23/07/2013
Les trois raisons de la faillite de Detroit
La chronique américaine de Christophe Deroubaix dans l'Humanité. Pourquoi la capitale de l'automobile américaine a été placée en faillite.
1903-2013 : RIP Detroit. Avec l’annonce de la déclaration de faillite de la ville, c’est un siècle d’Histoire américaine qui se clôt. Detroit n’était pas seulement le berceau de l’industrie automobile. Elle était également le cœur atomique de la période du New Deal (les « Trente glorieuses américaines »), la capitale du syndicalisme qui y remporta des batailles décisives, la « Motor City » qui enfanta la « motown », le label « soul » (Diana Rosse, Jackson Five, Marvin Gaye, Stevie Wonder et la « reine de la soul » Aretha Franklin). Bref, une partie du « patrimoine » des Etats-Unis que le pays d’apprête à remiser dans ses réserves, sans ciller. Comment en est-on arrivés là?
- La désindustrialisation
Le destin de la petite ville au nom français, fondée en 1701 par Antoine de Lamothe-Cadillac, bascule en 1903 quand Henry Ford fonde sa compagnie à Dearborn, dans la banlieue de Detroit. En 1908, c’est General Motors qui est créé. Suivi en 1925 par Chrysler formant ainsi les « big three ». A ce moment-là, avec la sortie du model T et l’instauration du Fordisme (organisation du travail et compromis salaires-productivité), l’industrie automobile est en pleine expansion. Detroit explose : 285.000 habitants en 1900, 465.000 en 1910, 993.000 en 1920, 1,5 million en 1930.
Extrait de « Voyage au bout de la nuit » : « Et j’ai vu en effet des grands bâtiments trapus et vitrés, des sortes de cages à mouches sans fin dans lesquelles on discernait des hommes à remuer, mais à remuer à peine, comme s’ils ne se débattaient plus que faiblement contre je ne sais quoi d’impossible. C’était ça, Ford ? »
Oui, c’était ça Ford, mais des hommes décidèrent de se débattre. En mai 1935, est fondé l’United Auto Workers (UAW). En 1937, après des grèves à Atlanta (Georgie) et Flint (Michigan), General Motors et Chrysler doivent reconnaître le fait syndical. Seul Ford résiste. Le 26 mai 1937, la bataille de l’Overpass, au cours de laquelle, les milices d’Henry Ford agressent les syndicalistes de l’United Auto Workers, devant l’usine de River Rouge à Dearborn, marque un tournant décisif. En 1940, 33 % des ouvriers de l’industrie ont une carte syndicale en poche. Il faudra attendre 1941 pour que la première convention collective soit signée chez Ford.
Vidéo: Sur les chaînes de montage de la Ford T
Après la guerre, le New Deal de Roosevelt règne en maître incontesté, même le républicain Eisenhower n’en conteste pas l’héritage social et réglementaire. L’Etat-Providence est incontournable. Les années 50 La production de masse se trouve à son pic, la consommation de masse commence. Les syndicats sont plus puissants que jamais.
C’est à Detroit encore et toujours qu’est conclu un accord qui passera à la postérité sous le nom de Traité de Detroit. Il est conclu entre les Big Three (Ford, General Motors, Chrysler) et l’UAW: salaires indexés sur les prix et sur la productivité, assurance-maladie et retraites pour les syndiqués qui gagnent ainsi une protection sociale unique aux Etats-Unis en échange de la promesse de jouer « le jeu » (productivité, pas de grèves). C’est ce « compromis » que le patronat commence à remettre en cause dès les années 60 et encore plus dans les années 70, profitant des deux chocs pétroliers. Les compagnies organisent une délocalisation interne aux Etats-Unis en ouvrant des usines dans le Sud, véritable désert syndical.
- Le « white flight » ou l’exode des classes moyennes
La désindustrialisation organisée rencontre un autre phénomène de société que des sociologues ont baptisé le « white flight » (« le vol blanc »), à savoir : la fuite des classes moyennes blanches des centres villes. Ceci a évidemment à voir avec le mouvement des droits civiques qui se déroule dans le Sud mais aussi dans les grandes villes industrielles du Nord où des centaines de milliers de Noirs pauvres sont arrivés lors de la « grande migration » (années 20 puis début des années 50). Le racisme n’est pas l’apanage des anciens Etats de la confédération. Il résiste également dans les grandes villes, notamment dans la police. En juillet 1967, une descente de police met le feu aux poudres: les émeutes durent cinq jours et fera 43 morts. Le gouverneur du Michigan (George Romney, le père de Mitt) envoie la garde nationale et Lyndon Johnson, le président, dépêche l’armée. Rien de moins. Une « grande peur » s’empare des habitants blancs, d’autant qu’elle est instrumentalisée politiquement par le parti républicain qui a décidé, après la signature de la loi sur les droits civiques par le président Johnson en 1965, de faire des angoisses des Blancs son fonds de commerce …
Suprême ironie de l’Histoire: cet exode est rendu possible par… la voiture. On peut désormais travailler dans une usine de Detroit et habiter dans une banlieue résidentielle à trente kilomètres de là. Dans les autres pays occidentaux, ce mouvement de périurbanisation et d’étalement urbain marquera également les années 70. Mais, nulle part ailleurs qu’aux Etats-Unis, il ne sera aussi fortement « racialisé ». Detroit perd 300.000 habitants durant les années 70, 200.000 autres dans la décennie suivante. Actuellement, elle compte 700.000 habitants contre 1,8 million en 1950. 82% de ses habitants sont Africains-Américains. Un habitant sur trois vit en dessous du seuil de pauvreté.
Carte desrevenus de la population de Detroit:
Carte des populations de Detroit:
- L’inaction de l’Etat du Michigan et du gouvernement fédéral
D’après un porte-parole de la Maison Blanche, l’administration Obama continue « à surveiller de près la situation à Detroit. » Mais pas plus. Alors que la ville a dû se placer sous le chapitre 9 des faillites, elle sait qu’elle n’a rien à attendre de sonnant et trébuchant du côté du gouvernement fédéral. Sauver l’industrie automobile à coups de milliards d’argent public, comme en 2009, oui. Sauver la ville de Detroit, non.
Personne ne nie la réalité des chiffres : 18,5 milliards de dollars de dettes. Ce qui n’a rien d’étonnant dans une ville où les industries puis les contribuables ont pris la fuite laissant la population pauvre se débattre sans emplois ni le sou. Le coup de grâce est venu du gouverneur. Le fait qu’il soit républicain ne relève évidemment pas de l’anecdote. En obligeant Detroit (qui a voté Obama à 98% en novembre dernier !) à se déclarer en faillite, Rick Snyder va pousser à la renégociation des conventions collectives dans les services municipaux. Plutôt que d’engager un débat sur une revitalisation économique et urbaine, on va donc imposer à l’ancienne capitale industrielle du pays une cure d’austérité qui ne guérira pas le malade.
10:55 Publié dans Actualités, Connaissances, Economie, International, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : automobile, etats-unis, désindustrialisation, michigan, general motors, aretha franklin, stevie wonder, jackson five, marvin gaye, lyndon johnson, united auto, detroit | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
18/07/2013
LES FRERES ENNEMIS !
Il était une fois un homme nommé Abraham, on le disait descendant de Sem, le fils de Noé. Un servent de Dieu: ni chrétien, ni juif, ni musulman, un servent de Dieu.
Cet homme, avait une épouse, Sarah. Il avaient également une servante, Hajar. Sarah lui donne un fils qu’ils nomment Isaac et Hajar un fils appelé Ismaël. Deux frères que tout unit mais que tout opposera. On leur a prédit d’avoir une vaste descendance, chacun devra accomplir son destin et perpétuer une lignée.
Ismaël et Isaac n’étaient pas complètement frères de sang, mais ils étaient frères de sein, mais Sarah, ordonne à son époux de chasser Hajar et son fils, condamnés à errer dans le désert.
Un même père mais deux mères qui vont définitivement troubler les repères. Pourtant, une famille est une famille, quelque soit le caractère légitime ou pas de la filiation.
Les siècles ont passé, la descendance d’Isaac et Ismaël s’est propagée dans tout le Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Certains sont devenus juifs et les autres musulmans.
Un jour, une arabe tombe amoureuse. Un jour, un juif tombe amoureux.
Ni elle, ni lui ne sait ce que l’autre est, mais ils tombent amoureux l’un de l’autre.
Elle, l’aimait pour son élégance, sa sagesse et son humour. Lui, l’aimait pour son intelligence, sa beauté et sa générosité.
Ils s’aimaient sans se poser de questions, la puissance des corps étaient plus forte que celle des clivages politiques. Mais un jour, il a découvert que sa langue maternelle était l’arabe et elle que la sienne était l’hébreu. Alors que leur seul langage était l’amour, ils se sont rendus compte qu’ils ne se comprenaient plus, ou plutôt qu’ils ne voulaient plus se comprendre. Ils ne cherchaient plus à se comprendre.
Ils partageaient tout, mais surtout, ce qu’ils partageaient, étaient hautement transcendant, mais il lui a dit "tu sais, je suis sioniste" et elle lui a répondu "tu sais les palestiniens aussi ont droit à leur terre". Pour chacun, une confidence bien amère…
Il s’aiment plus que tout et ils ont fini par se haïr pour une simple question de territoire, de convictions politiques, de suprématie.
Quelque chose qui est en contraste total avec ce qu’ils étaient au départ. De servants de l’amour ils sont devenus esclaves de la haine.
Leurs langues sont cousines, leur histoire est commune, leurs origines sont voisines et ils se vouent aujourd’hui une guerre sans merci.
J’ai bien essayé de comprendre, de remonter aux origines bibliques, ethniques, historiques, rien ne justifie leur défiance les uns à l’égard des autres.
Et ce que j’en conclue, c’est que ce sont ceux qui cultivent cette haine, qui des deux côtés sont antisémites.
Anti eux-mêmes
15:16 Publié dans Cactus, La Robe rouge, Planète, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : juifs, musulmans, paix, religion, la robe rouge | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
12/07/2013
Fête de l'Humanité. Divertimento, l'orchestre symphonique du 93 qui rend la musique classique populaire
Zahia Ziouani est une chef d’orchestre précoce et talentueuse qui, à l’âge de 35 ans, a déjà tenu la baguette d’ensembles illustres.
À la tête du Conservatoire de musique et de danse de Stains, et de Divertimento, orchestre symphonique avec lequel elle revient sur la grande scène de la Fête de l’Humanité 2013, cette jeune femme de conviction s’efforce de démocratiser la musique classique. Entretien.
Vous êtes femme et chef d’orchestre. Chose rare. En tirez-vous une fierté ? Comment êtes-vous perçu dans ce milieu réputé masculin ?
Zahia Ziouani. La présence de femmes au sein des orchestres philharmoniques est récente. Il y a peu encore, certains orchestres en Europe interdisaient les femmes. L'orchestre philharmonique de Vienne en est le plus grand exemple. Depuis dix, douze ans, les choses évoluent. Très jeune, j'ai été passionnée par ce métier. Ne venant pas de ce milieu, peut-être était-ce par naïveté, mais jamais je n'ai pensé que ce métier m'était impossible. Avec le recul, cela reviendrait à vouloir être cosmonaute ou président de la République! J'ai commencé très jeune et ne souhaitais pas attendre 40 ou 50 ans avant d'exercer. Quand on est jeune et femme, il est vrai que c'est un peu compliqué. L'idée reçue voudrait qu'une femme n'ait pas l'autorité nécessaire pour diriger un orchestre. Pour cela, j'ai créé mon orchestre, Divertimento, afin d'apporter la preuve que j'étais capable de diriger. Aujourd'hui, mon challenge est de convaincre le monde musical que je suis en mesure de diriger de grands orchestres. Sur l'estrade face à l'orchestre, je ne me pose pas la question de savoir si je suis une femme ou un homme. Je veux être un bon chef simplement, être efficace, exigeante et innovante dans mon travail.
