24/05/2013
Vive la banqueroute !, par Thomas Morel, François Ruffin (et al.)
Elle est bien bonne, celle-là : un livre sur l’économie française écrit par des non-spécialistes, sous l’égide des éditions Fakir ! Il est vrai que les spécialistes sérieux, du style Attali, Baverez, Beytout, Dessertine, Minc (Jacques Marseille est mort) ne se trompent jamais. Pas plus de trois fois par quinzaine, en tout cas.
Autour de Thomas Morel et François Ruffin (qui, de surcroît, osent nous gratifier d’un long entretien avec Frédéric Lordon), on trouve deux étudiants en master, un infirmier au chômage, un apprenti menuisier, une prof d’histoire et un jeune en service civique. Que du pas beau monde, donc, mais qui nous offre un livre furieusement iconoclaste et qui donne à réfléchir.
En étudiant quelques épisodes de violente banqueroute vécus par la France (de Philippe le Bel à De Gaulle), cette fine équipe nous dit tout simplement que, face à la faillite, immédiate ou à venir, l’État français a toujours fait ce qu’il voulait, qu’il a changé d’orthodoxie comme d’autres de chaussettes, et que pour se sortir des mauvaises passes où il s’était lui-même engagé, il a fait payer les riches, c’est-à-dire ceux qu’il avait enrichis auparavant. L’État prenait l’argent là où il était vraiment.
En compagnie de Frédéric Lordon, nos auteurs nous font observer que, pour la période récente, le libéralisme a créé le chômage de masse alors que l’économie dirigée des Trente Glorieuses avait engendré une croissance annuelle de 5% et garanti le quasi plein emploi. Ce qui signifie, en d’autres termes, que le fou, c’est l’Autre, celui qui a le « courage » de plier devant la finance, de dégraisser à qui mieux-mieux, de tuer des emplois, de faire disparaître des pans entiers de l’économie, de faire payer la dette aux travailleurs en déréglementant . Ce n’est pas « l’irréaliste » qui prétend tenir tête au capitalisme financier.
Il fut un temps où les dirigeants politiques ne passaient pas leur temps à trembloter en voulant à tout prix rassurer les marchés qui leur faisaient quotidiennement du chantage à la dette. Une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître (sérieux !) où le mot réforme signifiait progrès et non régression sociale. Il fut même un temps (en 1936) où un ministre des Finances pouvait déclarer – même si cela, pour finir, ne porta pas trop à conséquence – « Les banques, je les ferme, les banquiers, je les enferme ! ».
Sacré Philippe le Bel !
Sous son règne, la France connaît de sérieux désordres monétaires (dévaluations, réévaluations), ce qui ne l’empêche pas d’être à l’apogée de sa puissance médiévale. Le Bel est le contraire d’un Maastrichtien : son royaume est centralisé, géré d’une main de fer. Il condamne et brûle les Templiers, qu’il appelle les « banquiers de l’Occident » et prend l’argent là où il est vraiment, dans les caisses de l’Église, à la grande douleur du pape qui n’y peut mais. « TINA » (il n’y a pas d’autre solution), il n'en a pas entendu parler. Le respect à l’égard des créanciers, il en a encore moins cure que Mélenchon.
Pour que les Français mangent de la poule au pot tous les dimanches sous Henri IV, il faut faire le ménage. Ce dont se charge le ministre Sully qui débusque les fraudes, les contrats pourris, qui divise par quatre les taux d’intérêt, qui, globalement, réduit les rentes de 40%. Cela ne suffit pas car le roi doit 3,5 millions de livres au duc de Toscane. Il épouse sa fille, Marie de Médicis qui apporte en dot l’effacement de la dot. Une idée pour Hollande (qui n’est pas marié) ?
Mazarin pille l’État.
Il posséde 8 700 000 livres, soit 79 tonnes d’argent, ou 5,4 tonnes d’or. Louis XIV hésite à l’attaquer de front. C’est tout un ordre qui vacillerait. Le 15 septembre 1661, Colbert s’attaque à tous les rentiers du Royaume en décidant de racheter leurs créances à un prix dérisoire. Les bourgeois se révoltent. Les meneurs sont menottés et embastillés. Le roi réduit les rentes de 70%. Le successeur de Colbert frappe ensuite les riches d’un « impôt du dixième ».
Necker, le pragmatique.
Le ministre des Finances de Louis XVI est Jacques Necker, un banquier suisse qui aime l’argent (il possède 7 millions de livres en 1776). Il est également proche des philosophes. Il se dit pragmatique, « moelleux et flexible » mais se veut l’apôtre de l’interventionnisme économique de l’État. En 1775, il publie son Essai sur la législation et le commerce de grains, dans lequel il dénonce la liberté de ce commerce.
Le livre paraît au moment où le ministre Turgot (qui avait libéralisé le commerce des grains) – et non Necker, à qui les auteurs attribuent à tort cette responsabilité – doit faire face à la guerre des farines. Les mauvaises récoltes conduisent à des émeutes et à favoriser les demandes de réglementation des prix des grains. Dans son Éloge de Colbert, il critique la propriété qui n’est pas un droit naturel mais une « loi des hommes » fondée sur un « traité de force et de contrainte ». Au ministère, il fonctionnarise les finances : à la place des officiers inamovibles et rémunérés sur commission sont installés des employés révocables et percevant un traitement fixe.
En 1789, la France compte, dit-on, « deux mille riches ». On décide de n’en taxer qu’un seul, l’Église, dont le patrimoine est évalué à trois milliards de livres. C’est l’abbé Talleyrand qui va nationaliser les biens du clergé ! N’empêche qu’en 1796, 45 milliards d’assignats, qui ne valent rien, circulent dans le pays. Entre temps, Robespierre aura chuté, entre autres pour avoir voulu défendre les rentes viagères.
Raymond Poincaré, le "sauveur" de droite.
En 1926, tout baigne, sauf que l’État est à sec et que la Banque de France, qui n’est pas nationalisée, refuse de prêter le moindre sou. Le franc s’écrase face à la livre sterling. La dette publique s’élève à 300 milliards de francs. Le Parlement ne veut pas léser les rentiers, et l’Allemagne, qui devait payer, ne paye pas. Raymond Poincaré, homme de droite, va réduire de 80% la fortune des rentiers. Il qualifiera de « stabilisation » cette dépréciation de 80% du franc. Dont il sera pour l’histoire et à jamais « le Sauveur ». (My foot !).
Entre 1944 et 1948, la classe ouvrière a le vent en poupe. Les employeurs ne peuvent résister aux demandes hausse des salaires. La dette s’élève à 269% du PNB. La monnaie est dévaluée cinq fois de 1944 à 1948. Une période de vie chère et de travail assuré est, dit-on, préférable à une période de vie bon marché et de chômage. De Gaulle est pour, ainsi que son conseiller, l’orthodoxe du libéralisme Jacques Rueff qui accepte ce keynésianisme comme un moindre mal. Il sera, cela dit, l’un des fondateurs de la Société du Mont-Pèlerin en 1947, financée par de grands patrons suisses.
En 1958, De Gaulle retourne sa veste.
Au nom de la « vérité et de la sévérité » qui, seules peuvent garantir la prospérité. « Tant que je serai là, la parité du franc ne changera pas », proclame-t-il. Cette politique De Gaulle-Pinay-Rueff permettra à la France d’appliquer le traité de Rome. Certains patrons, comme Jacques Riboud, prônent une politique keynésienne de plein emploi et de croissance rapide. Mais en 1979, Raymond Barre fait du franc fort une contrainte européenne, en créant le Système monétaire européen et en arrimant notre monnaie au mark. À partir de 1983, la gauche poursuit sur cette lancée. En dix ans, la barre des trois millions de chômeurs est franchie. La dette publique double de 1981 à 1995. Au nom de la santé de la monnaie (une devise forte profite à ceux qui ont de l’argent), des millions d’existences sont sacrifiées. Les rentiers et les « capitalistes oisifs » ont remporté la guerre des classes.
En dormant.
Amiens: Fakir Éditions, 2013.
20:14 Publié dans Actualités, ACTUSe-Vidéos, Economie, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thomas morel et françois ruffin, la banqueroute, neker, turgot, poincaré | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
23/05/2013
Un Français sur deux vit avec moins de 1610 euros par mois
"Les revenus et le patrimoine des ménages" - Insee Références - Édition 2013
L’Insee présente avec "Les revenus et le patrimoine des ménages" les principaux indicateurs et des analyses sur les inégalités monétaires, la pauvreté et le patrimoine des ménages. L’édition 2013 propose une vue d’ensemble qui fait le point sur les évolutions des inégalités de niveau de vie et de la pauvreté monétaire provoquées par la crise de 2008.
Deux dossiers étudient l’évolution du niveau de vie des personnes âgées entre 1996 et 2009 et l’endettement des ménages en 2010. Enfin, une trentaine de fiches thématiques complètent ces analyses en fournissant les derniers chiffres essentiels, commentés et illustrés, sur les revenus, le niveau de vie, la pauvreté, le patrimoine et l’endettement.
Même si 2010 signe, après le recul de 2009, une légère reprise de l’activité économique, « le niveau de vie de la majorité de la population stagne ou baisse », introduit l’Insee. Et la persistance des inégalités entre les ménages les plus riches et les ménages les plus modestes reste criante.
Ainsi, le taux de pauvreté monétaire, c’est-à-dire le nombre de personnes vivant dans un ménage dont le niveau de vie est en dessous du seuil de pauvreté (964 euros/mois) est passé de 13,5 % en 2009 à 14,1 % de la population en 2010, soit 440 000 personnes de plus. Cette hausse de la pauvreté, qui impacte à plus forte raison les retraités, les étudiants et les chômeurs, « touche particulièrement les familles », rappelle l’Insee, qui chiffre à 2,7 millions le nombre d’enfants qui grandissent dans des familles pauvres, en hausse de 278 000.
Par ailleurs, le niveau de vie médian, au-dessus et en dessous duquel se situent 50 % des Français, a chuté de 0,5 % (et seulement 0,3 % pour les plus riches) entre 2009 et 2010, pour atteindre 19 270 euros annuels (1 610 euros/mois). Les 10 % les plus pauvres survivent avec moins de 10 430 euros par an quand les 10 % les plus riches cumulent au moins 36 270 euros annuels. Un rapport de 1 à 3,5.
En comparant les effets de la crise actuelle à ceux des précédentes, l’Insee souligne que, si « le précédent ralentissement économique au début des années 2000 avait également pesé sur le niveau de vie du plus grand nombre, la crise actuelle affecte cette fois plus spécifiquement les personnes modestes ». Les 1 % les plus riches, eux, continuent de s’enrichir, grâce, entre autres, aux revenus de leur patrimoine, qui expliquent, en partie, la hausse de près de 5 % de leur niveau de vie en 2010.
Malgré tout, l’étude pointe que le système de protection sociale français, via le versement de prestations familiales, allocations logement, minima sociaux, a permis d’amortir la paupérisation des couches populaires. L’explosion du chômage a fait chuter la part des revenus du travail dans les ménages les plus modestes, augmentant mathématiquement celle des prestations sociales. Mais leur faible revalorisation menace plus que jamais les plus fragiles.
Plus de pauvres et des riches plus riches, cette étude de l’Insee matérialise une nouvelle fois, la fracture sociale d’un pays malade de ses inégalités.
14:51 Publié dans Actualités, Connaissances, Dossier retraites, Economie, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, revenus, insee, économie, patrimoine | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
20/05/2013
GUILLAUME MUSSO : L’ECRIVAIN DES SUCCES
Avec plus de 16 millions d’exemplaires vendus dans le monde, les sujets universels abordés dans les romans de Guillaume Musso ont touché les lecteurs de nombreux pays. En 2012, il est pour la deuxième année consécutive le romancier qui a vendu le plus d'exemplaires en France (source GFK) et ses romans ont été traduits en 36 langues.
Né en 1974 à Antibes, Guillaume Musso rencontre la littérature à dix ans, passant une bonne partie de ses vacances dans les murs de la bibliothèque municipale dirigée par sa mère.
Il commence à écrire lorsqu'il est étudiant. A 19 ans, fasciné par les Etats-Unis, il séjourne plusieurs mois à New York et dans le New Jersey. Il y travaille comme vendeur de crèmes glacées et cohabite avec des travailleurs de toutes nationalités. Il dit avoir beaucoup appris de cette période. En tout cas, il rentre en France avec des idées de romans plein la tête.
Il passe une licence de sciences économiques et réussit le Capes de sciences-éco, pour exercer avec conviction le métier de professeur.
Après un accident de voiture, il débute l'écriture d'une histoire ayant pour point de départ une Expérience de Mort Imminente vécue par un enfant. Et Après... sort en librairie en janvier 2004. Porté par une atmosphère unique et une écriture moderne, le roman séduit les lecteurs dès sa parution. Grâce au bouche à oreille, il sera vendu à plus de deux millions d'exemplaires et traduit dans une vingtaine de langues.
Cette incroyable rencontre avec les lecteurs se poursuit par l'immense succès de tous ses titres : Sauve-moi, Seras-tu là ?, Parce que je t'aime, Je reviens te chercher, Que serais-je sans toi ?, La Fille de Papier, L'Appel de l'ange et 7 ans après...
Mêlant intensité, suspense et amour, ses romans ont fait de lui un des auteurs français favoris du grand public, traduit dans le monde entier, et adapté au cinéma.
11:09 Publié dans ACTUSe-Vidéos, Connaissances, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillaume musso, livre, succès, romans | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
19/05/2013
EUROVISION 2013 DE LA CHANSON !
Cette 58e édition, organisée à Malmö, en Suède a été remportée, samedi 18 mai, par le Danemark et sa chanteuse Emmelie de Forest. La chanteuse, qui était la grande favorite de la compétition, a interprété, pieds nus et accompagnée par des batteurs et un joueur de flûte, une ballade entraînante, Only Teardrops, qui a enflammé le public.
10:11 Publié dans Actualités, ACTUSe-Vidéos, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eurovision, emmelie de forest, only teardrops | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |