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10/04/2014

Le risque de pauvreté s'est "accru" pour les "mères célibataires"

	pauvreté, inégalités, secours populaire, égalité hommes femmesSelon une enquête du Secours populaire français (SPF), six mères célibataires sur dix disent avoir rencontré des" difficultés financières importantes" pour assurer leurs dépenses de logement et d'alimentation au cours des douze derniers mois.

"La pauvreté se fabrique d'abord au féminin", alerte l'association dans son dossier sur la précarité des Français. 41% des Français interrogés ont par ailleurs affirmé avoir déjà connu une situation de pauvreté, un chiffre en hausse de 4 points en un an et de 11 points par rapport à 2007.

Les premières victimes sont les femmes et plus particulièrement les mères seules, 62% d’entre-elles ont confié avoir rencontré des difficultés à se procurer une alimentation saine et équilibrée (37% pour l'ensemble des personnes interrogées) et 61% pour payer leur loyer, un emprunt immobilier ou les charges de leur logement (36% pour l'ensemble). Selon le SPF, le risque de pauvreté est "accru" pour les mères qui élèvent seules leurs enfants (quatre familles monoparentales sur cinq sont dirigées par des femmes) et "les victimes de la pauvreté sont majoritairement des femmes (56%)".

Lutter contre les inégalités de salaire

Près de la moitié des personnes interrogées (48%) estime que la lutte contre les inégalités de salaire entre les hommes et les femmes est une priorité pour éviter que les femmes ne connaissent une situation de précarité. Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, a présenté en juillet un projet de loi proposant un éventail de mesures pour combattre les inégalités, allant de l'égalité professionnelle à la mise en place d'une garantie pour les impayés de pensions alimentaires.

Inquiétudes dans tous les milieux sociaux

"En 2013, la pauvreté en France a progressé de façon implacable", alerte l'association de lutte contre la précarité. "L'enlisement dans la crise accroit ainsi la proportion de populations fragilisées et suscite des inquiétudes dans tous les milieux sociaux", ajoute-t-elle. Le sondage a été réalisé sur internet en juillet auprès d'un échantillon représentatif de la population française composé de 849 personnes (405 hommes et 444 femmes dont 169 mères célibataires de 15 ans et plus).

Article publié par l'Humanité

29/01/2014

Dounia Bouzar : "Combattre les dérives 
sectaires, c’est respecter l’islam"

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Anthropologue du fait religieux et membre de l’Observatoire national de la laïcité, Dounia Bouzar montre dans 
son livre Désamorcer l’islam radical (1) comment l’amalgame entre les radicaux 
et l’islam met 
en péril la cohésion de notre société.

Quelle est la responsabilité 
des politiques dans l’amalgame entretenu 
entre radicalisme et islam ?

Dounia Bouzar. Pour vous répondre, je vais prendre l’exemple du niqab. Les radicaux voulaient faire passer ce voile intégral pour une application de l’islam au pied de la lettre, alors que c’est une tradition préislamique des tribus pachtounes, sacralisée il y a quelques années par les wahhabites de l’Arabie saoudite… Lorsque j’ai été auditionnée par les parlementaires, en 2010, avant le vote de la loi sur l’interdiction du voile intégral dans les lieux publics, j’avais plaidé pour faire reconnaître le niqab comme un signe sectaire. Cela permettait d’éviter de faire l’amalgame avec l’islam. Il m’a été répondu qu’il n’appartient pas aux États démocratiques de se mêler des débats théologiques. Pourtant, le premier article de la loi de 1905 dit que « la République assure la liberté de conscience à ses citoyens », ce qui implique de les protéger des dérives sectaires (même si celles-ci sont reliées à un pays riche…). Du coup, les débats autour de la loi de 2010 ont pris pour principe que le niqab était musulman. On a alors fait le procès de l’islam. Cela a eu deux conséquences graves : la commission de l’Assemblée nationale a validé l’interprétation des radicaux. En croyant les combattre, les politiques ont renforcé leurs pouvoirs en les considérant comme de simples religieux orthodoxes ; les musulmans non radicaux ont eu du mal à se positionner contre le niqab puisque les débats faisaient le procès de l’islam et non du radicalisme. Résultat, malgré le vote de la loi qui interdit de se cacher le visage, les radicaux ont gagné symboliquement : aujourd’hui, 95 % des Français croient que porter le niqab, c’est appliquer le Coran à la lettre.

Vous expliquez que l’islam en tant que projet politique peut être combattu par la laïcité et l’apprentissage 
de la séparation entre croyance 
et citoyenneté. Mais qu’en est-il 
du discours de l’islam radical ?

Dounia Bouzar. Pour pouvoir désamorcer un mouvement, il faut savoir le diagnostiquer. Les radicaux n’ont pas pour but un projet politique tel qu’on l’entend habituellement. Ils endoctrinent les jeunes en leur disant qu’ils sont élus par Dieu pour appartenir à un groupe purifié qui détient la vérité. Ces purificateurs ont transformé l’islam en codes pour délimiter le contour du groupe purifié. Les chaussettes remontées, les barbes jusqu’au nombril et les bosses sur le front, ce sont des signes de reconnaissance pour se démarquer des impurs. Le niqab l’illustre clairement. L’exhibition religieuse consiste aussi à injecter de la pureté dans le monde à tout instant. Plutôt que de proposer un projet politique, ce qui demanderait de réfléchir à partir du monde réel, les radicaux se réfugient dans une idéologie de rupture, qui considère que la société est régie par le mal (le sexe, l’argent, la violence). Ils ne cherchent pas à tester la République, puisqu’elle n’existe pas pour eux. Ils se soustraient à la légalité au nom d’une loi, qui les missionne pour sauver le monde du déclin. On tend vers un mouvement totalitaire. Or, on ne combattra pas ce mouvement totalitaire de l’islam radical en diminuant l’État de droit des musulmans. Car précisément, ceux qui sont attirés par ce type de fuite ont le sentiment de ne pas avoir de place dans la cité commune. Ils sont persuadés que « les autres » ne garantissent
pas leur place.

Ces mamans qui portent 
le foulard et à qui on refuse le droit d’accompagner les sorties scolaires font-elles les frais de cet amalgame que vous décrivez ?

Dounia Bouzar. Absolument. Quand on interdit aux mamans d’accompagner les classes pendant les sorties scolaires parce qu’elles portent un foulard, on provoque le contraire de ce qu’on cherche. En effet, on dit aux enfants que leur maman est inutile auprès de la figure d’intégration qu’est l’instituteur, et même interdite. Comment cet enfant aura-t-il le sentiment que sa place est garantie par les autres si celle de sa mère ne l’est pas ? Il est plus aisé de harceler les femmes qui portent le foulard que de s’attaquer aux radicaux. C’est là où, à mon avis, le politique est parasité par la posture idéologique et par l’entretien de l’amalgame entre islam et radicaux.

Pour vous, plusieurs exemples prouvent l’infiltration progressive d’idées sectaires devenues acceptables…

Dounia Bouzar. Le meilleur exemple concerne le serrage de main. Je suis immergée dans le milieu musulman depuis vingt-cinq ans et aucun homme n’a jamais refusé de me serrer la main. Aujourd’hui, de jeunes hommes, dans certaines entreprises, refusent de serrer la main à leurs collègues femmes. Cela pose un grave problème lorsqu’ils arrivent à convaincre les non-musulmans qu’il s’agit d’une simple application de leur islam et d’un retour à la tradition, réduisant la femme à un objet diabolique qu’il faudrait neutraliser. Cette déshumanisation de la femme n’existe pas dans l’histoire de l’islam. Il y avait séparation des rôles et des fonctions dans la tradition mais cela n’entraînait pas de mépris de la femme. Cette représentation des femmes est très récente. Elle est apparue il y a une dizaine d’années. Il faut être très clair : ne pas serrer la main d’une femme est une discrimination sur le critère du genre qui est condamnable par la loi. Mais, en dix ans, les radicaux ont semé le doute. Cela a fini par donner de l’islam une image très négative. Le laxisme et l’inaction envers les radicaux devraient interroger. Car cela encourage une vision profondément islamophobe et nourrit les représentations archaïques et racistes de l’islam qu’il serait temps de déconstruire collectivement.