Vos parents ne sont pas du sérail, vous êtes ancrée en Seine-Saint-Denis et venez d'un milieu modeste, comment avez-vous eu accès à la musique classique ?
Zahia Ziouani. Mes parents aimaient la musique classique. C'est un héritage familial. Par ailleurs, j'ai grandi à Pantin, ville à l'époque communiste, où existait une prise de conscience concernant les politiques culturelles à mener pour favoriser l'accès à la culture. J'ai pu devenir chef d'orchestre car j'ai pu grandir dans cette ville. Si j'avais grandi dans une autre ville, je ne suis pas certaine que j'aurais eu accès à la musique. J'ai également eu la chance de rencontrer des professeurs intéressants et exigeants. Dès lors, quand j'ai débuté comme musicienne professionnelle, se posait la question de savoir où et comment. M'installer en Seine-Saint-Denis apparaissait comme une évidence. Il était important d'être utile, d'associer la dimension artistique à la transmission. Il était important de transmettre à mon tour ce que j'avais reçu. C'est un engagement fort que je porte d'être présente sur ce territoire. Petite, pour aller au concert, il fallait se rendre à Paris. Je n'ai plus envie de cela maintenant. Si une famille veut se rendre au concert, il est important qu'elle puisse le faire à Sevran, Stains ou Villiers-le-Bel, qu'il y ait des temps forts de musique classique sur ces territoires. Certains décideurs politiques ne voient la banlieue que par le prisme de la culture urbaine et ne développent les actions culturelles qu'en ce sens. Il est dommage d'opposer les arts entre eux.
Les concerts de musique classique représentent 7% des pratiques culturelles des Français. Comment amener les catégories populaires à la musique classique ?
Zahia Ziouani. La gratuité a beaucoup été développée pour encourager à la pratique. À mon sens, ce n'est qu'un aspect. L'environnement culturel est très important. Il est nécessaire d'apporter quelque chose de supplémentaire aux aspects pécuniaires, souvent et uniquement mis en place. Il existe des problématiques concrètes qu'il convient de résoudre. Une famille de Stains désireuse de se rendre à Paris pour un opéra, même gratuit, rencontre des difficultés. Après 21 heures, les bus ne circulent plus. Certains quartiers sont enclavés. Puis la France est métissée. Or la musique classique appartient au patrimoine européen. Elle n'est pas forcément leur référence, ce n'est pas un chemin naturel pour eux. Il nous faut prendre le temps d'expliquer. C'est un travail de terrain. La question est de savoir comment nous, musiciens, devons travailler en destination de ces nouveaux publics. Pour ma part, je travaille beaucoup avec les maisons de quartier et les centres socio-éducatifs. Les rencontres entre le public et les musiciens existent peu. Nous allons en amont les rencontrer pour les inciter à venir, pour garantir une diversité culturelle mais aussi sociale. Mon parcours m'amène à penser autrement. Il est d'ailleurs regrettable que l'aspect artistique soit relégué parfois au second plan. Une même symphonie de Beethoven jouée à la Cité de la musique sera reconnue quand, à Stains, ce sera vu comme du travail socioculturel.
Comment expliquez-vous ce distinguo ?
Zahia Ziouani. Les décideurs politiques, institutionnels et musicaux ne se déplacent pas et restent dans Paris. Ils vont plus facilement aller voir ce qu'il se passe, par exemple, au Venezuela plutôt que de passer le périph et venir observer les projets développés en Seine-Saint-Denis ! Il existe une vraie méconnaissance. Jamais un ministre ne se déplace ici pour un événement culturel. Pour certains, c'est moins glamour de venir à Stains qu'aller à la salle Pleyel. Nous manquons de visibilité, donc notre travail de terrain est peu pris en compte.
