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10/06/2009

"Nous allons vers de nouvelles crises alimentaires"

Un an après la conférence de la FAO sur l’alimentation et l’agriculture, en pleine crise alimentaire, le rapporteur spécial de l’ONU tire la sonnette d’alarme. Entretien.

faimmonde.jpgIl y a exactement un an, plus d’une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement, dont le président français, Nicolas Sarkozy, étaient venus en personne à la conférence de la FAO en pleine crise alimentaire, évoquant une aide massive à l’agriculture des pays les plus pauvres. Un an plus tard, on est bien loin des promesses annoncées. L’Humanité fait le point avec Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation.

Les promesses faites par les grands États lors du sommet de la FAO en juin 2008 ont-elles été tenues ?

Olivier de Schutter. Personne n’est capable de répondre à cette question, et c’est symptomatique : des engagements financiers sont pris mais il n’existe aucun suivi ni contrôle pour savoir s’ils sont traduits en actes concrets. Les États peuvent s’acheter à bon compte une crédibilité. Il est certain que s’ils devaient se justifier tous les six mois, ils seraient beaucoup plus prudents. Mettre en place un tel suivi, encourager la publication et le suivi des comptes figurent parmi les défis actuels.

On assiste quand même depuis un an à un réinvestissement majeur dans l’agriculture.

shutter.jpgOlivier de Schutter. Effectivement, il y a eu un renouveau massif de l’intérêt pour l’agriculture avec le déblocage de sommes importantes. Mais l’argent n’est pas le cœur du problème. La question fondamentale est de savoir vers quel type d’agriculture et pour qui  ces investissements sont réalisés. Or, beaucoup des investissements récents ont été dirigés vers des projets agro-industriels avec des conséquences dommageables sur la capacité des petits paysans à augmenter leurs revenus. Des efforts très importants ont été faits pour relancer l’offre agricole, et effectivement les récoltes ont été très bonnes en 2008. Le prix des matières premières a beaucoup diminué sur les marchés internationaux. Mais il reste très élevé sur les marchés locaux. Selon une étude de la FAO réalisée dans 58 pays en voie de développement, 80 % des pays connaissent des prix agricoles plus élevés aujourd’hui qu’un an auparavant.

Pourquoi ?

Olivier de Schutter. Parce que personne ne s’est intéressé à l’économie politique de la faim : à savoir que les chaînes de production et de distribution alimentaire sont détenues par des oligopoles, un petit nombre d’opérateurs économiques très peu contrôlés et qui ont profité de la crise. Ils n’ont pas répercuté la baisse internationale sur les marchés locaux. Aujourd’hui, le nombre de personnes qui souffrent de la faim dans le monde a certainement dépassé le milliard. Annoncé par Nicolas Sarkozy lors du sommet de la FAO, un fonds d’investissement pour l’agriculture africaine vient d’être lancé par la France. Que pensez-vous de ce type d’initiative ?

Olivier de Schutter. On revient à la même question : quel type d’investissement veut-on réaliser ? J’ignore à quels projets iront les sommes acheminées par ce fonds mais je mets en garde contre des approches qui visent les « greniers à blé », à savoir des zones fertiles et prometteuses du point de vue de la production, à la recherche d’un retour sur investissement qui soit le plus élevé possible. La logique derrière est que la crise alimentaire serait liée à une offre agricole insuffisante. C’est oublier que les gens ont faim, car ils sont pauvres parce qu’ils vivent dans des zones non fertiles où l’environnement est extrêmement difficile. Ces petits paysans sont les oubliés de ces investissements. Il y a de nombreuses manières d’investir dans l’agriculture qui ne font pas reculer la faim. Je lance donc un appel pour que les États choisissent, parmi les différentes possibilités, ce qui peut le plus réduire la faim et la malnutrition.

Au final, quel bilan faites-vous de l’année écoulée ?

Olivier de Schutter. Je suis très critique. Les véritables problèmes n’ont pas été traités. On n’a pas du tout travaillé sur les causes structurelles de la crise alimentaire. Aucun progrès n’a été fait sur la question des agrocarburants, ni sur le phénomène actuel d’acquisition de terres agricoles à grande échelle dans les pays en développement, où l’avis des populations locales n’est parfois pas pris en compte. Il n’y a pas eu non plus d’avancée sur la lutte contre la spéculation, alors que sa responsabilité dans la dernière crise est reconnue par tous et que des solutions techniques existent. On s’est rassuré à la lecture des chiffres de bonnes récoltes 2008. Je pense nous allons vers de nouvelles crises alimentaires, dès 2010, car les gouvernements n’ont pas pris la situation au sérieux.

Entretien réalisé par Charlotte Bozonnet

10:09 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : faim, onu, alimentation, humanité | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

06/06/2009

Comment Opinion Way truque un sondage

sarkomenteur.jpgUn sondage Opinion Way sur les opinions de quatre pays européens à l’égard de quelques chefs de gouvernements a servi de prétexte à l’éloge de Nicolas Sarkozy. C’était une contribution du Figaro (30-31 mai 2009) à la campagne de l’UMP pour les élections européennes. L’éloge reposait sur un trucage du sondage. Sans doute pas totalement sûrs d’eux-mêmes, les sondeurs en ligne ajoutaient un autre trucage que l’Observatoire des sondages gardait pour la bonne bouche. Les bonnes opinions en faveur de Nicolas Sarkozy atteignent en effet le taux étonnant de 51%. Juste de quoi passer la barre de la majorité qui faisait le titre du Figaro. Comme on l’a vu (cf. Comment Opinion Way truque un sondage), cela était permis par l’absence d’un panel d’internautes français contrairement aux autres dirigeants européens. Il restait néanmoins à savoir comment était obtenue cette courte majorité. En se reportant aux chiffres détaillés du sondage, on obtient la réponse.

