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06/04/2014

"Diplomatie". Le 24 août 1944... Une journée particulière

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Diplomatie, de Volker Schlöndorff. France-Allemagne. 1 h 24. Épatants sur toute la ligne, André Dussollier et Niels Arestrup donnent toute sa force au texte de la pièce de Cyril Gély.

Le titre ne serait-il pas aux mains d’Ettore Scola, on aurait pu appeler ce film Une journée particulière. Mais ici, c’est de la nuit du 24 au 25 août 1944 qu’il s’agit, celle qui avait déjà été évoquée en 1966, par notre chantre de la Résistance qu’était René Clément dans sa fresque, Paris brûle-t-il ?, près de trois heures avec le gratin du cinéma français tiré par Jean-Paul Belmondo poussant notre veine épique dans ses ultimes retranchements.

Ici, le point de vue est inverse puisque les trois unités de base théâtrales sont respectées, l’action se résumant à un face-à-face entre deux comédiens formidables jouant en français au chat et à la souris, d’un côté Niels Arestrup, qui incarne le général von Choltitz, Prussien borné aux ordres, gouverneur du Grand Paris, qui vient de faire miner tous nos ponts et monuments et s’apprête sur ordre de Hitler à transformer en champ de ruines notre capitale ; de l’autre, André Dussollier, qui personnifie le consul général suédois en poste à Paris, chargé en tant que représentant d’une puissance neutre, et peut-être pas uniquement, de ramener la culotte de peau prussienne dans la voie de la raison. Cela ressemble à de la fiction mais peut-être pas seulement. Les personnages ont existé, le livre de Raoul Nordling, Sauver Paris. Mémoires du consul de Suède, vient de retrouver le chemin des bacs, préfacé par Fabrice Virgili, sous couverture de la Petite Bibliothèque Payot (on se souvient que c’est Orson Welles qui tenait le rôle de Nordling dans le film de Clément). Comme le précise la jaquette du livre : « Raoul Nordling (1881-1962), homme d’affaires et diplomate suédois, né à Paris, ayant fait ses études au lycée Janson-de-Sailly, est nommé consul général en 1925 mais se sentait surtout “citoyen de Paris”. » Ses mémoires, écrits en 1945, ne furent retrouvés qu’en 1995 et publiés en 2002… Un square du 11e arrondissement de Paris porte son nom. La nuit de rencontre, telle que l’a décrite le film, est une invention de scénariste due en fait à l’auteur de la pièce, le dramaturge français Cyril Gély, ce qui n’empêche le général et le consul de s’être réellement rencontrés à plusieurs reprises. Quant au travail de mise en scène de l’Allemand Volker Schlöndorff, il est tout simplement magnifique.

Après la Vénus à la fourrure, voici le deuxième grand texte français de l’année, exhumé pour le bienfait du cinéma et qui tire toute sa force de ce moyen d’expression.

La bande annonce :

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Diplomatie : ne pas confondre fiction et histoire

Jean Roy

16/11/2013

Bertrand Tavernier : "Que le spectateur soit le locataire du Quai d’Orsay"

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Dominique 
de Villepin fut 
un ministre facile à caricaturer. À la suite de la BD de Lanzac et Blain, Bertrand Tavernier s’est emparé de cette comédie. Rencontre avec 
le réalisateur.

Avec cette transposition à l’écran 
du travail 
de Christophe Blain 
et Antonin Baudry, vous faites appel pour la première fois à un matériau relevant de la bande dessinée. Est-ce exact ?