Vous avez signé l'appel du 93 (En 2005, suite à la demande des collégiens et du reste de la population de Seine-Saint-Denis qui veulent faire changer les regards sur ce département, le conseil général décide de réunir 93 personnalités du monde sportif et associatif, des artistes, des militants pour mettre en avant la dynamique de solidarité et de fraternité qui existe dans le département. Il a été signé par plus de 2 500 personnalités dont Zahia Ziouani), la musique est-elle aussi une manière de changer le point de vue sur ce département ?
Zahia Ziouani. Complètement. Cet appel a permis de fédérer. Oui, la Seine-Saint-Denis connaît des difficultés mais il existe des gens de valeur, des musiciens de grand talent. C'est une manière pour moi de valoriser ce département. Il est important de briser l'image et la fatalité.
Vous dirigez aussi un orchestre à Alger, quel rapport entretenez-vous avec l'Algérie?? Est-ce la même démarche que celle que vous menez en Seine-Saint-Denis ?
Zahia Ziouani. Au départ, ma démarche était personnelle. L'Algérie est le pays de mes origines. Ces visites ont créé un déclic et m'ont permis de développer un univers artistique. En Algérie, nous prenions le soin que la musique classique arabe puisse être également représentée. Il n'y a aucune raison de prioriser. À partir de là, j'ai commencé à travailler sur des musiques classiques extra-européennes et à leur donner une place dans les programmations. Cette année, dans le cadre de Marseille-Provence 2013, nous travaillons autour de la Méditerranée. Nous mêlons musique classique, traditionnelle et contemporaine. Mes origines n'ont cependant aucun rapport là-dedans. Nous travaillons aussi autour du jazz. Un orchestre peut aborder des esthétiques diverses. Pour mon travail sur l'Algérie, il était intéressant de montrer que les rapports avec la France n'ont pas été que compliqués. Ils ont été très riches également. Camille Saint-Saëns, par exemple, a beaucoup puisé dans la musique traditionnelle algérienne pour ses compositions.
Vous qui êtes sensible à la démocratisation de la culture, quel sens accordez-vous à la Fête de la musique ?
Zahia Ziouani. J'aime l'aspect festif même si j'aimerais que cette fête dure toute l'année. J'aime ce moment de partage et de vivre ensemble. Il s'agit d'un événement festif et populaire mais qui montre ses limites. Il s'agit d'un gros coup d'éclairage quand tout au long de l'année des questions ne sont pas abordées. L'aspect populaire de la musique ne se pose que le jour de cette fête. Or je suis persuadée qu'au même titre que le sport, la musique classique peut fédérer et être populaire.
Cette année sera votre deuxième participation à la Fête de l'Humanité. Que représente-t-elle ?
Zahia Ziouani. Je trouve courageux que la grande scène accorde de la place à la musique classique à côté du rock, de la chanson ou de la pop. Ces moments sont importants, notamment quand on voit les programmes de télévision de plus en plus mauvais, avec une place toujours plus tardive de la culture dans les grilles. Cette fête populaire rejoint les valeurs que je défends. Jouer une oeuvre classique devant 60.000 personnes est très stimulant. Et pour tout dire, je vais à la Fête de l'Huma tous les ans depuis que je suis petite, alors pouvoir aujourd'hui en devenir acteur est très flatteur.
Zahia Ziouani et l’Orchestre Divertimento seront, le 14 septembre, sur la grande scène de la Fête de l’Humanité.
18:54 Publié dans Actualités, ACTUSe-Vidéos, Entretiens, Musique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : l'humanité, austérité, patric le hyaric, la courneuve, divertimento, musique classique, fête de l'humanité 2013, zahia ziouani | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
10/07/2013
BIENTOT : VIVRE 1000 ANS ? PAS IMPOSSIBLE !