Nicolas Sarkozy obtient 31 % de bonnes opinions en Grande Bretagne, 49 % en Allemagne, 63 % en Italie et 59 % en Espagne. Cela fait exactement une moyenne de 50,5% arrondis par Opinion Way à 51%. Or, les populations de ces pays ne sont pas les mêmes. Si on effectuait les mêmes opérations de représentativité qui sont revendiquées par la fiche technique du sondage et qui prévalent en outre dans le nombre de sièges au parlement européen, il faudrait pondérer par la taille des populations. Pour comprendre la supercherie, il suffit d’imaginer que l’un des pays soit le Luxembourg avec ses 500 000 habitants et qu’il compte autant que l’Allemagne avec 82,4 millions d’habitants. Bien entendu, il ne viendrait à l’esprit de personne de faire comme si ces pays étaient équivalents. Sans être aussi différents, la population de l’Allemagne est néanmoins presque deux fois plus nombreuse que celle de l’Espagne (43,2). Or ce sont les pays les plus peuplés qui donnent les plus mauvais scores à Nicolas Sarkozy. En tenant compte de l’importance relative des populations, selon le principe habituel de représentativité dont se réclament les sondeurs, on obtient 49,5 % de bonnes opinions sur Nicolas Sarkozy. Opinion Way dispose donc de bons manieurs de calculette. On comprend mieux aussi le succès de cet institut de sondages en ligne qui est le partenaire et le pourvoyeur de TF1, LCI ou Le Figaro : le client ne commande pas seulement les questions mais les réponses. A suivre....

Article écrit par Alain Garrigou, professer de sciences politiques et  publié dans l'Observatoire des sondages

11:27 Publié dans Cactus | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : opinion way, sondages | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

02/06/2009

CHOMAGE : PREVISIONS CATASTROPHIQUES


France, Le nombre de demandeurs d'emploi continue d'augmenter
misere.jpgLa hausse du chômage continue à un rythme élevé. 58 500 demandeurs d'emploi supplémentaires ont été enregistrés en avril, selon les chiffres publiés par le ministère de l'économie, vendredi 29 mai, soit une progression de 2,4 % sur un mois. Si l'augmentation est légèrement inférieure à celle des mois précédents, ce que n'a pas manqué de pointer la ministre de l'économie, Christine Lagarde - il y avait eu 63 400 chômeurs supplémentaires en mars et près de 90 000 en février -, ce sont près de 300 000 demandeurs d'emploi qui se sont inscrits à Pôle emploi depuis début 2009.
Le total des personnes qui font "des actes positifs de recherche d'emploi et sont sans emploi" atteint 2 506 700 fin avril. Mais, si l'on intègre les demandeurs d'emploi qui sont en activité partielle, le total atteint 3 785 600 (y compris les DOM) et l'augmentation d'avril est de 90 800. C'est cette base qu'a retenue le Parti socialiste pour dénoncer un "très mauvais chiffre qui ne traduit aucune amélioration".
Comme les mois précédents, aucune catégorie n'échappe à la hausse, mais ce sont les jeunes qui sont les plus frappés, avec une hausse de 4,5 % en avril (+ 4 % en mars). Ce résultat inquiète le gouvernement qui redoute une situation explosive à la fin de l'été, lorsque plusieurs centaines de milliers de jeunes vont chercher à s'intégrer sur le marché du travail.
Tous âges confondus, les hommes sont deux fois plus touchés que les femmes (+ 34,9 % sur un an pour les premiers contre + 14,9 % pour les secondes). L'augmentation du nombre des chômeurs s'accompagne d'une baisse du nombre d'offres d'emploi déposées : - 1,4 % en avril et - 26,1 % sur un an.
Selon les prévisions de l'UNEDIC, en 2009, avec une croissance de 0,2 %, la France détruirait 72 000 emplois et le nombre de chômeurs augmenterait de 96 000 en 2009.
Avec une croissance nulle, 97 000 emplois seraient détruits et le nombre de chômeurs augmenterait de 119 000.
Dans le pire des scénarios, une baisse de 1 % du PIB, 243 000 emplois seraient détruits et le nombre des chômeurs progresserait de 250 000.

 

La plus grave crise depuis 1945
« Les pays développés vont subir leur pire crise depuis 1945 », affirment Les Echos en une. Le quotidien relaye ainsi le pronostic du FMI, qui appelle à de nouvelles mesures de soutien, sur le plan monétaire, comme sur le plan budgétaire.
En France, la ministre de l’Economie a enfin révisé à la baisse sa prévision de croissance. Le PIB, a-t-elle indiqué aux sénateurs, n’augmenterait que de 0,2 à 0,5 % en 2009, rapporte La Tribune en première page. Du coup, « le gouvernement affiche un déficit d’Etat sans précédent pour 2009 », titrent Les Echos. Il atteindrait 3,1 % du PIB en fin d’année 2009.
« Le nouveau scénario qui a été présenté par Bercy est assurément plus crédible et séduisant que le précédent », estime Eric Heyer, adjoint au département « analyse et prévision » de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), dans une interview publiée par Les Echos. Mais la Commission européenne prévoit une croissance zéro, l’OFCE une croissance négative à –0,1 % et le FMI à –0,5 %.
Bref, le gouvernement reste « optimiste », voire « très optimiste », remarque l’analyste, quand il s’agit du déficit public.
« Du côté des dépenses, les hypothèses sont peu réalistes, notamment pour l’assurance-maladie et pour les collectivités locales. En réalité, il y aura plus de dépenses que prévu, ce qui veut dire plus de déficit. On sera sans doute plus près de 3,5 % du PIB en 2009. »

09:53 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chômage, emplois, france | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!