de charges sociales pour les entreprises se monte à 40 milliards.

La fraude dans ce domaine s’élève à 30 milliards d’euros. lien

Cherchez l’erreur ?

Un autre argument est avancé par le gouvernement : « dans les autres pays, l’âge de la retraite a été repoussé ».

Même si tous les autres pays faisaient çà (ce qui n’est pas le cas) çà ne signifierait pas pour autant qu’ils aient raison.

On nous affirme que l’âge de la retraite en Allemagne serait de 67 ans. ?!

Totalement faux, ce sera 67 ans (peut-être) en 2030, et d’ici là beaucoup de choses peuvent changer.

Il faut ajouter qu’en Allemagne, le nombre d’annuités à cotiser n’est pas de 40 ans (ce qui est le cas en France) mais de 35.

Avant de prendre une telle décision, il y a eu en Allemagne de réels débats, jamais de passage en force, comme en France. En Suède, l’arbitrage a duré 10 ans.

Ce power-point résume bien la situation tout comme cette vidéo

Les députés que nous avons élus avaient-ils le droit de voter contre ceux qui les ont élus ?

Espérons que les citoyens s’en souviendront en 2012, lors des législatives.

Mais qu’en est-il de la retraite de ces mêmes députés ?

Connaissez-vous l’histoire de l’amendement n° 249 ?

Quelques députés verts audacieux (Annie Poursinoff, Yves Cochet, Noel Mamère, et François De Rugy) avaient proposé de reconsidérer les avantages considérables qu’ils ont en matière de retraite : ils ne cotisent qu’à hauteur de 12%, le reste (52 millions d’euros annuels pour tous les députés) est payé par l’Etat, c’est-à-dire par nous.

Pour 1 € cotisé, ils reçoivent à leur retraite 6 euros, alors que nous ne recevons dans le meilleur des cas qu’1,50 € pour 1 € cotisé.

Le 9 septembre 2010, l’amendement a été rejeté. Regardez cette vidéo du débat.

Comme le dit Gérard Filoche, inspecteur du travail, 57% de nos concitoyens pensent qu’il ne faut pas toucher la retraite à 60 ans.

Libre à chacun de travailler jusqu’à la mort, mais on n’a pas le droit d’obliger une personne à travailler plus qu’il ne veut, ou qu’il ne peut.

Gérard Filoche, fait sur cette vidéo en deux parties de 20 petites minutes un très bon résumé de la situation.

Il épingle brillamment Sarközy, lequel prétend que nous avons gagné 40 ans d’espérance de vie. Filoche évoque des évidences :

A 55 ans, 2 maladies sur 5 sont liées au travail, et à 60 ans, 3 maladies sur 5 sont liées au travail.

L’ouvrier qui a passé sa vie derrière un marteau piqueur n’a pas la même espérance de vie que celle d’un fonctionnaire.

Allons-nous voir des infirmières de 62 ans continuer à s’occuper de leurs patients alors même qu’elles auraient besoin de souffler ? Devront-elles le faire en déambulateur ?

Mais au delà des pénibilités physiques, il évoque aussi les pénibilités mentales : un instituteur qui a passé 35 ans de sa vie à gérer des classes surchargées, et des enfants turbulents ne voit pas d’un œil très réjoui arriver l’obligation de travailler toujours plus tard. 

Il y a en France 180 000 accidents cardio-vasculaires annuels dont la moitié est liée à l’activité professionnelle.

Gérard Filoche raconte le décès d’un homme, qui après 15 heures de travail, sortant de son bureau, est mort brutalement sur le trottoir.

Cet accident cardio-vasculaire n’a pas été comptabilisé comme « accident du travail », puisqu’il s’est produit dans la rue…

Et que dire des cancers liés au travail : ils ne sont pas comptabilisés, mais ils existent malgré tout.

Et Filoche de faire un constat cruel : travaillez plus longtemps, vous mourrez plus tôt.