Bertrand Tavernier. J’ai lu la bande dessinée, cette bande dessinée, mais quand je fais un film, c’est sur un coup de cœur. Je ne me pose pas la question de l’origine du matériau. J’ai envie de faire le film, je le fais. C’est vrai d’un sujet historique comme la Princesse de Montpensier, qui était inspiré de la nouvelle éponyme de madame de La Fayette, mais ce l’était tout autant de L. 627, qui se déroulait presque entièrement dans un Algeco, tandis que l’histoire était coécrite par l’ancien policier Michel Alexandre. Ce n’est que longtemps après qu’on analyse les raisons qui ont conduit à nos choix. En l’occurrence, ce à quoi il faut veiller est l’erreur de sujet. Ici, je voulais m’intéresser à un cabinet ministériel, donc aux gens qui ont la tête dans le cambouis, là où les médias ne s’intéressent qu’aux gens qui parlent. Il fut un temps où, pour certains, avoir son nom dans les journaux était un signe de déshonneur. Voyez le personnage de Maupas (Niels Arestrup), les moments où il va parler sont minimaux. Je voulais avoir une justesse de ton par rapport à la période que l’on décrit – 2002 –, pensant que cette justesse continuerait à s’appliquer au-delà de l’époque. J’ai connu le chef de cabinet de Laurent Fabius. Il y a des moments qui perdurent, la différence étant que, moi, je n’ai pas fait envoler des paquets de feuilles (gag récurrent du film – NDLR).

Vous a-t-on laissé l’accès 
aux décors, ou tout a-t-il 
dû être reconstitué en studio ?

Bertrand Tavernier. Nous avons tenu à payer pour l’emploi des décors naturels. J’avais en mémoire le studio qui est installé à la Maison-Blanche, où l’on trouve une copie conforme du bureau du président, qui est juste à côté de l’original. Cela a permis de payer la réfection des toitures. Le Quai d’Orsay a été facilement accessible car le cinéma y a toujours été l’objet d’une politique de continuité, que ce soit la gauche ou la droite qui soit aux commandes. Juppé ou Toubon ont été des ministres de droite, mais ils ont pris des positions très fortes contre le Gatt (accord général sur les tarifs douaniers et le commerce  –  NDLR). En fait, on aimerait que le président actuel soit aussi ferme contre Barroso.

Votre travail semble relever du film à clef. Qui doit-on identifier ?

Bertrand Tavernier. Aucun personnage n’est connu, sauf le ministre, Alexandre Taillard de Worms dans le film, que joue Thierry Lhermitte et dans lequel il est facile de retrouver Dominique Galouzeau de Villepin. Les autres sont des anonymes qui travaillent dans les soutes sans compter leurs heures. Le directeur de cabinet ne dépensait pas d’argent public, alors qu’il ne ménageait pas sa peine. Il aimait la langue française et défendait une ligne politique. C’est ce qui m’intéresse. L. 627 traitait de gens anonymes, la Guerre sans nom aussi. Seuls les films historiques sont différents, comme Laissez-Passer où l’on pouvait 
reconnaître les personnages de Jean Devaivre ou Jean Aurenche. Même le statut d’Autour de minuit n’était pas si simple. Je ne suis pas très intéressé par le biopic. Du coup, ici, il n’y avait pas besoin de montrer le président.

Vous parlez du film dans la joie. Cela a-t-il été un film facile à faire ?

Bertrand Tavernier. J’ai pris un plaisir énorme à le faire, à commencer celui de retrouver des comédiens comme Niels Arestrup ou Anaïs Demoustier. Il n’y a eu aucune condescendance. J’avais en tête Jacques Becker (le cinéaste – NDLR) et je voulais, à sa suite, aimer les personnages. J’avais envie que les spectateurs soient un peu les locataires du Quai d’Orsay. Qu’il y ait à faire des discours, à citer Héraclite à propos de la pêche aux anchois. Ils en ont bavé mais il n’y a pas de morgue. Ils ont leur franc-parler, comme Dominique de Villepin qui dit qu’on se fait chier au Conseil des ministres, ce qu’on a perdu avec Kouchner. 
Comme il est dit de Villepin, il nous crevait mais, dans son mouvement perpétuel, il amenait des choses. Pour moi, c’était une période où je me faisais des vacances, j’avais une possibilité de me marrer après des films aussi durs que Dans la brume électrique. J’étais complètement détendu, c’était un super film du milieu, sans aucun souci. Tout s’est passé dans un climat jubilatoire. Tous les acteurs adoraient. Ici, contrairement aux films précédents, il n’y a pas eu de problèmes physiques liés à la météo ou au froid. Pour la scène au Conseil de sécurité, on m’avait préparé un casting de figurants impressionnant, où chacun venait vraiment de son pays. Rien n’est inventé. Les figurants ont tous pris très au sérieux leur personnage, comme celui qui fixe le délégué américain, ou le Chinois impénétrable. De surcroît, j’ai pu tourner partout, sauf au Bundestag, car c’est interdit. Il m’a suffi de onze jours au Quai d’Orsay, le reste, ce sont des appartements. Je tourne toujours vite car c’est comme cela que l’on trouve les meilleures idées. Regardez le truc incongru lié à l’Iowa. J’en voulais un, mais sans savoir lequel. Cela a renvoyé à Sur la route de Madison, qui a renvoyé à Meryl Streep. C’est un vrai truc de comédie, qui fait beaucoup rire et qui s’appelle « comment démotiver une fourmilière ».

