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22/05/2010

Déficits publics : ce que l’on vous cache

billets_de_banque.jpgC’est moins la hausse des dépenses (+ 3,8 %) que la chute des recettes 
(– 4,2 %) qui ont fortement creusé les déficits publics en France en 2009. En cause : le soutien apporté par le pouvoir aux banques et au capital contre le social.

 

D’où viennent les déficits  ? Il faut effectivement utiliser le pluriel, car si celui de l’État est le plus gros (117,2 milliards d’euros en 2009), s’y ajoutent ceux de la Sécurité sociale (24 milliards) et des collectivités territoriales (5,6 milliards). La raison de ces trous est simple et le pouvoir la cache  : c’est d’abord l’insuffisance des recettes publiques. En 2009, alors que les dépenses ont continué de croître (+ 3,8 %), les recettes ont subi une baisse sans précédent (- 4,2 %).

 

fonctionpublique.pngComment expliquer ce décalage  ? D’abord par la nature des dépenses, notamment la manière dont le gouvernement a traité la crise financière et la récession économique. Priorité a été donnée au sauvetage des banques, sans exiger que la reprise du crédit aux entreprises serve à soutenir l’investissement créateur d’emplois.

Ensuite, le plan de relance a visé à soutenir la trésorerie et l’investissement des entreprises, particulièrement des grandes, également sans souci pour l’emploi et la formation. Cela a conduit les groupes à privilégier les investissements permettant de supprimer des postes de travail pour augmenter leur rentabilité.

 

Conséquence  : si les dépenses d’investissement de l’État ont augmenté de 19,6 %, cela s’est accompagné d’une destruction massive d’emplois. Cette manière d’agir n’a pas permis d’endiguer la hausse du chômage, une hausse qui a contribué à augmenter fortement les prestations versées par l’Unedic (+ 16,8 %).

 Et à réduire les recettes, notamment de la protection sociale. Les impôts et cotisations pour la Sécu ont stagné (- 2,3 milliards d’euros).

profit1.jpgAutrement dit, l’intervention du pouvoir, en faveur du capital, négligeant le social, a coûté en termes de dépenses sans qu’elle ait rapporté ce qu’elle aurait dû en matière de recettes. La baisse des rentrées de TVA est de 7,9 milliards d’euros en 2009 (- 5,5 %), celle de l’impôt sur les sociétés de 28,9 milliards (- 58,4 %), celle de l’impôt sur le revenu de 5,1 milliards (- 10 %).

31 milliards d’euros d’éxonération de charges.

 

Cette diminution n’est pas uniquement due à la crise et à la manière de la traiter. Bien en amont de celle-ci, préparant pour partie son embrasement, les mesures prises par la droite depuis 2001 et surtout 2 007 ont réduit les prélèvements sur les entreprises et la finance. Ceux-ci, qui représentaient 17,3 % du PIB en 2000, selon les chiffres du rapport du Conseil des prélèvements obligatoires d’octobre 2009, sont redescendus à 16,7 % en 2005 et se sont maintenus à ce niveau. Ainsi, le total des exonérations de charges patronales s’élève à 31 milliards d’euros.

 

Côté fiscal, dès 2008, les recettes de l’État diminuent de 1,5 milliard en raison des allégements sur les droits de succession et de donation, de 2,3 milliards suite aux réductions de l’impôt sur les sociétés. En 2009, la baisse de la TVA dans la restauration représente un manque à gagner de 1,5 milliard, l’exonération de l’impôt sur le revenu pour les heures supplémentaires 1 milliard. À cela s’ajoutent d’autres manques à gagner  : bouclier fiscal, crédit d’impôt recherche.

 

C’est là tout l’enjeu de l’affrontement sur la question des déficits. La droite et le social-libéralisme en Europe (par-delà des affrontements, notamment franco-allemands, qui n’ont rien de secondaire) entendent réduire la dépense et les prélèvements publics pour assurer une place plus grande aux prélèvements des groupes et de la finance afin de continuer à faire de l’euro une monnaie attractive pour les capitaux. Cette politique étouffe la croissance et casse l’emploi.

 

À l’opposé, il faut s’engager vers un développement de la dépense publique pour l’innovation et le social. Cela suppose d’augmenter les prélèvements sur la finance et les entreprises et de trouver de nouvelles sources de financement des budgets publics, à partir d’un changement du rôle de la Banque centrale européenne. Actuellement, les déficits publics sont financés par appel aux marchés financiers, ce qui coûte très cher. La BCE pourrait progressivement prendre leur relais à des coûts bien moins élevés.

 

Pierre Ivorra, l'Humanité

 

11:02 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : déficit public | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

20/05/2010

LE DESSIN DU MOIS DE MAI

logfonction.jpg

L’affaire des 2 logements de fonction dont bénéficie Christian Estrosi est révélatrice du décalage grandissant entre le gouvernement et la majorité de notre peuple


2 logements de fonction dont bénéficie Christian Estrosi, 55 m² : Un lit dans un bureau
Si Christian Estrosi est peut-être en règle, ou ne tardera pas à le faire, ce qui est choquant c’est qu’il puisse considérer que 55 m² c’est un bureau avec un lit !

- 55 m² : beaucoup de familles n’en bénéficient pas
- 55 m² : c’est l’équivalent d’un 2-3 pièces à 1300 € de loyer dans le 12ème arrondissement de Paris
- 55 m² : c’est un couple avec 1, 2 ou 3 enfants.
- 55 m² : c’est le rêve pour des milliers de familles, pour Christian Estrosi c’est simplement un lit dans un bureau !

Jamais sans doute un gouvernement n’a été aussi éloigné de la vie quotidienne de notre peuple.

16:23 Publié dans Le dessin du mois | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : estrosi, logement | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

13/05/2010

Pourquoi devrait-on encore interviewer M. Alain Minc ?

Docteur Christophe Trivalle, gériatre (*). (*) Auteur de Vieux et malade : la double peine ! 
Éditions l’Harmattan 2010.

chevre.gifLa solidarité face aux dépenses médicales des plus âgés directement remise en question.

Vendredi 7 mai, Alain Minc a donné une grande interview dans l’émission Parlons net de France Info-le Point. Il y a abordé diverses questions d’un point de vue économique (la Grèce, les retraites…), dont celle de la vieillesse qu’il ne voit que comme une charge financière.

Ce passage a été mis en avant sur le site Internet de France Info et a été rediffusé en boucle le samedi 8 mai.

Qu’a-t-il dit ?

Il a pris l’exemple de son père, âgé de cent deux ans, qui a été hospitalisé quinze jours dans un service de pointe pour un coût de 
100 000 euros ! Pour lui, c’est un luxe immense et il trouve aberrant que l’État lui ait fait ce cadeau. Il faudrait voir « comment on récupère les dépenses médicales sur les très vieux en mettant à contribution ou leur patrimoine, quand ils en ont un, ou le patrimoine de leurs ayants droit ». Que faut-il en penser ?

vieux.jpgTout d’abord, en tant que gériatre, on est toujours content de voir des centenaires apparemment en bonne santé, vivant à domicile et, semble-t-il, autonomes. Ensuite, le fait que le père d’Alain Minc soit centenaire augmente les chances de ce dernier de le devenir à son tour (il risque donc d’être encore très souvent interviewé à la radio ou à la télévision). En ce qui concerne l’hospitalisation, il a bénéficié d’une prise en charge adaptée puisqu’il n’est resté que quinze jours, ce qui est plutôt court compte tenu de son âge.

C’est une durée moyenne de séjour très correcte correspondant à un séjour en aigu (onze à douze jours de DMS avec la tarification à l’activité en gériatrie aiguë). Cela veut dire que son papa est probablement en bonne santé, qu’il n’a pas plusieurs maladies associées (polypathologie) et qu’il n’est pas fragile. On est contents pour lui. Cela veut dire aussi qu’il a bénéficié d’une prise en charge adaptée à son état comme un adulte plus jeune, sans aucune discrimination liée à l’âge (il est cependant très probable que son patronyme ait eu une influence). Ce n’est malheureusement pas toujours la règle.

 Ainsi, en 2006, une étude a montré que le risque d’être refusé en réanimation augmentait avec l’âge : 12 % des 18-44 ans, 23 % des 75-84 ans et 36 % des plus de 85 ans, alors même que les patients proposés avaient déjà été sélectionnés par les urgentistes. Dans un autre travail, sur 100 malades âgés ayant des critères pour être admis en réanimation, seuls 13 y étaient effectivement acceptés. Cela renvoie aux propos du vice-président du comité national d’éthique, qui disait en 2008 : « Il vaut mieux correctement prendre en charge un père de famille de quarante ans qui est rentable pour la société qu’une personne de quatre-vingt-un ans qui n’a pas toute sa tête. »

Se pose ensuite la question du coût, évoqué par Alain Minc, de 100 000 euros pour quinze jours ! Soit 
6 600 euros la journée d’hospitalisation ! 
100 000 euros, c’est la somme que réclamait l’hôpital de Metz pour une hospitalisation 
de six ans. Quel service de pointe coûte aussi cher ? Même la réanimation ou une transplantation ne coûte pas ce prix-là. S’agissait-il d’un hôpital public ?

Maintenant, la question de fond : « Il y a un problème dont on ne parle jamais, c’est l’effet du vieillissement sur la hausse des dépenses d’assurance maladie » et sa proposition de faire payer les vieux malades et leurs ayants droit sur leur patrimoine. Tout d’abord, pourquoi uniquement les vieux ? Les malades jeunes et riches pourraient aussi payer. Malheureusement pour Alain Minc, un avis du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, adopté le 22 avril 2010, a justement analysé cette question. Même si certaines conclusions de ce rapport sont discutables, de nombreux points sont particulièrement intéressants.

 Pour le Haut Conseil, le vieillissement de la population française ne représente pas, par lui-même, la menace dominante pour l’évolution globale des dépenses de l’assurance maladie. Il correspond seulement au dixième de la hausse moyenne annuelle de la consommation de soins et de biens médicaux. En fait, ce qui coûte cher, ce n’est pas d’être vieux, c’est d’être malade. Un malade jeune coûte aussi cher qu’un malade âgé. Par contre, avec l’âge, les maladies s’accumulent. Ainsi, les dépenses de santé du jeune âge (moins de dix ans) représentent une somme équivalant à celles du grand âge (quatre-vingt-cinq ans et plus).

 De plus, le reste à charge est plus élevé pour les malades âgés. Au-delà de quatre-vingts ans, la charge moyenne non couverte par l’assurance maladie représente plus du double du chiffre moyen calculé sur l’ensemble de la population. Pour le Haut Conseil, « la solidarité face aux dépenses médicales des plus âgés est une réalité qui ne traduit rien d’autre que la solidarité fondamentale entre bien portants et malades ». Et c’est justement ce qui est remis en question par Alain Minc.

 C’est l’esprit même de notre système de Sécurité sociale où chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. Cette idée de récupérer sur le patrimoine n’est pas nouvelle, mais c’est la première fois qu’elle est évoquée pour les soins médicaux. Jusqu’à présent, elle avait surtout été proposée ou utilisée pour la dépendance : prestation spécifique dépendance (échec), tentatives à plusieurs reprises pour l’allocation pour l’autonomie (refusées jusqu’à présent) et mode de financement évoqué pour le cinquième risque.

Le recours sur succession est actuellement utilisé pour l’aide sociale. Mais pour la santé, jamais. Avec ce système, les très riches n’auront aucun problème financier pour se faire soigner, les plus pauvres seront pris en charge par l’État, et les classes moyennes devront hypothéquer leurs biens et faire des crédits pour payer leurs soins médicaux comme c’est le cas aujourd’hui aux États-Unis. Et il trouve cela très progressiste !

Cette proposition est absurde, inacceptable et discriminatoire vis-à-vis des malades âgés.

Alors, pourquoi continuer d’interviewer Alain Minc ?

Article publié par l'Humanité

17:14 Publié dans Cactus | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : minc, vieux, santé | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

08/05/2010

« Les grandes fortunes sont à l’origine des difficultés de la Grèce »

José Fort journaliste, ancien chef du service international de l’humanité.

grece10.jpgLe gouvernement socialiste grec reprend à son compte une phrase d’Alphonse Allais  : « Il faut prendre l’argent où il se trouve, c’est-à-dire chez les pauvres. Bon, d’accord, ils n’ont pas beaucoup d’argent mais il y a beaucoup de pauvres. »

Le programme dit de « rétablissement des comptes » exigé par l’Union européenne et le FMI se résume en un super plan d’austérité, une première pour les pays de la zone euro, un chantage contre le peuple grec, des mesures considérées par la plupart des commentateurs en France comme un « mal à surmonter », comme s’ils nous préparaient à subir le même sort.

Qui va souffrir de la hausse de la TVA, des baisses de salaire, du gel des embauches, des restrictions en matière de santé et d’éducation, du départ à la retraite à 67 ans sinon les plus pauvres  ? Avez-vous remarqué que dans les mesures annoncées par le gouvernement grec aucune ne concerne directement les grandes fortunes  ? Or ces prédateurs sont à l’origine des difficultés de la Grèce. Ils volent au fisc chaque année 20 milliards d’euros. Le New York Times en faisait récemment la caricature en signalant que 324 résidents d’Athènes avaient déclaré avoir une piscine alors qu’un survol aérien fixait le chiffre à 16 974.

Il y a plus grave. Le journal britannique The Telegraph annonçait à la fin de la semaine dernière que depuis le mois de janvier dernier d’importants mouvements de fonds étaient enregistrés depuis les banques grecques vers des banques internationales telles HSBC ou encore la Société générale. Plusieurs milliards d’euros de nouvelles liquidités ont pris le chemin de ces banques internationales, affirme The Telegraph qui estime les transferts à 5 milliards d’euros au mois de janvier, 3 en février. Au mois de mars, les transferts ont frisé selon d’autres sources les 6 milliards d’euros. La Suisse, la Grande-Bretagne et Chypre sont les principales destinations de ces fonds, la Suisse arrivant largement en tête de l’accueil des fortunes grecques. Comment expliquer le silence entretenu sur ces mouvements de fonds  ? Les grandes fortunes grecques planquent leur fric et n’ont pas d’inquiétude quant à leur sort. Les pauvres paieront la note.

15:03 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : grèce, économie | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!