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19/09/2009

La grippe de "A" à Z

grippeporcine.jpgDémêler le vrai du faux à propos d’un virus qui déchaîne les passions : deux chercheurs, Antoine Flahault et Patrick Zylberman font le point.

C’est officiel : depuis mercredi 16 septembre, le seuil de l’épidémie de grippe A a été franchi avec 103 000 consultations recensées dans la semaine du 7 au 13 septembre, contre 52 300 la semaine précédente. En France, 27 personnes sont décédées de la grippe dont cinq en métropole et le reste dans les DOM-TOM, pour la plupart des malades souffrant déjà d’autres pathologies lourdes et souvent multiples. Néanmoins, pas question de céder à la panique : la grippe A reste une cousine de la grippe saisonnière.

Une contagiosité limitée

Alors qu’on la compare souvent à la grippe espagnole de 1918 qui avait fait 30 millions de morts d’après l’Institut Pasteur, il s’agit d’un mythe pour le professeur Flahault. « Les deux sont incomparables. Les modes de vie n’étaient pas les mêmes et surtout, il n’y avait pas d’antibiotiques ». Même si les deux appartiennent au sous type H1N1, c’est aussi le cas de la majorité des grippes saisonnières. Alors que le taux de contamination était de 1,8 à 2,4 pour la grippe espagnole, il est compris entre 1,3 et 2.1 pour la grippe A. En clair : une personne infecte en moyenne deux personnes aujourd’hui. A titre comparatif, il est de 20 pour la rougeole. Le professeur met en garde contre ce qui relèverait de l’hygiénisme : « Pas besoin d’arrêter de prendre les transports en commun. On risque peu d’attraper la grippe dans le métro ». 30 à 40% des contaminations ont en effet lieu à la maison ou au bureau.

Une mortalité directe peu élevée

Les seules différences avec la grippe saisonnière tiennent aux personnes touchées et au taux de mortalité. Contrairement à sa cousine qui touche surtout les personnes âgées de plus de 65 ans, le virus de la grippe A s’abat davantage sur les enfants et les moins de 50 ans. Ils représentent aujourd’hui 40 % des cas selon l’Organisation mondiale de la santé.

En ce qui concerne les décès, Antoine Flahault tient bien à faire la distinction entre mortalité directe et indirecte. La première ne serait pas plus importante que pour la grippe saisionnière. Le cas du jeune homme de 26 ans décédé à Saint-Etienne alors qu’il était en pleine santé serait donc l’exception. « Ils représentent 1% des cas » explique-t-il. « Ils sont dûs à ce qu’on appelle un syndrome de détresse respiratoire aigu : les alvéoles des poumons se bouchent comme celles d’un noyé ». Pour les 99% de cas restants, 30 à 40% ne ressentiraient même pas les symptômes de la grippe et le reste souffrirait des symptômes classiques : température supérieure à 38°, toux, courbatures.

En revanche, les décès liés indirectement à la grippe A pourraient augmenter : de l’ordre d’un pour 10 000 contre un pour un million pour la grippe « classique ». « Dans des cas où l’organisme est immunodéprimé, comme pour les personnes atteintes du VIH, ou en chimiothérapie, les conséquences de la grippe pourraient être plus importantes ». Pas question de parler de « grippette » donc. « Au total, 25 à 30 000 personnes pourraient mourir de la grippe A en France, contre 6000 pour la grippe saisonnière » concluent-ils.

Différents scénarios possibles

Parmi les questions que tout le monde se pose, il en est une qui revient sans cesse : combien de temps l’épidémie va-t-elle durer ? « Si c’est une grande pandémie, elle durera au moins quatre mois mais on ne peut pas vraiment savoir » répond le professeur Flahault. Or, c’est exactement le temps qu’il faudrait pour que l’ensemble de la population soit vaccinée selon lui. Actuellement à l’essai, les premiers vaccins devraient être disponibles à partir du 15 octobre. La ministre de la santé Roselyne Bachelot a confirmé devant les députés que le gouvernement rendrait son arbitrage sur les priorités de vaccination et le recours à une ou plusieurs injections "dans les prochains jours".

Patrick Zylberman, chargé de recherche au CNRS, reste prudent : « Il se peut que nos prévisions soient défaillantes. On devrait même parler au conditionnel. On ne peut pas prédire le futur, le seul moyen de gérer notre angoisse c’est de se rapporter aux expériences passées ».

Eléonore Tournier, pour l'Humanité

11:32 Publié dans Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grippe a, contagion, conséquence | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!