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28/09/2008

Les Français et la pauvreté


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25 septembre 2008 - Réalisée auprès de 1 002 Français âgés de 15 et plus, cette seconde vague du baromètre de la pauvreté montre que les Français craignent de plus en plus de voir leurs enfants tomber dans la pauvreté, notamment lorsqu’ils appartiennent aux catégories populaires. Situant le seuil de pauvreté au-dessus du seuil officiel, ils ne limitent la pauvreté à une dimension strictement « monétaire » mais y intègrent les difficultés d’accès aux normes de consommation en matière de culture, de loisirs ou de soins. Consacrant un volet aux problèmes de santé, cette vague révèle d’ailleurs que deux Français sur cinq ont déjà retardé ou renoncé à des soins à cause de leur coût. Plus largement, elle montre que les plus pauvres ont une vision plus négative de leur état de santé, sachant que près d’un sur deux a du mal à se procurer une alimentation saine et équilibrée.

LES FRANÇAIS ET LA PAUVRETÉ : UNE CRAINTE DE PLUS EN PLUS FORTE, UN SEUIL TOUJOURS AUSSI ELEVÉ

La crainte de voir ses enfants tomber dans la pauvreté se répand de plus en plus au sein de la population, notamment au sein des catégories populaires

De plus en plus de Français craignent de voir leurs enfants tomber dans la pauvreté. En effet, pour 85% d’entre eux – ils étaient 80% il y a un an –, les risques que leurs enfants connaissent un jour une situation de pauvreté sont « plus élevés » que pour leur génération.

Et cette crainte semble bien ancrée si l’on en juge la proportion de Français qui jugent ces risques « beaucoup plus élevés » : 55% cette année, contre 47% l’an dernier. Par ailleurs, la proportion de personnes jugeant cette éventualité très élevée croît beaucoup plus dans les catégories populaires (+ 14 points en un an) que dans les catégories supérieures (+ 5 points). Ainsi, plus des deux tiers des employés et des ouvriers (67%) jugent cette éventualité très élevée pour leurs enfants. Mais le fait que cette crainte s’accroit aussi chez les cadres et professions intermédiaires – où elle atteint 45% - indique que la hausse de l’inquiétude est générale.

A noter que ces risques apparaissent chez les répondants d’autant plus élevés que leur niveau d’étude est bas : inférieur à la moyenne chez les diplômés du supérieur - où elle atteint déjà le chiffre de 46% -, elle monte à 59% chez ceux qui ont un niveau d’études inférieur au Bac.

Les Français situent le seuil de pauvreté au-dessus du seuil officiel établi pour le RSA

Officiellement, le seuil de pauvreté établi pour l’obtention du Revenu de Solidarité Active est de 880 € pour une personne seule, c'est-à-dire 60 % du revenu médian (norme Eurostat). Or, ce seuil est loin du niveau de revenu en dessous duquel les Français considèrent une personne pauvre dans un pays comme la France.

En effet, d’après cette enquête, ces derniers situent, en moyenne, le seuil de pauvreté à 1 006 € nets/mois pour une personne seule, soit exactement le niveau du SMIC net mensuel avant sa réévaluation du mois dernier. A noter qu’il y a an, ils situaient ce seuil à peu près au même niveau : en moyenne à 1 016 € nets. Le salaire minimum reste donc dans l’esprit des Français comme la barrière en dessous de laquelle ils considèrent une personne pauvre.

Cependant, certaines catégories de Français – parmi les plus sensibles à la hausse du coût de la vie – situent ce seuil à un niveau beaucoup plus élevé qu’il y a un an. C'est le cas des personnes âgées qui le situent désormais à un niveau plus élevé que la moyenne : 1 094 €, soit 91 € de plus qu’il y a un. C'est surtout le cas des foyers aux revenus les plus modestes (moins de 1 200 € nets/mois) qui le situent à 989 €, soit 123 € de plus qu’il y a un. Ainsi, dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat, les plus fragiles semblent vivre une réelle aggravation de leur situation.

De manière plus générale, il faut retenir que ce seuil de pauvreté est pour les Français d’autant plus élevé qu’ils sont âgés, aisés socialement et diplômés. Ainsi, ce seuil est à un niveau particulièrement bas chez les non diplômés (863 €), les catégories populaires (934 €) et les jeunes de moins de 35 ans (969 €). Pour le reste, on note que l’écart de perception du seuil de pauvreté se creuse entre les habitants de la région parisienne (1 197 €, + 22 €) – où la vie est plus chère - et les provinciaux (963 €, - 17 €).