Vous êtes content de vous, donc ?

Bertrand Tavernier. Oui. Je sors du festival de Lyon (lyonnais de naissance, Bertrand Tavernier est le président de l’Institut Lumière – NDLR), qui a été un triomphe. Vous rendez-vous compte, 92 % de fréquentation pour du cinéma de patrimoine ? Je viens de faire publier, chez Actes Sud, deux romans sur l’Ouest extraordinaires, Terreur apache, de W. R. Burnett, et Des clairons dans l’après-midi, d’Ernest Haycox. Le film est un désastre mais pas le livre, qui prouve que la littérature western avait de grands romanciers. Enfin, il y a tous ces films que j’ai pu montrer à Lyon, comme le Président, d’Henri Verneuil, dans lequel on entend Jean Gabin dire, en 1961 : « Je suis pour l’Europe des travailleurs, contre l’Europe des actionnaires. » Ou des films de Michel Audiard, qui était beaucoup moins de droite qu’on pouvait le croire, sinon dans la provocation. Il y a toujours eu dans son œuvre des pulsions sociales, libertaires.

Publié par l'Humanité

  • La bande annonce :

Quai d’Orsay, de Bertrand Tavernier. France. 1 h 53. Un ministre survolté, véritable pile électrique, aussi facilement porté par la bravoure bravache que s’il jouait un mousquetaire d’Alexandre Dumas, tel est 
le personnage qu’incarne Thierry Lhermitte dans 
la première comédie 
de Bertrand Tavernier issue d’une bande dessinée. L’observation sociale fait mouche et les mœurs n’ont guère changé dans ce portrait 
de famille (politique) où 
le culte du verbe tient souvent lieu d’action, ou, à tout 
le moins, d’incantation. Entourant dignement le maître, 
les seconds rôles sont formidables. On rit franchement et de bon cœur à cette évocation d’un passé récent.

26/05/2013

LA VIE D'ADELE : PALME D'OR AU FESTIVAL DE CANNES : UNE OEUVRE MAGISTRALE

cinéma français,festival de cannes 2013,abdellatif kechiche,palme d'orPalme d'or Festival de Cannes 2013. Après l’Esquive, la Graine et le Mulet ou Vénus noire, Abdellatif Kechiche présente, La Vie d’Adèle, une œuvre magistrale et offre la découverte d’une jeune actrice extraordinaire, Adèle Exarchopoulos. 

La Vie d’Adèle, d’Abdellatif Kechiche. France, 2 h 55. Compétition. Dans la Vie de Marianne, Marivaux écrit, à la première personne et d’une plume intensément libre, l’histoire de son héroïne, d’une femme dans son époque. On connaît la prédilection d’Abdellatif Kechiche pour les grands textes qui parlent au monde, sa volonté artistique réitérée d’en insuffler la puissance à des personnages qui, par une réappropriation commune, la porteront au présent de la société. Ici, Adèle (Adèle Exarchopoulos), lycéenne qui festoie de littérature, dévore livres et bolognaises des repas familiaux avec un égal plaisir des sens.

cinéma français,festival de cannes 2013,professionels du cinéma,conditions de travail,intermittents,abdellatif kechiche,spiac,palme d'orÀ l’âge où les mouvements du cœur et du corps débordent, Adèle cherche à s’orienter au plus intime entre réfractions du regard des autres, carrefour des possibles et voies de traverse. Kechiche installe sa classe de bacheliers en y circulant à l’envi, scrute à fleur de peau les frémissements dont le mystère peut tout soudain s’éclairer de fulgurances comme de sensibles flammèches sur les pas d’Antigone, s’évader dans le recoin obtus d’un silence. Comme eux, ses plans basculent en un instant de la haute tragédie aux conversations de filles sur le dernier qui passe. C’est cru, drôle, source de jubilatoires remémorations. Adèle est d’emblée nimbée d’une grâce cinématographique que le cinéaste va tenir près de trois heures d’écran, au fil du récit d’une passion d’amour et de désamour sublimement charnelle. Invitée par les enseignants à méditer sur le coup de foudre et ses représentations littéraires, Adèle en sera frappée au coin de la rue.

Déconcertée par la spirale de ses désirs

Au bleu sourd de la chevelure d’Emma (Léa Seydoux) répondent en frottement d’étincelles les fleurettes de l’écharpe d’Adèle. Abdellatif Kechiche s’est inspiré d’une bande dessinée de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude. De la couleur et du récit, il restituera l’essence, s’en emparant à sa manière singulière. Il excelle encore dans les scènes de groupe, bars de femmes où Adèle et Emma lieront leurs approches, réunions d’amis et repas de famille dont il sait inventer les effets de langages et de visages comme s’il s’agissait d’un répertoire qu’il se contenterait d’enregistrer.

Premier extrait de La vie d'Adèle :

Premiers pas fragiles d’Adèle, déconcertée par la spirale de ses désirs. Elle tombe en amour en même temps qu’elle semble surgir à la lumière depuis un abîme de cruelles incertitudes. Premier baiser solaire dans un parc que tout enchante avant la fournaise de l’étreinte. Kechiche et deux comédiennes abandonnées à leur art la représentent comme jamais, passions de femmes dans la durée du filmage et la violence de l’élan, chorégraphie de corps qui s’affirment et s’abolissent dans l’autre, sauvagerie magnifique de la jouissance. À cette scène de sexe plein cadre, deux autres feront écho, amoindrissant subtilement leur intensité. Les présentations aux familles respectives des deux jeunes femmes donneront lieu à deux dîners où tout sera dit en mets et gestes de leurs différences sociales. Chez Emma, son homosexualité pas plus que son cursus aux beaux-arts ne soulève de préoccupation. Les parents d’Adèle, bien plus modestes, ne conçoivent ni l’un ni l’autre. De là viendra la chute, frayant peu à peu sa percée dans une histoire de couple et de désunion telle qu’elle peut résonner en chaque spectateur. L’intime, en plans très serrés sur la palette infinie de ses expressions, se conjugue ainsi à l’universel que sculptent les choix plastiques, membres rompus de plaisir rejoignant presque l’abstraction à l’instar d’une toile de Francis Bacon. Emma peint. Adèle suit sa vocation d’institutrice et de nombreux retours de séquences caressantes substitueront aux amours mortes l’attendrissement des tout petits. Adèle écrit son histoire à la première personne, libre et franche. Elle ne s’aliène qu’à la toute-puissance amoureuse et se fie à sa seule boussole.

Deuxième extrait :

Publié par le journal l'Humanité

 


"La Vie d'Adèle" : les mots bleus de Kechiche par lemondefr

 

Débat autour d’un tournage qui n’a pas tourné rond

cinéma français,festival de cannes 2013,professionels du cinéma, conditions de travail, intermittents, Festival de Cannes 2013, abdellatif kechiche, spiac, abdellatif kechiche,palme d'orLe syndicat CGT 
évoque de mauvaises conditions de tournage sur le dernier film 
de Kechiche.

Envoyée spéciale de l'Humanité MJS. Dans un communiqué envoyé à toutes les rédactions, le Spiac CGT dénonce les difficiles conditions de tournage du film d’Abdellatif Kechiche, présenté à Cannes en compétition : « Journées de travail de seize heures, déclarées huit », ainsi que des « horaires de travail anarchiques ou modifiés au dernier moment, avec convocations par téléphone pendant les jours de repos ou durant la nuit ; renégociations des contrats en milieu de tournage, qui contraignent les techniciens à travailler les samedis sans être payés ; modification du plan de travail au jour le jour. »

Le syndicat des techniciens pointe la responsabilité de la région Nord-Pas-de-Calais en tant que collectivité territoriale coproductrice du film (« nous nous demandons si l’institution régionale n’est pas en train d’apporter sa caution à ce type de pratiques et de comportements », écrit-il), ainsi que celle des autres
coproducteurs, Quat’Sous Films, Wild Bunch, Vincent Maraval et Brahim Chioua, ces derniers s’étant par ailleurs opposés au syndicat sur la question de l’extension de la convention collective.

Pour le Spiac CGT, cette « affaire » révèle l’urgence de l’application d’une convention collective pour que cessent de telles méthodes.

01/01/2013

Cinéma: Sam Karmann dénonce le système des acteurs "bancables"

cinéma, belgique, cinéma français, évasion fiscale, exil fiscal, exception culturelle, gérard depardieu, Les têtes d'affiche du cinéma trop payées? Dans la polémique qui secoue le cinéma français, l'acteur et réalisateur Sam Karmann signe une tribune remarquée en dénonçant le système des acteurs "bancables" sans lesquels les films ne se font plus.

Dans une lettre ouverte publiée sur Lemague.net, Le réalisateur de Kennedy et moi ou de A la petite semaine s'adresse au producteur Vincent Maraval, par qui la polémique est arrivée, pour aller plus loin dans la critique des dysfonctionnements du cinéma français et de la création audiovisuelle.

"C’est ça qui pose problème, relève Sam Karmann, qu’on ne puisse (ou très difficilement) monter un film sans qu’il y ait au moins un "bancable" dans la liste. Combien sont-ils ces bancables? Entre 3 et 5 par génération. Car les autres, tous les autres, les acteurs pas vedettes, les petits, les moyens, les sans grade à l’échelle du box-office, les 20.000 autres, intermittents, qu’ils soient inconnus ou même un peu connus voire reconnus du grand public (comme votre serviteur par exemple), savons que nos cachets ont été divisés pas 2 depuis les années 2000. Et je ne parle pas de l’écrasante majorité des acteurs qui composent les listes artistiques des films et qui sont payés moins de 1000€/jour."

Audimat

cinéma, belgique, cinéma français, évasion fiscale, exil fiscal, exception culturelle, gérard depardieu, L'acteur et réalisateur décrit la dégradation des conditions de travail dans le cinéma comme à la télévision, où "les salaires des rôles principaux (qui) ont servi de variable d’ajustement aux productions qui diminuaient leur coût au fur et à mesure que les diffuseurs diminuaient leurs financement." Concernant les films indépendants, il pointe enfin les salaires "mis pour partie en "participation", c’est à dire payé si le film est amorti… On sait tous ce que cela veut dire."

Cette dérive découle d'une cause essentielle, selon Sam Karmann: "La faute au système bien sûr, qui (...) réclame des "noms" pour monter le financement en sachant pertinemment que ce n’est évidemment pas une garantie du succès du film en salle. Mais qu’il est dans le cahiers des charges des diffuseurs de justifier une promesse -devenue chimérique- d’audimat quand le film passera à la télé."

Financiarisation

Dans sa remise en cause, le réalisateur appelle à ne pas tout casser. "Ne cassons pas ce système extraordinaire qu’est l’intermittence, la redistribution du CNC et l’obligation des diffuseurs de financer le cinéma." Mais, conclut-il, "comme partout dans la société et dans ce monde financiarisé à tout crin, rien ne va plus quand "le patron-vedette" gagne 1 million d'euros tandis que "l’acteur-ouvrier" qui vient lui donner la réplique gagne le smic."

Publié par l'Humanité