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25/09/2018

Zahia Ziouani, "maestra" à la Fête de l’Huma 2018, cheffe d'orchestre au coeur de la réalité

Zahia Ziouani fête Humanité1300510.jpg

Zahia Ziouani fête Humanité2.jpgSous le soleil de la « Grande Scène », dimanche 16 septembre 2018, Fête de l’Humanité à La Courneuve. Zahia Ziouani dirigeait son Orchestre symphonique Divertimento face à des milliers de spectateurs conquis. L’aventure musicale et humaine qu’elle incarne fait d’elle une « maestra ». Rencontre

En 2010,  à 32 ans, Zahia Ziouani signait  l’histoire de son parcours professionnel dans un livre intitulé « La chef d’orchestre ». En riant, la maestra (son équipe la désigne ainsi avec déférence) reconnaît aujourd’hui que, si elle devait re-publier son livre, elle en féminiserait  le titre  « Oui, «  la cheffe d’orchestre », cela me va ! »
 
« A la seconde où elle tourne le dos au public et lève la baguette, elle devient magique. Zahia Ziouani est l’incarnation même de la puissance, du talent et de l’énergie ». Le magazine Elle dit vrai. Ajoutons qu’elle est aussi l’incarnation  de la détermination. Dans le monde de la direction d’orchestre,  les femmes sont aujourd’hui moins de 4% ! Un chiffre qui se vérifie en France, mais aussi ailleurs, et qui chuterait encore si l’on s’arrêtait aux seuls orchestres symphoniques. Après la précurseuse Nadia Boulanger (qui dirigea dans les années 1930 des concerts à Paris, Londres, Boston, New York et organisa l’accompagnement musical du mariage du Prince Rainier avec Grace Kelly !), le tour est vite fait avec les Françaises Emmanuelle Haïm, Laurence Equilbey ou Nathalie Stutzmann, les Canadiennes Mélanie Léonard, Tania Miller, et la Suissesse Sylvia Caduff.

Créer son orchestre pour balayer les résistances

« Féminiser le nom de mon métier, est symboliquement important, mais au-delà, je réalise que ce sont les résistances auxquelles j’ai été confrontée en tant que femme qui ont fait que je me suis questionnée sur ma place dans la société et que je  me suis  construite.» Des résistances qui ont structuré sa carrière et ont conduit Zahia Ziouani à créer son propre orchestre symphonique quand elle avait 20 ans. 70 instrumentistes professionnel.le.s, dont les premier.e.s ont été recruté.e.s sur les bancs de la Sorbonne, l’accompagnent aujourd’hui et constituent Divertimento. Un nom joyeux, à la petite saveur mozartienne.
 
En classe d’orchestration au Conservatoire, la jeune femme avait déjà signé un acte de bravoure : tenir 18 mois alors que son maître  adulé, le Roumain Sergiu Celibidache, l’avait prévenue : « les filles, chez moi,  jettent toujours l’éponge dans les 15 jours ! »

L'inclusion par la musique

Et aujourd’hui encore son engagement reste intact. A la musique, certes. Mais aussi à la transmission, à commencer par celle qu’elle opère dans les banlieues : « on attend de la jeunesse d’assimiler beaucoup de savoir-être pour s’intégrer dans la société, la vie professionnelle. » Les filles et les garçons qu’elle initie lui procurent un plaisir jubilatoire qu’elle leur réinsuffle, tout comme l’art de faire « de belles rencontres », d’être traversé.e « de belles émotions » en écoutant, mais surtout en pratiquant la musique.

Le dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale DEMOS, développé pour les enfants par les ministères de l’Education Nationale, de la Culture et de la Ville, lui doit beaucoup. Et le Plan « chorale » qui devrait amener des millions de collégiens français à chanter en 2019 procède du même état d’esprit.
 
Le week-end du 15 et 16 septembre 2018, Zahia Ziouani  emballait donc  des milliers de militants et de sympathisants du quotidien communiste l’Humanité, lors de la fête du même nom, rassemblement politico culturel et festif incontournable, au travers du répertoire qu’elle avait choisi, soit West Side Story,  Les 7 Mercenaires, Pirates des Caraïbes et  Candide, notamment.
Se jouant des frontières politiques, la veille, elle avait enchanté  les jardins de l’Elysée pour les Journées européennes du Patrimoine.
 
