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12/03/2019

Israël : l'honneur de deux artistes en conflit avec Netanyahu et sa politique

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C'est la suite de la polémique lancée par le Premier ministre, qui affirmait qu'"Israël n'est pas l'État de tous ses citoyens" avant des échéances électorales.

La comédienne Gal Gadot, qui interprète Wonder Woman à l'écran, a volé au secours d'une autre actrice israélienne, sermonnée par le Premier ministre et attaquée sur les réseaux sociaux pour avoir critiqué les positions du parti au pouvoir sur la minorité arabe. 

rotem sela.jpg"Aime ton prochain comme toi-même", a écrit la comédienne israélienne Gal Gadot dans une story sur son compte Instagram dimanche soir, en soutien à sa compatriote, l'actrice et mannequin Rotem Sela très connue en Israël. "Ce n'est pas une question de droite ou de gauche. Juif ou Arabe. Laïc ou religieux", a-t-elle ajouté. "C'est une question de dialogue, de dialogue pour la paix et la sécurité, et de tolérance les uns envers les autres", a-t-elle conclu, repostant le message publié par Rotem Sela et lui assurant qu'elle était "une source d'inspiration". 

Sela : "Israël est l'Etat de tous ses citoyens"

Rotem Sela avait publié samedi soir un commentaire furieux après avoir entendu la tonitruante ministre de la Culture Miri Regev à la télévision. Celle-ci venait d'inviter les électeurs à ne pas voter pour les adversaires du Premier ministre Benjamin Netanyahu aux élections législatives du 9 avril. Elle avait brandi la menace d'une alliance entre les concurrents de Benjamin Netanyahu et les partis arabes pour gouverner après les élections : une hypothèse hautement improbable, mais un argument massue régulièrement utilisé par Benjamin Netanyahu et son parti du Likoud (droite). 

"Quand est-ce que quelqu'un dans ce gouvernement dira enfin aux gens qu'Israël est un Etat de tous ses citoyens et que tous les gens ont été créés égaux", s'était émue Rotem Sela sur Instagram. "Même les Arabes - incroyable mais vrai - sont des êtres humains, et les druzes, et les homosexuels aussi, ainsi que les lesbiennes, et - quel choc - les gauchistes", avait-elle ajouté. 

Netanyahu : "Uniquement l'Etat du peuple juif"

Les Arabes israéliens sont pour la plupart des descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l'Etat d'Israël en 1948. Ils représentent 17,5% de la population israélienne. 

Le Premier ministre a répondu dimanche, déjà en story sur Instagram, ce message : "Chère Rotem, Israël n'est pas l'État de tous ses citoyens", a écrit Benjamin Netanyahu, car "selon la loi fondamentale sur la nation adoptée l'an dernier, Israël est l'État-nation du peuple juif - et uniquement du peuple juif", a-t-il dit. 

Ce texte, figurant parmi les lois fondamentales qui font office de constitution, a été très critiqué en Israël et à l'étranger. Il a attisé la crainte chez les Israéliens non juifs de devenir des citoyens de seconde zone en faisant primer le caractère juif d'Israël sur d'autres principes comme la démocratie et l'égalité entre les citoyens. 

Benjamin Netanyahu a donné un sérieux coup de barre à droite dans une bataille électorale à l'issue incertaine. 

Sources l'Express

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07/03/2019

« La poésie est hors saison, comme un vrai mois de mai »

Le Printemps des poètes 2019.jpgÀ l’occasion du Printemps des poètes 2019 (du 9 au 25 mars), qui a cette année pour thème « La beauté », Serge Pey abat son jeu, constitué d’un grand nombre de cartes brûlantes.

Il est plusieurs façons de se dire ou d’être poète…

serge pey Nous sommes dans un immense carnaval. Surtout ne pas se dire poète, au nom d’une poésie arrêtée et qui imite un langage qui ne bouge plus. La définition du poète est un mouvement permanent, et il est difficile de juger un concept qui recopie ou décalque un mouvement du passé. Mais par ce geste, qui redéfinit le mot poète, on se revendique paradoxalement, mais absolument comme tel. Être poète, c’est revendiquer une intelligence amoureuse.

