Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/03/2013

Chine : le parlement chinois veut changer radicalement le pays

chine.jpg

Par Dmitri Kossyrev, RIA Novosti

Le principal événement de la session de l'Assemblée nationale populaire, qui s’est ouverte à Pékin mardi matin, ne sera pas le changement du gouvernement en Chine. Cet événement fait partie des activités prévues et attendues : les candidatures de Xi Jinping (futur président de la Chine) et de Li Keqiang (premier ministre) ont été annoncées et suggérées au parlement en novembre déjà.

Bien plus intéressante est la prise de conscience, par les Chinois, du besoin de changements radicaux au sein du modèle de développement. Ils veulent faire évoluer des choses très sérieuses comme le rôle du pays en tant qu'"atelier du monde" et même l'air pollué des grandes agglomérations.

Entre la pollution et la tempête de poussière

La session de l'Assemblée nationale populaire de Chine se tient toujours pendant les premiers jours du printemps après les fêtes de fin d'année - avec leurs feux d'artifice et guirlandes de lanternes rouges.

Le temps, à Pékin, est actuellement chaud et ensoleillé. La semaine dernière, le vent glacial du désert de Gobi a dispersé le smog pékinois hivernal, gelant les chambres et les appartements des maisons où les fenêtres ferment mal. Cela a permis de voir toute la ville jusqu'à l'horizon - et non pas seulement les formes des gratte-ciels les plus proches se détachant du brouillard.

En ce qui concerne la brume, un phénomène inhabituel a été constaté mi-janvier dans tout le nord-est de la Chine (y compris Pékin) : les détecteurs de qualité d'air ont atteint la zone rouge. Les ingénieurs ne s'attendaient pas à ce qu'il ait un jour autant de pollution. Elle a finalement été emportée par le vent.

Mais en cette saison le désert perd sa couverture de neige et commence à envoyer à la capitale une poussière fine. Les tempêtes surviennent à Pékin entre mars et mai – mais pas seulement.

Ces dernières années, la ville s'est débarrassée de nombreuses entreprises polluantes, dont une usine métallurgique. Et ceux qui ont visité Pékin en hiver jusqu’aux années 1990 pourront affirmer qu'avant, c'était pire : les anciens quartiers étaient chauffés au charbon brun.

Il en va de même pour Shanghai, qui a été toujours recouverte par un brouillard humide ; ou encore l'immense Chongqing sur Yangzi Jiang, reconnue comme une fente entre deux crêtes insupportable en termes de pollution depuis Tchang Kai Chek. L'air est devenu bien plus respirable aujourd'hui. Autrement dit, le problème est ancien est n'est pas forcément provoqué par le développement actuel du pays. On cherche à y remédier, également, et même parfois avec succès.

Cependant, l'air pollué n'était pas considéré auparavant comme un risque intolérable et on ne rejetait pas la responsabilité sur le gouvernement. Aujourd'hui, la société chinoise a changé.

Pendant les quelques mois qui ont précédé la réunion de l'Assemblée, on a assisté à une discussion très enflammée et franche sur les priorités du futur gouvernement. L'environnement fait partie des priorités depuis peu de temps alors qu'auparavant, le principal problème était la pauvreté rurale et la migration de près de 300 millions de ces pauvres vers les villes.

Au congrès du parti et pendant les débats tenus la veille, la question était posée de la manière suivante : le plus important, ce n'est pas la corruption mais le comportement des cadres du parti étant donné cette pauvreté. Même si la partie environnementale était, déjà, soudainement apparue à l'époque dans les documents du parti.

Mais le problème a pris une nouvelle dimension quand, à deux semaines de la session parlementaire, l'alimentation en eau de toute une région (60 000 personnes) dans la province de Jiangxi a été coupée parce qu’un tuyau percé a provoqué une fuite d'essence dans la rivière… Après le scandale de Shanghai, également, en raison de la réutilisation de l'huile usée dans les restaurants - les grands restaurants revendaient l'huile usagée au marché noir, c'est-à-dire aux restaurants de qualité inférieure - et lorsqu'il s'est avéré qu'il existait un problème de recyclage de ces déchets, alors que Shanghai est grande, cela fait beaucoup d'huile… Autrement dit, il ne s'agit pas seulement de l'air.

Tout cela fait l'objet de débats en Chine, sur internet et dans la presse traditionnelle, faisant directement et clairement référence à la session parlementaire actuelle.

La conclusion des acteurs du débat est inattendue : nous n'avons pas besoin d'un tel PIB. On annonce qu'un groupe de chercheurs travaille à mettre en place un système de définition du PIB "propre", "vert" – autrement dit soustraire au chiffre global ce que l’on produit en polluant l'environnement. Sans cela, on ne pourra pas fixer de nouveaux objectifs à l'économie.

Il vaut mieux ne pas être la première économie du monde que…

Les changements sont très rapides. Il y a un an, le principal thème de discussion en Chine était de savoir comment vivre sur fond du ralentissement de la croissance économique. D'ailleurs, cette "diminution" atteint 7 à 8% par an au lieu des anciens records à deux chiffres.

Le gouvernement du pays - ou du moins les experts - craignent des troubles sociaux si une certaine croissance n'était pas maintenue. Aujourd'hui, on affirme que la société chinoise, qui a changé, demande avant tout à son gouvernement des services sociaux de bonne qualité (y compris de l'air propre), avec une volonté de croissance et d’enrichissement.

En 2016 la Chine pourrait rattraper et dépasser les Etats-Unis pour devenir la première économie mondiale. Aujourd'hui, il est évident que ce n'est pas un objectif pour lequel le nouveau gouvernement sacrifiera l'air, l'eau et tout le reste.

La deuxième place, ce n'est pas mal non plus. Quant au modèle de développement actuel - merci d'avoir lancé la locomotive de l'économie - il est temps de le changer. D'ailleurs on en parlait déjà - mais pas avec autant de conviction.

Quel est le rôle de la Chine en tant qu'"atelier du monde" ? Exporter des marchandises fabriquées dans des usines polluantes pour d'autres pays. Mais en 2012, la part des exportations dans le PIB de la Chine s'est tout de même réduite à 24,5% (au lieu de 34% en 2006). Et le processus se poursuit. Au moins parce que le taux de chômage élevé aux Etats-Unis et en Europe fait baisser la demande. L'air sera plus propre…

On a constaté que lorsque le PIB par habitant atteignait 12 000 dollars par an (la Chine atteindra ce stade en 2018 ou plus tard), beaucoup de pays ralentissaient leur production industrielle. Arrive alors une phase de "produit par soi-même – consommé par soi-même", une époque de services qui entraîne d'autres besoins en termes du niveau de vie. On assiste actuellement à sa naissance dans les débats et les discussions : de quel pays a-t-on besoin ?

Par exemple, parmi les slogans pour l'avenir proche, apparaît l’idée d’une "Chine belle". Non pas "forte" ou "première", mais "belle".

En soi la session de l'Assemblée équivaut à deux semaines de discours, qui s'achèveront par la nomination des hauts dirigeants du pays le 17 mars. L'activité législative dure toute l'année mais c’est à cette occasion que l’on détermine les axes principaux de la politique du pays.

Les discours prononcés pendant la session permettent de comprendre beaucoup de choses sur la future politique du gouvernement – hormis l'environnement, on trouve notamment le concept de "nouvelle urbanisation", qui mérite une discussion à part, le développement des innovations et la création d'un Etat social avec un service de soin national et un système de retraites - aucun des deux n'existe pour l'instant.

Il est également intéressant d'observer comment la direction générale et le sens du mouvement sont déterminés dans ce pays. C'est intéressant car la Chine et la Russie – contrairement à l'Europe et la Russie – sont toujours comparables au moins en principe. Elles ont commencé les réformes du modèle socialiste avec un écart de dix ans et elles ont suivi des chemins plus ou moins similaires.

Mais les deux courbes de leur développement se trouvent dans un même système de coordonnées et convergent parfois avec une proximité étonnante. Parfois, malheureusement, elles divergent.

05/03/2013

Portugal: Grândola Vila Morena, l'hymne de la révolution des oeillets contre la troïka

Des centaines de milliers de portugais ont défilé ce samedi en entonnant Grândola Vila Morena, l'hymne de la révolution des oeillets en passe de devenir, quarante ans plus tard, celui de la lutte contre l'austérité.

Selon le mouvement apolitique "Que la Troïka aille se faire voir", organisateur des rassemblements à Lisbonne et dans une trentaine de ville du pays, quelque 500.000 personnes ont défilé dans la capitale où le cortège avait démarré au son de la chanson "Grândola Vila Morena", reprise en coeur par les manifestants, la voix tendue d'émotion. A la fin des manifestations (comme sur cette vidéo à Lisbonne), elle a retenti au même moment du nord au sud du pays dans toutes les villes où des rassemblements ont eu lieu: de Porto, la grande ville du nord, où selon les organisateurs 400.000 personnes ont manifesté, à Faro la station balnéaire du sud.

Cette chanson, fréquemment entonnée par des contestataires au passage de membres du gouvernement, est devenue le symbole de la contestation au Portugal après avoir été l'hymne de la Révolution des Oeillets de 1974 qui a permis l'instauration de la démocratie.

Elle fut ainsi entonnée mi-février lorsque le Premier ministre portugais présenta le nouveau plan d'austérité.

Samedi, "C'est le peuple qui est souverain", une phrase correspondant à un des vers du chanteur engagé José Afonso, créateur de la chanson "Grândola Vila Morena", était le principal mot d'ordre des rassemblements. La cible principale a été l'inspirateur des mesures d'austérité du gouvernement, c'est-à-dire la "troïka" (UE-FMI-BCE) représentant les créanciers du Portugal, actuellement à Lisbonne pour un nouvel examen des comptes du pays.

"Bandits"

"La troïka et le gouvernement dehors", "le Portugal aux urnes", "élections maintenant", "démocratie participative", pouvait-on lire sur les banderoles portées par les manifestants. "Qui s'endort dans la démocratie, se réveille dans la dictature", "Bandits, rendez-nous notre argent" clamait de petites affiches. "Aujourd'hui je suis dans la rue, demain ce sera toi", lisait-on sur une autre à côté d'un portrait du Premier ministre de centre-droit, Pedro Passos Coelho.

"Cette manifestation est un signal clair que "la troïka" et le gouvernement sont de trop dans ce pays", a estimé de son côté le chef du Bloc de gauche (extrême-gauche) Joao Semedo. A Lisbonne, le défilé a été d'autant plus important que de nombreux militants du principal syndicat portugais, la CGTP, y ont participé. Même des militaires se sont joints au défilé qui s'est terminé vers 18H30 GMT face au Tage, sur la majestueuse et monumentale Place du Commerce, noire de monde.

Grândola, ville brune, Terre de fraternité, Seul le peuple ordonne, En ton sein, ô cité, En ton sein, ô cité, Seul le peuple ordonne, Terre de fraternité, Grândola, ville brune, À chaque coin un ami, Sur chaque visage, l’égalité, Grândola, ville brune, Terre de fraternité, Terre de fraternité, Grândola, ville brune, Sur chaque visage, l’égalité, Seul le peuple ordonne, À l’ombre d’un chêne vert, Dont je ne connaissais plus l'âge, J’ai juré d’avoir pour compagne, Grândola, ta volonté, Grândola, ta volonté, J’ai juré de l'avoir pour compagne, À l’ombre d’un chêne vert, Dont je ne connaissais plus l'âge

13/01/2013

Villepin : "Non, la guerre ce n’est pas la France"

mali1.jpgTRIBUNE PUBLIEE PAR LE JDD

Le Mali, pays ami, s’effondre. Les djihadistes avancent vers le sud, l’urgence est là.

Mais ne cédons pas au réflexe de la guerre pour la guerre. L’unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu des arguments de la "guerre contre le terrorisme" m’inquiètent. Ce n’est pas la France. Tirons les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye.

Jamais ces guerres n’ont bâti un Etat solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les Etats faillis, la loi d’airain des milices armées.

Jamais ces guerres n’ont permis de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus radicaux.

Jamais ces guerres n’ont permis la paix régionale. Au contraire, l’intervention occidentale permet à chacun de se défausser de ses responsabilités.

Pire encore, ces guerres sont un engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles d’une seule et même guerre qui fait tache d’huile, de l’Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en inondant le Sahara d’armes de contrebande. Il faut en finir.

Au Mali, aucune des conditions de la réussite n’est réunie.

Nous nous battrons à l’aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’AQMI sont autant de guerres différentes.

Nous nous battrons seuls, faute de partenaire malien solide. Eviction du président en mars et du premier ministre en décembre, effondrement d’une armée malienne divisée, défaillance générale de l’Etat, sur qui nous appuierons-nous?

Nous nous battrons dans le vide, faute d’appui régional solide. La Communauté des Etats de l’Afrique Occidentale reste en arrière de la main et l’Algérie a marqué ses réticences.

Un processus politique est seul capable d’amener la paix au Mali.

Il faut une dynamique nationale pour reconstruire l’Etat malien. Misons sur l’union nationale, les pressions sur la junte militaire et un processus de garanties démocratiques et de l’Etat de droit à travers des politiques de coopération fortes.

Il faut aussi une dynamique régionale, en mobilisant l’acteur central qu’est l’Algérie et la CEDEAO en faveur d’un plan de stabilisation du Sahel.

Il faut enfin une dynamique politique pour négocier en isolant les islamistes en ralliant les touaregs à une solution raisonnable.

Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits?

Non, la guerre ce n’est pas la France. Il est temps d’en finir avec une décennie de guerres perdues. Il y a dix ans, presque jour pour jour, nous étions réunis à l’ONU pour intensifier la lutte contre le terrorisme. Deux mois plus tard commençait l’intervention en Irak. Je n’ai depuis jamais cessé de m’engager pour la résolution politique des crises et contre le cercle vicieux de la force.

Aujourd’hui notre pays peut ouvrir la voie pour sortir de l’impasse guerrière, si elle invente un nouveau modèle d’engagement, fondé sur les réalités de l’histoire, sur les aspirations des peuples et le respect des identités. Telle est la responsabilité de la France devant l’histoire.

mali.jpg

11:41 Publié dans Actualités, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : villepin, mali | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

04/01/2013

ETATS UNIS : UNE DETTE DE MOINS EN MOINS GERABLE

croissance, dette, Etats-Unis, barack obamaAnalyse

L’intensité et l’âpreté des débats entre la Maison-Blanche et les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, soulignent la difficulté croissante à gérer une dette dont le gonflement incessant est une menace pour les équilibres outre-Atlantique mais aussi pour le reste de la planète. 

Grâce aux privilèges du dollar, les États-Unis peuvent en effet s’endetter à très bon compte en recyclant les formidables excédents accumulés sur l’Oncle Sam ici et là, de la Chine au Japon ou à l’Allemagne. Avec un risque majeur évident pour l’ensemble de ce système, rouage clé de la domination de la superpuissance, au cas où cette boursouflure finirait par nourrir une défiance croissante et par provoquer un reflux des placements libellés en dollars. Ce qui conduirait à une inévitable hausse des taux d’intérêt de la réserve fédérale et à une réaction en chaîne terrible pour l’activité aux États-Unis et dans le monde.

D’où l’enjeu majeur que constitue la question de la viabilité de la dette. En 2012, on restait sur un rythme de croissance de l’endettement identique à celui des années précédentes, avec un déficit budgétaire à 1 330 milliards de dollars (1 050 milliards d’euros), dépassant encore les 8 % du PIB. Le sauvetage public du système financier, lors du krach de 2007-2008, continue de peser très lourd. Comme l’explosion des dépenses militaires.

croissance, dette, Etats-Unis, barack obamaSur les dix dernières années, le budget du Pentagone a quasiment doublé, passant de 400 milliards de dollars en 2001 à plus de 750 milliards aujourd’hui. Ce qui correspondait, en 2011, à 41 % du total des dépenses militaires mondiales. Hormis quelques nuances, un consensus paraît acquis pour le maintien de l’investissement dans ce formidable appareil militaro-industriel.

Le cœur de la dispute qui va continuer d’alimenter la chronique pendant plusieurs semaines porte bien davantage sur les coupes qui seraient devenues incontournables dans les budgets sociaux.

Les républicains radicalisés y répondent par un intégrisme de marché, en hurlant contre l’assistanat. Barack Obama et les démocrates y résistent, tout en laissant clairement entendre, eux aussi, qu’un « effort de tous est nécessaire ».

Comme au lendemain de 2008, on tente ainsi de bricoler le sauvetage d’un système en crise, relais des dominations monétaires et militaires de la superpuissance. En présentant l’essentiel de l’addition aux salariés et à la masse des citoyens des États-Unis.

B. O. pour l'Humanité