Dans quelques jours, son orchestre se produira à Sevran (Nord Est de Paris). Puis au fil des semaines, au Palais Garnier et à la Seine Musicale,  dans un répertoire très classique cette fois, ou encore au Théâtre du Rond-point pour  un « Lenny » nourri de Bernstein.
 
Rien d’un éparpillement ou d’une boulimie musicale. L’éclectisme est la clé de la cheffe pour donner à aimer  la musique à des publics hétérogènes.

La musique facteur de paix

Tout particulièrement les publics qui ressemblent à la famille algérienne dans laquelle elle a grandi. Famille modeste, mais tellement éprise de musique que sa sœur jumelle est aussi tombée dans la marmite. Elle est violoncelliste – encore un point commun avec Nadia et Lili Boulanger, autres sœurs prodiges de la musique. Les fillettes habitaient Pantin. La majorité communiste d’alors avait développé une politique d’éducation culturelle qui leur a particulièrement réussi.
 
Ou encore les publics des deux rives de la Méditerranée. En 2007, Zahia Ziouani devient la 1ère cheffe  invitée de l’Orchestre National d’Algérie. Un sujet d’immense fierté et de belle responsabilité. En 2013, elle se produit à la tête de son orchestre symphonique à Marseille, capitale culturelle européenne. En amont et en aval, elle dirige des formations dans la capitale française (Salle Pleyel, Basilique Saint-Denis, Philharmonie de Paris, Olympia) ainsi qu’en Pologne, en Egypte, en Russie, au Mexique et ailleurs. Et souvent elle en profite pour jouer la carte du brassage des cultures : « la programmation dédiée à  la Méditerranée m’a donné l’occasion de faire venir des musiciens de Chypre, de Malte, de Tunisie, d’Algérie, mais aussi des Israéliens et des Palestiniens. Oui, la musique peut contribuer modestement à bâtir la paix ! »

La notion de lien est au cœur de l’accès à la culture pour les jeunes.

Sources TV5 Monde

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20/09/2018

Keltoum Deffous: ,« Les poètes sont porteurs d'espérance et de paroles de paix »

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Invitée de Mosaik Radios en ce mois de septembre (1), poétesse dans l’âme, Keltoum n’envisageait pas d’éditer sa poésie, mais la partage  sur les réseaux sociaux. Les commentaires et encouragement de ses amis et lecteurs sur Facebook, la mènent à publier en 2015 son premier recueil « La Colline des rois berbères »  aux éditions Edilivre.
(1) Diffusion de l'émission réalisée par Radio Algérie la République des Arts sur CLASSIK RADIO en septembre samedi 22 à 10h30, dimanche 23 à 20h30, mercredi 26 à 16h30, sur CHANSONS ROUGES vendredi 28 à 10h00, dimanche 30 à 15h

Entretien réalisé par Hakim Metref

Sur son œuvre elle dit : « C’est le paysage de ma muse. Cette colline qui m'a vue naître et qui a vu mes grands-parents disparaître m'a transmis ses secrets. Alors je les chante à travers ma poésie avec un langage guérisseur de femme-patrimoine. Je chante l'âme d'une femme, ses joies, ses chagrins, ses amours, ses déceptions. Je chante ma belle Algérie, son histoire écrite avec le sang de mes aînés, et je fais danser les mots au rythme de mon humeur. ». Une année après elle publie un second recueil intitulé Pauvre petit frère : « Pauvre petit frère, c'est cet amour fraternel qui fait vivre à l'auteur la féerie des mots, son écriture, sa poésie. Son âme, ce voyageur sans frontières, flâne sur les sentiers de l'humanité et revient avec un bouquet de fleurs des champs à offrir à ce citoyen du monde, ce Pauvre petit frère, avec qui elle a encore du chemin à faire. Il lui prend la main et ensemble, ils construisent de meilleurs lendemains » lit-on sur la quatrième de couverture de son recueil.