Une conception de la pauvreté élargie aux conditions de vie d’ordre matériel ou culturel

Au-delà de cette évaluation « monétaire » de la pauvreté, différentes situations sont perçues par les Français comme un signe de pauvreté. En effet, leur conception de la pauvreté ne se limite pas au seul état d’indigence

Aux yeux des Français, la pauvreté, ce n'est pas seulement être dans le dénuement total mais aussi ne pas pouvoir accéder à la culture, aux loisirs ou aux soins. Par exemple, en ce qui concerne l’alimentation, l’accès au minimum vital nécessaire à tout individu n’est pas considérée comme suffisante pour échapper à la pauvreté. Pour la quasi-totalité des Français (92%), ne pas réussir à se procurer une alimentation « saine et équilibrée » est aussi un signe de pauvreté. Leur conception de la pauvreté est donc aussi qualitative que quantitative.

pauvres2.gifDe même, pour trois Français sur quatre, une personne est pauvre lorsqu’elle a du mal à envoyer ses enfants en vacances au moins une fois par an (74%) ou si elle a du mal à accéder à des biens ou des activités culturelles et de loisirs pour soi ou sa famille (75%). A noter que la proportion de Français percevant le non accès à des biens culturels comme un signe pauvreté croît de manière significative : + 6 points en un an. Quant aux difficultés à envoyer ses enfants en vacance, les Français les perçoivent d’autant plus comme un signe pauvreté lorsqu’ils sont âgés, peu diplômés et situés en bas de l’échelle sociale.

LES DIFFICULTÉS D’ACCES A LA SANTÉ : UN AUTRE SIGNE DE PAUVRETÉ

Dans le cadre de la seconde vague du baromètre, Ipsos et le Secours populaire ont consacré un volet spécifique aux questions de santé et plus particulièrement aux problèmes d’accès aux soins qu’ils soient liés à des questions de coût ou de distance.

Deux Français sur cinq ont déjà retardé ou renoncé à des soins à cause de leur coût

L’enquête révèle qu’à cause de leur coût, près de deux Français sur cinq (39%) ont déjà retardé ou renoncé à des soins, cette proportion montant à 52% dans les foyers les plus pauvres (moins de 1 200 € nets / mois). Ainsi, près d’un Français sur trois a déjà retardé ou renoncé à l’achat de prothèses dentaires (31%) ou de lunettes (29%). Et il faut souligner qu’en ce qui concerne l’achat de produits d’optique, cette proportion est deux fois plus élevée dans les foyers les plus pauvres (40%) que dans les foyers les plus riches (20%).

Pour le reste, il y a moins de difficultés d’accès aux soins même s’il faut souligner qu’à cause de leur coût, un quart des Français a déjà retardé ou a renoncé à une consultation chez un spécialiste (24%) ou chez un dentiste (23%). Cette proportion passe à 19% pour une consultation chez un ophtalmologiste, à 18% pour l’achat de médicaments, à 16% pour des radios ou des analyses en laboratoires et tombe à 14% pour une consultation chez un médecin généraliste. A noter que si cette proportion n’est que de 11% pour une consultation chez un psychiatre ou chez un psychologue, c'est aussi parce qu’une part importante (36%) déclare ne pas être concernée par ce type de soins.

De plus en plus de Français renoncent à consulter leur médecin en raison de la distance

L’étude révèle que 17% des Français ont déjà renoncé à une consultation chez un médecin pour des raisons d’éloignement géographique. Mais dans un contexte de hausse du prix des carburants,/ l’enquête montre aussi que leur nombre a sensiblement augmenté par rapport à l’an dernier.

Pour ce qui est des généralistes, la proportion de personnes ayant déjà renoncé à une consultation est passée de 6% (enquête Ipsos / C.I.S.S. du mois de septembre 2007) à 9% en un an. Et pour ce qui est des spécialistes, cette proportion est passée de 9 à 13%. Ainsi, la proportion de personnes ayant déjà renoncé à une consultation est toujours plus importante pour les consultations de spécialistes que pour les consultations de généralistes. Sans doute que la densité du maillage territorial des médecins traitants n’y est pas étrangère.

Dans le détail des résultats, on note pour les consultations de généralistes que cette proportion décroît avec l’âge et le niveau social des répondants. Et en termes d’évolution, leur proportion connaît une croissance d’autant plus forte que les répondants sont jeunes, résidant en milieu rural ou issus de foyers aux revenus modestes. Par exemple, en un an, la proportion de personnes y ayant renoncé a augmenté de 8 points dans les foyers les plus pauvres, contre seulement 1 point dans les foyers les plus riches.

DE FORTES DISPARITÉS EN MATIERE DE SANTÉ ET D’ALIMENTATION EQUILIBRÉE

En dehors de leurs problèmes d’accès aux soins, cette enquête montre que les plus pauvres perçoivent leur état de santé de façon plus négative que le reste de la population, sachant que près de la moitié admettent avoir du mal à se procurer une alimentation saine et équilibrée.

Le niveau de satisfaction des Français à l’égard de leur état de santé est étroitement corrélé à leur âge et à leur niveau de revenus

Dans l’ensemble, le taux de satisfaction des Français à propos de leur état de santé est élevé : ils sont neuf sur dix (89%) à se dire satisfaits de leur état de santé par rapport aux personnes de leur âge, plus d’un tiers (36%) se disant même « très satisfait ».

Cependant, chez les Français peu ou pas satisfait de leur état de santé (10% en moyenne), on note de très grandes différences en fonction de l’âge, du niveau d’étude ou du niveau de revenu du répondant. Ainsi, la proportion d’insatisfaits est trois fois plus élevée chez les 60 ans et plus (15%) que chez les moins de 35 ans (6%). De même, leur proportion est deux fois plus forte chez ceux ayant un niveau d’études inférieur au Bac (12%) que chez les diplômés de l’enseignement supérieur (5%).

Mais surtout, l’insatisfaction à l’égard de son état de santé est particulièrement forte chez les personnes ayant les plus bas revenus : 22% des répondants aux revenus inférieurs à 1 200 € nets par mois se disent insatisfait de leur état de santé, contre seulement 3% des répondants ayant des revenus supérieurs à 3 000 € nets par mois. Le taux de satisfaction des français appartenant aux catégories de revenus comprises entre 1 200 et 3 000 € se situe, lui, dans la moyenne.

Un tiers des Français n’a pas les moyens de s’offrir une alimentation saine et équilibrée

Ces différences sociales dans la perception de son état de santé se retrouvent sur les questions d’accès à une alimentation saine et équilibrée. Dans l’ensemble, la grande majorité de Français situe plutôt bien sa situation en matière d’alimentation : 81% ont le sentiment d’être bien informé sur le sujet, 80% déclarent avoir globalement une alimentation saine et équilibrée et 70% disent avoir les moyens financiers pour disposer d’une alimentation saine et équilibrée.

Cependant, sur ce dernier point, il faut relever quand même que près d’un Français sur trois (30%) n’a pas les moyens de s’offrir une alimentation saine et équilibrée, cette proportion montant à 39% chez les employés et à 42% chez les ouvriers. Et en termes de revenus, les inégalités d’accès à une alimentation saine et équilibrée sont encore plus fortes, touchant près d’une personne sur deux (46%) dans les foyers les plus modestes (moins de 1 200 € nets par mois), contre seulement 12% des individus dans les foyers les plus riches (3 000 € nets par mois).

09:39 Publié dans Connaissances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pauvreté, santé | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

25/09/2008

ROMS EXPULSES - TEMOIGNAGE

Jose Vieira a écrit :
 roumainpal.jpgL’expulsion des Roms qui habitaient sur le parking de la gare de Massy  Palaiseau était prévue pour le 16 septembre. La préfecture, pudique,  a-t-elle voulu attendre la fin du premier sommet européen sur les Roms  pour déclencher son opération de déguerpissement ? Toujours est-il que  l’expulsion a lieu le lendemain, le 17 septembre 2008.

 Le commandant de la police de Palaiseau avait annoncé aux Roms qui  manifestaient le 15 septembre devant la sous-préfecture que le lendemain il les mettraient dans le train.  Pour aller où ? lui demandaient les habitants du parking. L’officier de police leur rétorqua que cette question n’était pas de son ressort. Les ordres  étaient formels, ils devaient les faire déguerpir du secteur. Pour  aller où ? insistaient les Roms. A Bobigny, leur proposa le  commandant, comme s’il faisait un bon mot.