Il se base pour justifier cette affirmation sur une information indéniable :

Les assurances sur la vie, pour lesquelles nous sommes régulièrement sollicités, se basent pour leurs calculs sur une « table de mortalité ».

Or, ces tables disent que si nous travaillons 2 ans de plus, nous vivrons 1 an de moins.

Gérard Filoche se bat aussi pour la terminologie des mots :

« Il n’y a pas de charges sociales en France, il n’y a que des cotisations, qui sont prélevées sur nos salaires, mise dans un pot commun et qui sont redistribuées à chacun suivant ses besoins. Ce ne sont pas des prélèvements obligatoires, ce sont des prélèvements volontaires, et nos ainés se sont battus pour çà ».

Il épingle aussi Christine Lagarde, critiquée pour avoir obligé les chômeurs de 57 ans à continuer d’aller « pointer au chômage ». lien

Elle a commis une bourde terrible en lâchant :

« Quand on a 57 ans, on n’est pas fichu », mais alors, répond Gérard Filoche : « c’est quand on est fichus qu’on a droit à la retraite ? ».

L’INSEE calcule l’espérance de vie en bonne santé : 63 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes, et 59 ans pour les ouvriers.

Il conclut par cette évidence :

Les plus belles années de la retraite, c’est entre 60 et 65 ans, et les plus dures années de vie au travail, c’est entre 60 et 65 ans.

Les 500 premières familles les plus riches de France pèsent 194 milliards d’euros.

Il y a 378 000 millionnaires en euros en France.

Face aux 8 millions de français qui vivent dans la pauvreté (moins de 950 € par mois), la France arrive en troisième place au nombre des millionnaires. lien

La France n’est pas pauvre, les richesses sont seulement moins bien partagées.

Le gouvernement a exonéré (charges sociales) les entreprises à hauteur de 45 milliards, après avoir affirmé qu’ils avaient de la peine à trouver 400 millions d’euros pour les chômeurs en fin de droit, qu’ils qualifient aimablement d’assistés.

Mais, comme le dit Gérard Filoche, les assistés, ce sont les patrons.

Les niches fiscales les plus importantes, celles consenties aux plus nantis, représentent 72 milliards d’euros.

Si on additionne tous ces milliards, on voit qu’il y a donc largement de quoi payer les retraites.

Il y a donc aujourd’hui l’évidente volonté de l’état de casser le système actuel, afin de favoriser les sociétés d’assurances, lesquelles vont bientôt pouvoir nous proposer des « retraites à la carte ».

Médiapart l’affirme le 14 octobre 2010 : 

« La réforme va conduire à l’asphyxie financière des grands régimes par répartition et sera donc propice à l’éclosion de ces grands fonds de pension qui n’étaient pas encore parvenus à s’acclimater en France ».

(Ceux-ci sont responsables aux USA des faillites que l’on sait, alors que le peuple américain était globalement hostile à la retraite par répartition. Bernard Madoff qui s’occupait des placements en bourse de ces fonds de pension, est l’un des principaux artisans de cette faillite).

Parmi les opérateurs privés qui vont opérer en France, on trouve le groupe Malakoff Médéric, dont le délégué général n’est autre que le frère du Président : Guillaume Sarkozy. lien

La boucle est donc bouclée, car comme dit mon vieil ami africain :

« Un acacias ne tombe pas à la volonté d’une chèvre maigre qui convoite ses fruits ».

Olivier Cabanel, publié dans Agoravox

10:30 Publié dans Economie, Pour les nuls | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : retraites, nuls, économie | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

25/10/2010

LE DESSIN DU MOIS D'OCTOBRE

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14:33 Publié dans Le dessin du mois | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

17/10/2010

Emploi des personnes handicapées: un quart des entreprises ne respectent pas leurs obligations

id3226_photo.jpgUn quart des entreprises privées de plus de 20 salariés ne respectaient pas leurs obligations en matière d'emploi des handicapés en 2008 et ont donc dû payer des pénalités, selon une enquête du département statistique du ministère de l'Emploi (Dares).

Les entreprises de plus de 20 salariés doivent employer 6% de travailleurs handicapés sans quoi elles payent des pénalités. 129.100 entreprises étaient concernées par cette obligation en 2008.

Mais elles ont plusieurs façons d'échapper à ces pénalités même si elles n'atteignent pas le quota, en ayant recours à des entreprises sous-traitantes adaptées ou en mettant en oeuvre un accord collectif relatif à l'emploi des handicapés.

Si elles ne sont engagées dans aucune de ces démarches, elles doivent verser "une contribution financière" à l'Agefiph, fonds public qui gère ces sommes et les utilise pour aider l'emploi des handicapés.

"Un quart des établissements ne répondent à la loi par aucun emploi, direct ou indirect, mais préfèrent payer la contribution compensatrice à l'Agefiph", écrit la Dares, qui indique aussi que "la mise en place d'accords relatifs à l'emploi de travailleurs handicapés a continué de progresser, concernant 10.300 établissements, soit 8% des établissements assujettis" à l'obligation.

Au total 284.000 travailleurs handicapés bénéficiaient de cette obligation en 2008.

Les entreprises choisissent de plus en plus d'employer directement une personne handicapée : elles étaient 58% en 2008, contre 56% en 2007 et 53% en 2006.

A l'inverse, le nombre d'entreprises qui verse une contribution à l'Agefiph baisse "constamment", passant à 25% en 2008, après 29% en 2007.

En 2008, 25.200 travailleurs handicapés ont été embauchés, soit une hausse de 3,7%, mais très souvent à temps partiel.

D'après AFP et journaux

18:07 Publié dans Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entreprises, économie | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

10/10/2010

Nous refusons l’écologisme benêt d’Arthus-Bertrand

arthus-bertrand_s.jpg"La lutte contre le productivisme et l’économie capitaliste, pour la répartition des richesses et la relocalisation n’ont pas la moindre place dans son raisonnement."

Paul Ariès, Aurélien Bernier, Yann Fiévet et Corinne Morel-Darleux - 5 octobre 2010

Source : Courriel à Reporterre.

Les auteurs : Paul Ariès est directeur du Sarkophage, théoricien de la décroissance, et auteur de La simplicité volontaire contre le mythe de l’abondance (La Découverte) ; Aurélien Bernier est secrétaire national du M’PEP et auteur de Ne soyons pas des écologistes benêts (Mille-et-une-Nuits) ; Yann Fiévet est président d’Action Consommation et auteur de Le monde en pente douce (Golias) ;Corinne Morel-Darleu est secrétaire nationale du Parti de Gauche et conseillère régionale Rhone-Alpes, ainsi qu’auteure de L’écologie, un combat pour l’émancipation (Bruno Leprince).

Ecouter aussi : Yann Arthus-Bertrand, Hugo Chavez dit que le capitalisme est la cause du changement climatique. Qu’en pensez-vous ? http://www.reporterre.net/spip.php?...


Quand l’écologie émergea dans le débat public au cours des années 1960 et 1970, elle fut d’emblée fortement politisée. L’économie productiviste, la répartition des richesses, les rapports Nord/Sud, la lutte pour la démocratie, la dénonciation des multinationales faisaient partie intégrante du discours des principaux mouvements. Aux Etats-Unis, le militantisme de Rachel Carson ou Barry Commoner eut des effets concrets sur la législation américaine, aboutissant à l’interdiction de produits chimiques ou à la création de l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA). Les Nations Unies ne purent éviter de lier la question environnementale à la question sociale, et la notion d’écodéveloppement portait des revendications pour protéger la planète, mais également pour mieux répartir les richesses et partager le travail.