Ce livre est-il un message 
adressé aux responsables politiques et à la société française ?

Dounia Bouzar. Oui. Si ce ne sont pas les politiques qui diagnostiquent les dérives sectaires et font face aux radicaux, qui le fera ? La société doit se mettre d’accord sur les indicateurs, sur les signaux d’alarme qui doivent nous pousser à réagir. Ne pas serrer la main d’une femme est une dérive. Être choqué de cela et ne pas laisser s’installer ce type de comportements, c’est respecter l’islam.

(1) Désamorcer l’islam radical. 
Ces dérives sectaires 
qui défigurent l’islam, Éditions de l’Atelier, 2014.

Lire aussi :

Entretien réalisé pour l'Humanité par Ixchel Delaporte

14/01/2014

Le portrait social d’une France des inégalités

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Décryptage. L’Insee a publié hier son état des lieux social du pays en 2013. Les revenus des salariés sont en berne et les crédits pèsent lourd sur les épaules des ménages.

Les inégalités se creusent entre les Français. C’est le constat dressé par le portrait social de l’Insee pour 2013 (voir ci-dessous). Si l’institut note qu’entre 1995 et 2011 le revenu salarial moyen a augmenté de 0,7 % par an (0,8 % dans le privé contre 0,3 % dans le public), en revanche, en 2011, il stagne dans le privé et baisse même de 0,7 % dans la fonction publique. L’Insee remarque que, dans le privé, le revenu se stabilise car la durée d’emploi à temps plein baisse alors que le salaire journalier augmente légèrement. Dans la fonction publique, c’est bien le gel du point d’indice depuis 2010 qui explique cette chute. Tous secteurs confondus, cette perte salariale est très nette pour les personnes de plus de cinquante-cinq ans. En 2011, les employés français ont perçu en moyenne 20 050 euros de salaire. Mais les inégalités se renforcent. Le revenu salarial moyen des 25 % les mieux payés s’élève à 40 350 euros, soit dix fois plus que le revenu salarial moyen des 25 % de salariés les moins bien lotis. Des différences qui s’expliquent en partie par les disparités de durées d’emploi, par l’explosion du temps partiel ou du travail périodique.

Premières concernées par les temps très partiels (la moitié d’un mi-temps), les femmes sont aussi les moins bien payées. En 2011, elles ont perçu un revenu inférieur de 24 % à celui des hommes. Cet écart s’explique aussi par les différences persistantes de salaire entre les hommes et les femmes. Ainsi, l’Insee note que « cette ségrégation par secteur d’activité perdure et, en quinze ans, la parité n’a guère progressé ».

À cette baisse globale des revenus des Français s’ajoute un poids de plus en plus lourd des crédits. Entre 2005 et 2011, l’endettement des ménages pour l’immobilier a presque doublé, les encours de crédit sont passés de 442 milliards à 800. En parallèle, leur revenu disponible total a augmenté de seulement 20 % sur la période. En 2005 comme en 2011, un ménage sur deux détient un crédit immobilier et/ou à la consommation, 14 millions d’entre eux sont concernés. Les ménages endettés sont ceux qui se privent le plus. Si le crédit à la consommation leur permet d’améliorer temporairement leurs conditions de vie, ils se restreignent plus que les autres dans leurs dépenses de consommation. En 2011, 40 % d’entre eux déclarent ne pas pouvoir s’offrir une semaine de vacances au cours des douze derniers mois, contre 28 % pour les autres ménages.

Lire aussi :

Cécile Rousseau, l'Humanité

Documents à télécharger : Le portrait social de la France 2013-

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Le portrait social de la France 2013
Le portrait social de la France 2013