Il fait être voyageur, dans les mots, marcheur de l’âme, explorateur d’inconnu. Alors oui, en ce sens je suis poète, car j’essaie de mettre en sacrifice tous les aspects du langage unis à la vie. Car, sans ce mouvement de mise à mort provisoire entre justement cette vie et ce langage, le concept même de poète est immobilisé et on assiste à sa mort. Le poète doit réinventer sa liaison à la vie et au langage d’une manière permanente.

Les poètes d’aujourd’hui doivent devenir des êtres témoignant du monde qui les entoure : l’amour, la lutte des peuples, les trous dans les étoiles, les dialogues avec l’invisible. C’est aussi avoir le courage d’une parole singulière contre le bruit dominant. C’est encore écrire des poèmes à contre-courant de la mode et des styles.

Continuer incessamment le sacrifice du langage pour arriver à une parole-pensée jamais entendue. C’est aussi défendre les poètes contre la fausse poésie des bons sentiments et les illusions du langage pourri des médias toxiques. Être poète, c’est savoir aussi être un écrivain public. Mettre son poème au service des opprimés que les pouvoirs réduisent en esclavage. C’est lutter avec ses mots contre le mensonge. Cette menterie qui collabore à la destruction du langage. Nous sommes ainsi obligés, d’une manière permanente, à reconstruire ce langage contre les mercenaires de l’obscurité qui détruisent la vérité.

Chez vous, il y va de l’engagement du corps tout entier…

serge pey La poésie est un morceau de corps pris dans la langue. La langue fait partie du corps et donc la poésie est un corps à part entière. La poésie est la publication de nos corps invisibles, de ces nombreux corps qui cohabitent en nous, ou dans l’ombre de nous-même.

C’est aussi le corps de l’autre, mort ou amoureux. Si la poésie est un corps, il passe dans l’écriture. Nous sommes des êtres de parole, et la poésie est cette extrémité. Il ne faut pas confondre l’oralisation de la poésie avec une corpo-caporalisation scénique. C’est surtout le conflit entre écriture et parole que la poésie incarne et résout. Un poème se récite, mais toute écriture est une oralité qu’il faut entendre même si elle est muette. L’écriture reste la manifestation des oralités qu’on n’entend pas, et qu’on aimerait faire entendre, ou la manifestation des oralités possibles et infinies contenues dans une écriture. La poésie ne se réduit pas à un récitatif, elle est toujours la mise en rituel d’un sacrifice ou d’un travail sur le langage.

Donner de la voix n’est cependant pas la condition d’un rapport au corps. Un poète muet peut être oral, car l’oralité a une infinité de possibilités de se manifester. La poésie est un gueuloir, mais également un murmure et une confidence. La voix ne fait pas un poème, elle est une manière de l’écrire sur un autre support que la page de papier ou le mur. Dire un poème à voix haute est une manière d’écrire dans l’oreille de l’autre. Il faut crier la poésie pour faire exister le monde, car le monde dit des choses à voix haute que beaucoup de gens disent tout bas. Parfois, un poème est la voix d’une liberté. Un engagement radical contre les poètes à gages qui n’ont de poète que leurs noms.

N’est-ce pas question de rythme ?

serge pey La poésie est un rythme. L’être humain à l’image du cosmos est un rythmeur. Réduire la poésie à une pulsation ou à un tempo, c’est omettre qu’elle est une pensée : une manière de penser avec l’immensité du corps et de l’esprit dans toutes ses contradictions. Elle n’est pas uniquement une séduction dansée, même si elle danse. Beaucoup de textes rythmés et rimés n’ont rien à voir avec la poésie.

Ils sont des singeries de poèmes, réduisant la poésie à ses rimes finales ou à quelques allitérations. Elle n’est que la vieillerie ressuscitée de siècles passés, prenant pour modèle ce qui se dit à l’école, souvent par facilité pédagogique. Il ne faut pas confondre la cadence avec un poème, car un jour on pourrait confondre une marche militaire avec de la poésie. Lorsque je disais mes poèmes avec Allen Ginsberg, c’est ce rythme que je pratiquais. Celui de la mélopée, proche parfois de la transe. Je me souviens encore les poèmes accompagnés par Marcel Azzola ou maintenant avec Bernard Lubat, Beñat Achiary, ou encore avec la guitare de Kiko Ruiz, c’est à chaque fois un nouveau monde qui s’ouvre dans l’espace du poème.

Que dire sur la beauté, thème de ce Printemps des poètes ?

serge pey Le mot beauté accolé à celui de poésie est pour un poète inimaginable. Mais il est volontaire, je pense, pour les organisateurs du Printemps des poètes, qui veulent donner à réfléchir sur ces concepts. Ce thème est aussi passe-partout que le nom de Printemps. Non, la poésie n’est pas belle, et ne se fait pas uniquement à cette saison sur un banc public. La poésie n’est pas une saison, elle est hors saison, comme un vrai mois de mai. On le sait, le beau peut être le laid. La beauté n’a rien à voir avec la poésie. C’est un lieu commun de l’idéologie dominante pédagogiste qui veut que la beauté soit liée à la poésie.

En poésie, c’est souvent le laid qui est montré comme Maïakovski nous l’apprend, ou Neruda ou Hikmet. S’il y a beauté, c’est dans sa transmission, dans la manière de tracer le chemin des mots afin que la vie puisse se regarder dans un miroir. Réduire la poésie à la beauté, c’est ne plus faire de poésie. La poésie est un acte de vie, qui peut aussi bien englober la vie des morts que des vivants. Elle est un lieu de résurrection. Radicalement un acte de vie. Notre beauté n’est pas belle. Surtout aujourd’hui.

Faire ce Printemps des poètes au nom de la beauté, c’est insister sur le fait que la beauté n’existe pas, ou paradoxalement qu’il faut défendre l’idée d’une redéfinition de la beauté contre la destruction capitaliste du monde. S’il y a une beauté à revendiquer, c’est celle d’un acte d’amour où l’on peut confondre les deux noms. La libération aussi peut être une beauté, une révolution, la mise en amour de deux mots. Après Rimbaud, il faut dire encore que cette beauté est amère, et qu’il est nécessaire de l’injurier, comme celle qui détruit aujourd’hui notre monde et notre humanité. Contre la beauté fabriquée du capitalisme destructeur, il faut opposer notre beauté et notre mystique du langage que nos ennemis prennent pour de la laideur.

Entre autres œuvres de Serge Pey : Mathématique générale de l’infini (Gallimard), Occupation des cimetières (Jacques Brémond), le Carnaval des poètes (Flammarion). Il est aussi présent dans l’anthologie du Castor astral à paraître.

31/01/2019

Fabien Roussel : « Discréditer les partis et les syndicats c’est dangereux

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Le secrétaire national du PCF depuis trois mois, Fabien Roussel était l’invité de « Face aux Chrétiens » le jeudi 31 janvier, en partenariat avec La Croix, KTO, Radio Notre-Dame et RCF. Principaux extraits.

Discréditer les partis et les syndicats c’est dangereux

« Il va falloir que ce gouvernement entende ce qui se passe. Additionnons-nous, rassemblons-nous, il faut faire converger ces forces syndicales, ces forces politiques, ces associations qui portent les demandes de justice sociale et de justice fiscale. Quand il y a 50% d’abstention aux élections, cela veut dire que les gens ne croient plus que des gens puissent bien les représenter. C’est un grand danger pour la démocratie et ceux qui disent que les partis politiques et les syndicats ne servent à rien, que l’on pourrait tout résoudre par référendum et qu’il n’y a plus de différence entre la gauche et la droite, cela discrédite la politique. Comment organise-t-on la vie en société, comment organise-t-on la défense de l’intérêt général ? » Il a redit l’attachement de son parti à l’ISF, car « il s’agit d’un impôt de solidarité sur la fortune. Ce n’est pas une affaire de symbole mais de solidarité et une mesure de redistribution. »

Le parti communiste va présenter des Cahiers d’espérance

Fabien Roussel a confirmé que son parti allait participer au débat national. « Le gouvernement a dit que ce serait un débat sans tabou. Nous disons, nous, que ce ne doit pas être un débat sans espoir. Si c’est une grosse opération de communication, si c’est un Macron show, cela ne peut pas marcher. On va envahir ce débat, on va l’organiser et on va demander de remplir des « Cahiers d’espérance » et non pas des cahiers de doléances car nous ne sommes pas là pour geindre, et nous irons les porter à Matignon et à l’Elysée. Nous ferons dix propositions pour redonner du pouvoir d’achat, restaurer nos services publics et répondre à l’exigence de démocratie. »

Pour un référendum d’initiative populaire encadré

Le secrétaire national du PCF s’est dit favorable à un référendum d’initiative populaire. A condition qu’il soit encadré. « Il faut que ce référendum ne remette pas en cause la déclaration universelle des droits de l’homme, les conventions internationales du droit du travail, ni les droits acquis comme la suppression de la peine de mort que nous considérons comme une grande avancée qui ne peut être remise en cause. » Il a reconnu que la gauche était en perte de sens et qu’à l’avenir, plus qu’une union des partis de gauche, c’est une union des peuples de gauche dont la France a besoin. Evoquant les prochaines élections européennes, il a souhaité que l’on donne plus de pouvoir au parlement européen qu’il faut par ailleurs « libérer des lobbys qui viennent polluer tous les débats. »

Sources La Croix

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07/01/2019

TRIBUNE. Quand antisémitisme et racisme s'infiltrent chez les "gilets jaunes"

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L’historien et l'essayiste Marc Knobel analyse les différents mécanismes et ressorts de la xénophobie telle qu’elle se développe depuis la crise des "gilets jaunes".

Le mouvement des "gilets jaunes" est loin d'être homogène. Les revendications disparates et contradictoires s'ajoutent les unes aux autres, depuis plusieurs semaines. Les "gilets jaunes" disent se battre contre les taxes et les impôts, la cherté de la vie, l'injustice sociale, pour une plus grande représentativité démocratique et une plus juste solidarité.

Il est vrai que la pauvreté et la misère affectent des millions de Français : travailleurs, ouvriers, chômeurs, déclassés, agriculteurs sacrifiés, classe moyenne, retraités, jeunes… Ces gens se sentent abandonnés par les technocrates, la classe politique. L'injustice, l'isolement, l'abandon, la paupérisation sont insupportables, nous le soulignons ici.

J'ajouterai une touche personnelle. L'auteur de ces quelques lignes a connu et vécu la misère totale et la détresse de ses propres parents, qui étaient marchands forains au Carreau du Temple, à Paris. Je l'ai raconté dans un article qui a été publié dans la "Revue des Deux Mondes", en novembre 2018. Je peux donc comprendre le cri de douleur et de colère de ceux qui ont faim, de ceux qui ont mal.

Mais, pour se faire entendre par la classe politique, le président et le gouvernement, doit-on casser et brûler ? N'avons-nous pas assisté ces derniers temps à des scènes d'une violence inouïe, dans un Paris outragé et violenté, également par des casseurs et de petits voyous, des factieux de l'ultra gauche ou de l'ultra droite et des gens qui se sont radicalisés, qui infiltrent ce mouvement ?

Une frange infiltrée

Par ailleurs, beaucoup de questions se posent après les débordements choquants et clairement antisémites observés par exemple le samedi 22 décembre à Paris lors des manifestations des "gilets jaunes".

Théories conspirationnistes, refus du système, puissants stéréotypes racistes et antisémites, propagande distillée par la nébuleuse complotiste, radicalisation et instrumentalisation diverse de l'ultra droite et/ou de l'ultra gauche, permettent à l'antisémitisme de se développer et de prospérer plus ouvertement depuis plus de deux mois, chez une frange infiltrée de ce mouvement.

Il ne s'agit pas de condamner tous les "gilets jaunes", bien évidemment. Cependant, certains commentateurs s'étonnent. Par exemple, le 24 décembre 2018, excédée, l'humoriste et comédienne Sophia Aram s'exclame sur son compte Twitter : "Les slogans complotistes, antisémites, racistes, sexistes, homophobes, les menaces et violences envers les journalistes et les élus… ne sont rien comparés à la masse inerte de Gilets Jaunes que ça ne dérange pas".

Alors, tentons d'expliquer ce qui se passe ici, lorsque l'on parle d'antisémitisme ou de racisme.

Les conspirationnistes prolifèrent sur Internet

Sur Internet, les théories conspirationnistes se développent, plus que partout ailleurs. Elles se diffusent également dans la société, tant à l'extrême gauche qu'à l'extrême droite et touchent toutes les classes sociales. Or, s'il existe des expressions de complotisme dépourvues d'antisémitisme, l'antisémitisme est une constante du conspirationnisme.

Expliquons. L'historien des idées Stéphane François rappelle que les théories du complot consistent en une interprétation des évolutions du monde et des mœurs par l'existence d'un "métacomplot". Pour les complotistes, celui-ci serait fréquemment juif, maçonnique ou financier, les trois pouvant d'ailleurs fusionner, dans un délire paranoïaque.

L'historien des idées explique que parmi les points communs, nous trouvons le refus du "système", la condamnation du néolibéralisme, ainsi qu'un antisionisme/antisémitisme, qui peuvent tous combiner dans la condamnation des financiers juifs. Cette condamnation est d'ailleurs parfois devenue une constance importante de ce type de pseudo-discours dans les mouvances antimondialistes et antilibérales, depuis le début des années 2000.

A ce propos, le politologue Yves Camus rappelle dans un entretien qu'il accorde aux Inrocks.com, le 11 novembre 2018, que c'est "principalement la nébuleuse complotiste soralienne et dieudonniste qui propage les préjugés antisémites".

Antisémitisme et « gilets jaunes » ?

Ajoutons ces derniers développements depuis que le mouvement s'est constitué :

• Une députée de La République en Marche (LREM) dénoncée comme "youpine" sur les réseaux sociaux après un débat télévisé avec des meneurs du mouvement ; la récurrence du procès en collusion "juive" du président de la République, "pute à juifs" (sur une banderole de l'autoroute A6), "pourriture [sic] de juifs" (graffiti rue Molitor à Paris), "Macron (…) = Sion" (panneau à Pontcharra, en Isère), dont les slogans proviennent d'un site particulièrement ordurier et antisémite, bloqué dernièrement par la justice de notre pays. 

• "Vous nous gazez comme des putains de juifs", prononcé le 23 décembre 2018 par des "gilets jaunes" à Paris. Des quenelles et des saluts nazis à Montmartre qui témoignent d'un risque certain d'adoption par des groupes de plus en plus divers des thèmes de l'antisionisme raciste, selon l'historien Vincent Duclert ("Le Monde", 11 novembre 2018). Rappelons ici que les quenelles sont à la fois signe de ralliement antisystème, mais aussi hymne antisémite codé. Dans un tweet ce 24 décembre 2018, Bernard Pivot s'insurge avec raison et fait part de son dégoût, à ce sujet : "Quenelle, joli mot de la cuisine lyonnaise, mot que je chéris parce que les quenelles de ma mère étaient divines, mot sali, souillé, déshonoré par Dieudonné et les 'gilets jaunes' antisémites." Des propos négationnistes sur la ligne 4 du métro parisien ; sur les quais de Rhône, en plein mouvement "gilets jaunes", une inscription sur une banderole : "Macron=Drahi=Attali, Banques=médias=Sion"

Voilà là également en ces quelques slogans, la résurgence de préjugés puissants et terrifiants. En octobre 2016, un sondage d'opinion CNCDH/SIG/IPSOS révélait que 35% des Français pensent que "les Juifs ont un rapport particulier avec l'argent" (1) Depuis quelques années, cet antisémitisme (primaire) connaît un nouvel écho et la montée des préjugés et des stéréotypes est particulièrement alarmante.

L'ultra droite se fédère-t-elle autour de l'antisémitisme ?

Cette fois-ci, les choses sont claires. Sur le site Internet de "l'essayiste" d'extrême-droite Alain Soral, une annonce est publiée. Une "grande réunion publique" devrait avoir lieu le 19 janvier 2019, en présence du militant d'extrême droite, Yvan Benedetti, qui a présidé le groupuscule l'Œuvre française en 2012. Rappelons que le 22 octobre 2018, à l'occasion du décès du négationniste Robert Faurisson, Benedetti rendait sur Twitter hommage au négationniste, qu'il qualifie notamment de "Hérault (sic) des temps modernes qui aura marqué la 2ème moitié du XXe siècle."

Il faut compter aussi sur la présence du directeur de l'hebdomadaire d'extrême droite "Rivarol", Jérôme Bourbon, condamné récemment par la justice pour des tweets négationnistes et antisémites ; d'Elie Hatem, du mouvement royaliste l'Action française ; du militant antisémite et négationniste, Hervé Ryssen, multirécidiviste, condamné maintes fois par la justice et de l'inénarrable Alain Soral.

L'ultra-droite s'avance, profite de la colère, l'instrumentalise et veut fédérer autour de l'antisémitisme. L'ultra droite, factieuse par nature, récupère ici les mécontents, pour jeter en pâture la République, la mondialisation, les minorités et bien évidemment, les juifs.

"Gilets jaunes" et racisme

Le site Internet de "l'Obs" nous alertait déjà et à juste titre, dans un article qui avait été publié le 19 novembre 2018. Depuis deux mois, des "gilets jaunes" profèrent des insultes antisémites, mais également racistes et homophobes. Dernièrement, Jean François Mbaye qui fait partie des nouveaux députés LREM, élu du Val-de-Marne, se voit menacé de mort avec une lettre anonyme, ouvertement raciste, et glaçante : "Tu es ce qu'on appelle un noir de service. On va tout simplement te mettre une balle dans la tête, le climat actuel s'y prête bien. Les victimes d'accident de chasse augmentent. Tu vas mourir."

Cette lettre visait également Henri Berville, député de la 2e circonscription des Côtes-d'Armor et Lætitia Avia, députée de la 8e circonscription de Paris. Jean François Mbaye vient de déposer plainte. Voilà là, un exemple terrifiant d'un racisme outrancier qui vise délibérement les noirs, un racisme qui s'exprime notamment sur l'Internet. 

Les exemples ne manquent d'ailleurs pas. 

En novembre 2018, alertés par du bruit, des "gilets jaunes" ont signalé à la gendarmerie la présence de migrants dans un camion-citerne bloqué sur un barrage à Flixecourt (Somme). Dans une vidéo tournée sur place et publiée sur les réseaux sociaux, un homme appelle à faire un "barbecue géant" avec les migrants, en paraissant se réjouir de l'intervention des forces de l'ordre.

Repenser la colère

"On a été bons les gars, mieux que la douane ! ", entend-on également alors que les migrants descendent du poids lourd, interpellés par les gendarmes. Nous voyons là encore à quel point les délires racistes hostiles aux immigrés ou aux réfugiés sont récupérés, eux qui sont si perfidement instrumentalisés par l'extrême droite. 

Les souffrances sont réelles, la colère est palpable, c'est un fait. Les "gilets jaunes" expriment uns souffrance sociale, une désespérance. Pourtant, il faudrait repenser cette colère plus sereinement, plus fraternellement, plus démocratiquement surtout et la traduire différemment et d'abord et surtout sans la moindre violence. Vouloir en découdre tous les samedis, pousser des coups de gueule, balancer des pavés sur la gueule des flics, occuper des ronds-points, rien de tout cela n'est démocratique, républicain et ne constituera jamais une politique.

Enfin, aucune cause sociale, économique, politique, aucune désespérance, aucune misère ne pourra jamais légitimer, justifier, tolérer, développer, faire se développer des comportements racistes, homophobes, xénophobes, sexistes et/ou antisémites. 

Marc Knobel

1) Sondage CNCDH/SIG/IPSOS, réalisé du 17 au 24 octobre 2016, sur un échantillon de 1006 personnes. Voir à ce sujet le rapport de la CNCDH, "La Lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie", Paris, La Documentation Française, pp. 58 et suivantes.

Les intertitres sont de la rédaction

Sources NouvelObs

17:27 Publié dans Actualités, Cactus, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gilets jaunes, tribune, racisme | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!