Puis vint le tournant de la mondialisation. Le capitalisme se fit néolibéral en se réorganisant à l’échelle planétaire, afin de bénéficier des coûts de production les plus faibles et de mettre en concurrence les salariés des économies industrialisées avec les salariés des pays émergents. Repris en main par les gouvernements, le discours sur l’état de la planète changea profondément de nature. Les chocs pétroliers furent l’occasion de réclamer aux citoyens des gestes responsables pour réduire leurs consommations, moins pour des raisons écologiques que pour limiter les déficits commerciaux. Le basculement dans l’écologie individuelle était amorcé. Après l’énergie, ce fut le tri des déchets afin de permettre le recyclage, avec là aussi des motivations liées au commerce extérieur. Puis, afin de lutter contre le changement climatique, le citoyen fut mis à contribution pour réduire ses gaz à effet de serre.

Le développement durable se substitua à l’écodéveloppement pour gommer toute revendication radicale et pour faire de chaque citoyen le responsable de la dégradation de la planète. Dans cette construction idéologique, le pollueur n’est plus l’industriel qui met sur le marché de futurs déchets, mais l’acheteur qui remplit sa poubelle. Ce n’est plus le fabricant d’un produit bon marché mais polluant, c’est le ménage à faible revenu qui ne prend pas la peine d’acheter "vert". Ce ne sont plus les multinationales responsables des délocalisations dans les pays où l’on peut polluer gratuitement, mais les salariés obligés de prendre leur voiture pour aller chercher un travail de plus en plus rare et donc de plus en plus éloigné de leur lieu d’habitation.

Bien sûr, les comportements individuels doivent évoluer vers un plus grand respect de l’environnement. Il n’est pas question de le nier ni de sous-estimer l’évolution positive des mentalités. Mais l’objectif du discours dominant sur l’écologie vise tout autre chose : un véritable transfert des responsabilités.

Yann Arthus-Bertrand est-il naïf lorsqu’il porte l’image d’une écologie totalement dépolitisée, fondée sur le "tous coupables" et qu’il prétend dépasser les clivages gauche-droite avec les financements du groupe Pinault-Printemps-La Redoute ? Peut-être. En tout cas, la démarche est dangereuse. Sa dernière initiative, "10:10", fait songer à l’école des fans : tout le monde fait un geste et tout le monde gagne, avec une pensée émue pour les générations futures. La lutte contre le productivisme et l’économie capitaliste, pour la répartition des richesses et la relocalisation n’ont pas la moindre place dans son raisonnement.

Pourtant, le bilan écologique du capitalisme néolibéral est sous nos yeux. Entre 1997 et aujourd’hui, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont progressé d’environ 25 %. La principale raison n’est pas le développement du marché intérieur des pays émergents, mais bien l’augmentation continue du commerce international, la surconsommation des pays riches et le renforcement des délocalisations. La dictature de la finance empêche quant à elle l’émergence d’activités réellement durables, basées sur des raisonnements de long terme. Et, lorsqu’il s’agit de lutter contre le changement climatique, la communauté internationale décide justement de confier aux fonds d’investissements un juteux marché des "droits à polluer", qui, de produits dérivés en manoeuvres spéculatives, nous emmène doucement mais sûrement vers un prochain krach boursier.

Loin des discours de Daniel Cohn-Bendit ou de Yann Arthus-Bertrand, l’écologie politique ne trouvera un avenir que dans une rupture franche et concrète avec le capitalisme néolibéral. Nous devons aborder les sujets qui fâchent. La répartition des richesses, avec par exemple un revenu maximum et une fiscalité de justice sociale. Le commerce international et la relocalisation de l’activité industrielle et agricole, avec des taxes écologiques et sociales sur les importations. L’asphyxie des marchés financiers, en commençant par la fermeture de la Bourse des droits à polluer. Autant de mesures qui vont à l’encontre des règles de l’Union européenne, de l’Organisation mondiale du commerce et du Fonds monétaire international, qu’il faut impérativement dénoncer. Nous laissons donc à Yann Arthus-Bertrand et ses financeurs du CAC 40 la grande cause des lumières éteintes et des robinets fermés. Notre objectif se situe à l’opposé. Il s’agit de mettre de l’écologie dans la politique et, surtout, de mettre de la politique dans l’écologie.


20:01 Publié dans Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arthus bertrand, planète | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!