La société de biotechnologie française Cellectis annonce une première mondiale : la possibilité de "se faire une sauvegarde génétique pour se réinitialiser un jour".
25 octobre 2023. Los Angeles. Sur son terrain de golf préféré, Edward, 59 ans, comédien star de Hollywood est terrassé par un infarctus. Il risque de ne plus jamais récupérer une vie normale. Heureusement, ce passionné d’innovation a souscrit, dix ans plus tôt, un contrat avec la société Scéil. Du coup, son chirurgien va pouvoir restaurer ses tissus coronariens, avec des cellules cardiaques contenant l’ADN même d’Edward. Zéro risque de rejet immunitaire...
Science-fiction ? En partie seulement. Car la société de biotechnologie française Cellectis annonce, ce soir, une première mondiale ! Son P-DG André Choulika, est en tournée cette semaine à New York et Los Angeles pour lancer sa nouvelle filiale Scéil, qui propose ce contrat futuriste. Un pari audacieux sur les progrès de la pharmacie et de la médecine, qui demain, affirme-t-il, développeront de manière routinière médicaments personnalisés et thérapies régénératrices.
"C’est un peu comme si l’on pouvait se faire une sauvegarde génétique pendant qu’on est en pleine forme, et la mettre de côté pour se réinitialiser un jour", explique Choulika. Comme on sauvegarde le disque dur d'un ordinateur ! L’argument de vente de Scéil ? "Capitalisez maintenant sur les promesses de demain !"
Prélèvement de peau
Scéil propose un service de base à 60.000 dollars (47.000 euros), plus un forfait de maintenance (500 dollars/an après la 3ème année). Pas à la portée de toutes les bourses… Pour démarrer, le service n’est disponible que dans les régions du monde où la législation le permet : Etats-Unis, Moyen-Orient (Dubaï) et Asie (Singapour). Et demain, sans doute, en Suisse. "La réglementation française, en revanche, rend ce type d’offre impossible, puisqu’elle exige de spécifier l’usage futur de tout prélèvement biologique", explique le secrétaire général de Cellectis, Philippe Valachs.
Une fois la somme acquittée, le client se fait faire un prélèvement de peau d’environ 3 mm de diamètre, qui est ensuite expédié dans le laboratoire de Singapour, où les cellules du derme (fibroblastes) sont cultivées en qualité clinique, puis conservées dans de l’azote liquide (-180°C). Mais - là est la nouveauté - une partie d’entre elles est aussi reprogrammée pour donner naissance à ce qu’on appelle des "cellules souche pluripotentes induites" ou iPS, elles-mêmes cryogénisées.
Thérapies cellulaires régénératrices
Leur particularité ? Inventées par le prix Nobel de médecine 2012, le japonais Shinya Yamanaka, ces iPS ont bien l’ADN du donneur, mais ont retrouvé toutes les caractéristiques de cellules souches embryonnaires. C’est à dire que l’on peut, pour régénérer les organes endommagés, provoquer à nouveau leur différenciation en cellules du cœur, du sang, du foie, du pancréas, du cartilage, du cerveau… Techniques dont Cellectis, un leader mondial de l’ingénierie du génome, est justement spécialiste.
L’un des gros avantages de ces iPS est d’éteindre toute polémique d’ordre religieux. Puisque, contrairement aux vraies cellules souches, elles ne proviennent pas d’embryons surnuméraires de fécondation in vitro, elles sont compatibles à la fois avec la Bible et la Charia ! La semaine sera justement placée sous le sceau du débat bioéthique, puisque l’Assemblée Nationale examine, jeudi 11 juillet, une loi libéralisant l’usage des cellules souche.