 Le 17 septembre, la police a encerclé le camp. La préfecture avait envoyé, entre autres, des agents de la DASS chargés de recenser ceux qui pouvaient prétendre à un hébergement d’urgence. La DASS, qui  n’avait jamais mis le pied par ici pour s’inquiéter de la situation sanitaire, improvisa et cafouilla. Quelques familles, avec des femmes enceintes et des enfant de moins d’un an, furent hébergés pour  quelques jours. Dans une semaine, ils iront rejoindre d’autres camps déjà formés. En attendant, un mini-car les amène par petits groupes à la maison des solidarités de Palaiseau, qui jusqu’ici a refusé  d’écouter une quelconque doléance concernant les habitants du parking  de la gare RER.

 Les familles qui n’avaient pas d’hébergement, de loin les plus  nombreuses, étaient retenues au bout du parking, encerclées par les  CRS et les policiers. Sur le parking, le bulldozer avait déjà rasé les  quelques baraques qui avaient été construites récemment et commencé à  nettoyer le terrain. Les CRS formaient maintenant un cordon jusqu’à la  passerelle de la gare de Massy-Palaiseau. « A la gare », cria le  commandant de police. Les habitants du parking, chargés de sacs et de  valises, se mirent lentement en route. Des enfants criaient, des hommes chantaient. Au pied de la passerelle, avant d’entrer dans la  gare, il y a eu un arrêt. Un refus d’avancer. Des hommes criaient leur  indignation d’être ainsi traités, humiliés. Je me souviens que j’ai  dit à un CRS : « Des policiers, des gens avec des valises et une gare,  ça vous rappelle rien ? ».

 « A la gare », répétait inlassablement le commandant de police.  Puisque deux familles devaient être prises en charge à Corbeil par le  115, et qu’une majorité d’habitants du parking avaient décidé de s’y  rendre pour tenter d’être hébergés, le commandant en profita pour obliger les Tsiganes à prendre le train pour Corbeil-Essonnes et ainsi  à déguerpir du coin. Tout le monde se retrouva sur le quai du RER C à destination de Corbeil, via Juvisy. Sur le quai, avec, en fond, cette  passerelle en travaux qui ressemblent étrangement à un mirador, les  images étaient chargée de symboles (1). Des femmes donnant le sein à  leur bébé, assises sur des valises, des enfants qui n’avaient que les  sacs et les baluchons pour jouer, des familles entières sur un quai de  gare encerclées par la police qui les obligea à monter dans un train.  Le RER qui rentra en gare était bleu, blanc, rouge et assorti aux uniformes des policiers qui veillaient à ce que personne ne rate le  train. Le convoi partit de la gare RER C de Massy Palaiseau. A la  première station, à Longjumeau, des gens ont voulu descendre du train.

 Aussitôt, des policiers, ont sauté du train pour les en empêcher. A la correspondance de Juvisy, un groupe qui avait réussi à sortir de la  gare a été rattrapé, empêché de monter dans un bus et remis dans le  train pour Corbeil.

 Des gens chargés de sacs et de valises, hommes, femmes et enfants, en  tout une soixantaine, encadrés par les policiers et guidés par des agents de la SNCF, en plein jour, cela n’avait pas l’air d’émouvoir  grand monde. L’illégalité était là, évidente. Plusieurs fois, je l’ai dit à des policiers ou à des agents de la SNCF. Je l’ai dit à des  policiers qui patrouillaient dans le train et qui disaient n’avoir  rien à voir avec l’opération. Ils m’ont dit que j’avais raison, que  c’était illégal, qu’ils ne voulaient pas être filmés et ils ont fermé  la porte du wagon. Je l’ai signalé à un agent zélé de la SNCF qui m’a > dit qu’il rendait service. Je lui ai répété qu’il participait à une opération illégale, il m’a dit qu’il obéissait aux ordres./ /Tout le  monde disait obéir aux ordres. Les policiers, les agents de la SNCF.

 

 Les ordres venaient, paraît-il, de la Préfecture. La police qui avait  ordre d’expulser avait-elle ordre d’obliger les Roms à prendre le  train ? Depuis quand la SNCF offre ses trains et le service de ces agents aux forces de l’ordre ? Jusqu’où cette collaboration est-elle  légale ?

 J’ai vu une jeune journaliste qui travaille pour un quotidien voir ce  que j’ai vu au départ de la gare de Massy Palaiseau et ne rien dire  dans son article sur l’ignominie à laquelle elle a assisté. À part  quelques rares passants, je n’ai vu aucune question, aucune  compassion. Pas un cri de solidarité. J’ai vu des regards hostiles  mais surtout la plupart des voyageurs ne semblent pas touchés par ces images. Les Roms de Roumanie sont les étrangers de tout le monde. Les
 regards se détournent. Les voyageurs qui descendent s’empressent de descendre, ceux qui montent évitent les wagons où s’entassent les  Tsiganes.  

 roumainpal2.jpgUne fois tous les bagages trimballés pour aller devant le 115 (Croix  rouge) de l’Essonne, seule une famille sur les trois prévues a pu  obtenir un hébergement. Pour les autres, rien. La mairie de Corbeil a envoyé un camion avec trois employés municipaux. Ils ont déchargé des  barrières de protection et puis s’en sont allés. La police est passée,  le gradé a déclaré « tout est plein dans le coin » et ne constatant  pas de trouble à l’ordre public s’en est allé. La police municipale de  Corbeil, après avoir escorté le cortège de la gare à la Croix rouge,  observa la situation puis d’en alla. Deux types, avec un look très  passe-partout se présentant d’emblée comme deux agents des  Renseignement Généraux (j’ai pas retenu le nouveau nom du service), ont vite vu qu’il n’y avait pas grand chose à pêcher et s’en allèrent.

 

 La Croix rouge a offert une espèce de repas… Un premier groupe se mit en route vers la gare. Une heure plus tard, le dernier groupe qui  quitta les lieux – malgré l’assurance de la police qui annonça qu’ils  pouvaient s’installer dans le secteur pour la nuit - fut empêché de  descendre à toutes les gares jusqu’à la gare du nord, ultime  destination où ils ont enfin pu dormir, dehors, allongés sur les  tentes qu’ils ne pouvaient pas déployer pour la nuit…

(1) Les Tsiganes ont été exterminés par les Nazis. L’Etat français qui  a reconnu sa responsabilité dans la Shoah, continue de l'éluder pour  ce qui est du Samudaripen, le génocide des Tsiganes. Photos du camp des ROMS de Palaiseau.


17:49 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roms, expulsions, massy | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

22/09/2008

LE DESSIN DU MOIS DE SEPTEMBRE

criselagarde.jpg

17:55 Publié dans Le dessin du mois | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lagarde, crise, économie | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

19/09/2008

une crise structurelle du capitalisme

Entretien avec Michel Husson, économiste à l’IRES, membre du Conseil scientifique d’Attac (1).

Comment analysez-vous la crise financière actuelle ?

bourse1.jpgLa crise actuelle est plus qu’une crise bancaire, parce qu’elle met en cause la configuration de l’économie mondiale. Celle-ci revêt trois grandes caractéristiques. La première est la baisse de la part salariale à l’échelle mondiale. Mais l’augmentation des profits qui en résulte ne conduit pas à un surcroît d’accumulation productive. Le profit non investi augmente régulièrement et va nourrir la sphère financière. Celle-ci augmente ensuite en fonction des déséquilibres de l’économie mondiale : déficit commercial des Etats-Unis d’un côté, excédents de l’Europe, du Japon, des pays « émergents » et/ou producteurs de pétrole, de l’autre. Le besoin de financement de l’économie étasunienne se creuse et nécessite une arrivée de flux de capitaux croissants. Enfin, la déréglementation financière rend impossible le contrôle de ces flux financiers qui parcourent le monde à la recherche de rendements extravagants. Le résultat, c’est les bulles successives (la Net-économie puis l’immobilier, etc.) et, depuis 15 ans, une série de crises financières localisées (Mexique, Argentine, Asie du Sud-Est, etc.).

Pensez-vous, comme certains, que cette crise est la plus grave depuis 1929 ?

La différence avec 1929, c’est que les gouvernements comprennent mieux qu’alors les mécanismes de la crise. Celle-ci est née de l’éclatement de la bulle immobilière et c’est un phénomène relativement classique. Mais ce qui est nouveau, c’est la réaction en chaîne qu’elle a déclenchée. La déréglementation financière et la « titrisation » ont conduit à une imbrication très profonde, mais aussi extrêmement opaque, entre banques d’affaires et fonds spéculatifs. On découvre tous les jours l’ampleur des pertes cumulées, que le FMI vient d’évaluer à 945 milliards de dollars. L’immensité de ces pertes explique pourquoi les interventions des banques centrales n’ont pas pu enrayer le mouvement. La Fed a baissé ses taux en dessous de l’inflation, injecté des liquidités, racheté de fait une grosse banque d’affaires (Bear Stearns) et échangé 200 milliards de dollars de Bons du trésor contre des crédits hypothécaires douteux. Mais rien n’y fait : le marché de l’immobilier continue à plonger, et chaque jour apporte sa mauvaise nouvelle. Une telle crise ne peut rester cantonnée à la sphère financière, ni aux Etats-Unis : ces derniers sont en récession, et le FMI vient encore de réviser ses prévisions à la baisse pour l’économie mondiale. Il prévoit pour la France une croissance de 1,4 % en 2008 et de 1,2 % en 2009 et ne prévoit un rebond qu’en 2010.

Quelles sont les perspectives ?

On est enlisé dans la crise pour au moins deux ans. Elle a en plus un caractère irréversible : le modèle de croissance des Etats-Unis vient d’exploser en vol et on ne voit pas bien comment il pourrait être rafistolé. Ce modèle reposait sur un double mécanisme : d’un côté, la baisse régulière du taux d’épargne des ménages (près d’un demi-point chaque année) et, de l’autre, l’augmentation tout aussi régulière du déficit commercial. C’est la consommation qui tirait la croissance des Etats-Unis, soutenue par un recours croissant à l’endettement. Il s’agissait donc d’une croissance à crédit qui devait être couverte par des entrées de plus en plus massives de capitaux en provenance du reste du monde. Ce système de vases communicants ne peut plus fonctionner : à cause de la ruine de millions de ménages et en raison de la baisse du dollar. Le dollar n’a jamais été aussi faible et instable, et les taux d’intérêt ne sont plus attractifs, si bien que les capitaux vont cesser d’entrer, si ce n’est déjà fait. La grande inconnue est alors le modèle de rechange qui devrait remettre en cause les incroyables inégalités de revenus qui existent aux Etats-Unis. Tout le supplément de croissance des dernières années a en effet été capté par une couche sociale très étroite et le salaire moyen n’a pratiquement pas augmenté. Pour passer à un régime de croissance plus équilibré, il faudrait écrêter les plus hauts revenus. Le prochain gouvernement voudra-t-il ou pourra-t-il mettre en oeuvre un New Deal qui éviterait à la grande masse des salariés de ne pas payer les pots cassés de la haute finance ?

Vous avez signé l’appel international des économistes contre la liberté de mouvement des capitaux en Europe (http://www.stop-finance.org/). Pourquoi ?

Parce qu’il est bien ciblé, ce qui explique son succès. Il montre que l’ampleur de la crise « d’intervenir au cœur du « jeu », c’est-à-dire d’en transformer radicalement les structures » et constate qu’au sein de l’Union européenne, « toute transformation se heurte à l’invraisemblable protection que les traités ont cru bon d’accorder au capital financier ». Il propose ensuite deux objectifs précis : l’abrogation de l’article 56 du Traité de Lisbonne et la restriction de la « liberté d’établissement » prévue à l’article 48 qui interdisent toute restriction aux mouvements de capitaux. Cela ne suffit certes pas à définir une politique globale mais de mener concrètement campagne autour de la question-clé, celle d’un nécessaire contrôle des capitaux. Et l’Europe est un ensemble économique assez vaste et intégré pour qu’une autre politique puisse être envisagée à ce niveau.

Face à ce monde dominé par le libre-échange et les marchés financiers où se développent ces crises, peut-on faire autrement ?

Nous sommes face à un capitalisme qui a échappé à tout contrôle. Lutter contre ses dérives financières doit conduire à remettre en cause la liberté absolue de circulation des capitaux mais aussi, plus fondamentalement, l’exploitation croissante des travailleurs à travers le monde. Il faut, autrement dit, fermer « à la source » le robinet qui alimente la spéculation. L’objectif est de mettre l’économie au service des besoins sociaux, et cette aspiration permet, à travers la lutte contre la mondialisation financière, de fonder un nouvel anticapitalisme.

Propos recueillis par Benoît Pradier

(1) Michel Husson est l’auteur de Un pur capitalisme, Editions Page Deux.

Entretien publié dans l'Humanité

19:48 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, crise, bourse | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!