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04/11/2013

"343 salauds" insultent le droit des femmes dans une pétition qui défend la prostitution

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"Tous ensemble, nous proclamons: touche pas à ma pute!", peut-on lire dans "Le manifeste des 343 salauds" une pétition contre l'abolition de la prostitution à paraître dans le magazine Causeur de novembre. Avec ce texte, les signataires veulent dénoncer la proposition de loi de pénalisation des clients des prostituées. « 343 réacs, sexistes et machistes » répond Laurence Cohen, responsable aux droits des femmes au PCF.

"Nous considérons que chacun a le droit de vendre librement ses charmes - et même d'aimer ça. Et nous refusons que des députés édictent des normes sur nos désirs et nos plaisirs", argumente le texte de la pétition lancée en réaction à une proposition de loi renforçant la protection des prostituées et la lutte contre le système prostitutionnel déposée à l'Assemblée. La proposition de loi, déposée le 14 octobre par la députée socialiste Maud Olivier, qui doit être examinée fin novembre prévoit notamment la création d'une amende de 1.500 euros sanctionnant le recours à la prostitution, doublée en cas de récidive. Parmi les premiers signataires figurent notamment Frédéric Beigbeder, Basile de Koch (le mari de Frigide Barjot), le sulfureux Eric Zemmour ou encore Richard Malka, avocat de DSK...

Le nom de la pétition fait référence au manifeste publié par le Nouvel Observateur en 1971 à l'initiative de Simone de Beauvoir et signé par 343 femmes pour dire "j'ai avorté" alors que l'IVG est encore passible de poursuites. Sous la plume ironique de Charlie Hebdo, elles deviennent les 343 "salopes".

« 343 réacs, sexistes et machistes »(Laurence Cohen)

Pour la responsable de la commission « Droits des femmes/Féminisme » au PCF, Laurence Cohen, cette tribune "témoigne de la persistance de comportements machistes et sexistes." "Que leur plaisir passe par la soumission des femmes, par des rapports monnayés ne leur pose aucun problème" poursuit Laurence Cohen dans un communiqué, "c’est faire fi de la réalité de la prostitution, de la domination exercée sur des individus, majoritairement des femmes, des réseaux mafieux qui considèrent le corps des femmes comme une marchandise".

La porte-parole du gouvernement et ministre des droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a fustigé également les "343 salauds" qui signent cette pétition "les 343 salopes réclamaient en leur temps de pouvoir disposer librement de leur corps. Les 343 salauds réclament le droit de disposer du corps des autres. Je crois que cela n'appelle aucun autre commentaire", a lapidairement déclaré la ministre, lors du compte rendu du Conseil des ministres.

En réponse à cette pétition, le collectif Zéromacho, qui revendique 1 881 hommes "engagés contre le système prostitueur", dénonce dans un communiqué des "ringards (qui) s'amusent à défendre une cause machiste perdue". "Cette pétition réac prétend que la volonté d'abolir la prostitution serait une guerre faite contre les hommes. C'est tout le contraire : nous, Zéromachos, affirmons que le combat pour l'abolition de la prostitution est avant tout un combat pour l'Égalité", affirme le collectif, estimant que "cette lutte progressiste (...) nous libère d'un diktat qui a amené des générations d'hommes à se comporter en salauds".

La directrice de la rédaction du mensuel Causeur, dans lequel la pétition doit paraître, Élisabeth Lévy, explique dans un communiqué avoir "décidé de batailler par l'humour pour cette cause sérieuse"."Nous ne défendons pas la prostitution, nous défendons la liberté. Et quand le Parlement se mêle d'édicter des normes sur la sexualité, notre liberté à tous est menacée", déclare-t-elle. 

"Pour les communistes, l’émancipation humaine ne peut souffrir de l’asservissement de quiconque", conclut le communiqué de Laurence Cohen.

À voir : Huit organisations de jeunes lancent une campagne contre le système prostitutionnel, à travers un court métrage

 Article publié dans le journal l'Humanité

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03/10/2012

Procès de la Tunisienne violée : l’indignation enfle

tunisie, manifestations, violences faites aux femmes, femmeUne Tunisienne violée par des policiers est accusée, par ses violeurs, pour atteinte à la pudeur. Son cas suscite une forte émotion, le ministère des Affaires Etrangères français se saisi aujourd’hui de la question.

La France réclame que les charges d'"atteinte à la pudeur" pesant à l'encontre de la victime soient abandonnées, selon le ministère des Affaires étrangères. Et le porte-parole du ministère modère quelque peu son exigence : "Il faut se garder de faire la leçon et garder en tête cette perspective : que les pays des printemps arabes aient cet objectif de respect des droits fondamentaux. Cela ne nous empêche pas chaque fois qu'un problème surgit, et notamment celui de cette jeune femme, de rappeler à ces pays quel est, selon nous, le chemin qui doit être emprunté pour atteindre cet objectif. On ne devient pas un pays démocratique exemplaire du jour au lendemain. C'est un processus qui est long, complexe, difficile".

Le parti au pouvoir en Tunisie s’embourbe terriblement. Après avoir, heureusement, fait marche arrière sur inscription dans la nouvelle Constitution la "complémentarité" des sexes et non l'égalité, Ennahdha joue à nouveau avec le feu. Le premier parti de Tunisie tente d’expliquer que ce n’est pas parce que l’accusée est victime de viol, qu’elle n’est pas coupable d’atteinte à la pudeur. Et ce sont les violeurs qui en témoignent.

Le procès de la honte

La Tunisienne de 27 ans aurait été surprise « en position immorale » avec son fiancé dans la voiture de ce dernier par 3 policiers. Deux d’entre eux ont alors conduit la jeune femme dans leur véhicule où ils l'ont violée pendant qu'un troisième tentait d'extorquer de l'argent au jeune homme. La victime accusée par ses bourreaux a été entendue par un juge ce mardi, qui doit prendre, ou non, la décision de classer l’affaire.
Les manifestations de soutien sont de plus en plus nombreuses, y compris à l’internationale. "J'ai dit au juge qu'il avait une responsabilité historique. Le monde entier, les médias, les jeunes de Tunisie attendent sa décision qui sera décisive pour l'instauration de l'Etat de droit" a justement expliqué l’avocate de l’accusée.
Plusieurs centaines de personnes ont par ailleurs manifesté mardi en soutien à la victime devant le tribunal, brandissant des pancartes proclamant "Révolution volée, femme voilée, petite fille violée" ou encore "Violée ou voilée, faut il choisir?".

Publié par l'Humanité