Keltoum Deffous est une poétesse algérienne d’expression française, native de Lemhasnia, colline qui surplombe le barrage de  Beni Haroun,  dans la wilaya de Mila. Issue d’une famille de paysans  originaires de Souk-El-Ténine dans la wilaya de Bejaia. Durant la guerre de libération    tous les hommes de sa famille ont été fusillés par les soldats français, un matin du 2 juillet 1956.

Après l’indépendance Keltoum  est la première femme de sa famille à poursuivre des études, elle obtient en 1984 une licence en langue française à l’université de Constantine. Elle enseigne, toujours à Constantine,  la langue de Voltaire de 1984 à 2008. Puis elle quitte l’enseignement pour gérer une entreprise familiale dont elle est toujours à la tête.

En 2017 Keltoum Deffous reprend le chemin de l’édition avec deux recueils, le premier en février, « Grain de Sable », où elle chante  l'amour, la beauté, la nostalgie, les souvenirs et le combat au féminin. Une bataille de survie de femmes qui dénoncent, qui hurlent les douleurs des injustices et des inégalités.

En Aout,  elle publie son  second recueil «Rêve de toute femme » est, dit-elle « est le reflet de l'âme au féminin, un hommage vibrant à toutes les femmes qui continuent à se battre au quotidien pour leur dignité. Un hommage à ces femmes aimantes et vaillantes ».

-Les éditeurs algériens sont souvent réticents quant à  la publication de la  poésie, comment expliquez-vous  ce manque d’intérêt ?

En effet, nos éditeurs ne veulent pas éditer la poésie, hélas ! Ils ne sont pas réticents, ils sont catégoriques!

- Oui, la poésie, c'est bien beau, mais ce n'est pas rentable, me dit un éditeur, à qui je voulais confier un de mes recueils. Je gagne mon pain avec les manuels à visée scolaire, les livres pour enfants ...Qui veut lire la poésie de nos jours, madame? Qui? Enh!!!

Un exemple parmi les quelques éditeurs que j'ai contactés. Le poète, cet être qui a emprunté le chemin de la poésie que l'on dit être une voie royale n'a pas sa place dans notre environnement culturel. Dommage, parce que la poésie a une force magique et incomparable de transcender l'ordinaire des jours. Il n'y a pas que l'argent qui rend riche. Pendant que dans les pays développés on fête la poésie, on fête le printemps des poètes et toutes ses saisons, dans certains pays on pend les poètes, on les fait taire, on les exclut de la vie culturelle.

-Quel regard portez-vous sur la poésie algérienne en général et féminine en particulier ?

Je suis poétesse algérienne d'expression française, je vis de ma poésie, je la respire et elle fait ma richesse. J'écris aux femmes à propos des femmes, mais j'écris aussi aux femmes à propos des hommes et à ces derniers, des femmes, dans une poésie qui ne veut plus taire le mal. Ses mots criant une vérité qui, en effet, blesse les deux. Un despotisme et une soumission aveugles venus des fins fonds de l'histoire humaine. Des rêves tus, des mots brisés, des regards baissés, des pas hésitants, des larmes ravalées, des sentiers de l'oubli empreintés avec grâce vers des coins de l'âme de mes sœurs algériennes.

Je suis témoin du statut changeant des femmes, de fille, de sœur, d'épouse, de mère et grand-mère ! Je suis passée par toutes ces étapes, et donc ma poésie est une vie entière de femme habitée par cet amour du pays, mais aussi éblouie par sa beauté! Je suis blessée, déçue...Mon regard sur les pans de la société est un mélange d'émotions. Cependant je garde espoir car j'ai confiance en la femme algérienne, cette héritière de Kahina, de Fatma N'Soumer, de Djamila, de Hassiba... et de toutes nos aînées guerrières.

 Vous avez participé au concours de poésie des jeux floraux de Narbonne et vous êtes lauréate du prix spécial de la société française de poésie. Avec quel œuvre avez-vous participé ? Et que pouvez-vous nous dire de cette expérience ?

J'ai participé à des anthologies internationales, je suis ambassadrice de la paix, je fais partie du regroupement des poètes francophones engagés pour la paix et la liberté. Sous l'égide de ce regroupement des poètes engagés pour la paix et la liberté, j'ai représenté l'Algérie au Salon international du livre de Paris en 2015. Il y avait avec moi la poétesse algérienne Ouarda Baaziz cherifi. C'était notre premier recueil collectif pour les enfants de Ghaza. Maintenant on est à notre huitième recueil. J'ai eu le premier prix Blaise Cendrars, partie Francophonie, pour mon œuvre" À l'amour, je suis châtelaine ", mon diplôme et ma médaille m'ont été décernés par le président des poètes sans frontières Vital Heurtebize. J''ai été l’invitée de la poétesse Floriane Clery présidente des jeux floraux de Béarn et Ambassadrice du Cercle Universel de la Paix, sous l'égide du conseil départemental des Pyrénées -Atlantiques de la ville de Pau et de L'Etrave, revue des Arts et des Lettres.

Je suis aussi lauréat au concours de poésie des jeux floraux méditerranéens 2017. J'ai eu le Prix Spécial pour mon œuvre " Femme au Front tatoué ". La cérémonie aura lieu le 09 septembre. Je représenterai l'Algérie avec notre " femme au front tatoué", avec " La femme à la ceinture de laine". Notre patrimoine puise sa richesse des rives de la méditerranée en plus de notre berbérité, notre africanité et notre culture arabo musulmane. Cette richesse culturelle nous vient de nos aînés qui ont su la protéger pour nous la transmettre, même incrustée sur leur chair, comment voulez- vous que nous, nous ne pouvons pas la léguer à nos enfants sur le papier ? Même si mon papier, il n'est pas Papier bavard ! Il est juste passeur d'une culture d'une Algérie profonde. Invitation à la Remise des Prix des Ecrivains sans Frontières- Jeux Floraux Méditerranéens ce 9 septembre 2017 à 10h30, salle des Synodes et à 14h30, salle Ostal Occitan, mon invitation par la présidente la poétesse Isabelle-Marie Echégut.

Vous êtes auteur de quatre recueils de poésie, d’où puisez-vous votre inspiration ?

Sur les rives de Oued Eddib, il y a eu ce barrage de Bni Haroune, dont je suis si fière, mais il y a aussi, sur les rives de mon destin cette femme, ma grand-mère qui était poétesse ! Elle, n'a jamais été à l'école, mais a contribué à la libération de l''Algérie ! Elle a vu son mari, son enfant et tous ses cousins et les hommes de sa famille tomber, fusillés par l'arme coloniale et elle les a chantés dans sa langue, un dialecte arabo-berbère, propre à la région. Moi je chante mon Algérie, mon histoire, ma culture avec la langue de mon école au lendemain de l'indépendance, ma langue d'écriture, la langue de Molière.

Qu'importe la misère des peuples, la poésie demeure un moyen de lutte contre l'injustice, la guerre, le despotisme. Aujourd'hui plus que jamais, l'humanité a besoin de poètes et de poésie pour dénoncer et crier notre détresse, notre fraternité humaine piétinée, notre appel à la paix, à la liberté.

Les poètes sont porteurs d'espérance et de paroles de paix ! J'écris pour rendre hommage à nos martyrs, j'écris pour chanter mon Algérie, pour défendre le droit des femmes à la liberté, pour les droits des enfants à l’éducation, j'écris pour qu’aucun algérien ne baisse la tête devant la terreur.

A travers vôtre propre expérience, pensez-vous qu’il  existe un lectorat pour la poésie  en Algérie ?

Si, il y a des lecteurs de la poésie, mais des gens pas jeunes ! Ils sont d'un certain âge ! Dommage l'école et les programmes scolaires ne font pas aimer la poésie à nos enfants !

Vous êtes maman et chef d’entreprise. Comment arrivez-vous à concilier entre la poésie et votre vie familiale et professionnelle ?