Ce qui signifie que si, même dans un lointain avenir, le client de Scéil a un pépin de santé, ses médecins pourront à volonté "commander" l’ingénierie de cellules 100% compatibles (c’est lui le donneur) du tissu souhaité. Ils pourront alors vérifier in vitro l’innocuité de tel ou tel médicament. Et surtout développer des thérapies cellulaires régénératrices.
La "techno médecine" est en marche
Pour l’instant, les iPS commencent seulement à être utilisées pour tester des molécules. Procédé qui peut permettre aux laboratoires pharmaceutiques d’éviter la mise sur le marché de médicaments aux effets secondaires toxiques, voire mortels… Demain peut-être, elles se substitueront aux cellules souche embryonnaires dans des biothérapies très innovantes. Car la "techno médecine" est déjà en marche : partout sur la planète, des chercheurs s’apprêtent à démarrer des essais cliniques pour réparer le cartilage du genou, lutter contre la dégénérescence maculaire de l’œil, greffer les grands brûlés, reconstituer le tissu cardiaque, lutter contre la leucémie…
"Un bébé né cette année a une espérance de vie de 140 ans. Dès 2020 ou 2030, les gens se feront couramment soigner comme cela", affirme André Choulika, qui y voit une source d’innovation et de croissance pour les décennies à venir. Une révolution silencieuse capable de faire reculer la mort, qui posera des problèmes sociétaux et éthiques dont on peine encore à cerner les contours.
Immortalité : Scéil est "contraire à la philosophie française"
Il est dorénavant possible de sauvegarder ses gènes grâce à un simple prélèvement de peau. L'objectif : être son propre donneur en cas de problème médical. Une médecine du futur réservée aux nantis.Scéil propose un service de base à 60.000 dollars (47.000 euros), plus un forfait de maintenance (500 dollars/an après la 3ème année).
Mettre ses gènes à la banque pour les utiliser plus tard exclut les plus pauvres de ces thérapies comme l'explique Marc Pechansky, directeur scientifique de l’Institut I-Stem, au Genopole d’Evry.
Une thérapie de luxe qui scandalise Marc Pechansky, directeur scientifique de l’Institut I-Stem, au Genopole d’Evry qui explique sa position au Nouvel Observateur :
"Je suis profondément attristé par l’initiative Scéil ! C’est grave, car Cellectis, qui est une entreprise française intéressante et scientifiquement respectable, donne ainsi sa caution au concept de 'banque privée' de cellules. Un modèle de 'banques égoïste', qui ne donne accès aux outils médicaux du futur qu’aux riches... C’est déjà ce qui se pratique à l’étranger, en Suisse notamment, sur le sang de cordon ombilical. Et c’est tout à fait contraire à la philosophie française - portée aussi bien par l’agence biomédicale que par le comité d’éthique - qui cherche à promouvoir des 'banques publiques' et solidaires, basées sur le don anonyme.
Par ailleurs, avec Scéil, Cellectis vend pour l’instant du rêve… Parce que cette annonce accrédite auprès du grand public l’idée qu’on peut d’ores et déjà le soigner avec ses propres iPS. C’est une initiative extrêmement déplacée, qui va donner de l’espoir aux malades, alors que les thérapies cellulaires à partir d’iPS ne sont pas encore au point. Oui, je crois au potentiel médical des iPS, mais dans plusieurs années. Tout cela appartient encore au domaine de la recherche, pas au marché.
Je comprends que Cellectis, qui n’est pas une entreprise mercantile, fasse cela pour se financer. Mais je pense que ses dirigeants, naïfs, ne mesurent pas les dégâts que peut provoquer leur initiative. Si je leur fais confiance pour ne pas franchir la ligne jaune eux-mêmes, ils se retrouveront très vite associés à des gens peu recommandables, qui promettent de guérir des centaines de maladies. Avec Scéil, Cellectis légitime l’entrée de machines à fric ukrainiennes ou coréennes sur ce terrain !"
18:54 Publié dans Actualités, Connaissances, Planète, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : vie, immortalité, adn, sceil | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |