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08/08/2012

JO LONDRES : Des questions (sélectives) sur des champions

sport, cyclisme, dopage, jeux olympiques londres 2012Les exploits des nageuses américaines et des cyclistes anglais ne suscitent aucune interrogation, contrairement aux records de la chinoise Ye Shiwen.

Envoyé spécial. Selon que vous soyez chinoise ou américaine, on vous fera suspecte ou génie… Un parfum de « néocolonialisme », voire de délit de sale gueule, flotte encore sur les bassins, stades et vélodromes. La preuve.

Après le double titre olympique de Ye Shiwen, une foison d’articles se sont penchés sur les temps (vraiment) canons réalisés par la jeune nageuse chinoise. Dans le registre de la suspicion, on n’a pas fait mieux que John Leonard, le directeur de l’Association internationale des entraîneurs de natation : « L’histoire de notre sport montre que chaque fois que nous assistons à quelque chose – et je mets ça entre guillemets – d’“incroyable”, il se révèle ensuite qu’il y avait dopage. »

À la limite, le doute permanent peut constituer une méthode d’appréhension des exploits sportifs. Mais elle doit alors s’appliquer à tous, tout le temps. Or, on n’a guère entendu l’entraîneur américain les jours suivants, alors que l’Aquatic Centre retentissait d’exploits des Américains. Rebecca Soni, à deux reprises en deux jours, et Missy Franklin ont amélioré les records du monde de leur spécialité (200 m brasse et 200 m dos), détenus par des athlètes portant, alors, les combinaisons « magiques » en polyuréthane (aujourd’hui interdites). Vendredi, Katie Ledecky, quinze ans, a remporté la médaille d’or du 800 mètres en améliorant son propre record de plusieurs secondes. Silence radio.

Même ambiance sur la piste du vélodrome. Dix records du monde ont été améliorés, dont huit par les seuls compétiteurs britanniques. L’équipe masculine de poursuite en a pulvérisé deux en vingt-quatre heures et leurs compatriotes féminines trois… Au total : une seconde et demie de mieux pour chaque équipe. Seule voix à s’étonner : celle de la directrice technique nationale du cyclisme français, Isabelle Gautheron, qui s’est déclarée « perplexe » devant ces performances. « Ils n’ont pas dominé depuis quatre ans, ils faisaient partie des meilleures équipes avec l’Australie, l’Allemagne et la France. Là, ils écrasent tout le monde. Les filles mettent quatre secondes aux autres (en poursuite). » Si elle estime qu’« il ne faut pas jeter un doute quand il y a des performances », elle ne s’interroge pas moins : « Ont-ils une technologie ? Un secret de préparation ? Il faut qu’on fasse de l’intelligence sportive pour savoir comment ils peuvent faire pour être si forts. » La presse anglo-saxonne n’a évidemment pas repris un mot de ces déclarations.

C. D. pour l'Humanité