Je suis maman de quatre grands enfants et grand- mène d'une petite fille, Kawtar, le fleuve de mon paradis. D'ailleurs mon cinquième recueil "Fleuve du paradis " qui va sortir bientôt à Paris, est la traduction de son prénom ! Les thèmes abordés sont l'enfance, la guerre, la paix, la femme, l’amour, ses joies et ses chagrins .... Un sixième recueil est aussi en édition, "La femme à la ceinture de laine. C'est cette œuvre qui a été primé à Narbonne dans le concours de poésie des jeux floraux méditerranéens

J'ai toujours écrit, mais je me suis d'abord sacrifiée à mon rôle de mère pour enfin exercer ma passion des mots et éditer ma poésie. Mon aîné Karam Bounah est neurochirurgien, Karima Bounah, elle est néphrologue, c'est la maman de Kawtar. Mon troisième, c'est Karim Bounah , il est pharmacien. C'est mon bras droit dans la gestion de mon entreprise de vente en gros de médicaments. Enfin mon tout dernier Amine Bounah, mon artiste chanteur du Malouf, lui il a fait des études en Art et Culture à l'université. Il m'accompagne de temps en temps avec son luth quand je déclame ma poésie à l'étranger ! C'est mon complice.

Sources Sud Horizon

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18/09/2018

La Fête de l’Humanité bat son record de fréquentation… et (presque) personne n’en parle, ce qui agace le PCF

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La Fête de l’Humanité qui s’est déroulée à La Courneuve du 14 au 16 septembre 2018 a connu une très forte affluence battant son record avec 800 000 visiteurs. LE PCF, organisateur de l’évènement, s’étonne que la presse nationale ait accordé plus d’importance à Marine Le Pen ayant fait un discours devant 1 000 personnes.

« Ce weekend a été historique pour les militants communistes. Notre fête, la Fête de l’Humanité a explosé les compteurs en terme de participation en dépassant la barre des 800 000 visiteurs, soit 6 fois plus que les Eurockéennes de Belfort. Cette affluence fait de la Fête de l’Humanité la plus grande fête populaire de France, mais c’est aussi un évènement culturel incontournable avec plus de 60 concerts, avec un village du livre accueillant près de 200 auteurs, des spectacles vivants, des expositions… C’est aussi et surtout l’évènement politique incontournable  de la rentrée avec la présence de nombreuses personnalités du monde politique, syndical, sportif ou associatif. C’est aussi la présence  de stand venant de toute la France (comme le stand de la Fédération du Doubs du PCF avec ses 50 militants bénévoles), aux côtés des stands de partis progressistes du monde entier » décrit le PCF dans un communiqué.

« Nous avons vu plus de personnes sous le stand du PCF de Doubs ce week-end qu’il n’y en a eu devant Marine Le Pen »

Il explique également que « pendant ce temps, Marine Le Pen lance sa campagne européenne à Fréjus devant 1 000 personnes. Même pas un quart des militants bénévoles de la fête de l’Humanité. Il y a d’ailleurs fort à parier (même si nous n’avons pas tenu les comptes) que nous avons vu plus de personnes sous le stand du PCF de Doubs ce week-end qu’il n’y en a eu devant Marine Le Pen, et que la teneur des nos débats étaient bien plus dense politiquement que le vide idéologique du repli identitaire prôné par le Rassemblement national – (ex FN) ».

« Comment s’étonner alors que le RN sort en tête des sondages des européennes si le micro lui est tendu en permanence ? »

Le PCF a constaté qu’à la radio ou dans la presse papier/internet, « tout le monde parle de Fréjus et la Courneuve apparaît dans le meilleurs des cas dans les faits divers. » Et d’ajouter : « Comment s’étonner alors que le RN sort en tête des sondages des européennes si le micro lui est tendu en permanence ? » questionne le parti d’extrême gauche.

Il conclut : « Les communistes qui sont attachés à une presse libre et pluraliste se demandent parfois les raisons qui poussent les éditorialistes à nous écarter de l’actualité traitée par leurs journaux. »

18:52 Publié dans Actualités, Cactus, Médias | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fête de l'humanité 2018, médias | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

13/09/2018

Ian Brossat : "La gauche anti-migrants, ça n'existe pas, c'est comme un lion végétarien"

Ian Brossat, immigration

Le chef de file du Parti communiste aux élections européennes déplore l'évolution du discours de Jean-Luc Mélenchon sur la question des migrants.

La gauche veut-elle toujours accueillir des migrants ? Dans quelles conditions et dans quelles proportions ? En Allemagne, le débat enflamme le parti Die Linke depuis que l'une de ses figures, Sahra Wagenknecht, a lancé "Aufstehen", un mouvement à la tonalité anti-migrants. L'égérie de la gauche radicale allemande dit toujours défendre le droit d'asile et le devoir d'accueillir des réfugiés. Mais alors que l'extrême droite prospère depuis qu'Angela Merkel a ouvert les frontières du pays en 2015, Sahra Wagenknecht appelle à en finir avec la "bonne conscience de gauche sur la culture de l'accueil" et assure que les immigrés concurrencent les travailleurs allemands et tirent leurs salaires vers le bas.

En France, Jean-Luc Mélenchon tient un argumentaire similaire depuis la dernière présidentielle. En matière d'immigration, le leader de La France insoumise propose d'une part "d'assumer le devoir d'humanité" envers les réfugiés et d'autre part de "lutter contre les causes des migrations". Lors de son discours de rentrée à Marseille, il a aussi repris l'idée selon laquelle le recours à l'immigration est un moyen pour le patronat de faire pression sur les salaires : "Oui, il y a des vagues migratoires. Oui, elles peuvent poser de nombreux problèmes aux pays d'accueil. Elles posent de nombreux problèmes quand certains s'en servent pour faire du profit sur le dos des malheureux. [...] Et nous avons toujours réagi de cette manière. Si vous lisez Jean Jaurès et les penseurs du socialisme, ils ont toujours dit : 'Vous vous servez de l'immigration pour abaisser le coût des salaires ; vous vous en servez pour lutter contre les acquis sociaux.'"

Pour l'adjoint au logement à la mairie de Paris et chef de file du parti communiste pour les élections européennes, Ian Brossat, ce discours est ambigu.

Que vous inspire les mots d'ordre du nouveau mouvement lancé en Allemagne par Sahra Wagenknecht ?

J'observe que le parti Die Linke a majoritairement choisi de maintenir une ligne d'accueil des réfugiés. Sahra Wagenknecht est une dissidente, elle a été mise en minorité au dernier congrès. Elle a décidé de créer son propre mouvement qu'elle décrit comme une gauche anti-migrants. Or de mon point de vue, la gauche anti-migrants, ça n'existe pas, c'est comme un lion végétarien.

La solidarité à l'égard des plus déshérités est dans l'ADN de la gauche et ceux qui flanchent et cèdent à l'extrême droite sur un sujet pareil n'ont plus rien à voir avec la gauche. Partout en Europe, l'extrême droite porte son venin xénophobe et raciste. En cet instant, certains nous expliquent qu'il faudrait que la gauche courbe l'échine.

Je suis convaincu que les combats perdus sont ceux qu'on ne mène pas parce qu'on considère qu'ils sont perdus d'avance. Moi je n'ai pas la gauche honteuse sur ce sujet. On a aujourd'hui l'impression d'être dans un match de boxe. Sur le ring, l'extrême droite boxe avec une énergie incroyable et on nous explique que la gauche ne devrait pas porter les coups. Il faut au contraire porter nos valeurs.

En 2012, vous aviez fait campagne derrière Jean-Luc Mélenchon sous le slogan "L'immigration n'est pas un problème". Désormais, le leader de La France insoumise veut mener une "politique raisonnable" conjuguant "devoir d'humanité" et "lutte contre les causes des migrations". Pourquoi jugez-vous cette position ambiguë ?

Disserter sur les causes de l'immigration, c'est une manière d'esquiver le sujet. Evidemment qu'à moyen terme, il faut faire reculer la misère, le réchauffement climatique et abattre les dictatures. Personne ne peut imaginer qu'on résoudra ces problèmes d'un claquement de doigts. On sait que ça prendra du temps.

Il reste que la question qui nous est posée aujourd'hui c'est comment on accueille, quels moyens on se donne pour organiser un accueil digne, équitablement réparti au sein de l'Union européenne. Je crois qu'aujourd'hui toute l'énergie de la gauche devrait être consacrée à ça. Or ceux qui dissertent en permanence sur les causes de l'immigration le font pour ne pas traiter cette question-là.

Dans l'évolution de Jean-Luc Mélenchon, il y a sans doute une part de marketing politique. Je ne peux que le regretter. Mais pour nous les communistes, il n'est pas question de flancher sur une question aussi essentielle, surtout dans le contexte que traverse l'Europe en ce moment.

Les travailleurs immigrés tirent-ils les salaires des travailleurs européens vers le bas ? Faire croire que les immigrés seraient responsables de la paupérisation des Européens est une absurdité totale.

Regardons la réalité : depuis dix ans, le produit intérieur brut des pays de l'Union européenne est passé de 15.000 milliards à 17.000 milliards d'euros. En attendant, le pourcentage de travailleurs pauvres est passé de 7 à 10%. La faute à qui ? Pas aux réfugiés.

Aux actionnaires qui se sont enrichis sur le dos des salariés. Donc faire des immigrés le bouc émissaire dans cette affaire est à la fois injuste et dangereux, c'est une manière de ne pas parler des vrais responsables que sont les actionnaires et un certain nombre de patrons gloutons qui ont fait le choix de s'enrichir au détriment de la grande majorité.

C'était pourtant ce qu'affirmait Georges Marchais au début des années 1980. Dans un discours le 6 janvier 1981, le premier secrétaire du PCF appelait à "stopper l'immigration officielle et clandestine" car elle "constitue pour les patrons et le gouvernement un moyen d'aggraver le chômage, les bas salaires..."

Si certains n'ont rien d'autre à faire que de déterrer des citations des années 1980 sorties de leur contexte, je ne peux rien pour eux et je les laisse vaquer à leur occupation d'archéologues. Le Parti communiste a depuis une vingtaine d'années des positions extrêmement claires sur le sujet et personne ne peut nous faire reproche de ne pas avoir été au cœur de toutes les mobilisations en faveur des réfugiés.

S'ils veulent vraiment regarder la cohérence des uns et des autres, je veux bien qu'on regarde les déclarations de Jean-Luc Mélenchon sur le traité de Maastricht en 1992, mais ça n'a pas grand intérêt.

Concrètement, quelle est cette politique d'accueil que vous défendez ?

Je pars d'un constat concret que je vis à Paris. De toute façon, les réfugiés, ceux qui fuient la misère et la guerre, finiront par arriver.

La question n'est pas de savoir s'il faut accueillir ou pas, c'est de savoir si nous mettons des moyens en place pour que cet accueil se passe correctement. Une bonne politique en matière d'immigration et d'accueil des réfugiés est une politique qui organise d'une part des voies légales de migrations − qui de fait aujourd'hui n'existent pas, ce qui ouvre un marché aux passeurs. Et d'autre part, une clé de répartition à l'échelle de l'Union européenne, qui permette que cet accueil se fasse de manière équilibrée.

Quand on regarde dans le détail : depuis le début des années 2000, les pays de l'Union européenne ont investi 15 milliards d'euros dans la mise en place de frontières extérieures. De fait, ça n'a pas marché puisque les réfugiés sont arrivés quand même. Cet argent serait mieux investi si on s'en servait pour créer des conditions d'accueil sur le territoire européen. Ce qui n'a pas été le cas et qui provoque les campements qu'on voit un peu partout.

Cette politique ne risque-t-elle pas d'entraîner un appel d'air, comme semble le penser le gouvernement ?

Je suis favorable à la régularisation de tous les réfugiés qui sont actuellement sur le territoire français, qu'ils aient l'asile ou non. Ce qui crée l'appel d'air, c'est la situation que vivent ces pays, c'est la misère, la guerre et les dictatures. De toute façon, les réfugiés finiront par arriver. La question est de savoir s'ils dorment sur le trottoir ou si nous créons des conditions pour qu'ils puissent être hébergés chez nous et accompagnés socialement.

Propos recueillis par Rémy Dodet pour le Nouvel Observateur

 

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